Publié par Dreuz Info le 28 février 2023

Bruxelles aime les frontières surtout quand elles ne sont pas des barrières contre les migrants.

Après d’intenses négociations ces dernières semaines autour du protocole nord-irlandais, Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, brexiteers depuis toujours rappelons-le, a rencontré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour des « discussions finales » dans le cadre de Windsor.

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« Je crois dans le Brexit, j’ai voté pour le Brexit, j’ai fait campagne pour le Brexit et je veux démontrer que le Brexit fonctionne pour chaque partie du Royaume-Uni, » a-t-il martelé dans une interview donnée au Sunday Times ce week-end.

Le protocole nord-irlandais, signé en janvier 2020, réglemente la circulation des biens entre le reste du Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre avec l’Union européenne, celle qui sépare le nord du sud de l’Irlande. D’où des contrôles douaniers entre cette province britannique et le reste du Royaume-Uni à l’arrivée des biens en Irlande du Nord. Ce protocole voulait éviter une matérialisation de la frontière terrestre entre l’Irlande du Sud et l’Irlande du Nord qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies de sang et de larmes. Pas à une contradiction près, il en a résulté une frontière de fait entre l’Ulster province Britannique et le reste du royaume qui générait des tensions non seulement entre l’Union européenne et Londres mais aussi entre le gouvernement et les brexiteers au parlement, et avec les unionistes à Belfast qui refusent toute application de facto du droit européen dans la province britannique et bloquent le fonctionnement de l’exécutif local depuis un an en jouant la politique de la chaise vide.

Rishi Sunak est parvenu à s’entendre avec Ursula von der Leyen la patronne de la Commission sur un accord dont beaucoup de détails sont encore secrets, et le diable est toujours dans les détails, il doit maintenant affronter une forte opposition d’élus conservateurs, notamment son prédécesseur Boris Johnson, qui a rejeté le protocole en 2022, deux ans après avoir signé afin d’avancer l’accord global du Brexit.

En juin 2022, Boris Johnson, alors Premier ministre, a présenté au Parlement britannique un projet de loi, le Northern Ireland Protocol Bill. Il permettrait au Royaume-Uni de s’affranchir de pans entiers du protocole, en supprimant tout contrôle des produits destinés exclusivement au marché nord-irlandais, la voie verte, et en écartant le rôle de supervision de la Cour de justice de l’UE. Une voie rouge étant créée pour les produits destinés à l’export. Ce projet de loi a été voté par les Communes au grand dam de Bruxelles et est actuellement en débat à la Chambre des lords. Le retirer serait « une grande erreur », a commenté BoJo. Dans une interview à Sky News jeudi, pouce levé : « Ce projet de loi est excellent. Il règle les problèmes. » Raccord avec ce qu’il lançait en août 2020 : « Il n’y aura pas de frontière en mer d’Irlande… Plutôt mourir. » Eh bien le nouvel accord de Windsor renonce à ce projet de loi. Londres se lie les mains en serrant celles de Bruxelles. Mais le parlement n’a pas dit son dernier mot.

Pourquoi Rishi Sunak a-t-il gardé les discussions secrètes et n’y a pas suffisamment associé le DUP ? Steve Baker, ministre chargé de l’Irlande du Nord, lui aussi écarté des pourparlers, serait, selon le Telegraph, sur le point de démissionner. Liz Truss ne soutiendrait pas non plus l’accord si les problèmes de fiscalité, de réglementation et de douane n’étaient pas réglés. D’autres ne veulent pas d’un quelconque rôle de la Cour de justice de l’UE. Rishi Sunak aurait voulu « utiliser » le roi Charles, qui devait rencontrer Ursula von der Leyen samedi, pour adouber l’accord. La rencontre n’a pas eu lieu. Mais Ursula a quand même pris le thé avec le roi au château de Windsor avant de repartir.

“Grâce à cet accord, il n’y aura pas de frontière en Mer d’Irlande”, entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, a souligné Rishi Sunak. Le Parlement irlandais serait invité à se prononcer sur le nouveau protocole et qu’il pourrait décider quelles lois européennes s’appliquent dans la province, même si Londres conservera un droit de veto. Le hic c’est que Ursula von der Leyen a indiqué que la Cour européenne de justice conserverait le dernier mot sur tout litige commercial entre l’UE et le Royaume-Uni. “Nous avons prévu des garde-fous importants pour que l’accord fonctionne”, a-t-elle déclaré, saluant un accord qui, selon elle, “donnera satisfaction à tout le monde”.

Mitigé, le chef du DUP (unioniste pro-britannique) Jeffrey Donaldson a averti que subsistaient des sujets d’inquiétude, réservant sa décision quant à une fin du boycott des institutions locales de Stormont, réclamé par la chef du Sinn Fein nord-irlandais (hostile aux britanniques) Michelle O’Neil.

Rishi Sunak souhaite résoudre la question nord-irlandaise avant le vingt-cinquième anniversaire des accords du Vendredi saint, le 10 avril prochain, en vue d’accueillir à Belfast le président Biden. Boris Johnson aurait lancé : « F*** the Americans ! »

Meanwhile, les fantômes de l’époque des « troubles », euphémisme pour parler de la guerre civile, hantent toujours l’Irlande. Le gouvernement britannique avait annoncé le 2 février qu’il allait ouvrir une enquête publique indépendante sur l’attentat d’Omagh, en Irlande du Nord, à l’ouest de la province, attentat le plus meurtrier du conflit nord-irlandais, attentat à la voiture piégée qui eut lieu le samedi 15 août 1998 à 15 h 10 dans une rue commerçante et compta 29 morts et 220 blessés. L’enquête doit déterminer s’il aurait pu être empêché. Elle débutera «aussi vite que possible» et aura les pouvoirs légaux d’obtenir des témoignages et des documents, a déclaré le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord Chris Heaton-Harris, en annonçant la décision du gouvernement devant le Parlement.

À Omagh, justement, la New IRA est suspectée d’avoir tiré sur un policier qui enquêtait sur l’organisation clandestine. Le 22 février dernier l’inspecteur principal John Caldwell s’est fait tirer dessus devant son fils, lui aussi visé mais heureusement sans être touché. La scène s’est déroulée à l’extérieur d’un complexe sportif. L’officier, qui n’était pas en service, a appelé les 15 enfants qu’il entraînait à Beragh Swifts à se mettre à l’abri.

Il s’est effondré, mais les tireurs ont continué à lui tirer dessus. Deux des enfants, qui avaient entre 11 et 15 ans, ont failli être abattus.

Puis les assaillants ont fui la scène, et une voiture soupçonnée d’avoir participé à l’attaque a été retrouvée en feu sur Racolpa Road, à l’extérieur de la ville à moins d’un kilomètre de là. Le policier de 48 ans a été transporté d’urgence à l’hôpital Altnagelvin de Londonderry où il est resté dans un état stable mais critique.

Trois hommes – âgés de 38, 45 et 47 ans – ont été arrêtés dans la foulée à Omagh et Coalisland. La Nouvelle IRA, qui est au cœur de l’enquête policière, est considérée comme le plus grand et le plus actif des groupes armés qui s’opposent au processus de paix de 1998 qui fêtera bientôt son 25e anniversaire le 10 avril.

M. Caldwell a été l’inspecteur principal dans de nombreuses enquêtes très médiatisées, notamment le meurtre de la journaliste Lyra McKee en 2019 et l’assassinat en 2011 par des républicains dissidents de son collègue Ronan Kerr – le dernier officier à avoir été tué en Irlande du Nord.

Boris Johnson s’oppose désormais à la politique de Rishi Sunak et s’apprête à être à nouveau l’homme providentiel lors des prochaines législatives, au plus tard, en janvier 2025. Oui, je sais, je vous entends, mais il ne se présente pas en France. Il se présente en Angleterre, c’est pas pareil.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Thierry Martin pour Dreuz.info.

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