Je n’ai pas commenté les funérailles de la reine Elisabeth II d’Angleterre quand elles ont eu lieu.
Je le fais maintenant. Elles ont été un événement mondial. Cela a pu paraitre surprenant. Le roi ou la reine d’Angleterre n’a plus aucun pouvoir politique depuis la Glorious Revolution de 1688, il y a plus de trois siècles. Les dirigeants du monde occidental ont fait preuve de déférence vis-à-vis du Royaume-Uni, et discernant que pour le Royaume-Uni, c’était un événement de très haute importance, ils ont agi et parlé en conséquence. Les médias occidentaux ont eux-mêmes agi et parlé en conséquence, et ont été traité les funérailles comme un événement majeur.
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Ce qui a été remarquable a été la ferveur du peuple du Royaume-Uni. L’émotion a touché des millions de personnes dans tout le pays, et ceux venus rendre un dernier hommage à la reine défunte ont souvent fait la queue pendant des heures, très respectueusement.
Ce qui a été remarquable aussi a été, au delà du faste des cérémonies, leur rigueur protocolaire, la volonté par la famille royale britannique de respecter sans le moindre écart les traditions et l’institution monarchique, et l’égale volonté de respecter scrupuleusement traditions et institutions monarchiques des dirigeants politiques et religieux du pays.
Il existe d’autres monarchies en Europe, aucune autre monarchie européenne ne suscite une telle ferveur et un tel respect de la part de son peuple, aucune autre famille royale en Europe, malgré les écarts et incartades de certains de ses membres (on pense au départ de Diana, au comportement de Charles, à celui du prince Andrew, et à celui du prince Harry), ne respecte à ce point traditions et institution monarchique dans les moments forts. Dans aucune autre monarchie d’Europe, les traditions et institutions monarchiques sont à ce point respectées par les dirigeants politiques et religieux du pays.
L’attachement du peuple britannique à la monarchie jusqu’à ce jour découle du comportement de ses monarques successifs. Les monarques britanniques ont su respecter le rôle qui leur est dévolu et se montrer à la hauteur de ce qu’ils incarnaient et incarnent : ils n’ont eu et n’ont pas de pouvoir politique, non. Ils reçoivent les premiers ministres issus des élections, quel que soit le parti politique auquel ceux-ci appartiennent. Ils lisent le discours énonçant le programme du gouvernement quand un gouvernement est formé, sans en changer un mot. Ils incarnent le royaume, ses institutions, leur continuité, le respect qui est dû aux institutions, le fait que les institutions sont stables, et par la référence à Dieu, qu’elles sont ancrées dans une transcendance et dans le respect de principes plus haut que les décisions humaines.
Et de fait, les institutions britanniques sont les mêmes depuis la Glorious Revolution. Celle-ci a fait du Royaume-Uni le premier état de Droit des temps modernes, et la Déclaration des droits adoptée à ce moment fait que les principes du droit naturel ont été placés en position souveraine, et que le souverain (ou la souveraine) incarne cette souveraineté.
Depuis plus de trois siècles, le Royaume-Uni est un état de Droit, et les gouvernements gouvernent sous la souveraineté du droit et sous celle du souverain ou de la souveraine. Cela assure au Royaume-Uni une stabilité basée sur le respect du droit naturel qui n’a pas d’équivalent ailleurs en Europe, où l’instabilité politique est souvent de mise et où le respect des principes du droit naturel n’a pas toujours été présent, loin de là. Charles n’a pas toujours été exemplaire au cours de sa vie, mais il semble prêt à prendre son statut de roi très au sérieux.
Le temps où l’empire britannique régnait sur le monde est révolu, mais il reste le Commonwealth, cinquante six pays répartis sur tous les continents, unis en principe par le respect des droits naturels de l’être humain, et Charles sera, comme sa mère, monarque de quinze pays, dont le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La révolution américaine s’est faite contre le Royaume-Uni, mais les principes fondateurs des Etats-Unis sont directement issus de la Déclaration des droits de 1688, et la Constitution et la Déclaration des droits américains ont fait des Etats-Unis un état de Droit qui a deux cent trente quatre années d’existence continue.
Cet héritage est admirable et bénéfique.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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“… le fait que les institutions sont stables, et par la référence à Dieu, qu’elles sont ancrées dans une transcendance et dans le respect de principes plus haut que les décisions humaines”.
Effectivement, c’est un principe méconnu en France et dans bien des pays.
J’ai toujours considéré que cette transcendance (et le droit naturel) ne pouvaient avoir de sens que dans une civilisation chrétienne. Or, l’islamisation du Royaume-Uni semble s’accommoder d’institutions construites par et pour la Chrétienté.
Une chose à faire : regarder quel était le peuple massé devant Buckingham ou Windsor et regarder ensuite celui qui vit à Leicester et dans d’autres villes où les Blancs sont désormais en minorite.
Oui, mais 31 à 44 % des Anglais sont athées ou agnostiques, cela ne les empêche pas d’aimer leur pays et leur monarchie.
C’est la même proportion en France. L’institution n’a rien à y voir. Même si le principe chrétien ne figure pas dans les institutions françaises à la semblance des britanniques, l’incendie de Notre-Dame fut un drame national, y compris pour les athées et diagnostiques. Ce qui est transcendant, c’est ce qui nous lie à notre histoire.Dans un pays où le patrimoine national a été largement détruit par le blitz, la famille royale en est devenue la principale richesse.
Mais il ne faut pas voir dans l’attachement à la famille royale (dont les membres nous sont, en dehors de quelques frasques, totalement inconnus dans ce qui les définit en tant que personnes: leurs opinions, idées, sentiments,…) autre chose qu’un symbole un peu trop vulgarisé par les Tabloïds.
En 1989, des millions de Français ont participé aux festivités du Bicentenaire, ce qui a dû paraître tout aussi exotique à nos amis britanniques (dont Mme Thatcher, venue spécialement à Paris tout comme G.Bush). Un folklore tout aussi télégénique puisque 800 millions de téléspectateurs dans le monde en avaient suivi la retransmission.
Oui, tout à fait d’accord, et mentionner la catastrophe de Notre Dame de Paris est très pertinent.
Je crois en une transcendance qui est l’humanité.
Je pense que Jésus, le dieu fait homme a ouvert le chemin de cette transcendance, la transcendance étant ce qui est plus grand, ce qui nous dépasse.
Aucun humain ne le devient sans ses interactions avec les autres humains, en particulier par le langage, les cas d’«enfants sauvages» le prouvent.
L’humanité en tant que qualité, acquise, est donc bien supérieure aux humains.
Et l’histoire et le patrimoine en font partie.
C’est quoi le droit naturel ?
J’ai cherché pour vous :
Le droit naturel, qui comprend notamment, le droit à la vie, et à la santé, le droit à la liberté, comme le droit de propriété ; il est inhérent à l’humanité, universel et inaltérable, alors même qu’il n’existe aucun moyen concret de le faire respecter.
Les 4 droits naturels : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.
Quel est le but du droit naturel ?
Le droit naturel est un concept majeur de la philosophie occidentale. Il désigne des normes supposées relatives à la nature de l’Homme et de son rôle dans le monde, sa finalité. Ce droit naturel confère des droits à l’Homme en tant qu’il est Homme, c’est-à-dire une créature distinguée du reste du vivant.
Merci beaucoup Lisianthus.
Mais ce que je ne comprends pas, c’est que ce concept de droit naturel a été développé à la fois chez Thomas d’Aquin et chez certains économistes (dont des religieux comme Francisco de Vitoria) et semblerait stipuler donc que l’être humain a des droits tout en considérant qu’il existe aussi une transcendance au dessus de lui. C’est ça ?
Or la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen nie l’existence d’une transcendance.
C’est ça la différence entre les deux, Monsieur Millière ?
Ayayaïe… Sujet épineux…
Des anthropologues, biologistes et autres scientifiques spécialistes, croyants ou pas, considèrent que les principes moraux correspondent aux meilleurs comportements pour assurer la survie de l’espèce humaine, qui a survécu par le groupe : coopération, respect des autres, entraide…
Ensuite, du souci de la survie on est passé à l’amélioration de la qualité de la vie.
Les croyants pensent que leur morale vient de Dieu. Les autres pensent que non.
Le principal à mon humble avis est que ces principes moraux soient acceptés et respectés par tous dans une même société, croyants ou pas, (mis à part les criminels, les délinquants, les salopards et les fous).
Je pense que Guy Millière fait allusion à John Locke mais je me méfie de ce genre de notion car chacun a tendance à considérer comme naturelle sa propre conception de l’homme: si un droit est considéré comme naturel, il n’est plus discutable, sauf à à énoncer une théorie contre-nature. Rappelons nous que Saint-Just prétendait défendre le Droit Naturel ! Locke, lui-même, qui définissait la liberté comme un droit naturel fondamental n’en défendait pas moins pour cela l’esclavage (grâce auquel il percevait des revenus) et la soumission des femmes.