Publié par Gilles William Goldnadel le 8 novembre 2022

Je me propose de me livrer aujourd’hui, au bout d’une folle semaine, à une manière d’autopsie médiatique, politique et idéologique de ce que je ne puis regarder autrement que comme un psychodrame.

Psychodrame antiraciste, puisque l’antiracisme, depuis longtemps dévoyé idéologiquement, recèle trop souvent un caractère névrotique. Chacun aura compris en lisant ces deux phrases que cette autopsie porte sur les déclarations combien controversées et commentées urbi et orbi et ad nauseam du député Rassemblement National Grégoire de Fournas.

Au premier niveau, médiatique, de l’autopsie, examinons, si j’ose dire, le corps du délit. Et, dès le premier coup de scalpel, nous butons sur un mensonge. En effet, à en croire certains protagonistes du psychodrame examiné, le mis en cause aurait prononcé à l’endroit de son collègue député, de couleur noire, en train d’évoquer le sort des migrants en Méditerranée: «Retourne en Afrique». Ont ainsi rapporté sur Twitter sans état d’âme cette imprécation, incontestablement raciste, Sandrine Rousseau et le responsable de SOS Racisme, Dominique Sopo.

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Il se trouve cependant qu’il s’agit, pour rester aimable, d’une imprécation imaginaire, donc d’une contre-vérité grossière. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire l’édition du Figaro du 4 novembre: «À peine a-t-il entamé son propos (le député Insoumis Bilongo) que soudain, au loin, une voix se fait entendre: «Qu’ils retournent en Afrique». La phrase dont le verbatim a dans un premier temps été officiellement confirmé par la transcription du compte rendu de séance relayée par La Chaîne Parlementaire (LCP) avant d’être supprimé…».

C’est le refus des passeurs et des organisations prétendument humanitaires mais idéologiquement sans frontières de respecter le droit de la mer qui conduit les embarcations vers un danger cyniquement organisé.

Plus tard, déjà trop tard, le député sur la sellette aura beau expliquer, phrase véridique à l’appui, qu’il visait évidemment les bateaux sur les eaux et non l’orateur, que le mal était fait et se répandait inexorablement sur les ondes cette fois électroniques. Or, ce n’est pas conjecturer d’affirmer que sans ce mensonge créateur qui amputa la sortie du député interrupteur d’une conjonction verbale, il n’y aurait eu aucun scandale. Le psychodrame antiraciste ici disséqué est donc construit sur un mensonge. Le second niveau de la dissection sera politique.

Comme l’apostrophe raciste directe avait perdu toute crédibilité, l’on se rabattit, côté Cour parlementaire comme côté jardin médiatique, sur l’analyse subsidiaire de cette volonté de voir les navires des migrants irréguliers regagner leurs ports de départ d’Afrique plutôt que leurs destinations européennes. Le mauvais vent de déraison, de mauvaise foi, et d’intérêts assez mesquins qui soufflait fit que la cause fut majoritairement entendue (y compris sur certains bancs Républicains). Oui, il était raciste et inhumain de dire une chose comme cela. Un peu plus tard, quand ce vent de folie retomba et les esprits se reprirent, celui d’un Bellamy notamment fit remarquer évidemment que pareille conclusion signifierait une régression et la fin de tout débat sur l’immigration.

Mais allons plus loin pour faire un sort à la propagande qui, surfant sur les ondes du mensonge et de la déraison, a repris du poil de la bête immonde. Concernant tout d’abord le droit maritime, quand un bateau part de Libye et est intercepté par les navires douaniers, la loi de la mer lui impose de regagner le port le plus proche qui est plus souvent Tripoli ou Tunis en Afrique du Nord plutôt que celui de Lampedusa en Europe du Sud. C’est le refus des passeurs et des organisations prétendument humanitaires mais idéologiquement sans frontières de le respecter, au regard de leurs projets irréguliers, qui conduit les embarcations vers un danger cyniquement organisé.

Ce sont les mêmes qui, il y a quinze jours, avaient considéré avec un mépris indigné que les observations politiques issues du drame survenu à une petite fille relevaient de la « récupération ».

Au sujet de ces passeurs des mafias et de ces associations de no border, je ne saurais trop recommander l’édifiante lecture du très modéré Die Welt (30 août 2021) qui montre comment les juges grecs et italiens ont démontré que les premiers et les seconds entretenaient d’étroites autant que discrètes relations. En toute hypothèse, la sortie incriminée pouvait être si peu considérée comme raciste, que même le Bureau d’une Assemblée pourtant peu portée par l’objective neutralité, n’osa condamner le député vilipendé pour racisme, mais pour un tumulte qu’il avait involontairement provoqué…

On remarquera, en passant, que cela n’empêcha pas le lendemain samedi, à 9h comme à 13h, les chaînes de l’audiovisuel public d’évoquer, au rebours de la vérité juridique ou objective, des «propos jugés racistes». Toujours au niveau politique, mais sur un plan cette fois moral de la dissection, je ferai deux observations. C’est principalement l’extrême gauche et ses puissants relais médiatiques qui auront orchestré la symphonie psychodramatique antiraciste. Ce sont les mêmes qui, il y a quinze jours, avaient considéré avec un mépris indigné que les observations politiques issues du drame survenu à une petite fille relevaient de la «récupération».

On se contentera d’observer qu’il est des utilisations politiques d’une réalité comme des utilisations politiques d’un mensonge. Il est également difficile, aurait-on bon caractère, de recevoir des leçons d’antiracisme venues de la France Insoumise, soumise aux vents mauvais de l’islamisme le plus radical. Difficile d’en recevoir de la pourtant très sentencieuse Danielle Simonnet, qui reçut cérémonieusement Jeremy Corbyn, mis au ban de son Parti Travailliste pour antisémitisme. Ou pour aller encore plus près, de la fausse victime du vrai mensonge, Carlos Bilongo lui-même, soutien d’un Franco-palestinien, condamné pour avoir reconnu sa participation à la tentative d’assassinat d’un rabbin.

Le même député en lien étroit avec l’organisateur de cette manifestation à Sarcelles en 2014 qui vira en violente émeute anti-juive. Le même, encore, qui s’affiche avec la Confédération islamique pro-Erdogan Milli Gorus. On a décidément les martyrs qu’on mérite. Enfin, pour achever la dissection, le niveau idéologique. Essentiel, car sans l’idéologie racialiste, il n’y aurait eu ce psychodrame névrotique antiraciste. Je veux parler de la question noire racisée, ou plutôt de la question blanche, diabolisée. Sans elle point de mensonges organisés sur Théo ou sur Traoré. Ou en pleine Assemblée. Refermons le corps disséqué. Il exhale une odeur frelatée.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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