Publié par Jean-Patrick Grumberg le 2 mars 2023
Comment cacher un Empire : La France « possède » secrètement 14 pays africains

La France maintient un niveau significatif d’influence et de contrôle sur plusieurs pays africains qui ont été jadis colonisés par la France.

La France utilise une variété de tactiques, dont la manipulation politique, l’exploitation économique et l’intervention militaire, pour maintenir son emprise sur ces pays. L’influence de la France dans ces pays est si importante qu’elle contrôle effectivement leurs gouvernements, leurs économies et leurs ressources naturelles.

Les racines historiques de la relation de la France avec ces pays africains font que l’héritage colonial de la France continue de façonner ses relations avec ses anciennes colonies aujourd’hui. L’ingérence continue de la France dans les affaires de ces pays est une forme de néocolonialisme qui perpétue la pauvreté et l’instabilité dans la région.

Le franc CFA, un outil néocolonial

La France entretient cette relation néocoloniale avec les 14 pays africains en contrôlant leurs monnaies par l’utilisation du franc CFA. Le franc CFA est une monnaie commune utilisée par 14 pays africains qui étaient autrefois des colonies françaises, qui est liée à l’euro et soutenue par le trésor français.

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Ce système de contrôle monétaire permet à la France d’exercer une influence significative sur les économies et les systèmes politiques de ces pays. Plus précisément, la France bénéficie économiquement du franc CFA en gardant le contrôle de la politique monétaire des 14 pays africains et en investissant dans des projets d’infrastructure et des ressources naturelles dans ces pays.

Le système du franc CFA permet à la France de manipuler les systèmes politiques de ces pays en utilisant son influence financière pour soutenir ou affaiblir certains dirigeants et partis. Cela permet à la France de maintenir un niveau de contrôle important sur la gouvernance et les politiques étrangères de ces pays.

Une relation assez complexe

Les relations néocoloniales de la France avec les 14 pays africains par le biais du franc CFA sont sujettes à débat et à différentes interprétations. Cependant, le contrôle insidieux de l’Etat sur les pages de politique étrangère des médias français fausse tout débat honnête en profondeur.

  • Certains chercheurs et experts soutiennent que le système du franc CFA est une source importante de stabilité et de croissance économique pour ces pays, et qu’il a contribué à maintenir la stabilité macroéconomique et à contrôler l’inflation dans la région.
  • D’autres, en revanche, affirment que le système du franc CFA est une relique du colonialisme qui perpétue la dépendance économique et porte atteinte à la souveraineté de ces pays.

Il convient également de noter que les questions liées aux relations de la France avec ses anciennes colonies en Afrique sont complexes et multidimensionnelles. La honte, le racisme, la culpabilité, l’insolence et l’orgueil, le malaise et l’embarras, ne pouvant pas être ignorés des autres facteurs.

Arrogance post-coloniale de la France

La relation de la France avec ses anciennes colonies d’Afrique est façonnée par une variété de facteurs historiques, politiques, économiques et culturels, dont beaucoup sont profondément imbriqués et difficiles à démêler.

Voici quelques-uns des facteurs clés qui contribuent à cette complexité :

  • L’héritage colonial : La relation de la France avec ses anciennes colonies en Afrique est ancrée dans son histoire de colonialisme, qui a duré plusieurs siècles et a laissé un impact durable sur la région. Cet héritage comprend l’exploitation des ressources naturelles, l’imposition de la langue et de la culture françaises et la mise en place de structures politiques et économiques favorables aux intérêts français.
  • Dépendance économique : De nombreux pays africains anciennement colonisés par la France restent fortement dépendants de la France pour l’aide économique, les investissements et le commerce. En raison de cette dépendance, il peut être difficile pour ces pays de mener des politiques qui servent au mieux leurs intérêts, car ils peuvent être poussés à privilégier les intérêts français au détriment des leurs.
  • L’ingérence politique : La France est connue pour son ingérence dans les affaires politiques de ses anciennes colonies en Afrique, soutenant parfois des dirigeants autoritaires ou s’opposant à des gouvernements démocratiquement élus. Cette ingérence peut saper les institutions démocratiques et l’État de droit, et perpétuer l’instabilité dans la région.
  • Les liens culturels : La relation de la France avec ses anciennes colonies en Afrique est également façonnée par des liens culturels et des histoires partagées, qui peuvent parfois conduire à des sentiments de nostalgie ou de sentimentalité des deux côtés. Cela peut rendre difficile la remise en cause du statu quo ou la recherche de relations plus honnêtes, équilibrées et équitables.
  • Dynamique régionale : Les relations de la France avec ses anciennes colonies en Afrique sont également influencées par les dynamiques régionales, notamment les conflits et les alliances entre les différents pays de la région. Ces dynamiques peuvent compliquer les efforts visant à résoudre les problèmes sous-jacents qui perpétuent le néocolonialisme et l’inégalité.

Compte tenu de la complexité de ces facteurs et de la longue histoire de la relation de la France avec ses anciennes colonies en Afrique, il est clair qu’aucun facteur unique ne peut expliquer entièrement la nature de cette relation.

Pourquoi ces pays africains ne se libèrent-ils pas du franc CFA et ne volent-ils pas de leurs ailes ?

Outre le fait que la France règne sur ses anciennes colonies avec un gant de fer dans une main d’acier, il y a plusieurs raisons pour lesquelles les 14 pays africains qui utilisent le franc CFA ne l’ont pas encore remplacé par leur propre monnaie :

  • La stabilité économique : Certains partisans du franc CFA affirment qu’il constitue une monnaie stable qui aide à contrôler l’inflation et à maintenir la stabilité macroéconomique dans la région. Les pays qui utilisent le franc CFA peuvent hésiter à passer à un nouveau système monétaire qui pourrait potentiellement déstabiliser leurs économies.
  • Le manque de ressources : La création d’une nouvelle monnaie nécessite des ressources importantes, notamment l’accès au capital, l’expertise technique et la volonté politique. De nombreux pays africains n’ont peut-être pas les ressources ou la capacité nécessaires pour opérer ce type de changement, compte tenu notamment d’autres priorités de développement pressantes.
  • La pression politique : La France a historiquement exercé une pression politique importante sur ses anciennes colonies en Afrique pour maintenir le système du franc CFA. Cette pression peut rendre difficile pour les pays la recherche de systèmes monétaires alternatifs sans risquer des représailles politiques ou économiques de la part de la France.
  • Manque d’unité : Les pays africains ont historiquement lutté pour travailler ensemble et coordonner leurs efforts, ce qui peut rendre difficile la poursuite d’une action collective ou de solutions régionales. Sans un effort coordonné, il peut s’avérer difficile pour les pays individuels de remplacer le franc CFA par leur propre monnaie.
  • Liens historiques : Comme je l’ai mentionné précédemment, les relations de la France avec ses anciennes colonies en Afrique sont complexes et multiformes, et sont façonnées par une variété de facteurs historiques, politiques et culturels, voire nostalgiques et affectifs. Pour de nombreux pays africains, le franc CFA est profondément lié à leur relation avec la France et à leur propre histoire, de sorte qu’il est difficile de le remplacer simplement sans aborder ces questions sous-jacentes.

Ce sont là quelques-uns des facteurs principaux qui peuvent expliquer pourquoi 14 pays africains qui utilisent le franc CFA ne l’ont pas encore remplacé par leur propre monnaie. Cependant, des débats et des discussions sont en cours sur les avantages et les inconvénients du système du franc CFA, ainsi que sur le potentiel de systèmes monétaires alternatifs qui pourraient mieux servir les intérêts de ces pays.

Entre honte et arrogance

Concernant les attitudes des médias français et la culture au sein du ministère français des Affaires étrangères, la diversité de vues et d’opinions parmi les individus au sein de ces institutions est strictement contrôlée. Elle ne s’exprime pas librement.

Il existe une sensibilisation et une reconnaissance croissantes du passé colonial de la France ces dernières années, tant en France qu’à l’international. En 2019, par exemple, le président français Emmanuel Macron a commandé un rapport sur la restitution des artefacts africains pris pendant la période coloniale, et a fait plusieurs déclarations publiques reconnaissant le rôle de la France dans le colonialisme et appelant à une relation plus équitable avec l’Afrique. Mais le ton était à la fois condescendant et culpabilisateur. C’était l’un des avatars de l’expression Woke : le blanc est mauvais et coupable, le noir est innocent et victime.

De même, certains médias français ont pu s’efforcer de s’attaquer à l’héritage colonial du pays et d’offrir une couverture plus nuancée des questions africaines. Cependant, les médias français sont généralement paternalistes et dédaigneux des voix et des perspectives africaines.

Le gouvernement français a fait quelques efforts superficiels pour aborder cet héritage, notamment en créant la Fondation pour la mémoire de l’esclavage en 2001 – en cachant soigneusement la responsabilité des musulmans et des noirs eux-mêmes dans l’esclavage, et en créant en 2007 un poste de ministre de l’Outre-mer de pure décoration. L’approche du gouvernement fait l’objet de critiques, il est accusé à la fois d’actions symboliques et insuffisantes, un mélange de honte de son passé et d’arrogance de sa dominance, au lieu de reconnaître les bienfaits que le colonialisme a pu apporter au cours des siècles, et la nécessité d’aborder les rapports avec ses anciennes colonies de manière moins hypocrite.

Conclusion

Le contrôle du franc CFA par la France lui permet de maintenir une relation néocoloniale avec ces 14 pays africains. Ceci semble difficile à nier. Pourtant, le sujet est tabou.

De même que le passé colonial de la France reste une question controversée et complexe, que les opinions à ce sujet peuvent varier considérablement entre les différents individus et institutions en France, un autre grand tabou règne : les progrès que la France a apportés à ses colonies.

On pourrait dire, en schématisant, que la France a honte d’un passé colonial dont elle aurait de quoi être fière pour ce qu’elle a procuré aux populations et à leur société, et qu’elle est fière de sa politique présente, dont elle devrait avoir honte.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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