Publié par Guy Millière le 27 janvier 2023

Le mouvement enclenché en France contre la réforme des retraites est tout à la fois grotesque et consternant.

Il est grotesque parce que la France apparait une fois de plus pour ce qu’elle est : un pays où les grèves, les manifestations accompagnées parfois d’émeutes, font partie d’une sorte de folklore local qui n’existe, sous cette forme et à ce degré, dans aucun autre pays développé de la planète.

Le réceptionniste d’un hôtel où j’ai résidé lors d’un bref séjour en France au mois de novembre dernier et à qui je disais que je ne pouvais pas passer quelques jours en France sans être confronté à une grève m’avait répondu que grèves et manifestations font partie des traditions françaises. Sa remarque m’avait fait sourire à l’époque, et j’avais pensé qu’il avait raison.

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J’ai écrit dans un article il y a quelques années qu’il y avait en France deux saisons, celle allant de septembre au mois de juin de l’année suivante, la saison des grèves, et les mois de juillet et août au cours desquels les grévistes se reposent ou partent en vacances pour reprendre des forces en vue des prochaines grèves, et la description à laquelle j’avais ainsi procédé me semble toujours pertinente.

Le mouvement contre la réforme des retraites me parait grotesque, oui. Tristement grotesque.

Ce mouvement me parait consternant aussi, parce qu’il repose (ce qui est très souvent le cas lorsqu’il y a des grèves en France) sur une ignorance de l’économie très répandue au sein de la population et au sein de la gauche politique.

Et ce doit être dit et répété : le système de retraites français est en situation de faillite et ne peut pas être sauvé.

La réforme que propose le gouvernement peut être comparée au célèbre emplâtre sur une jambe de bois, ou à un rafistolage très provisoire et vain. Le fondement du système est, je l’ai déjà dit, et je dois le répéter, ce qui s’appelle la répartition, mais il ne répartit pas : il prend aux uns pour donner aux autres, il distribue.

C’est un système de redistribution qui ne dit pas son nom, et ce système relève de l’escroquerie.

Il dit aux salariés qu’on prélève sur leurs salaires une cotisation pour leur propre retraite. En réalité, l’argent qu’on leur prend sert à payer les pensions des gens qui sont déjà à la retraite. Et les salariés en activité sont censés compter sur les salariés que seront en activité lorsqu’eux-mêmes partiront à la retraite. Et il reste aux salariés en activité à espérer qu’il y aura encore assez de salariés à ce moment pour cela, et que les salaires de ces salariés seront suffisamment élevés pour que la retraite versée reste assez proche des chiffres qu’on leur annonce.

La réalité est que ce n’est pas sûr, et qu’indépendamment même des salaires, il n’y aura pas assez de salariés.

Quand le système a été créé, il y avait environ 5 salariés pour un retraité. Il reste aujourd’hui 1,7 salarié pour un retraité. D’ici à 2035, il restera 1,5 salarié pour un retraité.

Un calcul mathématique simple permet de comprendre que le poids du retraité sur les salariés est écrasant et que ce qui est prélevé sur les salaires aujourd’hui n’est pas du tout suffisant pour payer les retraites. Des artifices comptables permettent de maquiller les chiffres et de dissimuler la réalité, qui est celle d’un puits sans fonds où la richesse qui subsiste dans le pays va continuer à s’engloutir. 

Quand je travaillais en France, il y a un quart de siècle, dans des cercles libéraux, on parlait d’un retour indispensable et urgent à un système de capitalisation généralisé, et on constatait aussi que proposer ce retour était politiquement impensable en France. Aujourd’hui, cela reste impensable, et il est de toute façon trop tard.

Les grévistes ne pourront pas obtenir satisfaction, sinon très temporairement, car les caisses sont plus que vides, et les déficits se creusent.

Les dirigeants politiques qui disent le contraire pratiquent l’analphabétisme économique cynique et volontaire pour garder leurs électeurs, et il n’y en a pas un pour racheter l’autre.

Le gouvernement français est dans une impasse.

L’avenir de la France est sombre et désespérant. Je l’écris avec une infinie tristesse.

 Il y a longtemps que la France est malade du socialisme, et la maladie socialiste qui frappe la France a de nombreuses autres dimensions (immigration incontrôlée, système de santé qui sombre, système scolaire en perdition, etc.).

Je crains fort, tout en espérant me tromper, que la maladie soit mortelle.

J’éprouve, très sincèrement, de la pitié pour les pauvres Français qui vont devenir plus pauvres, et pour les membres des classes moyennes françaises qui vont eux-mêmes s’appauvrir. Les plus riches, eux, n’ont plus qu’un pied dans ce pays. Ils savent ce qui vient.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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