Publié par Gaia - Dreuz le 1 juillet 2022

Source : Leparisien

Abouyezid Anzorov, le père de l’assassin de Samuel Paty, travaillait dans la sécurité, comme d’autres membres de sa famille. Des agents du Cnaps, l’autorité chargée d’inspecter les sociétés de ce secteur, déplorent n’avoir pas eu le droit de contrôler à l’époque cet individu, qui a depuis été frappé d’une interdiction de séjour en France. Les entreprises en lien avec la famille, qui exercent toujours, n’ont, en revanche toujours pas pu être contrôlées par le Cnaps.

Suite à la publication de notre article, dans lequel le préfet, directeur du Cnaps, nous confirmait n’avoir pu contrôler suffisamment Abouyezid Anzorov après l’attentat commis par son fils, et admettant qu’il ne pouvait pas lui retirer sa carte professionnelle, le ministère de l’Intérieur a réagi en apportant une nouvelle information d’importance : l’interdiction de séjour en France le frappant.

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« Il est parti en défendant l’honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde. » Lors d’une entrevue filmée, dans sa langue natale, avec un influenceur tchétchène en juin 2021, le père de l’assassin de Samuel Paty en octobre 2020 affirme être « satisfait » du crime commis par son fils Abdoullakh, 18 ans.

La victime, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), avait montré des caricatures de Mahomet en classe quelques jours plus tôt, provoquant la colère d’Abdoullakh Anzorov, abattu par la police peu après son attentat en octobre 2020 et dont le corps a été rapatrié en Tchétchénie.

Lors de ses auditions, son père, 43 ans, avait jusque-là toujours exprimé sa peine, ses regrets et son amour pour la France qui l’avait accueilli en tant que réfugié politique. Mais cette fois, face caméra, dans une vidéo diffusée par plusieurs médias d’Europe de l’Est mais passée presque inaperçue en France, il a tenu des propos bien différents. « J’ai élevé Adboullakh de cette manière : tu dois aimer Dieu plus que tes propres parents, indique le père de l’assassin. C’est un bon fils, qui a reçu une éducation religieuse telle que le veut la tradition tchétchène. »

Des propos qui peuvent s’apparenter à de l’apologie du terrorisme et pourraient lui valoir des poursuites judiciaires… L’homme travaillait alors dans le secteur de la sécurité où il est obligatoire de posséder une carte professionnelle, attribuée après un contrôle de la moralité du demandeur, effectué par le Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps). La carte du père de l’assassin avait été renouvelée en 2019, un an avant l’attentat donc, pour cinq ans.

Et si finalement ce dernier est frappé d’une interdiction de séjour et privé de son statut de réfugié, vient-on d’apprendre du ministère, le Cnaps, lui, déplorait dans un premier temps de n’avoir eu aucune marge de manoeuvre, y compris après l’attaque. Et ni le service communication du ministère de l’Intérieur, ni le préfet Cyrille Maillet, à la tête du Cnaps, n’avaient connaissance, avant la publication de cet article, de l’interdiction de retour sur le territoire français d’Abouyezid, actuellement en Tchétchénie.

« Nous n’avons pas d’éléments pour lui retirer sa carte professionnelle »

Pour le préfet Cyrille Maillet, directeur du Cnaps, la donne était claire: « on ne peut rien nous reprocher, nous consultons les fichiers de la police et ce monsieur n’est pas condamné, son casier est vierge, nous n’avons donc pas d’élément pour lui retirer sa carte professionnelle. Et je rappelle que nos services ont bien travaillé puisque, par deux fois, lors de ses demandes, nous avons empêché le meurtrier, Abdoullakh Anzorov, d’obtenir une carte et donc de travailler dans la sécurité privée. »

Les refus du Cnaps datant d’avril et septembre 2020 (soit quelques semaines avant l’attentat), sont justifiés par la présence de trois mentions dans le casier judiciaire du futur assassin de Samuel Paty, lorsqu’il était encore mineur : des dégradations commises en 2015, et des violences commises en réunion devant son collège, en 2017 puis en 2018.

Mais peu après l’assassinat, les agents du Cnaps ont aussi mis au jour une trentaine d’entreprises ayant été en lien avec la famille Anzorov, certaines dont les gérants se proposaient d’héberger Abdoullakh, d’autres lui offrant une formation, avant même qu’il n’obtienne sa carte professionnelle…

« Nous avons donné toutes ces informations à la justice et nous leur laissons la priorité »

« Mais depuis l’assassinat et malgré la découverte de cette nébuleuse d’entreprises en rapport avec l’assassin de Samuel Paty, la direction nous a dit que c’était un sujet trop sensible, soupire un contrôleur du Cnaps. Nous avons demandé plusieurs fois, mais nous n’avons pas eu le droit d’aller contrôler ces structures. On ne sait pas ce qu’elles deviennent ou ce qu’il s’y passe. »

Finalement, ce jeudi après-midi donc, le ministère de l’Intérieur nous a indiqué que l’homme était « à l’étranger » et il n’était « pas autorisé à revenir en France ». Il est sous le coup d’une « interdiction administrative du territoire (IAT), c’est-à-dire une interdiction de retour, et sans titre de séjour ». Le ministère précise également, concernant toute la famille, que « leur statut de réfugié leur a été retiré par l’OFPRA. »

Les entreprises en lien avec la famille, sont, elles toujours autorisées à exercer et n’ont toujours jamais été contrôlées. Le directeur du Cnaps estime qu’il convient d’attendre encore. « Il y a eu une réquisition judiciaire, nous avons donné toutes ces informations à la justice et nous leur laissons la priorité, commente le préfet Maillet. C’est ça la réalité d’un état de droit. »

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