Publié par Eduardo Mackenzie le 14 décembre 2022
Comme les dictateurs : Gustavo Petro gouverne déjà par décret

Gustavo Petro gouverne déjà par décret, comme le font les dictateurs, comme Pedro Castillo voulait le faire au Pérou. Petro est passé au-dessus du parquet et de tous les organes de la justice. Il a renversé la Constitution.

Vicky Dávila, directrice  de l’hebdomadaire colombien Semana, a rapporté hier : « Attention : le président Gustavo Petro a déjà signé le décret qui libérera les membres de la ‘première ligne’ qui sont en prison ». Elle ajoute : « Alerte entre juges et procureurs : la direction de la justice donne de sérieux avertissements au président Gustavo Petro, qui veut libérer les membres de la ‘première ligne’. » (…) « Les charges et les accusations [contre la ‘première ligne’] ont été établies pour la justice ordinaire car il n’y avait rien à voir avec des attitudes  des manifestants pacifiques. » « Le gouvernement Petro veut que [les membres de la ‘première ligne’] soient reconnus comme ‘gestionnaires de la paix’, ce qui a déclenché une tempête juridique. »

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Le problème a cessé d’être juridique. C’est un problème politique et d’une importance capitale.

Le gouvernement de Gustavo Petro impose ses propres règles au pays. Il n’a pas le droit d’agir ainsi. Un président ne crée pas des institutions à sa guise. Petro doit être, au contraire, un serviteur du pays et des institutions.

Le chef de l’Etat colombien entend faire ce renversement sans faire de bruit, mais tout le pays, y compris le secteur institutionnel, est en alerte. Ce qui s’est passé au Pérou a ouvert les yeux des colombiens sur les méthodes qu’utilisent les agents du Forum de Sao Paulo : le pouvoir exécutif domine tout, rompt avec la division des pouvoirs et annule tous les éléments de la justice, avant d’instaurer un gouvernement qui ordonne et qui fait ce qu’il veut et par décret. Pedro Castillo l’a fait, et il l’a payé, et c’est maintenant Gustavo Petro qui le fait. Payera-t-il pour cela?

Tel est le défi frontal qui est fait à la constitution colombienne, à son système juridique, à sa prospérité et à la paix précaire de ce pays. La Colombie ne peut pas se rendre. La Colombie doit arrêter cette dynamique diabolique de Gustavo Petro.

Francisco Barbosa, le chef du parquet national, avait expliqué pourquoi ce que Petro veut faire est illégal, pourquoi cela équivaut à ignorer la séparation des pouvoirs et l’autonomie de la justice. Faire bénéficier 130 criminels de droit commun d’une libération massive, anticipée et illégale n’est pas une prérogative du Président de la République. Ces arrestations, par ailleurs, étaient  justifiées car elles concernaient des personnes qui avaient commis des crimes et non pour « manifester pacifiquement », comme voudraient le faire croire leurs avocats.

Insister là-dessus, comme le fait Petro, c’est aller au-dessus de la loi et de la réalité. Il se moque des victimes de ces criminels et établit un régime où le crime et le mensonge détruisent la société et lui dictent ses conditions.

Les détenus (dont certains ont déjà été jugés et condamnés) de la soi-disant « première ligne » sont poursuivis pour les crimes qu’ils ont commis lors des sanglantes « manifestations pacifiques », véritables offensives armées urbaines, avec des milliers de morts, de mutilés et de blessés, contre le gouvernement du président Ivan Duque, en 2021. Ces actions ont été parrainées et financées par l’organisation narco-terroriste ELN (Armé de libération nationale). Le parquet a décrit les nombreuses preuves dont il dispose sur le rapport existant entre l’ELN et les « premières lignes ». Dans de longs articles, Semana et d’autres publications colombiennes ont dévoilé ces informations ces derniers jours.

Pour cette raison, tout le secteur judiciaire est vent debout contre ce que veut faire Gustavo Petro. Outre le chef du parquet national, Francisco Barbosa, se sont prononcés contre la tentative de Petro le Procureur général, Margarita Cabello, l’Ombudsman, Carlos Camargo, et le président de la Cour suprême de justice, Aroldo Quiroz. Tous l’ont mis en garde, dit Semana, « contre les risques constitutionnels de la proposition présidentielle ».

Qu’attendent  les partis d’opposition et les membres du Congrès pour remettre Gustavo Petro à sa place ? Et même les factions libérales et conservatrices qui soutiennent le nouveau gouvernement, qu’attendent-elles pour agir, une fois qu’elles ont vu dans quel bourbier Petro veut les entraîner ? Ne voient-elles pas que Petro est en train de gouverner à travers des décisions absurdes et des décrets manifestement inconstitutionnels ? Les électeurs de ces partis n’accuseront ils pas ces politiciens pour une telle trahison ?

Les membres du Congrès ont vu ce qui s’est passé au Pérou et doivent penser que s’ils continuent leur jeu actuel avec Petro, la même chose leur arrivera : ils seront balayés du Capitole national dès lors qu’ils ne lui seront plus nécessaires. Castillo l’a fait et était sur le point de gagner la partie. Petro le fera en temps voulu. Les voilà prévenus.

Tant que le nouveau chef de l’Etat insiste pour extraire les 130 « premières lignes » de prison, le pays est libre d’en tirer les conclusions qu’il veut. Petro veut-il faire sortir ces gens, car c’est la première condition de l’ELN pour entrer dans des « négociations de paix » ? Quelle paix et quel progrès social peuvent sortir d’un tel arbitraire ?

Dans ces conditions, la « paix totaleʺ, objectif principal de la nouvelle administration, sera porteuse d’un message : la ʺpaix » se construit en Colombie sur les cendres de la Constitution de 1991. Le gouvernement Petro apporte un changement, certes, mais pas celui auquel les Colombiens  s’attendaient : il met en place un gouvernement – ​​déguisé en un acte faussement noble de « libération de jeunesʺ –, qui n’aura aucun cadre légal ou moral.

Ainsi, au nez et à la barbe de tous, émerge comme dans les régimes autoritaires, un groupe dirigeant sans freins ni contrepoids, qui ne respecte ni les principes du droit, ni les aspirations de la société.

Ce ne sera que le début. Comme on l’a vu sous d’autres latitudes, la suite est évidente: censure, harcèlement de la presse et des autres médias. La pression exercée contre la chaine de radio RCN pour fermer ses studios à La Hora de la Verdad, l’émission de Fernando Londoño Hoyos, n’en est que le début. Le reste ne sera que désinformation, effondrement de la liberté d’expression et émergence de structures de force.

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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