Publié par Gertrude Lamy le 7 août 2022

Source : Ouest-France

Des chercheurs américains se sont intéressés à l’impact des sanctions économiques prises contre la Russie et du départ d’entreprises internationales du pays à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Selon eux, ces éléments « paralysent » l’économie russe, qui est « en train d’imploser ».

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« Les départs d’entreprises et les sanctions paralysent l’économie russe. » Telle est la conclusion de chercheurs de l’Université Yale, aux États-Unis, qui ont publié une étude de 118 pages consacrée aux impacts des mesures économiques prises à la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Ces travaux ont été publiés une première fois le 20 juillet 2022 sur la plateforme scientifique Social Science Research Network, et ont été révisés pour la dernière fois le mardi 2 août. Et selon les auteurs de l’étude, « en réalité, l’économie russe est en train d’imploser », comme ils l’écrivent dans un article publié dans le magazine Foreign Policy qui résume leurs recherches.

Les chercheurs déconstruisent plusieurs « mythes »

Pour étudier les impacts de ces sanctions sur l’économie russe, les chercheurs de Yale se sont appuyés sur plusieurs sources : données de consommation ou de transport maritime, éléments publiés par les partenaires commerciaux de la Russie… Les chercheurs américains reviennent aussi sur le discours qui voudrait que l’économie russe soit « résiliente » et parfois même « prospère » malgré les sanctions et le départ de « 1 000 entreprises » internationales. « C’est tout simplement faux », notent les auteurs de l’étude.

Selon eux, « le positionnement stratégique de la Russie en tant qu’exportateur de matières premières s’est irrévocablement détérioré », bien que les exportations de gaz vers l’Europe se poursuivent pour le moment. Et justement, dans Foreign Policy, ils s’attaquent au « mythe » selon lequel la Russie pourrait rediriger ses exportations de gaz vers l’Asie.

« Moins de 10 % des exportations de gaz de la Russie concernent du gaz naturel liquéfié [qui peut se transporter dans des navires spécialisés, NdlR], de sorte que les exportations de gaz russe restent tributaires d’un système de gazoducs », et la « grande majorité » de ces pipelines file vers l’Europe.Dans le même temps, « les projets de gazoducs en direction de l’Asie prévus de longue date et actuellement en construction ne seront pas opérationnels avant des années, sans parler des nouveaux projets lancés à la hâte ».

Concernant le pétrole, autre matière première que la Russie exporte, la Chine ou l’Inde en achètent, mais ces deux pays « sont conscients qu’ils ont plus d’options d’achat que la Russie n’a de clients. » Ce qui leur permet d’obtenir des ristournes considérables sur le prix du baril

Autre élément d’importance, les importations. Celles-ci se sont « largement effondrées » depuis le début de l’invasion, notent les chercheurs. Un problème pour la Russie : « Le pays fait face à de graves difficultés pour se procurer des pièces ou des technologies essentielles », ce qui « entraîne des pénuries généralisées d’approvisionnement au sein de son économie ».

Un exemple ? Les voitures. La production automobile russe s’est elle aussi « effondrée », car l’industrie s’appuyait jusqu’ici sur des importations d’acier, de machineries, de freins, d’airbags… En moyenne, avant l’invasion, 100 000 automobiles se vendaient, chaque mois, dans le pays. Selon les plus récentes données étudiées par les chercheurs, ce chiffre est tombé à 27 000 en juin. Ce qui dit aussi des choses sur la consommation en Russie.

Des impacts sur la Russie et sur l’Europe

Les chercheurs de Yale en profitent pour déconstruire un autre mythe : celui selon lequel la Russie pourrait se tourner vers l’Asie pour compenser la fin des importations occidentales. Or, des chiffres publiés par les douanes chinoises montrent que les exportations de la Chine vers la Russie se sont effondrées de plus de 50 % entre le début d’année et le mois d’avril : 3,7 milliards d’euros par mois contre 7,9 début 2022…

L’explication ? « Les exportations chinoises vers les États-Unis sont sept fois plus importantes que vers la Russie, notent encore les auteurs de l’étude. Il semble que même les entreprises chinoises craignent davantage de se heurter aux sanctions américaines que de perdre des positions marginales sur le marché russe. » 

Dans ce contexte, « la production intérieure russe est complètement paralysée et ne peut pas remplacer les entreprises, les produits et les talents perdus » par le retrait de sociétés internationales et les sanctions. Ce qui a entraîné « une flambée des prix et l’angoisse des consommateurs ».

Le mardi 26 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a pourtant indiqué que l’économie russe résistait mieux que prévu aux sanctions : la croissance du produit intérieur brut devrait se contracter de 6 % en 2022, anticipe le FMI, soit bien moins que le plongeon de 8,5 % sur lequel tablait l’institution lors de ses précédentes prévisions, publiées en avril.

Les sanctions ne touchent pas seulement la Russie : elles affectent aussi l’Europe. Et ici, à l’inverse, « les effets de la guerre sur les principales économies européennes ont été plus négatifs que prévu », selon le FMI. Une réalité due à « la hausse des prix de l’énergie ainsi qu’à la baisse de confiance des consommateurs et au ralentissement de l’activité manufacturière résultant de perturbations persistantes de la chaîne d’approvisionnement et de la hausse des coûts des matières premières ».

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