Publié par Eduardo Mackenzie le 18 février 2023

« Depuis l’arrivée du Covid-19, les Cubains sont confrontés à la pire crise économique de l’île depuis 30 ans. Les magasins sont vides, les prix sont très élevés et la population est condamnée à se débrouiller du mieux qu’elle peut pour survivre ou prendre le chemin de l’exil. » C’est ainsi qu’Emilio Obrero, journaliste cubain et correspondant à La Havane pour un journal parisien, résume la situation.

Après la chute de l’URSS en 1991, Cuba était au bord de la famine : la nourriture avait disparu, à l’exception de celle destinée à la clique gouvernementale. Au lieu de trouver une solution à une telle pénurie, Fidel Castro avait inventé la rhétorique de la « période spéciale » pour que chacun comprenne qu’il devait endurer et accepter la misère. Aujourd’hui la situation est encore très précaire, une partie de la population survit grâce aux miettes qui tombent du secteur du tourisme, qui commence à renaitre, mais la plupart reste tout aussi pauvre, avec des services publics en ruine et une surveillance répressive à chaque coin de rue. Pour échapper à cet enfer, l’option de beaucoup est de fuir dans des embarcations de fortune vers les États-Unis.

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Dans ce contexte, Francia Márquez, la très controversée vice-présidente du gouvernement dirigé par l’extrémiste Gustavo Petro, a atterri à La Havane le 9 février et a rencontré les chefs de la dictature cubaine.

Là, lors d’une réunion officielle, elle a admis que le gouvernement de Gustavo Petro veut imposer à la Colombie le système de santé de Cuba, l’un des pires au monde. Un grand journal de Medellín, El Colombiano, a cité Márquez : « Nous proposons une réforme de la santé où elle sera à nouveau administrée par l’État. Bien sûr, cela ne va pas être facile car il y a une opposition très forte. Nous allons arracher les affaires à l’élite et aux secteurs privés qui ont fait de la santé une marchandise et non un droit fondamental. La santé préventive que vous (les Cubains) avez maintenue comme axe central est ce que nous voulons faire aujourd’hui en Colombie. »

Et elle a conclu : « Je crois que l’expérience que vous avez eue dans le système de santé, pour faire en sorte que Cuba forme les meilleurs médecins du monde, fait partie de l’expérience et du chemin de ce dont nous avons besoin en Colombie. »

Pendant des années, le système de santé publique colombien a été entre les mains de l’État. Cette approche collectiviste pour un service public crucial, est tombé dans le gaspillage et dans le désordre technique et scientifique et l’Institut de Sécurité Sociale a échoué. Mais grâce aux réformes successives et à une collaboration intelligente entre les secteurs public et privé, la Colombie a finalement acquis l’un des systèmes médico-sanitaires les plus efficaces et démocratiques au monde.

Ce système, bien catalogué par les agences internationales, est celui que Petro veut détruire, dans le cadre de son plan de ruine générale de la Colombie. L’ancien chef terroriste déteste le pays que les générations précédentes ont construit et veut faire table rase de ce qui existe. Il estime que le fait d’avoir accédé à la présidence de la République (lors d’élections truquées) lui donne le droit de démolir le meilleur de ce que le pays a, en contournant la Constitution, les lois et les intérêts de la majorité.

Petro présente son obsession prédatrice sous les meilleurs auspices : un jour il parle d’un plan (caché jusqu’à hier, 14 février) de « réformes » techniques, mais le lendemain il suggère que ce sont des « changements » plutôt urgents (tout aussi scandaleux) dont le pays a besoin, selon lui.

C’est pourquoi il est bizarre que lorsque le pays descend dans la rue pour rejeter ces réformes absurdes, Francia Márquez est envoyée à Cuba pour embrasser le dictateur Díaz Canel, pour insulter son propre pays (elle a lancé des piques à l’excellent système EPS, un pilier de la sécurité sociale colombienne), et pour faire croire que la solution pour la Colombie viendra en copiant le système dévasté de santé de l’île-prison.

Elle a, bien entendu, caché une information cruciale : le système de santé cubain dispose d’un levier secret et grotesque : l’asservissement d’une partie des médecins cubains, qui génère des revenus élevés pour la clique de l’île, plus que le tourisme.

L’exportation de médecins et de personnel auxiliaire a commencé en 1964. Aujourd’hui, Cuba a placé quelque 30 000 assistants médicaux dans 67 pays. Pendant des décennies, ce fut un moyen de pénétration politique des sociétés qui recevaient de tels contingents. Depuis les années 1970, cet appareil a créé un autre dispositif : la médecine commerciale à visage humanitaire. En 2019, la BBC révélait que seuls 10% à 25 % des salaires versés par les pays hôtes vont à ces personnels médicaux « et le reste va aux autorités cubaines ».

Dans un rapport datant de 2019, l’ONU a défini cette exportation de Cubains comme “un esclavage moderne”. Human Rights Watch a dénoncé les réglementations cubaines draconiennes qui violent les droits de ces médecins. Deutsche Welle, dans un article de 2020, a expliqué que La Havane dicte à ces médecins “avec qui vivre, ou avec qui ils peuvent ou ne peuvent pas tomber amoureux, et même avec qui ils sont autorisés à parler”. Ils ne peuvent révéler à la presse les drames qu’ils vivent. Échapper aux griffes de l’État cubain est presque impossible, puisque ce sont alors leurs familles, traitées à Cuba comme des otages, qui sont persécutées.

Il est très probable que la vice-présidente Márquez se soit rendu à Cuba pour accepter de recevoir des milliers de ces médecins cubains en Colombie pour faire pression sur les médecins colombiens et surtout pour transférer, par cette voie opaque, des sommes énormes du système de santé colombien actuel vers Cuba. En dehors, bien sûr, de l’aide que Petro a envoyée à Cuba il y a dix jours et qui s’élève à 1 914 millions de pesos, alors qu’il y a des populations colombiennes qui demandent en vain à Petro une aide urgente.

Cela expliquerait l’empressement de Petro à établir un monopole de fer du gouvernement sur le système douteux qu’il promet d’ériger. Le prétexte inventé par les conseillers de Petro a été dit par Francia Márquez à Cuba, dans un langage brutal et mensonger : « Nous allons arracher les affaires à l’élite et aux secteurs privés qui ont fait de la santé une marchandise et non un droit fondamental ». Ce qu’elle prévoit, en réalité, c’est d’arracher des ressources médicales aux Colombiens les plus nécessiteux.

Rien de plus logique si l’on se souvient que la destruction d’Ecopetrol et de l’industrie colombienne des hydrocarbures, principale source de devises étrangères de la Colombie, annoncée par Petro dans les premières semaines du gouvernement, entraîne le transfert illégal d’une grande partie de la richesse nationale colombienne au Venezuela. C’est en cela que consistent les soi-disant « réformes » de Petro : des dispositifs bidons pour détourner la richesse nationale colombienne vers des régimes étrangers avec lesquels Petro aurait pu convenir d’une aide logistique pour pouvoir s’emparer du pouvoir.

L’intention de Petro de nuire aux services de santé des Colombiens déclenchera tôt ou tard une révolte populaire. Craignant cela, Gustavo Petro a menacé d’aller à la guerre civile s’ils ne le laissaient pas faire ce qu’il voulait. Dans un discours prononcé hier, Petro a gesticulé : « Je dois avertir que si, pour une raison quelconque, les réformes doivent être bloquées en Colombie, la seule chose que [les opposants] font, c’est construire (…) la violence et les obstacles à la paix (…) pour que rien ne change ».

Petro construit ainsi un faux récit qui sert de justification à la mise en place d’un régime policier qui réduira au silence l’opposition et facilitera la destruction institutionnelle du pays. Cette ambition ne cadre-t-elle pas avec la demande de Petro au Congrès de lui accorder 21 pouvoirs extraordinaires dans tous les domaines de la vie nationale ?

Petro échouera. Hier, un signe est apparu : les « masses » qu’il voulait voir devant le balcon du Palacio de Nariño lui ont tourné le dos et seulement moins de deux mille personnes –presque tous des employés publics et des activistes des groupes extrémistes–, ont assisté au rassemblement orwellien qu’il avait organisé.

La Colombie est déjà en train de combattre Petro dans les rues, au Congrès et dans les médias. Elle continuera à résister aux abus et aux crimes que les tyrannies du Forum de Sao Paulo veulent commettre en Colombie, par l’intermédiaire ou sans M. Petro.

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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