Publié par Guy Millière le 12 février 2023
La victoire de l’Ukraine aura lieu en 2023

Un titre de journal lu voici quelques jours a retenu mon attention. Le titre était : “Ukraine : la guerre par procuration des occidentaux”.

Il y a, dans les organes d’information français, des pro-Poutine fervents qui absorbent la propagande russe sans se poser de question et qui ont une nette préférence pour les dictatures, et ces gens désinforment et falsifient allègrement. Il y a donc des titres bien plus terribles que celui-là, incontestablement. Mais ce titre a retenu mon attention parce qu’il a été écrit par une journaliste qui fait honnêtement son travail, et il n’en est pas moins inexact ; ce qui signifie qu’il faut expliquer une fois encore.

Non, les Occidentaux ne livrent pas une “guerre par procuration”.

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Poutine a agressé sauvagement l’Ukraine en février 2022 sans aucun motif (contrairement à ce que dit la propagande russe, l’Ukraine et le monde occidental ne menaçaient aucunement la Russie, et c’est, en 2014, la Russie qui s’était emparée militairement de la Crimée et avait fomenté une sécession dans le Donbass ukrainien).  Les Ukrainiens ont résisté à l’agression avec une détermination et un courage remarquable.  Volodymyr Zelensky a refusé l’avion que Biden (qui était prêt à entériner l’action de Poutine) lui proposait de prendre pour quitter le pays, et il est devenu la figure de proue de la détermination et du courage ukrainiens.

Les Occidentaux (les Etats-Unis très nettement, puis tous les pays européens membres de l’OTAN) ont décidé de soutenir l’Ukraine, une démocratie imparfaite, mais une démocratie, contre l’agression d’une dictature qui, depuis, accumule les crimes de guerre. 

Les Occidentaux ne font pas la guerre, même par procuration : ils aident un pays agressé qu’un dictateur criminel tente de détruire à résister et à chasser l’envahisseur.

Si Poutine décidait d’arrêter son agression et demandait à l’armée russe de se retirer et de rentrer en Russie, la guerre prendrait fin.

Ce serait pour Poutine une défaite, certes, mais nul ne lui a demandé d’agresser l’Ukraine, pas même, semble-il, les chefs de l’armée russe.

Poutine sait qu’il ne peut pas se permettre une défaite, car un dictateur vaincu est quasiment toujours un dictateur qui tombe. Donc Poutine s’acharne et ajoute des crimes aux crimes. Et il tient des discours de plus en plus délirants et falsificateurs qui révèlent chaque jour davantage ce qu’il est, qu’il se situe dans une réalité parallèle, et qu’il est prêt à faire tuer encore des centaines de milliers de Russes. Il dit désormais explicitement son admiration pour Joseph Staline, l’un des pires criminels contre l’humanité de l’histoire, et l’un des pires massacreurs de Russes (si des millions de Russes sont morts à Stalingrad, c’est parce que Staline les a utilisés comme chair à canon).

Deux possibilités existent dans ce contexte, et deux seulement :

  • La première consisterait à abandonner l’Ukraine à l’agresseur en cessant de lui livrer des armes, ce qui conduirait en Ukraine à des atrocités innombrables et serait livrer le peuple ukrainien à la barbarie, ce qui mettrait aussi l’Europe centrale en danger (à la télévision russe, Sergei Lavrov a déjà évoqué ce que seraient les prochaines étapes et a désigné la Moldavie comme la prochaine proie probable si la Russie devait gagner. Ce serait moralement répugnant, géopolitiquement suicidaire, et ce serait un message envoyé à tous les dictateurs du monde leur disant qu’ils peuvent agresser, détruire, massacrer, piller à leur guise (Xi Jinping et Ali Khamenei adoreraient recevoir ce genre de message).
  • La deuxième consiste à soutenir l’Ukraine jusqu’à ce que la défaite soit imposée à l’agresseur, et comme celui-ci s’acharnera sans doute jusqu’au bout, la défaite à imposer devra être irrémédiable, et consister en une victoire pleine et entière de l’Ukraine. Aider l’Ukraine à obtenir une victoire pleine et entière impliquerait de donner à l’Ukraine les moyens de parvenir à cette victoire.

Peu à peu, ces moyens lui sont donnés. Ils le sont tardivement, hélas, et trop partiellement, car les Occidentaux ont pour chef de file un président américain sénile, faible et corrompu, et plusieurs dirigeants d’Europe occidentale inclinent en direction de l’apaisement. Des discours défaitistes se tiennent en France, et des émissions de télévision ont pour titre lamentable “aider l’Ukraine jusqu’où ?”

Les Etats-Unis auraient dû livrer aux Ukrainiens des moyens de défense anti-aérienne, et fournir des systèmes anti-missile sol-air Patriot bien plus tôt. Cela aurait évité bien des destructions de villes, de centrales électriques et d’infrastructures.

C’est bien plus tôt aussi que les HIMARS auraient dû être fournis à l’artillerie ukrainienne : cela aurait permis de faire reculer l’armée russe bien plus vite et ne lui aurait pas donné le temps de mettre en place des barrières défensives dans les territoires que la Russie voudrait voler à l’Ukraine. Et si les HIMARS avaient été fournis plus tôt, l’armée russe serait sans doute déjà vaincue. Des vies ukrainiennes et russes seraient épargnées.

Parce que les dirigeants occidentaux comprennent qu’il faut en finir, ils livrent maintenant des chars lourds, mais ces chars arrivent tardivement. Ils seront sans doute livrés courant mai, pas avant.

Il y aura, dans les semaines à venir, des ajouts : les Pays-Bas veulent livrer des avions de chasse F16 et les livreront sans doute, d’autres pays feront de même (le Royaume-Uni vient de promettre des avions de chasse). Les Etats-Unis fournissent maintenant des missiles GLSDB (Ground Launch Small Diameter Bomb) qui permettront à l’armée ukrainienne de tirer à une distance de 150 kilomètres, ce qui va complexifier considérablement l’organisation logistique, déjà très déficiente, de l’armée russe. Les Etats-Unis fourniront tôt ou tard, on doit l’espérer, des ATACMS (Army Tactical Missile System), d’une portée de 300 kilomètres.

La défaite de Poutine viendra. Elle doit venir. Impérativement. Les hésitations occidentales l’ont retardée.

Le général Ben Hodges, ancien chef des troupes de l’OTAN en Europe, continue à penser qu’elle viendra avant l’automne 2023, au mois d’août : il ajoute qu’il faudra pour cela que l’Ukraine dispose d’ATACMS et de F16. D’autres généraux américains, tels Jack Keane, ancien vice-chef d’état-major de l’armée américaine, donnent des délais plus longs, mais pensent aussi que la victoire de l’Ukraine surviendra en 2023. Tous s’accordent pour dire que la bataille décisive se jouera en Crimée, et n’impliquera ni une entrée de troupes ukrainiennes en Crimée ni une incursion en territoire russe. Couper les deux voies d’approvisionnement de la Crimée sera suffisant, l’une est le pont de Kerch, déjà largement inutilisable, l’autre est la route reliant Rostov sur le Don à la Crimée.  Une offensive ukrainienne se fera sans doute en mai ou en juin en direction de Melitopol et de la mer d’Azov, et si l’offensive réussit, la Crimée sera asphyxiée, les troupes qui se sont repliées hors de Kherson le seront aussi. La fin sera proche.

En attendant la Russie va sans doute jouer son va-tout, et lancer une offensive en procédant de la manière répugnante dont le groupe Wagner procède déjà depuis des semaines alentour de Bakhmout, et dont elle-même procède un peu plus au sud : envoyer des hommes sans armes se faire tuer par vagues entières, repérer d’où viennent les tirs ukrainiens, bombarder les emplacements de ces tirs, envoyer des soldats armés vers l’avant en marchant sur les cadavres des Russes tués. Ils gagnent ainsi cent mètres en deux ou trois jours, parfois un kilomètre… On peut légitimement douter que la Russie puisse faire beaucoup plus. Les pertes de l’armée russe sont évaluées par les services de renseignement britanniques et américains à 1000 hommes par jour, en moyenne. La population russe étant trois fois et demi plus nombreuse que la population ukrainienne, Poutine pense pouvoir sacrifier beaucoup d’hommes, et ne pense pas au futur et à l’accentuation de l’hiver démographique russe qui va résulter.

Je l’ai dit, une victoire rapide aurait été préférable à une victoire lente, mais Biden est à la Maison Blanche, hélas. Et le général Milley est le chef des armées américaines, et c’est, comme Lloyd Austin, Secrétaire à la défense de l’administration Biden, un général de gauche. Biden a même envoyé William Burns secrètement à Moscou pour proposer à Poutine un armistice tout en lui promettant qu’il garderait le Donbass et la Crimée. Poutine a dit non. Zelensky n’a, bien sûr, pas du tout apprécié ce qui ressemblait fort à une tentative de trahison.

Je l’ai dit aussi, la victoire de l’Ukraine est indispensable au retour de la stabilité en Europe, et plus longtemps la guerre durera, plus l’Europe restera instable. Le président Zelensky l’a répété lors de son récent voyage à Londres, Paris, et Bruxelles. Il a raison. Il a souligné que la Crimée devait revenir à l’Ukraine, il a raison là encore : si la Russie gardait la Crimée, la menace continuerait à peser sur l’Ukraine qui ne pourrait se reconstruire.

La défaite de Poutine sera bénéfique à l’Ukraine, qui devra être reconstruite et retrouver sa population (9 millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Europe, 1 million d’Ukrainiens ont été envoyés dans des camps en Sibérie, des milliers d’enfants ukrainiens ont été arrachés à leurs famille et envoyés dans des orphelinats en Russie), mais aussi bénéfique à l’Europe, au monde occidental, au droit international, et au peuple russe, car des hommes russes cesseront d’être envoyés vers la mort sur le front.

On devrait espérer que la défaite de Poutine conduira à ce qu’il soit renversé et à ce que la démocratie vienne en Russie. On peut craindre que l’administration Biden fasse tout pour qu’il reste au pouvoir (elle espère toujours signer un accord désastreux avec le principal allié de Poutine, l’abject régime iranien des mollahs, et elle sait que la Chine préférerait un Poutine diminué restant au pouvoir). On peut penser que même si Poutine devait être renversé, ce ne soit pas au profit d’une démocratisation du pays.  La menace russe sera, cela dit, très amoindrie.

L’Ukraine deviendra européenne et entrera sans doute dans l’OTAN (la France et l’Allemagne, en ayant bloqué l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN en 2008, ont une responsabilité lourde dans la guerre et pourront difficilement maintenir leur blocage).  L’OTAN sera renforcée. Le monde libre a besoin d’une structure de défense forte, et l’OTAN est cette structure. (Ceux qui voudraient que la France quitte l’OTAN sont ceux qui espèrent une victoire russe et une France soumise à la dictature russe : ces gens autrefois étaient les communistes, aujourd’hui, ils sont surtout à l’extrême droite, où on continue à rêver d’”hommes forts”). Volodymyr Zelensky, héros churchillien est d’ores et déjà entré dans l’histoire, et que l’extrême droite française l’insulte est logique : dans les années 1940-45, elle adulait Pétain et écoutait Philippe Henriot.

Il resterait à remplacer Biden par un président américain digne de ce nom. On doit espérer que ce sera le cas en Janvier 2025.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS. Je joins la photo de deux Juifs ukrainiens. L’un est Président de l’Ukraine. L’autre a été dissident et refuznik au temps de l’Union Soviétique. J’ai traduit ses textes en langue française à un moment où nul ne parlait de lui en France. Il a été président de l’Agence juive. Deux grands hommes.

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