Publié par Eduardo Mackenzie le 11 décembre 2022

Le nouveau chef d’État colombien, Gustavo Petro, a reçu une douche froide de la part de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Cet organisme de l’OEA, malgré sa trajectoire militante et gauchiste, n’a pas voulu répondre positivement à la demande de Petro de  ʺprendre des mesures conservatoires en faveur” de l’ancien président péruvien Pedro Castillo Terrones.

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Au cours de la journée du 8 décembre, Petro avait diffusé quatre messages angoissés sur Twitter où il se plaignait du sort de Pedro Castillo, limogé et arrêté la veille à Lima.

En effet, ce jeudi 8 décembre à 16h16, Gustavo Petro déclare que le président Castillo a été “acculé” par l’opposition. A 16h36, il réitère en twittant que le limogeage la veille était un “irrespect des décisions populaires lors des urnes”. Dans un autre texte envoyé au même moment, Petro va jusqu’à qualifier la décision du Congrès péruvien de “procès sans délit”. Enfin, à 18h50, il demande à la CIDH d’émettre des “mesures conservatoires en faveur” de l’ancien président péruvien.

Au lieu de soutenir Castillo, président depuis une année et quatre mois seulement, la CIDH admettra, depuis Washington, qu’elle ne s’opposerait pas à ce limogeage : “La Commission reconnaît l’action immédiate des institutions du Pérou en défense de la démocratie pour éviter la réalisation de l’effondrement institutionnel et réaffirme que la démocratie doit être sauvegardée par l’État de droit.ʺ

Après avoir été légalement destitué, Castillo a été conduit à la prison de Barbadillo, à Lima, et accusé de rébellion et de complot pour commettre des délits [concierto para delinquir]. Cela s’ajoute aux six autres enquêtes en cours contre lui pour corruption et trafic d’influence, délits pour lesquels certains de ses collaborateurs politiques immédiats et plusieurs membres de sa famille sont également accusés. Castillo, ancien instituteur, est membre de Pérou libre, un parti marxiste-léniniste.

À la honte de la Colombie, Petro a été l’un des deux chefs d’État latino-américains qui ont protesté contre le limogeage de Castillo. Le Mexicain Manuel Lopez Obrador, Gustavo Petro et le numéro deux vénézuélien, Diosdado Cabello, n’ont pu cacher leur fureur face à un tel échec de leurs plans continentaux.

Les trois se croient à présent obligés de faire en sorte que Pedro Castillo soit réintégré au pouvoir. La première étape pour cela serait que la CIDH intervienne en faveur du putschiste et la seconde que les autorités péruviennes, sous la pression du Mexique, laissent fuir Castillo afin qu’il puisse se réfugier quelque part.

Apprenant que le Congrès péruvien allait le destituer pour avoir commis des délits et pour son incapacité à diriger le pays, Pedro Castillo avait décidé de prendre les devants. Le 7 décembre, il a déclaré à la télévision qu’il avait décidé de dissoudre le Congrès — manifestement sans respecter les exigences de l’article 134 de la Constitution péruvienne–. Il a annoncé que, par conséquent, le pouvoir resterait entre les mains d’un “gouvernement d’urgence exceptionnel”, qu’il dirigerait par décret jusqu’à l’élection d’un “nouveau Congrès”, doté de “pouvoirs constituants pour élaborer une nouvelle constitution” dans un délai n’excédant pas 9 mois.

Castillo a également annoncé que, dans l’intervalle, “la justice, le pouvoir judiciaire, le ministère public, le Conseil national de la justice et la Cour constitutionnelle” étaient sortis du jeu, c’est-à-dire, selon son propre jargon, en état “de réorganisation”.

Comme il supposait que la fermeture du Congrès déclencherait des manifestations dans le pays, Castillo a voulu désarmer la population. Il a exigé que “tous ceux qui détiennent des armes illégales” les remettent “à la police nationale dans les 72 heures”, sous peine de perdre leur liberté. Et, détail non moins crucial, il a incité à la mobilisation violente de ses partisans, notamment les “rondas campesinas”, une organisation paramilitaire fondée il y a des années par les terroristes du Sentier lumineux. L’objectif sous-jacent, outre de bouleverser la justice, était de se doter, comme Hugo Chavez l’a fait quatre fois à partir de 1999, de pouvoirs spéciaux pour déchirer la Constitution.

La lutte du Congrès péruvien contre ce coup d’État a été qualifiée par Gustavo Petro de ʺcoup d’État parlementaire”, destiné à s’opposer à la “transformation démocratique d’un paysʺ. Petro a jugé que “Le droit [de Castillo] d’élire et d’être élu et [d’avoir] un tribunal de première instance indépendant a été bafoué.”

En agissant ainsi, Petro envoie un avertissement aux Colombiens : toute opposition du pouvoir législatif et des organes de contrôle et de justice à ses desseins extrémistes, déguisés en ʺchangements progressistes”, y compris ses violations de la Constitution, recevra, en réponse, de violentes mobilisations de rue accompagnées d’une série de mesures liberticides. Le plan de Castillo a clairement montré de quels instruments les gens du Forum de Sao Paulo et du Groupe Puebla, sectes subversives, sont prêts à se servir pour détruire la démocratie libérale du continent.

Petro déplore que Castillo n’ait pas obtenu “la mobilisation du peuple qui l’a éluʺ et qu’il se soit  ʺsuicidé politiquement et démocratiquementʺ. Ce truc du “suicide démocratique” révèle que les reproches ambigus de Gustavo Petro à Castillo sont des piques pour avoir perdu le pouvoir et des écrans de fumée pour ériger Castillo en martyr.

Il faut saluer le patriotisme des Péruviens et la discipline de l’équipe de sécurité qui a facilité l’arrestation du putschiste. Au lieu d’entrer à l’ambassade du Mexique, Castillo s’est retrouvé dans la préfecture de Lima. Le tout en action simultanée avec la session plénière du Congrès qui, par 101 voix pour, 6 contre et 10 abstentions, a approuvé le limogeage du président de la République et a demandé qu’il soit capturé. Au même moment, une poignée de civils ont fermé une rue pour empêcher Castillo d’atteindre éventuellement l’ambassade de Cuba.

Ce qui compte maintenant, c’est que la classe politique et les citoyens péruviens apprennent la bonne leçon : éviter le retour du président déchu ou de ses complices, comme cela s’est produit malheureusement au Venezuela en 2002 et en Bolivie en 2020, et toujours élire, à tous les niveaux, des personnes capables et honnêtes et pas d’obtus fanatiques anticapitalistes qui promettent des changements merveilleux et des fleuves de lait et de miel et ne produisent que des désastres.

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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