Publié par Guy Millière le 11 mars 2023
La Chine n’entrera pas en guerre au coté de Poutine : elle sait qu’il a perdu

La Chine est censée avoir présenté voici peu un plan de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Ce plan a été très largement commenté. Je n’en dirai rien, car ce n’est pas du tout un plan de paix. C’est une tentative de trouver un moyen de mettre fin à la guerre en permettant à Poutine de ne pas subir un désastre total.

La Chine a passé une alliance avec Poutine au moment des Jeux olympiques de Pékin, début février 2022.  A ce moment, Xi Jinping pensait que Vladimir Poutine allait gagner la guerre en moins d’une semaine, renverser Volodymyr Zelensky, asservir l’Ukraine, et faire de l’Ukraine un protectorat russe.

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Si les choses s’étaient déroulées ainsi, Xi Jinping se serait affiché au côté d’un Poutine triomphant et aurait parlé d’un nouvel ordre du monde dominé par la Chine et la Russie. Mais strictement rien ne s’est déroulé comme prévu par Vladimir Poutine.

L’armée russe est apparue être une armée du tiers-monde, avec beaucoup de missiles et de bombes, des armes atomiques datant de l’ère soviétique, mais une incapacité stratégique totale, et l’armée russe a dès lors perdu la guerre dès les premiers jours.

Depuis, elle s’est repliée de la zone de Kiev et tente de garder les zones du pays qu’elle avait initialement occupé dans le Donbass et sur les rives de la Mer noire. Elle n’avance plus et ne peut avancer. Elle a même reculé, à l’Est de Kharkiv, et dans la zone de Kherson. Elle envoie des hommes sans armes se faire massacrer sur le front.

L’armée ukrainienne n’a pas reçu de l’administration Biden les moyens requis pour emporter une victoire décisive, mais a reçu néanmoins les moyens de tenir ses positions, et elle prépare une offensive.

Ce qui devait être une guerre triomphale et brève pour la Russie est devenu une guerre sordide et longue.

Poutine sait qu’il a perdu, mais s’acharne pour ne pas tomber, et espère que le monde occidental va se lasser.

La Chine sait elle aussi que Poutine a perdu, mais ne veut pas apparaitre comme étant du côté d’un perdant, et Xi Jinping, déjà confronté à des problèmes intérieurs, ne veut pas ajouter cela aux problèmes auxquels il est confronté. Il voudrait que la guerre s’arrête car il sait que si Poutine tombe, la Russie, qui est une fédération comptant 89 entités pourrait s’émietter et glisser vers le chaos, ce qui compliquerait la situation en Asie centrale.

Il voudrait aussi que la guerre s’arrête parce qu’elle perturbe le commerce international, ce qui coûte cher au monde occidental, mais coûte cher aussi à la Chine.

Il voudrait que Poutine cesse de s’acharner, mais n’apparaisse pas comme un perdant.

Un arrêt rapide des combats figerait la situation avant que l’offensive ukrainienne ait lieu, des négociations pourraient s’ouvrir, et Poutine pourrait, pense apparemment Xi Jinping, trouver un moyen de ne pas apparaitre comme le vaincu.

Ce que voudrait Xi Jinping, pour l’heure, n’aboutit pas : Poutine n’entend pas arrêter la guerre. Et les pressions chinoises semblent vaines. L’administration Biden avait transmis il y a quelques semaines une proposition de paix à Poutine, et celui-ci avait opposé une fin de non-recevoir, l’Ukraine aussi. Dès lors la guerre va continuer, jusqu’à ce qu’il y ait un vainqueur et un vaincu.  

Si l’administration Biden ne donne pas les moyens à l’Ukraine de gagner vite, la guerre durera. Si l’administration Biden livre enfin les moyens à l’Ukraine de gagner vite, elle s’achèvera avant la fin de l’été, comme je l’ai écrit plusieurs fois.

Dans tous les cas, même si elle peut encore détruire, la Russie sera vaincue (elle l’est déjà), Xi Jinping le sait.

Son intérêt bien compris serait un accord permettant le maintien d’un Poutine affaibli au pouvoir, une Russie gardant la Crimée et un fragment du Donbass : la Russie deviendrait ensuite un protectorat chinois.

L’intérêt bien compris du monde occidental serait que l’Ukraine retrouve l’intégralité de son territoire, et qu’un changement de régime ait lieu à Moscou. Il y aurait peut-être un émiettement de la fédération russe et du chaos, mais ce serait davantage une situation difficile pour la Chine, qui a une frontière commune avec la Russie, que pour les Occidentaux.

La question fondamentale en cet instant est : l’administration Biden donnera-t-elle à l’Ukraine les moyens requis pour emporter une victoire décisive ? On le saura bientôt.

J’ai pensé pendant des mois que ce serait le cas. Je commence à en douter. La gauche américaine ne veut fondamentalement pas de ce qui pourrait ressembler à une victoire américaine.

Nombre de commentateurs en Europe parlent d’un risque de troisième guerre mondiale, ce qui est inepte. J’ai expliqué pourquoi dans de précédents articles.  Il n’y aura pas de troisième guerre mondiale. Je le répète, la Russie n’a que deux fournisseurs d’armes qui n’entreront pas en guerre au côté de l’armée russe, l’Iran des mollahs, et la Corée du Nord. La Chine n’entrera pas en guerre au côté de la Russie elle non plus, et les propos véhéments de son nouveau ministre des affaires étrangères ne sont que des propos véhéments. La Chine a bien plus de problèmes intérieurs que nombre de commentateurs l’imaginent. L’économie russe est elle-même plus faible et plus touchée par les sanctions que ceux qui se fient aux statistiques transmises par la Russie et que ceux qui admirent les dictateurs criminels l’imaginent.

D’autres commentateurs ont peur du recours par Poutine à l’arme atomique. C’est inepte, là encore. J’ai expliqué pourquoi, là encore, dans de précédents articles.  Il n’y aura pas de recours par Poutine à l’arme atomique. C’est un criminel cynique, mais il connait la doctrine MAD (Mutual Assured Destruction).

Peu de commentateurs francophones expliquent que si Biden ne donne pas à l’Ukraine les moyens requis pour emporter une victoire décisive, l’Europe va beaucoup souffrir. J’ai expliqué pourquoi, encore et toujours, dans de précédents articles.  Mes précédents articles sont en archive sur ce site et il est aisé de les consulter. 

L’Europe a besoin de stabilité, pas d’instabilité, et elle n’a nul besoin d’une Ukraine détruite davantage encore. Les Ukrainiens non plus, cela va de soi.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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