Après environ deux décennies de troubles sanglants entre Juifs et Arabes, l’Assemblée Générale des Nations Unies constitua, le 15 mai 1947, un Comité Spécial sur la Palestine (UNSCOP) chargé de préparer un rapport sur la Question de Palestine afin de le soumettre à la prochaine session de l’Assemblée.
Les Arabes de Palestine boycottèrent l’UNSCOP et ne participèrent pas à ses enquêtes. L’UNSCOP soumit deux plans, l’un majoritaire, l’autre minoritaire.
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Le plan majoritaire proposait la fin du Mandat britannique et la partition de la Palestine, la création d’un État arabe et d’un État juif, avec une union économique entre eux. La ville de Jérusalem serait constituée en corpus separatum et soumise à un régime international spécial administré par les Nations-Unies.
Le plan minoritaire envisageait également la fin du mandat, mais proposait la création d’un État fédéral composé d’un État arabe et juif, avec Jérusalem pour capitale fédérale.
Au cours du débat qui s’ensuivit, les Arabes de Palestine rejetèrent la proposition de partition et dénièrent aux Nations-Unies toute compétence et tout pouvoir pour recommander la partition en deux États de ce qu’ils considéraient comme leur patrie exclusive, situation qui, selon eux, porterait atteinte à l’intégrité territoriale de la Palestine. Ils soulevèrent aussi la question de la non-validité de la Déclaration de Balfour et du Mandat britannique. Le Sous-Comité II à la Commission ad hoc sur la Question de la Palestine recommanda que ces points soient soumis à la Cour Internationale de Justice pour avis. Cependant, cette recommandation ainsi que les nombreuses demandes des Arabes de soumettre ces points à la Cour Internationale de Justice (CIJ) furent écartées par l’Assemblée Générale.
L’archevêque de Beyrouth, Mgr Ignace Mubarak, qui se trouvait à Rome lors de la visite de la Commission de l’UNSCOP, écrivit alors la lettre qui suit pour appuyer la création d’un Etat Juif en Palestine.
LETTRE DE MGR MUBARAK, ARCHEVEQUE DE BEYROUTH A LA COMMISSION DE L’UNSCOP, EN 1947,
POUR APPUYER LA CREATION D’UN ETAT JUIF EN PALESTINE
For an English Translation of that Letter
ARCHEVECHE MARONITE de Beyrouth
Beyrouth, le 3 Août 1947.
A Monsieur le Juge Sandstrom
Président de la Commission d’Enquête
de l’U.N.S.C.O.P.
Genève, Suisse.
Monsieur le Président,
Je regrette que mon absence [pour cause de voyage] en Europe ait coïncidé avec le passage de la commission d’Enquête sur la Palestine au Liban, sinon il m’aurait été donné de faire entendre ma voix et de donner mon avis qui est d’ailleurs celui de la majorité des Libanais sur cette question.
Ce n’est pas la première fois que j’exprime mon opinion sur cette affaire. Beaucoup d’encre a été déjà versée et, après chacune de mes réclamations, la presse mondiale s’en est saisie et a suffisamment commenté tous mes dires.
Dans ce Moyen-Orient, à majorité musulmane, si on reconnaît au Gouvernement Libanais actuel un caractère officiel pour s’exprimer au nom de la Nation Libanaise, nous serions disposés à répondre et à prouver que les maîtres de l’heure ne représentent qu’eux-mêmes et que leurs déclarations, soi-disant officielles ne sont dictées que par les nécessités du moment et par la solidarité imposée qui lie ce pays à majorité chrétienne aux autres pays islamiques qui l’entourent de tous les côtés et l’englobent malgré lui, dans leur orbite politico-économique.
Le Liban, de par sa situation géographique, son histoire, ses cultures, ses traditions, le caractère de ses habitants et leur attachement à leur roi et leur idéal, s’est toujours dérobé, même sous le joug ottoman à l’emprise des autres peuples qui l’entourent et a réussi à maintenir ses traditions intangibles.
La Palestine par contre, centre idéologique de toute la propagation du vieux et du nouveau testament, a été l’objet de toutes les vexations et de toutes les persécutions. De tout temps, tout ce qui peut rappeler un souvenir tant soit peu historique à été saccagé, pillé et mutilé. Des Temples et des Eglises ont été transformés en Mosquées et le rôle de cette partie Orientale de la Méditerranée a été réduit à néant, et pour cause.
Historiquement il est indéniable que la Palestine a été la patrie des Juifs et des premiers chrétiens. Aucun d’eux n’était d’origine arabe, La force brutale de la conquête les a réduits et astreints à se convertir à la religion musulmane. Voilà l’origine des arabes dans ce pays. Peut-on déduire de là que la Palestine est arabe où quelle fut toujours arabe? […]
Les vestiges historiques, les monuments, les souvenirs sacrés des deux religions demeurent là vivants pour attester que ce pays a vécu en dehors des guerres intestines arabes que se livraient les princes et monarques d’Irak et d’Arabie. Les lieux saints, les Temples, le mur de lamentation, les Eglises et les tombes des Prophètes et des Saints, en un mot, tous les souvenirs des deux religions sont des symboles vivants qui infirment à eux seuls les assertions présentes de ceux qui sont intéressés à faire de la Palestine un pays arabe. Englober la Palestine et le Liban dans la cadre des pays arabes, c’est renier l’histoire et détruire l’équilibre social dans le Proche Orient.
Ces deux pays, ces deux foyers prouvent jusqu’à aujourd’hui l’utilité et la nécessité de leur existence, comme entité séparée et indépendante.
Le Liban d’abord a toujours été et demeure le réduit [= refuge] de tous les persécutés chrétiens du Moyen Orient. C’est là que les arméniens exterminés en Turquie ont trouvé refuge. C’est là que les Chaldéens d’Irak pourchassés de leur pays ont trouve asile. C’est là que se réfugièrent les polonais traqués de l’Europe en feu. C’est là que les Français refoulés de Syrie s’y sont trouvés en sécurité. C’est là que les familles anglaises de Palestine fuyant le terrorisme ont reçu le gîte et l’abri.
Le Liban comme la Palestine devront demeurer les foyers permanents des minoritaires.
Quel a été le rôle des juifs en Palestine ? Etudié sous cet angle, la Palestine de 1918 nous apparaît comme un pays aride, pauvre, dénué de toute ressource et le moins évolué de tous les vilayets turcs voisins. La colonie musulmane arabe qui y habite frise la misère. L’immigration juive commence, des colonies se forment et s’établissent, en moins de 20 ans le pays est transformé: c’est la prospérité dans les cultures, l’installation des grandes industries, c’est la richesse qui s’installe dans ce pays. La présence, à côté du Liban, d’un peuple si évolué et travailleur ne peut que contribuer au bien être de tous. La juif est réalisateur, le libanais est très enclin à l’adaptation, c’est pourquoi ce voisinage ne pourra que servir à I’amélioration de toutes les conditions d’existence des habitants.
Au point de vue culturel, ces deux peuples peuvent se vanter de posséder, à eux seuls, autant de [personnes] cultivé[e]s et d’intellectuels que tous les pays réunis du Proche-Orient. Il n’est pas juste que la LOI soit imposée par une majorité ignare qui veut imposer sa volonté. Il ne serait pas juste qu’un million d'[êtres] humains évolués et instruits soient le jouet de quelques personnes intéressées se trouvant à la tête ou menant quelques millions d’individus arriérés ou peu progressifs et faisant la LOI comme Ils le désirent, Il existe un ordre dans le monde. C’est cet ordre qui l’équilibre. Si les Nations Unies ont à coeur de le maintenir, ils devront mettre tout en oeuvre pour le consolider.
Des raisons majeures, sociales, humaines et religieuses exigent qu’il soit créé dans ces deux pays, 2 foyers pour minorités. Foyer chrétien au Liban, comme il l’a toujours été; foyer juif en Palestine. Ces deux centres se reliant géographiquement l’un à l’autre, s’appuyant et s’entr’aidant économiquement formeront la pont indispensable entre l’Occident et l’Orient, [que ce] soit au point de vue culturel, [ou que ce] soit au point de vue civilisateur. Le voisinage de ces deux peuples contribuera à maintenir la paix dans ce Proche-Orient si divisé par les rivalités et réduira les persécutions des minorités, qui trouveront toujours un asile dans l’un de ces deux pays.
Voilà l’opinion des Libanais que je représente, voilà l’opinion de ce peuple que votre Commission d’Enquête n’a pu entendre.
Derrière les volets clos de l’Hôtel de Sofar, vous n’avez pu écouter que les paroles dictées à nos représentants, soi-disant légaux, par leurs maîtres et Seigneurs des pays arabes musulmans voisins. La véritable voix libanaise a été étouffée par la horde des faussaires des élections du 25 Mai.
LE LIBAN RECLAME LA LIBERTE POUR LES JUIFS EN PALESTINE – COMME IL SOUHAITE SA PROPRE LIBERTE ET SON INDEPENDANCE.
Avec ma très haute considération,
(Signé) Ignace Mobarat [lire : Mubarak]
Archevêque Maronite de Beyrouth
(Nos remerciements à Mr l’Abbé Alain Arbez, de Genève, qui nous a signalé ce document et au regretté Dr David Littmann, de Genève, qui a communiqué le texte intégral de cette lettre ainsi qu’une traduction anglaise)
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Mr. Abbe Arbez, merci pour cette lettre. Je me rappele de l`anne 47, quan on a eu des relation tres amicale avec le Liban, jusque les Hizbolah ont infeste le pays. Apres, l`arme Chretiene a lutte a cotee de notre arme, et la plupart ont apporte leur famille, qui habite en Israel aujourd`hui , car en Liban le peuple Chretien souffre aussi comme dans les autres pays Arabe. Le Hizbolah sont les Daesh et ISIS.
Où est passée cette église chrétienne qui connaissait son histoire et son héritage et qui savait encore réfléchir avec sagesse ? Que s’est-il passé pour que l’on passe de la perspicacité d’un Mgr Mubarak à l’indigence d’un Mgr Sabbah ? Merci infiniment Monsieur l’Abbé pour tous ces textes apportant la lumière. Grâce à votre courage et à votre intégrité, j’oublie quelque peu la séparation que je ressentais en mon cœur envers l’église catholique dans laquelle à l’origine j’ai été baptisée. Pour ces pauvres chrétiens libanais, voire le témoignage ébouriffant de vérité et de virilité de Brigitte Gabriel, libanaise émigrée aux States.
L’indigence des dénominations (autour de Jésus le Messie) depuis 2000 ans est malheureusement devenue la règle… !
Et cette déficience s’est accélérée avec le Covid…
Manifestement l’injonction de Jésus à faire de toutes les nations des disciples tire à sa fin.
(Marie n’avait t’elle pas dit : faites ce qu’il vous dira…!)
Que va-t-il se passer avant son retour en gloire ?
Selon L’apôtre Paul l’église soit l’ensemble des croyants juifs et païens vont être écartés des événements qui s’en viennent sur le monde.
L’indifférence au message de l’évangile devient justement un marqueur des temps de la fin.
La chenille = l’immobilier des dénominations églises «bâtiments» qui se vident est « heureusement en regardant plus loins » en train d’accoucher du papillon qui est l’ensemble des croyants.
Désormais, Jésus la vérité (sa bannière c’est l’amour) marche devant les siens sur le chemin de la vie éternelle qu’il trace.
Les événements terrestres s’accélèrent…
L’étau se resserre…
Mais devenir et faire des disciples reste encore possible.
En Jésus Christ, la foi l’espérance et l’amour
On va dire que les papillons de nuit sont moches…😉
Les papillons de nuit peuvent être très beaux : 20 espèces de papillons de nuit plus beaux que les » papillons «
Oui aucun doute pour les vrais papillons, merci de l’avoir précisé…
L’image concerne ceux qui ont la foi en celui qui a dit : je suis la lumière du monde
Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde; mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui.…
Bien à vous
La preuve que même Jésus pouvait se tromper. J’ai connu des papillons de nuit portant la lumière du Monde.
ils sont des êtres d’amour.
Merci M.l’Abbé pour ce témoignage d’un temps passé où une voix comme celle de Mgr Ignace Mubarak s’était élevée pour défendre les Chrétiens du Liban et les Juifs d’Israël contre les violences de fanatiques musulmans qui sévissaient déjà à l’époque.
Bonjour Mr l’Abbé
Très important document officiel de l’église catholique concernant son attitude envers la création de l’état d’Israël en fin 1947…
Je me souviens très bien qu’en 1963 les rares postes de télévision en Israël ne captaient que le canal émanant de Beyrouth et qui émettait tous leurs programmes en français et pour cause tous les chrétiens libanais parlaient la langue de Molière. En Israël la télévision ne fût introduite qu’en 1968…
Lors de nos excursions scolaires pour la connaissance de notre géographie israélienne, une des destinations était Roch Hanikra sur la côte méditerranéenne, tout au Nord du pays…Arrivés à cette frontière avec le Liban ,aucun poste frontalier existait et l’on pouvait marcher tout le long du tunnel ferroviaire qui liait Haifa à Beyrouth jusqu’au mur cimenté bouchant le tunnel et qui indiquait la fin du parcours de ce train populaire entre ces deux importantes villes israélienne et libanaise…durant la période ottomane et britannique.
S’y trouvait alors à cet endroit un calme pacifique et spirituel, ne serait-ce à cause de la légende de cette princesse libanaise qui appelait son bien-aimé d’au delà du terrestre…noyée dans les eaux turbulentes des grottes côtières de cette montagne frontaliére et dont les sons des vagues fracassant la roche ressemble étrangement aux soupirs de cette princesse du levant pour son amoureux disparu…
Aujourd’hui cet endroit est depuis le début des années soixante dix une forteresse militaire des plus rigides, sévère en tous points, où les angoisses et anxiétés des champs de batailles sporadiques mais fréquents hélas ont remplacé la belle histoire d’amour qui ne fût mais qui aurait pû être…
L’histoire ancienne de Roch Hanikra représente les amours déchirées p entre deux êtres qui auraient pu vivre heureux et aimants l’un l’autre mais qui devint des litanies de pleurs les soirs lorsque la journée s’achève et la pénombre s’installe…
Une vraie métaphore des relations entre le Liban d’alors et Israël mais malheureusement interrompues brusquement par les hommes de cour en fin 1947…
L’espoir existe toujours que ce bloc de ciment bloquant ce tunnel de transport de vie harmonieuse et paisible entre Haifa et Beyrouth sera un jour démoli et le sourire entre deux vieux peuples retrouvera son rayonnement comme au temps jadis…
Amen
Élie Cohen, Jérusalem
Merci de ce témoignage qui donne à réfléchir!
Merci M l’Abbe pour ce temoignage. J’aurai voulu acceder a la traduction anglaise mais le lien renvoie a une page qui n’existe pas. Je vous serai reconnaissant de verifier cela svp
Article déjà lu lors de sa première parution, je le sauve aujourd’hui afin de pouvoir remémorer cette histoire. Que reste-t-il du foyer chrétien au Liban?