
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Luc (12, 35-40)
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Dans l’évangile de dimanche dernier, on voit Jésus enseigner à partir de l’histoire banale d’un homme qui a cru fermement atteindre l’objectif de sa vie en accumulant des biens matériels : selon le langage de l’Ecriture, cet homme est insensé, puisque le soir même, il rend son dernier souffle, et il n’emporte évidemment aucune des richesses terrestres auxquelles il avait consacré toute son énergie en oubliant le salut de son âme.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à réserver notre foi à celui qui seul peut assurer l’accomplissement de notre vie humaine : le Père des cieux. Il adresse ces paroles au petit groupe de ses disciples qui le suivent vers sa passion. Mais cette recommandation s’adresse aussi à nous. Il s’agit de grandir dans la foi en précisant notre objectif de vie…Le pionnier de cette foi en Dieu, c’est Abraham : il a fait confiance à l’appel de Dieu en acceptant de se mettre en route vers l’inconnu. Grâce à cette foi courageuse, Sara, contre toute attente humaine, donnera naissance à un fils, l’enfant de la promesse.
A partir de là, le peuple de Dieu pourra approfondir sa relation d’alliance jusqu’à l’étape décisive de la sortie d’Egypte, la Pâque, la libération de toute servitude, expression de l’amour en vertu duquel Dieu n’abandonne pas les siens. Et ce sera avec Moïse l’arrivée au seuil de cette terre sainte que Dieu a donnée à Israël, malgré ses fragilités, et en dépit des agressions successives de ses voisins conquérants.
Jésus relance donc cette espérance, fondée sur les 10 paroles. Pour se préparer au don de sa vie, Jésus se fixe sur sa relation avec le Père reliée à sa compassion pour ses frères. Un tel délaissement des réalités éphémères au profit de l’essentiel est motivé par l’amour, Jésus propose aussi la même démarche à ses disciples, ce qui veut dire aussi à nous : « Faites-vous un trésor impérissable dans les cieux ! ». Cette conscience du réel le plus vital est indispensable dans nos objectifs de vie… Là où est notre plus grand trésor, là aussi sera notre cœur… Lorsque Jésus traverse les villages de son pays, la Judée, la Galilée et la Samarie : beaucoup accourent pour l’entendre, car c’est un maître spirituel apprécié, qui invite ses disciples à tout centrer sur le Royaume de Dieu, c’est-à-dire à faire en sorte que Dieu soit vraiment présent au coeur de leurs réalités les plus quotidiennes.
Jésus est un contemplatif, il sait admirer les beautés de la création, – on le voit dans ses paraboles – mais il est aussi un homme d’action, c’est-à-dire qu’il privilégie des comportements qui soient en harmonie avec les dix commandements. Ainsi, Jésus rencontre sur sa route des hommes et des femmes qui, tous, à leur manière cherchent Dieu, ce sont des êtres qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme. C’est pourquoi il est si attentif à chaque situation humaine, sans aucun préjugé. « Venez à moi, vous qui peinez sous le poids des fardeaux de la vie, je vous apporterai la paix du cœur ».
Nous comprenons ainsi que le Dieu annoncé par Jésus à ces personnes très diverses, assoiffées de vérité, c’est le Dieu vivant. Ce n’est pas le dieu des philosophes, qui est souvent une abstraction éloignée du réel. Ce n’est pas le dieu des mythologies antiques, qui intimide et paralyse, c’est bien le Dieu d’Abraham, le Dieu de Moïse, le Dieu des prophètes d’Israël qui s’intéresse à ce que nous vivons.
Ce Dieu proche, c’est le Dieu de justice d’Amos, le Dieu de tendresse d’Osée, le Dieu de la réconciliation universelle d’Isaïe, le Dieu du pardon de Jérémie…Et ce qu’affirme Jésus pour ses contemporains – comme pour nous, c’est que croire en ce Dieu-là est incomparable à aucune autre croyance, c’est une lumière à côté de laquelle les plus grandes richesses matérielles de ce monde et les faux espoirs qui en découlent ne sont qu’obscurité. D’où la recommandation de Jésus de laisser toujours notre lampe allumée, d’éclairer notre conscience grâce à la parole de Dieu. Sans lumière pour s’orienter, on s’épuise dans l’errance, on part sur des chemins sans issue. Combien de fois Jésus n’a-t-il pas constaté que les foules humaines apparaissent désorientées comme des brebis sans berger. On peut faire aujourd’hui le même constat, en voyant tous ces adultes – surtout en Occident – qui, bien que baptisés, ont complètement perdu de vue la richesse de leur foi, et tous ces jeunes éloignés de l’Eglise, à la recherche d’un idéal souvent sans racines spirituelles. Beaucoup vont chercher très loin – dans le bouddhisme, dans le soufisme, ou dans le refus philosophique de toute croyance – des principes de vie et des lumières qu’ils ignorent par méconnaissance de la Bible ou par malentendu.
Là où est votre trésor, là aussi est votre cœur ! Ce que nous dit l’évangile dévoile les contradictions que nous vivons. Alors que notre société ne nous parle que de consommation, de possessions matérielles, d’argent et de pouvoir, Jésus nous rappelle ce que la publicité et la sous-culture ambiante nous cachent : l’essentiel dans la vie, c’est d’accomplir sa destinée personnelle, par la qualité des relations humaines, les valeurs de respect des autres, de solidarité, par le renoncement à l’égoïsme et aux mirages de l’appropriation. C’est à travers la recherche de la vérité en Dieu qu’on acquiert une vision d’ensemble de la vie, et qu’on rejoint la finalité de l’aventure humaine. D’où l’appel que Jésus lance, à rester toujours l’esprit en éveil, et à être vigilants tout au long de notre vie. Cela veut dire : refuser de vivre dans la passivité, ou dans l’illusion de croire que toutes les attitudes se valent.
Jésus nous affirme que lorsqu’on a sa sécurité en Dieu, personne ne peut percer les murs de notre demeure intérieure pour s’emparer des trésors de notre foi et endommager notre personnalité. Nous voici de ce fait tous concernés par cette invitation au banquet du Père, dans son Royaume, là où règne Jésus, notre frère aîné qui nous a ouvert une voie et préparé une demeure avec lui. Cette réalité finale, nous avons la chance de pouvoir l’anticiper aujourd’hui dans le mémorial de l’eucharistie : qu’elle soit la lumière sereine de nos vies quotidiennes.
Amen
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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