
Source : Marianne
En août 2020, François V. attire une lycéenne de 15 ans dans un guet-apens en utilisant un procédé éprouvé avec d’autres victimes. Déjà condamné à 18 ans de prison pour 9 viols et 4 agressions, il est alors en liberté et a priori réinséré. Dès son arrestation, il avoue le viol puis le meurtre. Un cas rare qui a posé la question de l’efficacité du suivi sociojudiciaire des agresseurs sexuels.
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En cette fin de journée d’août 2020, une fumée noire se dégage d’une maison inoccupée du centre-ville de Nantes. À l’origine de l’incendie, deux départs de feu que les pompiers parviennent rapidement à éteindre. Sous les combles, ils découvrent le corps d’une adolescente inanimée. Malgré leur tentative de réanimation, la jeune fille succombe. Mais le feu ne semble pas à l’origine de son décès. Son cou présente des traces de strangulation. L’autopsie confirme qu’elle a été d’abord violée puis étranglée.
Céleste, lycéenne de 15 ans, habitait à environ 200 mètres du lieu de son agression et était sortie vers 16 heures pour aller chercher un colis. Une heure plus tard, ne la voyant pas rentrer, sa mère s’était inquiétée et c’est vers 18 heures que les pompiers découvraient sa dépouille. L’annonce du meurtre de Céleste, pétillante jeune fille à la « bouille tellement sympathique », selon une ancienne professeure, est un choc. Une adolescente d’« une grande vivacité, qui sortait du lot », ajoute dans Ouest-France un hôtelier qui l’avait reçue en stage. Entre stupeur et horreur, ses proches et amis lui rendent ainsi hommage tandis que les enquêteurs s’affairent à trouver le responsable d’un crime aussi odieux.
Leur minutieuse enquête de voisinage leur permet d’apprendre qu’un homme rôdait ce jour-là entre la maison incendiée et sa voiture garée à quelques mètres. Un véhicule d’ailleurs verbalisé au moment du crime. Par ailleurs, sous les ongles de la victime, un ADN est extrait et analysé. Or, il n’est pas inconnu de la justice puisqu’il s’agit de celui de François V., un prédateur sexuel déjà condamné à 18 ans de réclusion criminelle en 2005 à Poitiers pour neuf viols, trois tentatives de viol et une agression sexuelle, sous la menace d’une arme. Il est sorti après 13 ans d’incarcération comme le permet le système des remises de peine. Arrêté à son domicile une semaine après le meurtre de l’adolescente, François V. reconnaît les faits et révèle des détails glaçants. « Il dit être venu sur Nantes ce jour-là pour chercher un logement, plutôt désaffecté, pour pouvoir passer à l’acte », rapporte Yvon Ollivier, vice-procureur de la république de Nantes, lors d’une conférence de presse.
« L’homme au carton »
L’homme repère ainsi un immeuble qui lui paraît inhabité, puis descend dans la rue en pleine journée à la recherche d’une victime. Il croise alors Céleste, qui a eu « le malheur de lui plaire », poursuit le vice-procureur. Prétextant avoir un lourd carton à porter à l’étage, il demande de l’aide à la jeune fille. Céleste accepte de l’aider, mais une fois arrivée sous les combles, elle voit le piège se refermer sur elle. « Il l’a ensuite agressée (…) et pour la faire taire, lui a mis un câble en plastique qu’il a trouvé sur place autour du cou, puis a serré jusqu’à ce qu’elle ne bouge plus. » Un scénario effrayant qui réveille alors le traumatisme de ses anciennes victimes, attirées selon le même mode opératoire dans des appartements de la région Poitou-Charentes entre 2001 et 2003.
Julie est l’une d’elles. Elle a 22 ans lorsqu’elle croise la route de François V. en juillet 2003. Elle sort du travail quand un homme l’aborde dans la rue à Poitiers et lui demande de l’aide pour porter un carton dans un immeuble du centre-ville. « On est monté tout en haut dans un appartement ou j’ai été séquestrée, confie-t-elle dans un reportage diffusé sur TF1. Dans les escaliers, il était devant moi donc il ne pouvait rien faire. Quand on est entré dans l’appartement, là il a fermé la porte et je me suis retrouvée coincée. Je me souviens être allongée sur le lit. Je ne pouvais pas bouger. Il était sur moi, il était lourd. Et il sentait la transpiration. » Une indication qui aidera grandement les policiers à l’arrêter car toutes ses victimes vont témoigner de cette même odeur très acide que dégageait leur agresseur.
Surnommé « l’homme au carton » par les policiers à ses trousses, le violeur a sévi durant deux ans et fait 13 victimes. Avant d’être abusées, elles étaient ligotées, les yeux recouverts par du ruban adhésif sous la menace d’un couteau qu’il laissait ensuite aux victimes après son départ pour qu’elles se défassent de leur lien. Le 22 août 2003, il est arrêté alors qu’il prépare une nouvelle agression. François V. est alors âgé de 27 ans et vit chez ses parents. Il justifie son passage à l’acte par des pulsions et la solitude qui lui pèse.
Un « gros nounours »
« Des explications un peu génériques », regrette auprès de Marianne maître Emmanuel Breillat, défenseur d’une des victimes au procès de Poitiers en 2005, qui dépeint, par ailleurs, un homme « ni hostile, ni antipathique, loin du cliché du monstre qu’on imagine. Un accusé collaboratif, poli, qui s’excusait régulièrement. » C’est bien cette apparence anodine et cet air inoffensif qui ont d’ailleurs trompé celles qui l’ont croisé. « Il paraissait gentil. Physiquement, il ne me faisait pas peur », confirme Julie. En février 2016, après avoir purgé les deux tiers de sa peine, François V. sort de prison et réitère cinq ans plus tard, cette fois-ci en supprimant sa dernière petite victime.
L’opinion publique s’indigne qu’il ait pu recommencer. « Je suis très en colère contre la justice française, pour moi c’est un fou, c’est un psychopathe. Je me disais qu’un malade comme lui ne pouvait que recommencer », dénonce Julie sur TF1. L’inspection générale de la justice est d’ailleurs saisie. Mais François V. a scrupuleusement respecté son suivi sociojudiciaire lui imposant de signaler tout déménagement, de ne pas porter d’arme et d’obéir à l’injonction de soin définie. « Il voyait tous les deux mois un psychothérapeute », confirme Yvon Ollivier. L’homme a aussi refait sa vie, laissant penser « à une forme de stabilisation » et acheté deux maisons avec sa compagne dans un village à une quarantaine de kilomètres de Nantes. Il souhaitait réaménager l’une d’elles pour la louer.
Dans le voisinage, son arrestation et la révélation de son passé surprennent car l’homme était apprécié et semblait au-dessus de tout soupçon. « Il était toujours prêt à donner un coup de main. Il s’occupait souvent de son jardin », explique l’un d’eux à Ouest-France. « Je n’aurais jamais pensé que François puisse faire ça », s’étonne Jérôme sur BFMTV. Tout comme Bernard qui a dîné avec lui le soir du meurtre. « Je n’ai rien remarqué d’inhabituel. Je n’en reviens pas de ce qui est arrivé, je ne m’y attendais pas du tout. » Sur son lieu de travail ou il exerçait depuis deux ans comme chef d’équipe chez un fabricant de briques en terre cuite, c’est la même impression. On y décrit un collègue « posé et calme », qui n’a manifesté aucun changement d’attitude après les faits. Aucun signe ou accès de colère qui aurait pu trahir ce « gros nounours », selon eux.
En conséquence, « il n’y avait pas le moindre élément qui puisse laisser penser à une fragilisation de l’intéressé ces derniers temps qui aurait pu le conduire à passer à l’acte », conclut le vice-procureur qui déplore, malgré tout, « un échec pour la société ». Maître Breillat tempère l’amer constat qu’a suscité cette affaire. « Le risque zéro n’existe pas en matière pénale. La justice est humaine, il n’y aura donc jamais de certitude absolue qu’un homme ne récidivera pas, sauf à quitter toute humanité et à lui couper la tête. Il existe déjà un florilège de textes qui encadrent ces cas, qui ne présentent aucun problème dans 95 % d’entre eux. C’est une affaire singulière, exceptionnelle. » Mis en examen pour « viol en récidive » et « homicide volontaire », François V. demeure incarcéré dans l’attente de son procès.
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18 ans de prison pour 9 viols et 4 agressions, sorti de prison au bout de 13 ans : donc même pas 2 ans de prison pour un viol? Ce devrait être au moins 20 ans fermes par viol !
Si on lui avait coupé l’instrument du crime comme font les muzz avec les voleurs, il n’aurait jamais récidivé.
Donc, il fait 13 victimes avant d’être arrêté au début des années 2000 nous dit cet article : et tout le monde ment en pensant à une reinsertion possible. Prison à vie sans possibilité de sortie ou peine de mort….mais le criminel est victime dans notre société de nos jours.
Comme je l’ai lu un jour, la peine de mort n’a pas été abolie, elle a été mutualisée. On a transféré la mort potentielle du criminel vers la mort probable d’une future victime.
Dernier point : aider un inconnu à porter un carton dans un immeuble… Les parents ont appris quoi à leurs filles ?
Tout à fait d’accord, déjà dans les années 60 et 70 ma mère me disait à ne pas répondre à des inconnus et à me méfier des « vilains messieurs ».
La peine de mort a été remplacée par la prison à vie, mais celle-ci n’est que rarement appliquée, et en plus oblige les citoyens honnêtes à loger et nourrir des monstres irrécupérables.
La peine de mort a deux inconvénients : le risque d’erreur (exécuter un innocent) et le fait de faire reposer la décision sur les jurés et les juges. Les pires criminels doivent être mis définitivement hors d’état de nuire, donc je pense que la bonne solution serait de transformer la peine de mort en emprisonnement à vie réel, sans AUCUNE chance de sortie, en obligeant le condamné à travailler pour payer son logement et sa nourriture, et en lui donnant le choix, au moment de la condamnation ou par la suite, entre cet emprisonnement à vie et l’injection létale, ainsi ce serait lui qui prendrait la décision.
Bonne journée Fleur de Lys. 😍
C’est un cas où la castration s’imposait avant qu’il ait pu en arriver au meurtre ; et cette étape ayant maintenant été franchie, l’abolition de la peine de mort garantit que justice ne sera jamais faite.