Initialement publié le 4 juillet 2022 @ 07:29
Les Démocrates défenseurs du contrôle des armes à feu réclament des lois plus strictes sur les armes à feu après une série de fusillades de masse. Mais les chiffres réels leur donnent tort.
Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !
En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.
Préambule : quand vous aurez terminé la lecture de cet article, vous serez naturellement tenté de conclure que je milite pour les armes. Rien n’est plus loin de la réalité. La réalité est que je n’aime pas du tout les armes. En revanche, je milite, et ce depuis toujours, pour la vérité contre la manipulation. Et la vérité, c’est ce que j’expose dans ce rapport. A vous de tirer vos propres conclusions.
Explication version courte : lorsque les lois d’un Etat limitent tellement la possession légale d’une arme que cela revient presque à une interdiction, et même si on peut retirer certaines armes aux criminels, eux se fichent des lois, parce qu’ils achètent leurs armes dans la rue. Ceux qui respectent les interdictions sont donc les personnes respectueuses de la loi. Ainsi, une législation restrictive désarme les personnes respectueuses de la loi, et facilite la tâche des criminels.
Joyce Lee Malcolm, professeure émérite de l’université George Mason, cite une étude sur les cambrioleurs datant de 1986, selon laquelle 34 % des cambrioleurs interrogés ont déclaré “avoir été effrayés, blessés ou capturés par une victime armée.”
“La possession d’armes à feu est plus élevée dans les États où il y a moins de restrictions, et les taux d’homicide dans ces États sont plus bas, parce que les gens peuvent se protéger”, a déclaré Malcolm à Fox News Digital, à propos des résultats de ses recherches.
1 Fox News Digital a compilé des données du FBI de 2019 détaillant les meurtres par arme à feu pour 100 000 habitants pour la plupart des États, ainsi que les données assemblées de la Rand Corporation publiées en 2020 montrant le pourcentage de ménages possédant au moins une arme à feu en 2016. J’ai personnellement vérifié les données de manière indépendante.
Et elles ne montrent pas du tout ce que les partisans de l’interdiction ou d’une restriction drastique des armes veulent prouver :
- De nombreux États avec des pourcentages élevés de possession d’armes à feu ont des taux de meurtres par arme à feu inférieurs ou similaires à ceux des États avec un contrôle strict des armes à feu.
- Le Montana et le Wyoming arrivent en tête des États où le pourcentage de propriétaires d’armes à feu est le plus élevé (plus de 66 % des ménages possèdent au moins une arme à feu).
Cependant, ces États ont des taux de meurtres par arme à feu similaires à ceux des États ayant une législation stricte sur les armes à feu.
En 2019, le Montana a enregistré 1,5 meurtre par arme à feu pour 100 000 habitants.
Le Massachusetts – qui est à égalité avec le New Jersey pour la possession d’armes à feu la plus faible du pays (14,7 % des ménages possèdent au moins une arme à feu) – l’État a connu des taux de meurtres similaires à ceux du Montana, avec 1,25 meurtre par arme à feu pour 100 000 habitants. - En Californie, où un peu plus de 28 % des ménages possédaient au moins une arme à feu en 2016, on a enregistré un taux de plus de quatre personnes assassinées pour 100 000 habitants en 2019.
- Tandis qu’au Maryland, où environ 30% des ménages possédaient au moins une arme à feu e 2016, les meurtres par arme à feu pour 100 000 habitants ont bondi à environ 7.
- Les données compilées par Fox News Digital montrent que le Delaware, où environ 34 % des ménages possèdent au moins une arme à feu, a un taux de meurtre par arme à feu d’environ quatre personnes pour 100 000 résidents. Ce taux est plus élevé que celui des cinq États ayant le pourcentage le plus élevé de ménages possédant des armes à feu, à l’exception de l’Alaska.
- Une poignée d’États affichent moins d’un meurtre pour 100 000 habitants, notamment Hawaï, le Dakota du Sud, l’Idaho, le Rhode Island et le Maine.
Cependant, plus de la moitié des ménages du Dakota du Sud et de l’Idaho possèdent au moins une arme à feu, tandis que plus de 46 % des ménages du Maine en ont au moins une.
En revanche, moins de 15 % des ménages d’Hawaï et de Rhode Island possèdent au moins une arme à feu. - L’Alaska est l’un des rares États où le taux de possession d’armes à feu et de meurtres par arme à feu est élevé, avec six meurtres par arme à feu pour 100 000 habitants et plus de 64 % des ménages possédant une arme à feu.
Mais l’Alaska est une exception qui dépend d’autres facteurs, tels que le taux de criminalité pendant les longues périodes d’obscurité. L’Alaska fait également partie des États qui ont vu les crimes violents et les homicides diminuer en 2020 et a enregistré une baisse de 18,5 % de la criminalité globale cette année-là. - Et la meilleure preuve vient des États et des villes comme Washington D.C., Chicago et Baltimore, qui ont les lois les plus restrictives en matière de contrôle des armes à feu, moins de propriétaires d’armes à feu, et ont des taux d’homicides beaucoup plus élevés que les États ayant les lois plus libérales en la matière.
“Dans ces endroits extrêmement restrictifs, il est très difficile d’obtenir une arme à feu, vous devez persuader la police que vous avez absolument besoin de porter une arme pour vous protéger, et ce, un jour donné. Vivre dans une zone dangereuse n’est pas un argument suffisant”, a déclaré Malcolm à Fox News Digital. Et le taux de criminalité par arme à feu y est extrêmement élevé.
2 Fox News Digital a examiné la possession d’armes à feu aux États-Unis en 2010 et a constaté qu’elle était à peu près aux mêmes niveaux qu’en 2016. La possession d’armes à feu a connu un pic en 2020 pendant la pandémie, au milieu des émeutes et des manifestations de l’été sous le prétexte de la mort de George Floyd. Les ventes d’armes à feu ont également connu un pic dans les États où les lois sur les armes à feu sont strictes, comme la Californie, les propriétaires de magasins d’armes à feu de la région de Los Angeles ayant attribué l’an dernier ces ventes à l’augmentation des crimes violents.
3 John Lott, président du Crime Prevention Research Center, a examiné les données compilées par Fox News Digital et a déclaré que, bien que “les graphiques établissant des comparaisons entre les lieux soient très courants”, “ils sont trop simplistes car ils ne tiennent pas compte des nombreuses autres raisons pour lesquelles les taux de criminalité peuvent varier (comme l’application de la loi, les problèmes de gangs de drogue, les différences démographiques et culturelles)”.
Il a conseillé d’examiner un lieu unique au fil du temps pour voir comment les taux de criminalité évoluent “en fonction de l’évolution des taux de possession d’armes à feu et de les comparer dans de nombreux endroits différents”.
Il a noté qu’il existe des endroits dans le monde qui “ont interdit soit toutes les armes à feu, soit toutes les armes de poing, et pourtant, chaque fois que ces interdictions ont été promulguées, les taux de meurtres et d’homicides ont augmenté”.
4 Les experts qui ont parlé à Fox News Digital ont réduit en miettes les affirmations selon lesquelles l’augmentation des ventes légales d’armes à feu a contribué à la criminalité en 2022. En deux mots, la réponse est qu’il n’existe absolument aucune statistique montrant une relation de cause à effet entre l’augmentation des achats d’armes à feu et l’augmentation des crimes violents. Etablir ce parallèle revient à détourner la logique du bon sens et tirer des conclusions à des fins de propagande. C’est le syndrome de la puce et du chercheur, qui constate que lorsqu’il dit à une puce de sauter, elle saute, et lorsqu’il lui coupe les pattes et lui dit de sauter, elle ne saute plus : il conclue que couper les pattes d’une puce la rend sourde.
5 Cully Stimson, de la Heritage Foundation, a déclaré que “ces 27 ou 29 dernières années, notre pays a connu une baisse spectaculaire des crimes violents. La criminalité violente a atteint un pic en 1992-93, et elle n’a cessé de diminuer depuis lors – jusqu’à récemment.”
“Cela et cela seulement, suffit à réfuter l’argument selon lequel l’augmentation de la possession légale d’armes à feu a contribué au pic de criminalité. Quoi, ils n’ont pas commis autant de meurtres depuis 30 ans alors qu’ils ont acheté des dizaines de millions d’armes entre 92 et maintenant ?”
Les ventes d’armes ont connu une année record en 2020, avec environ 23 millions d’armes à feu vendues et plus de 21 millions de vérifications d’antécédents effectuées. Ces chiffres ont battu des records et ont notamment connu un pic au début de la pandémie, en mars, avant de bondir à nouveau en juin de la même année, lors des émeutes en réaction à la mort de George Floyd.
Et le taux de criminalité par arme à feu a fortement baissé par rapport à 1992 :
- 18,940 homicides par arme à feu en 1993 pour 259 millions d’habitants
- 19,384 homicides par arme à feu en 2020 pour 331 millions d’habitants
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Ça semble logique. Quand on désarme les gens, les voyous en profitent. Le seul truc qui pourrait plaider pour l’interdiction des armes, ce sont les accidents (il faut savoir gérer l’arme et protéger les enfants, faire attention aux malades mentaux, etc, bref une arme, ça se gère). Je ne sais pas si le nombre est important.
Le nombre qui est important, ce ne sont pas les accidents mais les suicides par arme à feu.
Effectivement, c’est un outil disponible. Ceci dit, contrairement à l’accident, qui ne se serait pas produit sans la présence de l’arme mal gérée, le suicide trouvera d’autres moyens puisqu’il est intentionnel. C’est donc difficile de l’imputer à la présence de l’arme.
De fait, le taux de mortalité par suicide est bien plus élevé aux Etats-Unis qu’en Europe:16,1 contre 10,5 avec des disparités importantes de 6,7 en Italie à plus de 14 en Autriche (source: Banque Mondiale). Disparités que l’on retrouve probablement aux USA. La disponibilité des armes à feu influe donc probablement mais n’explique pas, loin s’en faut, les causes du taux de suicide d’un pays:
Vous avez raison sur l’accident. Les possesseurs d’armes à feu les rangent dans des petits coffres en dehors de la portée des enfants. Pour les suicides, bien que je n’ai jamais étudié le sujet, mon intuition me dit que la présence d’une arme à feu rend l’acte plus accessible. Mais je peux me tromper.
Intéressant… Mais pourquoi ne vend-on pas d’armes avec des fléchettes soporifiques comme on en utilise contre les fauves échappés de cirques ou zoos ? La police pourrait aussi s’en servir, ce qui permettrait de mettre les délinquants et agresseurs au frais et décider ensuite de leur sort en protégeant les innocents.
J’aime beaucoup ça, mais quel est le délai avant que ça agisse ? Si c’est 5 minutes, bonjour les dégâts !
Bonne question… Merci de vous être intéressé à ma suggestion.
J’ai cherché quelques renseignements : le produit fait effet en une à cinq minutes, mais il y a un gros problème : la dose doit être adaptée en fonction du poids de l’animal, donc sur un gringalet la dose pour un gros costaud peut être mortelle.
L’idée est séduisante mais je me doutais que si elle n’est pas appliquée c’est qu’il y a une raison. C’est dommage, ce serait pratique !
Peut-être y aurait-il un gaz soporifique qui pourrait être utilisé à la place du gaz lacrymogène ?
Enfin ce ne sont que mes élucubrations, j’dis ça j’dis rien, comme on dit.
Bonne soirée, Mr Grumberg.
Je pense que le taux d’armes à feu possédées par la population dans un Etat donné des USA n’est pas un élément suffisant pour une analyse efficiente. Il importe en effet de connaître la nature de cette population (urbaine ou rurale), sa condition sociale, son taux de criminalité global,… Ainsi, si un Etat compte relativement peu de délits, le fait que la population soit armée ou non jouera peu.
En France, par exemple, c’est à Paris que le taux de délinquance est le plus élevé alors que c’est en Corse qu’il y a le plus d’armes à feu par habitant. Est-ce à dire que le fait que le Corse soit armé dissuaderait le malfrat ? Et bien non, car c’est en Corse que l’on dénombre le plus de meurtres (9,6/100 000habs contre 1,6 pour l’ensemble du pays). Il semblerait donc bien qu’en Corse, si le taux de délinquance demeure dans la moyenne, celle y a plus tendance à dégénérer en homicide.
Même s’il n’explique pas tout, l’accès aux armes demeure, c’est incontestable, un élément déterminant du taux d’homicides d’un pays, sinon, quelle serait l’explication rationnelle d’un tel déséquilibre de taux d’homicides entre les USA et l’Europe alors qu’il n’existe pas entre les deux de différence notable du niveau globale de la délinquance ?
Par ailleurs, cet accès aux armes aux USA est cause de cette gangrène que sont les tueries de masse qui touchent la population au hasard en dehors de toute rationalité et qui sont pour ceux qui respectent la vie une plaie douloureuse qui se rouvre à chaque consternant fait divers.
J’avais fait le même constat il y a quelques années déjà.
Mais je pense qu’il faut préciser ici que la statistique est celle des armes recensées officiellement. Du moins c’est ce qu’il me paraît (?). Celles au noir, celles détenues par les contrevenants à la règlementation (c’est-à-dire non-déclarées) n’est par définition pas connue, au mieux il s’agit d’une évaluation (dont je ne sais rien).
Et il est patent que plus les règlementions sont contraignantes, plus il y a d’armes à feu qui se baladent dans la jungle… de la délinquance. Ce qui est sans doute une des raisons de la statistique : moins d’honnêtes citoyens armés et plus de (dangereux) délinquants armés !
Pour ce qui est du suicide par arme à feu, le problème qui se pose est multiple et dans une première évaluation, il serait – à mon avis – intéressant, du point de vue d’une bonne information, de les retirer de la statistique globale.
Il serait aussi informatif pour juger des résultats d’une règlementation sur les armes à feu de savoir combien de meurtres sont commis avec des armes déclarées, respectivement le nombre de meurtres avec des armes détenues illégalement.