Publié par Abbé Alain René Arbez le 11 décembre 2022
Faut-il en attendre un autre ?

Evangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu, Chapitre 11

01 Lorsque Jésus eut terminé les instructions qu’il donnait à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et proclamer la Parole dans les villes du pays.

02 Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,

03 lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

04 Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :

05 Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.

06 Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

07 Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?

08 Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.

09 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.

10 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.

11 Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui.

12 Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer.

13 Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont prophétisé jusqu’à Jean.

14 Et, si vous voulez bien comprendre, c’est lui, le prophète Élie qui doit venir.

15 Celui qui a des oreilles, qu’il entende !

16 À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant :

17 “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.”

18 Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !”

19 Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »

20 Alors Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties :

21 « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous le sac et la cendre.

22 Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous.

23 Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui.

24 Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi. »

25 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

26 Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.

27 Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.

28 « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.

29 Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.

30 Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »


Ce 3ème dimanche de l’avent est marqué par la joie. Une joie qui anticipe la venue du Seigneur. Et qui nous rappelle l’espérance qui anime les disciples de Jésus, même au cœur de leurs épreuves.

Aujourd’hui, beaucoup de nos contemporains nous interpellent : comment être dans la joie alors que, dans le monde, les conflits, les injustices, les menaces, les épidémies, les catastrophes, tout nous incite à l’inquiétude ? Que dire alors des conditions de vie des premiers disciples de Jésus, méprisés, traqués, persécutés, et qui malgré tout gardent dans leur cœur la certitude que la vérité du Christ triomphera ?

Les lectures bibliques de ce jour nous disent toutes que Dieu ne nous délaisse pas au cours de l’histoire. Il est attentionné envers les plus faibles, les plus fragiles, tous ceux qui souffrent. Il nous parle de délivrance et de salut malgré les apparences d’un monde très sombre. Il est vrai que croire au Christ passe par un questionnement, par des remises en cause de beaucoup de choses qui semblaient évidentes. C’était déjà le cas hier, lorsque Jean Baptiste, au fond de sa prison, envoie des messagers auprès de Jésus pour lui faire préciser qui il est : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Rappelons-nous que Jean Baptiste avait annoncé l’intervention redoutable de Dieu pour redresser vigoureusement le cours des événements injustes dont souffrait le peuple. Il avertissait sur l’imminence d’un Dieu de colère et montrait qu’il était temps de se convertir pour s’y préparer…

Mais si Jean Baptiste interpelle Jésus, c’est parce qu’il se demande quelle est sa mission au milieu du peuple de Dieu. Est-il un simple prédicateur parmi d’autres, ou vient-il pour réaliser concrètement la volonté de Dieu ? Alors Jésus lui fait parvenir sa réponse : « les promesses des prophètes sont en train de se réaliser…les aveugles voient, les boiteux marchent, les malades sont guéris, la bonne nouvelle est annoncée aux plus pauvres ! »

Cette description donnée par Jésus est une annonce des temps messianiques. Ce qui signifie qu’une ère nouvelle a commencé. Mais il faut la foi pour y croire malgré les tragédies et la lenteur des changements. L’apôtre Jacques donne, comme Jésus le faisait, l’exemple du paysan, qui a semé avec l’espérance d’une future moisson, mais qui doit attendre avec patience la germination. De la même façon, le salut de Dieu se déroule dans le temps. Toutes les étapes de l’histoire sainte et la progression des prises de conscience nous le démontrent.

On comprend ainsi combien Jean Baptiste était déconcerté, quand il découvre que l’action de Jésus ne correspond pas exactement à ce qu’il attendait. Au bord du Jourdain, la virulence de ses appels aux pécheurs venus recevoir le baptême laisse supposer qu’il imaginait un changement quasi immédiat dans la vie des hommes. Le Royaume de Dieu allait se manifester incessamment. Mais il a dû se contenter d’avoir posé le signe d’une réalité qui adviendrait selon le rythme de Dieu et non pas selon celui des hommes. Comme Jean Baptiste, nous pouvons être enfermés dans nos interrogations, nos remises en question, ou nos solutions à l’emporte-pièce. Nos croyances ne sont pas toujours en phase avec celles de l’évangile, car l’action de Dieu dans les consciences et dans les événements est toujours au-delà de ce que nous imaginons. « Mes pensées ne sont pas vos pensées » dit Dieu.

Le Dieu de Jean Baptiste était un Dieu courroucé, celui de Jésus est un Dieu patient, lent à la colère et plein d’amour, comme dit le psaume. C’est un Dieu aimant qui relève et qui sauve. Toute l’action de Jésus incarne cette bienveillance de Dieu, lorsqu’il accueille les pécheurs, qu’il remet debout ceux et celles qui flanchent, qu’il tend la main à ceux et celles que la vie a écrasés.

Ce qui nous invite à ajuster nos attitudes. Nous ne pouvons pas nous contenter de dénoncer ce qui va mal, il nous faut – nous aussi- agir à la suite du Christ, visiter les malades et les personnes isolées, réconforter ceux et celles qui doutent, soutenir ceux et celles qui souffrent de la faim et du dénuement, donner un peu de notre temps et de nous-mêmes pour les autres.

A travers nous, c’est Jésus qui continue d’agir, ce sont les jalons du Règne de Dieu qui sont posés. Avec Jean Baptiste, nous préparons les chemins du Seigneur. En déplaçant les montagnes de découragement, en écartant les obstacles au don de soi, en aplanissant les comportements inappropriés. Bien sûr, nous ne voyons pas toujours le Christ présent chez ceux qui se présentent à nous avec leurs difficultés et leurs tourments. Jean Baptiste nous le rappelle : « Il y a parmi vous quelqu’un que vous ne reconnaissez pas ! »

Par notre prière et notre méditation de la Parole de Dieu, nous avons les clés de cette indispensable reconnaissance du Christ vivant au milieu de nous. Le temps de l’avent nous éclaire intérieurement de sa lumière pour nous rendre plus lucides et plus motivés. En ce 3ème dimanche qui fait déjà rayonner la joie de l’incarnation, soyons dans l’action de grâces et dans l’écoute de la vie du monde avec toutes ses attentes. Amen

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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