
Source : 20minutes
La promesse que veut concrétiser Gérald Darmanin, bien que passée inaperçue, faisait bien partie du programme d’Emmanuel Macron avant les élections présidentielles.
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- Gérald Darmanin a avancé, ce lundi, l’idée de camps de redressement militaires pour les jeunes délinquants dont le premier pourrait voir le jour à Mayotte.
- Selon le ministre de l’Intérieur, cette idée faisait partie des promesses de campagnes d’Emmanuel Macron pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2022.
- Encore floue dans son programme, le président avait bien émis cette idée pendant son débat de l’entre-deux-tours face à Marine Le Pen.
On dit que les voyages forment la jeunesse. Selon Gérald Darmanin, l’armée disposerait des mêmes vertus. En visite à Mayotte ce lundi, le ministre de l’Intérieur a avancé l’idée de « lieux de rééducation et de redressement » pour les mineurs délinquants, encadrés par des militaires.
Si le ministre a précisé que le premier de ces « camps » pourrait voir le jour sur l’archipel de l’océan Indien, département et région d’outre-mer, il a également précisé qu’il en avait déjà discuté avec le président de la République, sous-entendant que celui-ci y serait favorable, puisque la proposition faisait partie des promesses d’Emmanuel Macron lors de sa candidature à un second mandat en avril dernier.
Une déclaration qui en a surpris plus d’un sur les réseaux sociaux, les internautes se demandant bien d’où peut bien sortir cette affirmation.
FAKE OFF
Le ministre de l’Intérieur dit vrai. Aussi discrète fut-elle, cette proposition a bien été évoquée pendant la campagne de la présidentielle 2022 d’Emmanuel Macron. Si elle globalement passée sous les radars des oppositions et des observateurs, le candidat « En Marche » l’avait pourtant annoncé à au moins deux reprises.
Dans son trac Emmanuel Macron, Avec vous (toujours disponible en ligne), le président sortant étalait en page 20 ses propositions sur le thème de la sécurité. Parmi elles, on pouvait lire : « Pour les mineurs délinquants, la possibilité d’un encadrement par des militaires. » Laconique, l’idée ne mentionne pas de camps et ne précise pas de limite d’âge autre que l’absence de majorité.
Une proposition floue et discrète
A l’époque, le projet n’était peut-être pas tout à fait défini puisque dans la version Web du programme de campagne disponible sur le site d’En Marche, l’aspect militaire disparaît, pour laisser place à « un centre éducatif fermé ».
C’est lors du débat du second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen que la proposition s’est précisée dans les mots du président. Au sujet des délinquants mineurs, le président sortant propose alors « soit de la rétention dans un environnement militaire, soit des travaux d’intérêts généraux sous contrôle. » Sa justification ? « Mettre un délinquant léger dans une prison où il va fréquenter des délinquants plus lourds c’est une absurdité. » Depuis, Emmanuel Macron ne s’est pas prononcé à ce sujet.
L’idée aurait pu lui être soufflée à l’oreille par son ministre de la Justice. En effet, quelques mois plus tôt, en octobre 2020, Eric Dupond-Moretti avait déclaré chez nos confrères de BFM TV travailler avec Florence Parly sur « un partenariat entre le ministère de la Justice et celui des Armées » pour l’encadrement de « certains mineurs ou jeunes majeurs » délinquants.
Un cheval de bataille de la droite
Lier le redressement de la jeunesse, et notamment des jeunes délinquants, à l’armée n’est pas une idée nouvelle. Eric Ciotti, grand nostalgique du service militaire obligatoire (même s’il en a été exempté), avait proposé en 2011 une voie « entre la rue et la prison » qui avait pour objectif d’envoyer les jeunes délinquants en Epide. Soit des centres encadrés par des militaires et destinés à aider des jeunes à se réinsérer dans l’emploi, mis en place en 2005 par le gouvernement de Dominique de Villepin.
Problème, ces centres étaient destinés aux jeunes volontaires et non comme sanction à la délinquance. Le projet avait de toute façon été vidé de sa substance par le nouveau gouvernement de Jean-Marc Ayrault en 2012. Les Républicains, Aurélien Pradié en tête, avaient relancé le débat en 2021 d’un encadrement militaire pour canaliser les jeunes délinquants, justifiant que les structures et le cadre légal étaient déjà en place depuis l’essai raté de 2011.
Une expérience peu convaincante de 1986 à 2004
Mais la paternité de ces initiatives revient probablement à l’amiral Christian Brac de La Perrière qui a fondé en 1986 les centres JET (Jeunes en équipes de travail). Ces stages de quatre mois avaient pour but d’aider de jeunes détenus à se réinsérer dans la société via « du travail, de la formation et le moins de télévision possible », selon les propres mots de l’amiral rapportés par Le Monde dix ans plus tard. Le tout encadré par des militaires, officiers et sous-officiers. Ce programme commençait autant que possible par un service militaire pour ceux qui ne l’avaient pas encore effectué.
Fermé en 2004, ce programme a été décrié pour ses résultats décevants par plusieurs spécialistes. Selon Michel Goya, militaire et historien, sur les 5.800 participants passés par les JET, plus de 60 % des mineurs qui s’étaient portés volontaires étaient retombés dans la délinquance et 20 % des majeurs étaient à nouveau en prison dans les deux ans qui suivaient leur sortie. Il ajoute que les JET n’ont pas laissé un très bon souvenir dans l’armée.
Un constat abondé par un rapport du Sénat établit en 2003 qui souligne que « les armées mettent en avant la faiblesse des résultats obtenus, qui s’explique par le caractère particulièrement difficile des jeunes pris en charge et par la brièveté des stages qui ne permettent pas une véritable réinsertion sociale et l’apprentissage d’un métier, seul garant d’une sortie durable de la délinquance ».
Dans son blog, Gilles Sainati, vice-président chez tribunal judiciaire de Toulouse et ancien juge d’application des peines, précise les raisons de ces échecs : «L’armée n’arrive pas a appréhender les problématiques personnelles notamment toxicomanes ou culturelles…le comportementalisme disciplinaire à ses limites.» Il ajoute que ces séjours de rupture, qui ne travaillent donc ni avec la famille, ni avec l’environnement du jeune, ne proposent aucun dispositif solide de suivi. Le jeune retombe donc «dans ses habitudes antérieures qu’elle soient délinquantes, toxicomaniaques, les deux, etc.»
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C’est l’exemple type de la fausse bonne idée. On se dit que les jeunes délinquants manquent de règles et de repaires. Or, quand on pense règles et repaires, c’est à l’armée qu’on songe en premier.
Sauf que le métier d’un militaire est de défendre la patrie, pas de pallier aux carences des parents et de l’école. Les règles et repaires d’un soldat ont pour objectif l’efficacité dans le combat, ce n’est évidemment pas transposable en l’état aux règles et repaires que tout citoyen doit avoir assimilé pour intégrer la société.
Ne laissons pas croire aux parents que l’armée prendra en charge le travail qu’ils n’ont pas réalisé avec leurs enfants.
Face au « caractère particulièrement difficile » d’un jeune qui s’est mis hors de la société, il ne s’agit plus de contextualiser (« il n’a pas les codes »), l’Etat est contraint de réagir. Si vous avez une vraie bonne idée, sentez-vous libre…
PS : la gendarmerie relève du ministère des armées.
A l’expérience, on voit déjà que faire appel à l’armée pour « rééduquer » les jeunes n’est pas probant (relire l’article).
La première chose à faire est d’éloigner les jeunes délinquants de leur cité et leur donner du travail (cela ne manque pas à la campagne )ainsi qu’une formation. Sans changements de repères et possibilité d’insertion on s’achemine vers des récidives et la prison qui n’est pas le meilleur milieu pour l’éducation des jeunes.
Une population qui ne sait pas gérer la frustration, vous voulez la mettre au travail ? Vous rêvez !
Justement, le travail sert, entre autres, à gérer la frustration.
Rêver serait penser qu’on puisse éliminer toute délinquance: aucune société n’a éliminé la délinquance et les Etats les plus répressifs n’ont pas de meilleurs résultats. Le Texas avec la peine de mort, la règle des 3 coups et un taux d’incarcération 4 fois supérieur à celui de la France compte encore un taux d’homicides bien plus élevé qu’aucun pays européen.
Si le laxisme et le tout répressif ne fonctionnent pas, il faut sans doute expérimenter autre chose.
Ou bien renoncer.
Des repaires, ils en ont, ce sont de repères qu’ils manquent. A part ça vous avez raison.
Je pense que c’est l’école qui est responsable de la catastrophe actuelle, et je sais de quoi je parle, j’ai enseigné 35 ans. Enfin, à la fin, c’est devenu une garderie avec séances d’endoctrinement… J’ai refusé, et fini par craquer.
Autres responsables : les parents. Les élèves déviants, à problèmes, agressifs, etc, devraient être mis dans des établissements spéciaux, et les parents défaillants devraient se voir couper les allocations, d’abord un mois, puis deux, puis complètement. Je parie que ça marcherait.
Veuillez pardonner cette faute malencontreuse.
A part cela, je suis réservé sur l’efficacité de la coupure des allocations aux parents. Déjà parce que les pays où ces allocations n’existent pas n’ont pas moins de délinquance, ensuite parce que la suppression de ce revenu légal serait compensée par un surcroît d’activités illégales.
Je crois plus à un éloignement des jeunes en perdition et à une réintégration par le travail dans des internats spécialisés. Encore faut-il s’en donner les moyens.
Vous avez très probablement raison, et des internats spécialisés seraient évidemment une solution, mais leur coût de construction et fonctionnement s’ajouterait à une dépense publique déjà catstrophique.
La mauvaise conduite commence dès l’école primaire, et même en maternelle.
Je pense que les allocations familiales devraient être limitées en fonction des revenus des gens, il est immoral que des couples aient six ou huit enfants alors qu’ils ont à peine les moyens d’en élever un ou deux, et comptent sur les autres pour les loger, vêtir et nourrir, une coupure de ces allocations ferait peut-être comprendre à certains que ce sont eux qui doivent éduquer et surveiller leur progéniture.
Les familles avec 7 ou 8 enfants sont extrêmement rares et n’expliquent pas la délinquance.
Les internats ne sont qu’une solution aux conséquences mais pas aux causes de la délinquance qui sont multiples.
Ne faites pas semblant de confondre les familles nombreuses françaises, souvent catholiques, dont les enfants ne posent généralement pas de problèmes, et les familles nombreuses venant d’Afrique, Maghreb compris.
Je suis d’accord, des internats de rééducation remédieraient à une partie de la délinquance, mais cette délinquance n’est pas toujours liée au trafic de drogue, comme vous le dites, loin de là.
Les délinquants qui volent ou trafiquent le font pour de l’argent. Mais la majorité de ceux qui tabassent, tuent et violent le font à cause de l’endoctrinement islamique qui leur enseigne la haine de tous les non-musulmans..
Je n’ai jamais mis en parallèle les familles musulmanes et catholiques. Où avez-vous lu cela ?
J’ai simplement dit que les familles nombreuses, au-delà de 3 enfants, sont rares, ce qui est une vérité statistique (1 famille sur 17).
Par ailleurs, il est avéré que le trafic de drogue, du fait de son chiffre d’affaire (10 milliards en France) génère le plus de violence.
Pour le reste, méfiez-vous des raccourcis. Si le viol et la violence étaient uniquement dus à l’endoctrinement islamique, les pays sans musulmans ne connaitraient pas de délinquance. Est-ce le cas ?
Régler le problème de l’immigration, notamment musulmane, bien entendu ! Mais celui de la délinquance ne sera pas réglé pour autant.
Certes, il y a des brebis galeuses partout, mais il faut reconnaître que plus de 50 % des crimes et délits en France sont commis par des musulmans, que 70 à 80 % des détenus dans les prisons françaises sont musulmans, à rapporter à la proportion de musulmans en France : 8 à 20 % ou plus selon les estimations.
En ce qui concerne les enfants et adolescents FDS « à problèmes », délinquants futurs ou effectifs, la responsabilité en incombe principalement à leurs parents (eux-mêmes sans éducation adéquate) et à l’Education Nationale, et je sais de quoi je parle, y ayant enseigné 35 ans.
Vous n’imaginez pas le désespoir que j’ai éprouvé pendant des années, ayant été formée à l’ancienne (j’aurais plaisir à en parler mais ce serait long) par un des derniers véritables hussards noirs que je vénère toujours, après sa mort il y a peu d’années.
Pensez-vous que quand nous serons débarrassés des musulmans il n’y aura plus de trafiquants de drogues ?
Aux Etats-Unis, les musulmans représentent moins de 1% de la population ? Moins de meurtres ? Moins de trafic ? Moins de violence ?
Pour le reste, je partage votre avis sur la responsabilité des parents. Quand je vois l’incivisme dont font preuve nombre d’adultes, je ne m’étonne pas du comportement des jeunes.
apparemment le Danemark a pris le problme à bras le corp et tout cela semble donner de bons resultats sans que cela passe par la solution des camps militaires.
Obligation pour tous les migrants bénéficiants d’aides sociales, d’avoir un travail sous peine de se voir supprimer toutes les aides, eloignement des parents des délinquants etc des solutions qui donnent des resultats et la ghettoisation a en grande partie disparu, cette sociéte semble plus appaisée et moins vindicatif. Mrs Macron et Darmanin exemple à suivre.
https://youtu.be/xKdfhXYz7aE
Attention, il ne faut pas croire que régler le problème des migrants règle mécaniquement celui de la délinquance. Si c’était le cas, les pays sans migrants seraient des havres de paix. Le plus grand générateur de délinquance, le trafic de drogue, existera toujours tant qu’existera la demande, que les réseaux soient contrôlés par des maghrébins, des Italiens ou des Auvergnats.
L’immigration et la délinquance sont chacun un problème en soi, même s’ils possèdent des connexions.