Publié par Guy Millière le 3 septembre 2022
Six mois de guerre contre l’Ukraine : un bilan provisoire

L’ignoble guerre d’agression menée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a atteint une durée de six mois il y a quelques jours. Elle a conduit à voir le pire : l’armée russe a commis des actes abjects qu’on aurait pu penser être devenus impensables sur le sol européen.

Des villes ont été rasées et ne sont plus que ruines et décombres : l’une d’elles, Marioupol, avait 430.000 habitants. Des dizaines de milliers de civils ukrainiens ont été tués parce que le dictateur russe a voulu tuer sans motifs, simplement pour effrayer, obtenir la soumission, mutiler une population aux fins de tenter de la faire cesser d’être. Des femmes ont été violées devant leurs enfants, certaines brûlées vives après le viol. Des hommes ont été émasculés au couteau. Des bébés ont été fracassés contre les murs.  J’épargnerai de nombreux détails a ceux qui me lisent, mais je connais les détails. Des organisations internationales ont recueilli des milliers témoignages.

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Plus d’un million de civils ont été déportés loin de leur pays et placés dans des camps de concentration, après passage par des camps de “filtration” destinés à identifier au sein de la population civile les gens à éliminer en fonction de leur métier ou de leur affiliation politique supposée. Des prisonniers de guerre ont été massacrés sauvagement après avoir été torturés.  Des blessés ont été sordidement achevés. Des enfants ont été arrachés à leurs parents et placés en orphelinats, à des milliers de kilomètres de l’Ukraine, aux fins d’effacer leur identité et leur appartenance familiale.

Ceux qui ne se seraient pas souvenus de l’ignominie barbare dont Vladimir Poutine a pu être capable ont pu la voir au présent. Elle s’était exercée en Tchétchénie il y a deux décennies, et plus récemment en Syrie. Là, elle a déferlé à deux heures d’avion de Paris.

La guerre d’agression menée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a conduit à voir le pire, et depuis le temps du national-socialisme rien d’aussi abominable n’avait été perpétré sur le sol européen.

La guerre d’agression menée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a aussi conduit à voir le meilleur. Cinq millions d’Ukrainiens se sont retrouvés soudain à devoir fuir leur pays et ont trouvé refuge dans des pays d’Europe centrale qui, bien que plus pauvres que les pays d’Europe occidentale, ont fait preuve d’une générosité extraordinaire, et sur ce plan, la Pologne, en particulier, doit être saluée.

Le monde occidental a été traversé par un élan de soutien remarquable envers un peuple martyrisé, et confronté à ce que diverses instances internationales qualifient de tentative de génocide.

L’armée ukrainienne a su résister avec courage à une armée barbare, l’a placée en échec autour de Kiev et lui a infligé de lourdes pertes en matériel et en hommes. Et il est possible de dire que l’armée russe a échoué : elle a perdu tout son armement moderne en quelques mois à peine et doit recourir à un armement obsolète, qui a quarante ou cinquante ans d’âge. Elle a perdu 80.000 hommes, morts ou gravement blessés, en quelques mois. C’est un chiffre considérable. Et l’armée russe mettra des années avant de pouvoir se relever. Elle dispose toujours d’armes nucléaires et de quelques missiles à longue portée. Ses considérables ressources en bombes commencent à s’épuiser. Les HIMARS que l’administration Biden a donné à l’Ukraine permettent à l’armée ukrainienne de détruire les entrepôts de munition russes et y font des ravages. Des soldats professionnels russes, révoltes par ce que les horreurs que leurs supérieurs leur demandent de perpétrer commettent des refus d’obéissance et des mutineries.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a montré que la détermination face à l’adversité existe encore. Il s’est montré d’une dignité exemplaire. Il a su donner de l’espoir à tout un peuple.

Le monde occidental a apporté un soutien militaire décisif à l’Ukraine.  L’administration Biden l’a fait contre son gré, mais a montré que les Etats-Unis sont toujours l’arsenal de la démocratie et de la liberté sur terre. Les pays européens ont contribué, avec leurs propres moyens qui   sont, hélas, devenus assez faibles. L’OTAN, dont certains esprits malveillants et nocifs avaient souhaité la disparition, a fait la preuve de son utilité et de son efficacité, et elle a montré qu’elle reste l’organisation de défense indispensable du monde libre. Elle s’est nettement renforcée.

La guerre d’agression menée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a aussi montré que les moyens de propagande d’un régime dictatorial héritier du totalitarisme soviétique restaient très efficaces et pouvaient compter sur l’existence persistante d’une malléabilité des esprits au sein du monde occidental, ainsi que sur de nombreuses complicités, vraisemblablement rémunérées (la Russie a un budget annuel pour payer les agents d’influence et de propagande).

La falsification des faits concernant la situation dans le Donbass depuis 2014 ou concernant ce qui est appelé la révolution du Maidan, bien que grossière, a circulé largement et en est venue à remplacer parfois la description des faits.

La diffamation concernant le président Zelensky a elle-même été d’une nauséabonde efficacité, et celui-ci a sans cesse été traité de clown parce que le FSB, continuateur du KGB, s’est employé à le salir et à le trainer dans la boue.  Il a été aussi traité de personnage corrompu parce qu’il a placé de l’argent à l’étranger, ce qui, car je suis libéral, est très légitime à mes yeux. L’argent qu’une personne a gagné lui appartient et la personne concernée doit avoir le droit de le mettre en sécurité.

La guerre d’agression menée par la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine a aussi montré un lamentable et nauséabond ébranlement des valeurs éthiques dans certaines franges de la population occidentale.

Une situation qui aurait dû paraitre simple à analyser (une dictature agresse un pays démocratique et y commet des actes ignobles), a pu se trouver présentée d’une manière monstrueusement distordue.

Les justifications que le dictateur russe s’est données ont été largement entérinées. La démocratie ukrainienne a été décrite comme n’étant “pas une démocratie” parce qu’il y existe de la corruption (et ceux qui ont parlé de la corruption en Ukraine ont soigneusement oublié de parler de la corruption en Russie et du système mafieux dont le dictateur russe est le centre, ce qui lui a permis de considérablement s’enrichir).

Les actes ignobles commis par l’armée russe ont été soigneusement laissés de côté par nombre de commentateurs, et ont laissé place chez eux à des propos parlant de “rapports de force” et de strictement rien d’autre. Les mots dictature, démocratie, totalitarisme, ont disparu chez ces commentateurs.

La compassion pour les êtres humains a, souvent, bien trop souvent, été mise sous le boisseau. Et en entendant les paroles de mépris envers les victimes ukrainiennes, j’ai perçu des échos des paroles d’indifférence souvent prononcées envers les victimes juives d’attentats terroristes “palestiniens”. Les gens d’une extrême droite à nostalgies fascistes qui, en privé, traitent les Juifs de youpins et les Arabes de bougnoules ont montré le même type de mépris vis-à-vis des Ukrainiens et, sans le dire ouvertement, ont semblé confortés dans leurs vomitives opinions prendre du plaisir à voir que les commentateurs russes traitaient les Ukrainiens d’untermenschen (en russe : недочеловеки). Il y a dans toutes les sociétés des gens qui constituent la lie de la terre, et la lie de la terre s’est montrée au grand jour dans toute sa puanteur.

Des propagandistes publient des livres : un certain Jacques Baud, qui a dans le passé exonéré les crimes et les massacres du régime Assad en Syrie procède de la même façon pour couvrir les crimes de Vladimir Poutine. Il est invité à la radio en France, et à l’écouter, on pourrait penser que c’est l’Ukraine qui a déclaré la guerre et qu’en arrière-plan, il y a les agissements maléfiques du pays que les mollahs iraniens appellent le “grand Satan”, les Etats-Unis d’Amérique. Des agents d’influence parlent : Thierry Mariani, qui avait de la sympathie pour Saddam Hussein (qui gazait les villages kurdes avec des produits allemands), manifeste une égale sympathie pour Vladimir Poutine. Il était allé en Crimée après que Poutine ait annexé par la force ce territoire ukrainien. Marine Le Pen lui avait demandé de se taire pendant la campagne présidentielle, maintenant il est en roue libre. Il fait partie de ceux qui disent que quiconque aide l’Ukraine à se défendre alimentent la guerre : tout serait parfait pour ce type de personnage infréquentable si l’armée russe ne rencontrait aucune résistance et pouvait massacrer tranquillement le peuple ukrainien.  Une certaine Caroline Galacteros, qui se montre régulièrement incapable de distinguer une démocratie d’une dictature, et qui est habitée par ce que mon regretté ami Jean-François Revel appelait l’obsession anti-américaine, pratique insidieusement un relativisme anti-occidental teinté de nettes sympathies pour la dictature russe. Elle a, semble-t-il, conseillé Éric Zemmour en politique étrangère pendant la campagne électorale. Si c’est le cas, on a vu le résultat.

La falsification des faits et l’ébranlement des valeurs éthiques doivent être considérés comme très préoccupants. Une société démocratique ne peut survivre que si les repères que donne la connaissance des faits subsistent, car celle-ci seule peut permettre de comprendre et de décider en connaissance de cause.

La civilisation occidentale trouve ses fondements les plus essentiels dans les valeurs éthiques judéo-chrétiennes, qui distinguent le bien du mal, le respect pour l’être humain de l’irrespect pour l’être humain, et rejettent le mal et l’irrespect pour l’être humain. Si les fondements les plus essentiels de la civilisation occidentale devaient tomber, la civilisation occidentale ne survivrait plus très longtemps et viendrait vite le règne de la barbarie.

Certains souhaitent le règne de la barbarie, je sais….

L’armée ukrainienne a lancé une contre-offensive vers Kherson, dans le Sud du pays, je lui souhaite, bien sûr, un plein succès.  J’y reviendrai.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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