Publié par Jean-Patrick Grumberg le 11 octobre 2022

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ont fait l’effet d’une douche froide chez les partisans de Lula, l’extrémiste de gauche du Parti des travailleurs, et les sondages de samedi dernier les ont mis en panique.

La gauche brésilienne ne s’en remet pas : elle est surprise par la performance de Bolsonaro, malgré la désinformation massive, constante et vicieuse des médias, et les mensonges des sondeurs, qui donnaient Lula gagnant dès le premier tour.

Lula a battu Bolsonaro par 563 000 voix dans le Minas Gerais, mais la campagne s’inquiète de la progression du président dans l’État, et exprime une inquiétude maximale quant à la performance que le candidat du PT aura dans le Minas Gerais au second tour.

Ainsi, Lula a décidé de consacrer son dimanche (9 octobre) à faire campagne à Belo Horizonte, suivi d’une conférence de presse. Le PT tente également d’organiser une réunion avec les dirigeants locaux pour le 22.

Abstention massive parmi les électeurs de gauche

L’abstention, qui est devenue une question centrale pour la gauche, suscite l’inquiétude dans la campagne de Lula, qui cherche aussi à mobiliser les électeurs dans le Rio.

Cette année, trois États considérés comme essentiels pour la victoire de Lula ont connu une abstention supérieure à la moyenne nationale.

  • A Rio de Janeiro, 22,74% des électeurs ne sont pas allés voter.
  • Dans le Minas Gerais, 22,28%, et
  • dans le São Paulo, 21,61%.
  • Lula a gagné dans le Minas avec une marge plus faible que prévu, et
  • il a perdu à São Paulo et Rio avec des marges plus importantes que prévu.
  • Au total, l’abstention au premier tour a atteint 20,95%, ce qui représente 32,8 millions d’électeurs.
  • Traditionnellement, c’est dans les classes de revenus et d’éducation inférieures que l’abstention est la plus forte, et c’est ce qui donne à Lula le plus grand avantage.
  • Dans ce contexte, l’extrême gauche de Lula se cherche des excuses, des explications ou des consolations. On peut lire un peu partout dans les médias brésiliens que “le manque de moyens de transport, la distance entre les lieux de vote, l’obligation de travailler le jour du scrutin et le manque d’information sont quelques-uns des facteurs qui affectent ces électeurs”. L’infantilisation est à son comble : la gauche les méprise tellement qu’elle ne peut envisager que les classes défavorisées puissent rejeter sa cause.

Lula avait passé les derniers jours de la campagne à demander aux gens d’aller voter, mais le résultat a été encore pire qu’en 2018.

“L’abstention est une tâche à laquelle nous devons prêter attention lors de ce second tour”, a déclaré le sénateur Jaques Wagner (PT-BA) lors d’une réunion de Lula avec les sénateurs et gouverneurs qui soutiennent l’ancien président, mercredi dernier.

Second point préoccupant: les États où il n’y a pas de second tour

Les États où il n’y a pas de second tour, ce qui est le cas des lieux centraux pour Lula comme Rio de Janeiro et Minas Gerais, sont la seconde grande préoccupation de Lula. Sans la campagne locale pour encourager les électeurs, la tendance est que l’élection attire moins l’attention des électeurs et augmente l’abstention.

Un second tour autour des questions économiques, terrain glissant pour les socialistes

Avec la perspective d’un second tour plus serré que les prédictions initiales des sondeurs, l’économie prend la place centrale dans l’agenda de Luiz Inácio Lula da Silva et du président Jair Bolsonaro, alors que traditionnellement, et partout dans le monde, le socialisme fait des ravages dans la classe moyenne et appauvrit tous les pays qui appliquent sa doctrine.

Leader au premier tour, Lula doit maintenant présenter, avant l’élection du 30 octobre, son programme économique en détail.

Jusqu’à présent, il avait prudemment hésité à parler des orientations de son futur gouvernement dans le domaine économique et il a plutôt cherché à miser sur le doute. Lors d’un dîner avec des hommes d’affaires, Lula avait évité de s’engager sur des mesures et des noms, et a laissé l’auditoire dans le flou.

Et à l’opposé, du côté des partisans de la gauche dure, les inquiétudes montent, bien que les principaux dirigeants du PT aient réfuté l’hypothèse d’un “virage” économique de Lula vers le centre, se pliant aux exigences du marché et du système financier pour plus de responsabilité fiscale. Ansi, la résistance est importante parmi les secteurs plus radicaux de l’état-major du PT, qui s’inquiète de la perte de soutien dans la base sociale de la gauche, en particulier parmi les électeurs à faibles revenus.

Bolsonaro surfe sur les dangers d’une économie collectiviste

Dans la campagne de Bolsonaro, la priorité à l’agenda économique a été dictée par le président, affirmant qu’il doit communiquer avec l’électorat le plus démuni, qui exige des changements.

Les bolonaristas prennent les indicateurs de l’emploi, des revenus et des prix pour tirer parti d’une amélioration des conditions de vie de la population au cours des derniers mois. Et, face aux comparaisons avec le PT, ils dénoncent le risque d’aggraver le tableau économique si Lula revient au pouvoir.

“Ce dont nous avons besoin, c’est de montrer à l’ensemble de l’électorat que le Brésil ne peut pas devenir une Argentine ou un Venezuela. La gauche a conduit nos voisins à l’effondrement. C’est le dialogue que nous devons mener”, a déclaré au JOTA un membre du QG bolonariste.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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