Publié par Mauricette le 7 juillet 2022

Source : Courrierinternational

Le Royaume-Uni a vécu mercredi 6 juillet une “journée folle”, avec un Premier ministre lâché de toutes parts, poussé à la démission par ses proches et ses propres ministres, mais refusant farouchement de quitter son poste. La presse britannique déplore un spectacle “sordide” et “pathétique”, et juge le départ de Boris Johnson inéluctable.

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“Comment en sommes-nous arrivés là ?” s’interroge la BBC, stupéfaite. Si la crise couvait à Downing Street depuis des mois, au rythme de scandales divers et variés, il semble que la patience des conservateurs ait atteint ses limites mardi, après une énième “entourloupe” de Boris Johnson, comme le dénonçait le Times mercredi dans un éditorial au vitriol.

L’objet du dernier scandale était le parlementaire Chris Pincher, qui avait rejoint l’équipe de Boris Johnson en février, avant de démissionner la semaine dernière dans la foulée d’accusations d’attouchements sexuels. Boris Johnson avait alors dépêché ses ministres sur le terrain “pour prendre sa défense” et assurer qu’il n’était au courant de rien, explique Sky News.

Mais mardi, Downing Street a été contraint de “reconnaître” que le Premier ministre “était au courant depuis 2019 des allégations de comportements inappropriés” concernant Pincher. Excédés, les ministres de la Santé et des Finances ont claqué la porte du gouvernement mardi soir, et le “château de cartes” a commencé à s’effondrer : vingt-quatre heures plus tard, plus de quarante membres du gouvernement avaient présenté leur démission – une situation “sans précédent”, observe The Guardian.

“Trop c’est trop”, s’est justifié Sajid Javid, ex-ministre de la Santé, devant les parlementaires. “Trouver l’équilibre entre loyauté et intégrité est devenu impossible ces derniers mois, et je ne prendrai jamais le risque de perdre mon intégrité”, a-t-il ajouté.

“Intenable”

Une délégation de ministres “de premier plan” s’est même rendue à Downing Street “pour exhorter Boris Johnson à reconnaître que les jeux sont faits et à démissionner”, raconte The Independent. Mais le Premier ministre leur a opposé une fin de non-recevoir, assurant qu’il était “déterminé à rester à son poste”.

Mieux encore : “Au lieu de démissionner, Johnson a répliqué en mettant à la porte le ministre chargé du Rééquilibrage territorial, Michael Gove”, un poids lourd du gouvernement et du Parti conservateur, rapporte The Guardian“Gove avait rencontré le Premier ministre un peu plus tôt et lui avait dit que sa position” à la tête du gouvernement “semblait intenable”, ajoute le quotidien classé à gauche.

Les soutiens de Boris Johnson ont confirmé qu’il n’avait aucune intention de démissionner. “Il veut rester et se battre. Ce n’est pas vraiment la fin du monde telle que les gens l’imaginaient il y a quelques heures”, a affirmé une source à Downing Street.

Interrogé par la BBC, le parlementaire conservateur Andrew Mitchell commente l’acharnement de Boris Johnson à se maintenir au pouvoir. “C’est un peu comme la mort de Raspoutine, ironise-t-il. Il a été empoisonné, poignardé, on lui a tiré dessus, son corps a été jeté dans l’eau glacée d’un fleuve, mais il est toujours vivant.”

Pas pour longtemps, assure cependant la presse – et le coup de grâce viendra sans nul doute des parlementaires eux-mêmes.

Nouveau vote de défiance

Après l’échec de leur vote de défiance le mois dernier, les conservateurs doivent théoriquement attendre onze mois avoir de pouvoir présenter une nouvelle motion. Mais sir Graham Brady, chef du tout-puissant comité parlementaire chargé de ces questions à la Chambre des communes, “a averti Johnson qu’ils étaient prêts à imposer de force une nouvelle motion” en changeant les règles de procédure, précise le Times. L’élection des membres du comité a été “accélérée” et la décision pourrait être prise dès lundi, pour un vote le lendemain.

“Difficile d’imaginer que Johnson puisse avoir la moindre chance” d’échapper à la défiance, estime The Spectator. Les conservateurs espèrent même que la claque prévisible “soit cathartique pour le parti et offre la démonstration qu’une immense majorité des torys veulent le départ” du Premier ministre” – mais les quelques jours d’ici à mardi vont être “interminables”, ajoute le magazine conservateur.

Le Daily Telegraph, autre titre conservateur, tient lui aussi pour acquis le départ du Premier ministre. Dans une colonne d’opinion, l’analyste politique Allister Heath maintient que Boris Johnson était le “meilleur choix” en 2019, “lorsque le pays s’écroulait”, mais considère que depuis quelques mois, son action s’est avérée “atroce, délirante et indéfendable”.

Et de conclure : “Maintenant que son gouvernement a implosé dans une pagaille sordide et chaotique de démissions et de frustration, Johnson aura bientôt tout le temps de réfléchir à la façon, pathétique et absurde, dont tout cela a aussi mal tourné.”

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