
Source : Lesprovinciales
Mille forces occultes intéressées à la destruction d’une langue, d’une littérature, d’une histoire
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Les médias, ces dernières années, ont tressé de volumineuses couronnes à ceux qu’on a appelés les lanceurs d’alertes. Il en est un, en revanche, dont une implacable conspiration œuvre depuis quelques années à étouffer la voix. Un écrivain, Richard Millet. Son alerte ? Avertir que la langue française est entrée dans une lente agonie. Mille forces occultes intéressées à la destruction d’une langue, d’une littérature, d’une histoire, de la pensée, veulent donc le faire taire. Il insiste, hausse le ton, avance les preuves, aggrave le constat. Ainsi vient-il de récidiver dans un ensemble de notations diverses réunies sous un titre glaçant : Français langue morte. L’ouvrage est publié par une maison d’édition dite petite, Les provinciales. Petite mais en l’occurrence vaste espace de liberté, née sous les parrainages, entre autres, de Pascal et de l’admirable Marc Bloch. La tragédie, aux yeux de Richard Millet, est que cette mort annoncée de la langue, plus que d’un crime, relève d’un suicide collectif. Elle meurt de ses « utilisateurs mêmes ». Journaux, éditeurs, éducation nationale apportent généreusement leur pierre à la falsification généralisée, voie royale du nihilisme. Où l’on voit que maints constats de Richard Millet rejoignent ceux de Guy Debord dans ses Commentaires sur la société du spectacle. La situation est-elle désespérée ? Paradoxalement, elle l’est moins pour celui qui, portant une parole de vérité, en est la plus radicale victime, puisque c’est cette parole qu’on lui interdit depuis le scandale suscité en 2012 par Langue fantôme. Il s’en explique dans « l’Anti-Millet », texte qui clôt le livre. « Le silence dans lequel je publie rejoint la perfection du silence où peut s’entendre le chant de l’origine lorsque le Créateur souffle sur la poussière des noms en faisant chanter la lumière. »
« Ce que j’ai écrit ne vaut rien, du moins ne m’intéresse pas ; c’est continuer à écrire qui importe, jusque dans l’illusion ou dans l’échec. Continuer, oui, pour tenter de me taire et retrouver le silence initial de la forteresse, c’est-à-dire parler au plus bas de la voix, dans ce que cette forme de silence peut avoir d’ambigu : anonyme et singulier, laconique et interminable, délivré de mes livres, qui auront trop entrebâillé la porte de ma citadelle, laquelle est mon royaume ici bas. La vanité de toute chose m’aura aussi fait anticiper le probable ou le pire en m’amenant à l’indifférence : encore une manière de vivre sans vivre dans le mouvement commun, et de continuer à écrire, même si ce ne sont plus des livres ; car quelle raison aurais-je de vouloir que ça se termine, puisque, d’une certaine manière, tout est fini ?»
Richard Millet, La Forteresse. Autobiographie 1953-1973.
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Ce ne sont pas toujours les Français qui parlent le mieux le français…
sur les plateaux télé, on constate que les participes passés passent à l’as: « les décisions que j’ai pris… » – « les tenues qu’il a mis… » et ainsi de suite.
Sans parler de l’horrible « du coup » qui revient 3 fois par phrase. Les tics de langage ont pris le dessus, la langue s’appauvrit. Le vocabulaire des jeunes s’est réduit de façon impressionnante.
Je suis surpris qu’il réussisse encore trouver un éditeur. Il y a un véritable acharnement contre lui. Un acharnement qui se poursuivra même après sa mort.
Mais Olivier Veron est un éditeur courageux et motivé, cela fait la différence.
La fin de son texte est émouvante. Il y transparait une profonde solitude imprégnée de désillusion, de désenchantement . Ils n’ont pas réussi à le détruire. Par contre ils sont parvenus après plusieurs années à l’épuiser.
« La vanité de toute chose m’aura aussi fait anticiper le probable ou le pire en m’amenant à l’indifférence : encore une manière de vivre sans vivre dans le mouvement commun, et de continuer à écrire, même si ce ne sont plus des livres ; car quelle raison aurais-je de vouloir que ça se termine, puisque, d’une certaine manière, tout est fini ? »