
Ajoutez le nom d’Agatha Christie à la liste croissante d’auteurs dont vous ne pourrez plus lire les œuvres originales. Elles sont placées sous la surveillance étroite des « contrôleurs de la sensibilité » Woke chargés de retirer tout contenu qu’ils jugeront « offensant » pour les pauvres choux.
The Telegraph a été le premier à signaler les changements apportés aux œuvres d’Agatha Christie dans les nouvelles éditions de HarperCollins. Certains romans de Poirot et la série complète de Miss Maple ont été comme découpés à coups de ciseaux.
Parmi les modifications relevées par The Telegraph figurent un certain nombre de références à la race – des personnages étant décrits comme noirs ou juifs – ainsi qu’un passage où un personnage se sent frustré par les enfants. Dans le passage sur les enfants, un personnage se plaint d’enfants ennuyeux, pensant « qu’ils reviennent et fixent, fixent, et leurs yeux sont tout simplement dégoûtants, tout comme leur nez, et je ne crois pas que j’aime vraiment les enfants ».
La version éditée est la suivante : « Ils reviennent et me fixent, me fixent. Et je ne crois pas que j’aime vraiment les enfants ».
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Le passage est tiré de l’ouvrage Mort sur le Nil, paru en 1937 et adapté en 2022 dans un film du même nom.
- Le mot « native » a été remplacé par le mot « local ».
- D’autres termes comme « Indian temper » ont été supprimés.
- Les romans de Christie sélectionnés pour la révision ont été publiés entre 1920 et 1976.
Les inspecteurs de la sensibilité sont devenus de plus en plus courants dans l’édition ces dernières années, et cette tendance a suscité de nombreuses réactions négatives.
L’annonce récente du passage des livres de Dahl au hachoir à sensibilité et de la réécriture de sections entières a suscité de vives réactions. Il a rapidement été annoncé que de nouvelles versions des livres de Dahl seraient publiées, mais que les œuvres originales resteraient également imprimées dans le cadre d’une collection classique – pour l’instant.
Les auteurs n’étant plus libres d’écrire, et se soumettant à une auto-censure constante, ne produisent plus de belles œuvres. Tant au cinéma que dans la littérature.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Je vais donc garder ma collection quasi complète de romans d’Agatha Christie en v.o. comme trésor de guerre. Impayable Agatha. « The world is very wicked, dear. I hope you young people never quite realize it » (Miss Marple, knitting softly). Ou encore Miss Marple qui, au lieu de plaindre un voisin qui avoue faire de moins en moins confiance aux gens au fur et à mesure que les années passent, s’exclame : « Mais comme c’est avisé de votre part, très cher ! ». Ou Poirot, qui conseille à un gentil jeune homme injustement accusé et que l’enquête vient d’innocenter, de ne pas se présenter comme complètement innocent auprès de sa fiancée, parce que la pauvre n’aura jamais rien de plus excitant dans sa vie que de croire qu’elle a réussi à réformer un voyou… J’adore Agatha. C’est mon prof de philo.
Je savais que je vous lirai…😉 Je suis comme vous, fan d’Agatha. J’ai adoré visiter sa demeure dans le Devon. Dernièrement, je relisais du Maupassant. Il y a de ces phrases misogynes ou antisémites…. Il vaut toujours mieux les lire et avoir un sens critique que nous les cacher et nous priver ainsi de notre liberté de les penser. C’est terrible, on se rend compte que c’est sans fin. Jusqu’où s’arrêter ? Peut-être que demain, les mots père et mère seront supprimés !
Bonjour Fleur de Lys 😉, sœur en Agatha fan-club. J’ajoute aussi un de mes passages préférés. Je ne me rappelle plus de quel roman c’est tiré, mais l’enquêteur (peut-être Hercule) interroge un témoin. C’est une vieille demoiselle pauvre, retraitée de l’enseignement, qui vit dans une seule pièce. Mais elle irradie l’autorité et, raconte Agatha, il ne lui serait jamais venu à l’esprit que ses élèves puissent lui manquer de respect ou rater leurs examens. Quand le détective sort de chez elle, malgré la pauvreté de la dame, Agatha conclut : « Here, he had met success. »
Quelle chute ! 👏 Agatha.
Pour ceux qui seraient intéressés par ces oeuvres passées et qui ne souhaitent pas que l’on retire une seule virgule, peuvent éventuellement les acheter d’occasion sur internet et que les oeuvres modifiées selon la folie du moment, les éditeurs peuvent les mettre aux chiottes comme papiers recyclés.
I l y a aussi des fêlés du wokisme qui ont reproché à Jennifer Ariston d’avoir joué dans la série Friends qui serait une series raciste, elle a du presque s’excuser.
Un des effets pervers de cette réforme est que le texte se fait parfois modifier sans raison évidente, simplement à cause de l’incompétence du correcteur. Ainsi, « qu’ils reviennent et fixent, fixent » devient « qu’ils reviennent et me fixent, me fixent ». Désolé, mais ce n’est pas la même chose. Dans la phrase originale, il n’est pas du tout clair que les enfants fixent seulement le personnage qui s’en plaint. Alors, celui qui transforme « fixent » par « me fixent » commet un contresens.
Et sérieusement, je ne comprends pas non plus pourquoi il fallait éliminer l’extrait « et leurs yeux sont tout simplement dégoûtants, tout comme leur nez ». Cela ne fait que transformer une jolie phrase littéraire en deux mini-phrases sans saveur.
Combien d' »améliorations » comme celles-là dans tout le roman ?
Cela dit, il ne faut pas se faire d’illusions. Modifier des oeuvres originales « pour le bien du lecteur », ça se fait depuis toujours. Prenons, par exemple « La métamorphose » de Franz Kafka et traduite en français par Alexandre Vialatte. J’avais lu cette version à l’adolescence et avais été frappé par l’atmosphère paranoïde du récit, atmosphère très bien rendue par la traduction ampoulée de Vialatte. Mais des gens se sont plaints que le style était malaisé à comprendre, que Vialatte ne connaissait pas vraiment l’allemand, etc, et une nouvelle traduction a vu le jour.
J’ai donc relu récemment « La métamorphose » dans cette nouvelle traduction. Oui, ça se lit de manière beaucoup plus fluide, c’est plus facile à comprendre, mais on dirait presque un roman de gare. Est-ce vraiment une amélioration ? Et évidemment, la traduction originale n’est plus publiée par les grandes maisons d’édition.
Peut-être me direz-vous vieux-jeu, mais en littérature tout au moins, je suis réfractaire à tout changement non voulu par l’auteur.