Publié par Drieu Godefridi le 8 décembre 2022

Il n’y a pas un an, un grand nombre de commentateurs, et la Chine elle-même, se plaisaient à souligner la gestion suprêmement efficace de la crise du COVID par le gouvernement chinois.

Même si les chiffres du régime chinois, comme de tout régime totalitaire, doivent être pris avec prudence, force est de constater que le nombre de morts chinois du COVID reste dérisoire : 4 morts COVID par million d’habitants. Pour la Belgique, c’est 2833 morts COVID par million d’habitants. Trois années après le surgissement du COVID, le bilan paraît sans appel.

Toutefois, la crise n’est pas terminée. Plus exactement, en Chine, la crise du COVID ne fait probablement que débuter. En effet, le régime chinois se trouve face à une population qui, pour une large part, n’a jamais contracté le COVID et se trouve ‘vaccinée’ par des vaccins chinois classiques de faible efficacité.

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Dit autrement, la Chine se retrouve en décembre 2022 dans une situation comparable à la situation de l’Occident en décembre 2020 : pas d’immunité naturelle, population faiblement ou pas ou mal vaccinée. Ce qui ne laisse comme seule option que le confinement et les gestes barrière pour endiguer le tsunami de contagions.

Bien sûr, le régime chinois rajoute à ces facteurs objectifs l’hybris typique du régime totalitaire. Le gouvernement de M. Xi ne cherche pas seulement à endiguer, mais à éradiquer le virus. C’est la politique ‘zéro COVID’, qui explique qu’au moment où vous lisez ces lignes, des dizaines de millions de Chinois sont aux arrêts, chez eux, avec interdiction de mettre un pied en rue, sous peine d’incarcération. Telle est, depuis trois ans, la nouvelle normalité chinoise.

Deux erreurs tragiques et parfaitement évitables ont été commises par l’arrogant régime de Monsieur Xi.

La première est le refus des vaccins occidentaux, par des motifs nationalistes. La Chine se définit par son opposition à l’Occident, et sa conviction que l’accession de la Chine au statut de première puissance mondiale n’est qu’une question de temps. La technologie est à la fois la preuve et le moyen de cette supériorité chinoise. (Arrogance techniciste belliqueuse qui n’est pas sans évoquer un certain régime allemand dans les années trente du siècle dernier.) Il était donc hors de question, humiliant, rétrograde d’importer les vaccins occidentaux. Il fallait que la Glorieuse Chine développe ses propres vaccins ! On allait voir ce qu’on allait voir ! On a vu. Neuf vaccins chinois contre le COVID ont été approuvés et distribués à ce jour sur le territoire chinois. Leur efficacité est faible, parfois déplorable, voire nulle. Surtout, les Chinois ne sont pas parvenus à maîtriser la technologie mARN à la base des vaccins occidentaux les plus efficaces (Moderna et Pfizer). Dix nouveaux vaccins chinois sont en phase finale de développement, dont plusieurs à base de mARN. Rien ne permet de préjuger de leur efficacité. Ce rattrapage paraît d’autant plus aberrant que les vaccins occidentaux sont disponibles de façon immédiate et peu coûteuse — depuis deux ans.

Seconde erreur : la Chine a d’abord cantonné la vaccination aux personnes actives de 19 à 60 ans. En effet, le régime chinois disait se méfier des ‘effets secondaires’ du vaccin sur les plus âgés. Est-ce le motif réel de ce cantonnement, ou le motif est-il plutôt à chercher dans des impératifs économiques et logistiques ? Je l’ignore. Ce qui est certain est que la politique consistant à vacciner en priorité les moins fragiles est une aberration épidémiologique. De plus, les communications du gouvernement chinois sur les effets indésirables possibles des vaccins ont profondément influencé la population chinoise, dont une fraction significative rejette désormais catégoriquement l’idée même de se faire vacciner contre le COVID — quel que soit le vaccin utilisé.

Comme le rappelait Pieter Van Berkel dans le Pallieterke la semaine dernière (‘Protest in de onvrije wereld’), les régimes totalitaires sont durs, rigides, inflexibles, mais ils sont avant tout fragiles. Dans nos démocraties, en dépit de toutes leurs tares — spécialement dans un pays comme la Belgique, dont le système constitutionnel, bouffi d’effets pervers, est épuisé — dans nos démocraties, les décisions du gouvernement sont contestables. Et sont effet contestées, par tout le monde, tout le temps, et publiquement.

Quand le gouvernement de l’ineffable paire Charles Michel / Maggie De Block a géré les premiers temps de la pandémie avec l’efficacité et la vision du Collège Échevinal de Crupet-sur-Semois, j’ai publié sur le site du Gatestone Institute, à New York, une critique intitulée ‘The Belgian Carnage’ (avril 2020), article le plus partagé (en français) de l’histoire de ce think tank. Extrait : ‘Pas de masques, pas de dépistage, presque pas de tests et des gens laissés à l’abandon dans des maisons de retraite – telle est la situation de la Belgique au milieu de la pire pandémie depuis la grippe espagnole de 1918. Ce carnage belge est entièrement dû à l’incompétence tragique des “élites” belges au pouvoir – et était totalement évitable.’ La condamnation du couple Michel-De Block était générale. La gestion belge, calamiteuse. Dans la deuxième phase de la pandémie, les gouvernements belges ont fait preuve d’une meilleure efficacité — avec notamment la campagne de vaccination, d’une remarquable efficience. Nos démocraties sont self-correcting. Quand une politique aberrante est menée, on a le droit — le devoir ! — de la critiquer. Soit le gouvernement corrige le tir, soit les élections y pourvoiront.

Rien de tel sous les cieux totalitaires de la Chine, qui n’organise aucune élection, à aucun niveau de pouvoir, jamais. Si j’étais chinois et si j’avais publié ‘The Chinese Carnage’ depuis la Chine, je serais probablement occupé à croupir dans un camp de concentration, environné de Ouïgours réduits en esclavage. Ou mort. Enfin, ‘disparu’.

Médiocre, amateure, hérissée d’aberrations logiques, la gestion occidentale du COVID aura été infiniment supérieure, en actes, à la gestion du COVID par ce régime chinois qui a offert le COVID en cadeau à l’humanité.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Drieu Godefridi pour Dreuz.info.

Article d’abord publié par l’hebdo flamand ‘t Pallieterke

Essai sur le néo-racisme de la Gauche au XXIème siècle*, 2ème éd., vient de paraître.

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