Publié par Guy Millière le 17 novembre 2022
Ukraine : la défaite complète de Poutine approche

Dans le précédent article que j’ai consacré à l’Ukraine, je disais que Poutine avait perdu, et j’insiste sur ce point : Poutine a perdu dès qu’il a échoué aux portes de Kiev et n’a pu bénéficier de l’effet de sidération qui aurait résultat d’un acte de prédation rapide et réussi.

Poutine a perdu car, dès son échec devant Kiev, et dès la résistance de peuple ukrainien et de l’armée ukrainienne, dès les démonstrations de courage de Volodymyr Zelensky, l’administration Biden a dû réagir, et passer de l’acceptation tacite de l’annexion de l’Ukraine par la Russie au soutien à l’Ukraine résistante. Et le peuple américain s’est mobilisé et le reste jusqu’à ce jour : le soutien à l’Ukraine est présentement le seul et unique sujet qui rassemble Démocrates et Républicains, et si une frange très minoritaire de Républicains tient un discours isolationniste, le courant dominant du parti, lui, pense que l’administration Biden n’en fait pas assez.

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Poutine a perdu parce que les dirigeants européens, après quelques tentations munichoises ici ou là, ont compris qu’il serait indigne d’abandonner l’Ukraine, et que l’abandon de l’Ukraine fracturerait sans doute irrémédiablement l’Europe et laisserait d’un côté une Europe centrale menacée par la Russie, et s’appuyant plus que jamais sur les Etats-Unis, et une Europe occidentale honteusement soumise et pusillanime. Les dirigeants d’Europe occidentale ont dès lors soutenu l’Ukraine, discerné que Poutine était une menace, et réagi en conséquence. Ils ont compris à nouveau le caractère indispensable de l’OTAN, et deux pays supplémentaires ont rejoint l’organisation du traité de l’Atlantique nord. Poutine, qui disait refuser que la Russie ait une frontière commune avec des pays membres de l’OTAN (elle a déjà une frontière commune avec deux pays membres de l’OTAN, la Lettonie et l’Estonie) va avoir une longue frontière commune avec la Finlande, bientôt membre de l’OTAN.

Poutine a perdu parce qu’il a désormais contre lui l’intégralité du monde occidental (à l’exception de la Hongrie), et parce que, voyant l’échec devant Kiev et le monde occidental désormais debout, la Chine, censée être le principal allié de la Russie se refuse à soutenir militairement Poutine, qui ne peut compter que sur l’Iran des mollahs et la Corée du Nord, autrement dit, pas grand-chose, quand bien même ces deux pays totalitaires répugnants ont des armes qui peuvent détruire et tuer.

Tout en disant que Poutine a perdu, je disais aussi dans le précédent article que j’ai consacré à l’Ukraine qu’une victoire rapide de l’Ukraine serait infiniment préférable mais que l’administration Biden avait choisi la victoire lente. C’était déjà flagrant depuis des mois : l’administration Biden, tout en fournissant des milliards d’armement à l’Ukraine, a refusé longtemps de fournir des HIMARS, qui n’ont été fournis qu’en juin, et n’a toujours pas fourni de chars Abrams et des systèmes de défense anti-aérienne (ils commencent à arriver maintenant seulement), et n’a pas laissé les Mig 29 stationnés en Pologne et en Slovaquie arriver en Ukraine. Le choix de la victoire lente se confirme. Hélas.

L’administration Biden tient un discours ferme, mais manque de détermination car la fermeté n’était pas son choix initial et parce qu’elle préférerait une solution négociée, et tient toujours à tenter de signer un accord sordide avec l’Iran des mollahs. Comme c’est une administration de gauche, elle ne veut toujours pas comprendre, quels que soient les mots qu’elle emploie, que Poutine est un homme qui ne négocie pas, mais tue, prend, et se bat jusqu’au bout, quitte à provoquer des cataclysmes.

Le choix de la victoire lente par l’administration Biden a permis le bombardement des villes ukrainiennes par des drones suicide Shaheed (martyr de l’islam) iraniens, et ces bombardements ont visé des civils et les moyens de production de l’électricité et d’approvisionnement en eau de la population. Ce sont des crimes de guerre semblables à ceux perpétrés sur ordre de Poutine en Tchétchénie il y a deux décennies et en Syrie plus récemment, et ils s’ajoutent aux innombrables crimes de guerre perpétrés par l’armée russe depuis huit mois. Le but est qu’il y ait des morts de froid pendant l’hiver, et qu’un exode massif d’Ukrainiens en direction de l’Europe occidentale se produise. Maintenant des missiles sont utilisés pour détruire plus encore les moyens de production de l’électricité et d’approvisionnement en eau.

L’évacuation de civils de la ville de Kherson a, en réalité, été une déportation partielle de la population de la ville vers le territoire russe.

Un barrage situé plus loin à l’intérieur des terres ukrainiennes a été miné par les troupes russes qui auraient tous les moyens de le faire exploser et de provoquer une immense et meurtrière inondation. Le fait que le général criminel de guerre qui dirige les opérations ait dit que les Ukrainiens avaient miné le barrage et voulaient le détruire et provoquer l’inondation a pu nourrir toutes les inquiétudes : une vieille habitude datant des temps soviétiques consiste à accuser son ennemi de ce qu’on envisage de faire.

Je continue à ne pas penser que Poutine utilisera des armes atomiques tactiques : cela accélérerait sa défaite, et la Chine l’a averti qu’elle se dissocierait totalement de lui s’il le faisait. Je doute qu’il utilise des armes chimiques ou bactériologiques, bien que ses plus fervents partisans l’incitent à le faire dans les appels à l’extermination totale du peuple ukrainien qu’ils lancent à la télévision russe.

Les Shaheed ne coûtent pas cher et peuvent continuer à faire des ravages. La Russie n’ayant quasiment plus de missiles, l’Iran semble sur le point de lui en fournir. 

L’entourage de Poutine a parlé récemment d’une “bombe sale”, donc d’une bombe conventionnelle chargée d’éléments radioactifs et dit que l’Ukraine voudrait utiliser une bombe de ce genre, ce qui signifie que Poutine envisage l’utilisation d’une bombe de ce genre.  

Le retrait de tous les soldats russes de la ville de Kherson montre que la défaite de Poutine s’approche, et Volodymyr Zelensky a eu raison de dire, à Kherson, que c’était le début de la fin pour Poutine. 

Néanmoins la guerre va sans doute se prolonger en 2023.

Plus elle durera, plus les destructions seront importantes et plus les morts seront nombreux. En la faisant durer, l’administration Biden contribue à l’accroissement des destructions et du nombre de morts.

Poutine compte plus que jamais sur les effets de l’hiver en Europe pour que des dirigeants d’Europe occidentale demandent des concessions à l’Ukraine, et cherchent à pactiser avec Poutine. De récents propos d’Emmanuel Macron montrent qu’il pourrait être le maillon faible, ce qui ne me surprendrait pas. Une expression américaine parle d’”opportunistes cherchant à arracher la défaite des mâchoires de la victoire”, et c’est ce que Macron semble faire. Macron est un opportuniste sans éthique ni conviction.

Le général Milley, chef d’état-major des armées américaines, montre qu’il est lui aussi un maillon faible, et parle de solution négociée : après avoir trahi Trump et contribué à créer la débâcle en Afghanistan, il montre une fois de plus ce qu’il est. 

L’administration Biden semble vouloir aller elle aussi vers une solution négociée.

Volodymyr Zelensky ne veut pas de négociations. Il a raison. Il sait que Sergei Lavrov parle de négociations, mais que Poutine continue à bombarder l’Ukraine, sans espoir de retourner la situation en sa faveur, simplement pour détruire davantage, et ajouter les crimes de guerre aux crimes de guerre.

Une guerre s’achève quand il y a un vainqueur et un vaincu. Il y a d’ores et déjà un vainqueur et un vaincu. Poutine n’acceptant pas d’être vaincu, il faut souhaiter une révolution de palais au sein du Kremlin. Il faut pour cela armer davantage l’Ukraine, et intensifier la défaite de l’armée russe sur le terrain, jusqu’à ce que certains chefs militaires russes comprennent que Poutine ne détruit pas seulement l’Ukraine, mais détruit aussi l’armée russe et la Russie.  Mettre en place une fin de la guerre serait alors possible, après l’éviction de Poutine.

Un plan circule qui parle d’un accord qui serait alors proposé à la Russie : les troupes russes quittent tout le territoire de l’Ukraine, qui retrouve son intégrité territoriale, à l’exception de la Crimée qui devient une zone neutre et démilitarisée. La Russie paie les dommages de guerre infligés à l’Ukraine (plus de huit cent milliards de dollars). En contrepartie, les criminels de guerre russes ne sont pas poursuivis en justice par un tribunal international. L’absence de poursuite des criminels de guerre russes est immorale et très difficile à accepter pour les Ukrainiens, à juste titre. L’Ukraine différerait son entrée dans l’OTAN.

L’autre option serait d’armer l’Ukraine bien davantage encore, d’intensifier et d’accélérer la défaite de l’armée russe sur le terrain et d’opter donc pour une victoire rapide de l’Ukraine, et un combat jusqu’au renversement de Poutine et jusqu’à la capitulation de la Russie. Les criminels de guerre russes seraient poursuivis. La Russie devrait payer les dommages de guerre. Les criminels de guerre russes seraient poursuivis.  L’Ukraine entrerait rapidement dans l’OTAN.

La seconde option a nettement ma préférence, mais avec l’administration Biden au pouvoir à Washington, il semble, hélas, difficile qu’elle puisse prendre place.

La défaite complète de Poutine approche. Il est infiniment regrettable qu’elle n’approche pas assez vite.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS. J’ai laissé de côté les débats suscités par les missiles tombés en Pologne. Si la Russie avait voulu élargir le conflit à la Pologne, elle n’aurait pas visé deux pays et un tracteur. En voulant attirer l’attention sur l’incident, Zelensky est dans son rôle. En rappelant ses principes fondateurs et ses règles l’OTAN est aussi dans son rôle. L’incident est clos.

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