Publié par Abbé Alain René Arbez le 26 juin 2022

Voici Cyrus II, ou Kurosh, roi de Perse, vainqueur en 539 avant JC des assyro-babyloniens, qui devient selon la Bible un véritable « messie » pour le peuple de D.ieu malmené par l’histoire…

Alors que les déportés en exil à Babylone depuis plus de 50 ans se languissent de revoir Jérusalem, il publie un édit libérateur disant : « A tous les rescapés juifs, que partout la population des lieux où ils résident leur apporte une aide en argent, en or, en équipement et en montures, en même temps que des offrandes de dévotion pour le Temple de Jérusalem ».

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Mais on n’est pas habitué à ce que la Bible nous parle d’un souverain païen en des termes pareils ! Car le prophète Isaïe lui accorde le nom de mashiah, réservé aux descendants du roi David, et le voit comme le « centurion » providentiel de Yahvé intervenant en faveur des siens.

A l’époque en question, il n’y a plus de roi en Israël depuis un demi siècle. En effet, les notables ont été transférés à Babylone depuis que Nabukodonosor a envahi Eretz Israel et détruit Jérusalem.

Comment l’Ecriture peut-elle parler d’un roi perse dénommé Cyrus, qui n’est même pas juif, comme d’un Messie et d’un sauveur pour Israël ?

Parce que ce roi a permis aux exilés de rentrer à Jérusalem et de rebâtir le Temple pour y honorer leur D.ieu.

Le prophète Isaïe, ou plutôt le Second Isaïe qui vit 150 ans après le premier, croit en un D.ieu bon, lent à la colère et plein d’amour, comme dit le psaume. Il n’adhère pas à un D.ieu violent et massacreur. Pour Isaïe, le roi d’Israël doit être au service de la paix, assurer le bonheur du peuple et témoigner d’une concorde universelle au milieu des nations païennes.

Un roi correspond à ce portrait, c’est Josias, qui a réorganisé et promu la vie religieuse et sociale à Jérusalem.

Lorsque Cyrus prend le pouvoir, la géopolitique de la région en est bouleversée ; le texte nous le dit, il fait sauter les verrous qui empêchent la paix, et il aplanit les chemins qui mènent à la justice. Car il est respectueux de tous, y compris de la minorité des juifs exilés. Contrairement aux anciens envahisseurs d’Israël, son attitude permet aux exilés juifs de reprendre espoir en un D.ieu de miséricorde et cette période va être pour eux comme un second exode, une seconde libération des esclavages (parmi lesquels les malfaisantes influences païennes). Un nouvel horizon s’ouvre alors, à la lumière de la Torah.

Ce qui est important, pour eux, c’est la sagesse que D.ieu inspire au cœur des hommes de bonne volonté, qui ont envie de faire le bien.

Isaïe chante donc les qualités inattendues de ce roi païen Cyrus, arrivé au pouvoir en Perse en profitant des bagarres entre adeptes du dieu-lune et adeptes du dieu baal. Alors pourquoi ce roi est il appelé Messie ? Sans doute parce qu’il veut tracer des chemins nouveaux vers l’entente entre les peuples, et qu’il ouvre la voie vers de nouvelles manières de vivre les uns avec les autres sans violences. Pas de massacres des ennemis, pas de villes détruites.

Au contraire, car Cyrus attribue de l’argent aux juifs pour qu’ils retournent reconstruire leur temple en Israel. Même si Cyrus ne partage pas leur foi, il veut leur faire du bien. Il sait que les juifs croient au D.ieu créateur et sauveur, et que pour eux, en dehors des commandements de ce D.ieu, il n’y a pas d’autre voie d’humanité fiable. Même si à Babylone on adore Baal, Cyrus écoute les juifs lui parler du D.ieu unique, le D.ieu d’Israel, et il respecte leur culte!

Aujourd’hui, il y a toujours prolifération d’idoles dans notre monde. Le fanatisme, l’argent, le pouvoir, l’égoïsme, l’esclavage des objets, les maltraitances, les pièges de toutes sortes qui enlaidissent les vies humaines et font régner l’obscurité au lieu de la lumière. Le phénomène s’amplifie par le jeu des médias. Il n’y a pas beaucoup de Cyrus modernes pour vouloir le bien des juifs et défendre Israël menacé par les adeptes du croissant de lune.

Pourtant, il existe encore des hommes et des femmes qui ne partagent pas la foi biblique, mais qui – comme Cyrus – ont envie de faire le bien. Certains s’engagent pour les plus fragiles, pour les plus pauvres, pour les victimes de multiples fléaux. Il y a aujourd’hui des Cyrus qui participent à la venue du règne de D.ieu à leur manière, même s’ils n’y croient pas de manière explicite. Ils sont eux aussi des serviteurs de la Vérité qui font avancer la justice, la paix à partir de leur sphère d’influence et de leurs propres valeurs.

Ecoutons Isaïe : « c’est à cause de mon serviteur Jacob, oui, Israel mon élu, que je t’ai appelé par ton nom ! » Cyrus est donc, sans le savoir, « appelé par D.ieu ». Dans cette optique, il acquiert un nom, un rôle à jouer, une destinée bénéfique pour lui et pour les autres.

En effet, l’Ecriture nous dit que la descendance d’Abraham, de Joseph et Jacob apportera la bénédiction au peuple de D.ieu mais aussi à toutes les nations du monde, peuples païens y compris. C’est grâce à cette bénédiction divine universelle que Cyrus est inspiré et qu’il concrétise sa mission de bienveillance, en se montrant comme un véritable bienfaiteur messianique exceptionnel pour le peuple de D.ieu plutôt qu’un persécuteur, haïsseur de juifs.

Aujourd’hui, croyants et incroyants engagés dans le sens du bien des autres, tous peuvent se faire « bénédiction » dans cette société obscurcie par de fausses croyances et qui a tellement besoin de lumière. L’enjeu est le respect de la dignité de chacun et la viabilité d’une coexistence digne de ce nom.

Reliés à l’alliance, ou simplement humanistes (au vrai sens du mot), nos contemporains pourraient devenir – comme Cyrus – des « messies », en dénonçant les injustices et en édifiant un monde où l’on s’aime et se respecte.

Il faut aujourd’hui des Cyrus du 21ème siècle qui au sein même du monde des nations idolâtres ouvrent un espoir et jouent leur rôle constructif dans l’avènement du Royaume de D.ieu qui est le seul véritable avenir de nous tous.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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