
Les phénomènes politiques et sociaux, comme l’ensemble des phénomènes humains, ont rarement une explication unique.
Dans les lignes qui suivent, je voudrais avancer trois explications possibles – qui ne s’excluent pas mutuellement – à la crise politique actuelle en Israël.
1ère explication : une immense manipulation politique et médiatique
Le premier niveau d’explication est celui du mensonge politique et médiatique sans précédent, auquel nous assistons depuis plusieurs semaines. Comme souvent, ce mensonge est d’autant plus efficace qu’il est grossier. En qualifiant de « putsch » et de « révolution » antidémocratique une réforme légitime, qui vise précisément à rétablir la séparation des pouvoirs et la démocratie authentique, les médias israéliens et les chefs de l’opposition recourent à une rhétorique mensongère éhontée, qui prétend priver les électeurs israéliens de leur victoire, sous couvert de « sauver la démocratie ».
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Il n’est pas anodin que cette manipulation politique et les manifestations qui l’accompagnent soient orchestrées avec le soutien logistique considérable des ONG à financement étranger, auxquelles la Cour suprême a donné un droit de regard sur la politique intérieure israélienne. A travers la protestation contre la réforme judiciaire, c’est en fait un enjeu de pouvoir fondamental qui se joue actuellement : le peuple d’Israël va-t-il reprendre le pouvoir qui lui a été confisqué par la Cour suprême, au moyen de l’intervention grandissante de cette pléiade d’ONG, véritable cheval de Troie de puissances étrangères, à l’intérieur de la vie publique israélienne ?
2eme explication : une guerre existentielle
Ce qui nous amène à la deuxième explication, celle de la guerre intestine. Les appels répétés à la guerre fratricide et à l’effusion de sang des dirigeants de l’opposition, qui sont pour la plupart (à l’exception de Yair Lapid) des généraux en retraite, comme l’a observé récemment Shmuel Trigano, sont évidemment révélateurs. Dans l’ethos fondateur de la gauche israélienne, la guerre fratricide est toujours salvatrice, depuis le « canon sacré » de David Ben Gourion et jusqu’à l’expulsion des valeureux habitants du Goush Katif, chassés de leurs maisons manu militari jusqu’au dernier d’entre eux pour faire la place au gouvernement du Hamas, avec la bénédiction de la Cour suprême (sauf une voix, celle du juge sépharade Edmond Levi, véritable “juste à Sodome”)
Dans la guerre fratricide que ce quarteron de généraux à la retraite appelle de tous ses vœux, tous les moyens sont légitimes, de l’incitation à la haine et au meurtre jusqu’à la désobéissance civile et au refus d’obéissance de soldats de réserve… A travers cette lutte intestine, c’est l’avenir d’Israël qui est en jeu, avenir qui est menacé par des acteurs étrangers puissants (Démocrates américains, Union européenne, etc.) qui étaient déjà présents lors des précédentes phases de la lutte d’Israël pour sa survie.
3eme explication : un conflit d’identité
Les deux explications qui précèdent sont évidemment insuffisantes pour rendre compte de la violence du conflit intérieur actuel, qui dépasse de loin tout ce qu’on a pu voir depuis plusieurs décennies. Il y a donc un troisième niveau, symbolique ou spirituel, qui permet seul de rendre compte et d’expliquer cette violence. Ce niveau, largement impensé au sein de l’opposition, porte sur l’identité profonde d’Israël en tant que peuple et en tant que nation… Il peut être formulé ainsi : Israël doit-il être et sera-t-il un État juif conforme à sa vocation prophétique, ou bien un État occidental dans lequel le judaïsme serait réduit à la seule sphère privée, selon le modèle de l’émancipation – assimilation ?
Dans cette perspective, l’opposition violente et le mouvement de panique auxquels on assiste actuellement sont à la hauteur de l’espoir qu’un État plus juif fait naître chez ses partisans. Ce qui apparaît à ces derniers comme la réalisation des promesses bibliques semble pour les premiers signifier la fin de leur idéal laïc et occidental. Affrontement irréductible entre deux visions qu’on avait cru compatibles et qui s’avèrent aujourd’hui radicalement opposées. L’avenir dira si nous assistons à un progrès sur la voie de la rédemption ou bien, à Dieu ne plaise, à une terrible régression.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
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Excellente analyse , rien à ajouter, si ce n’est l’aspect folklorique du désordre méticuleusement organisé par une gauche politicienne ne négligeant aucune possibilité de déstabiliser l’ennemi à abattre :
1) une info entre filets dans les pages du ‘Figaro et vous’, a révélé récemment que Bibi et son épouse n’ont pu se rendre à Rome pour un déplacement prévu : « aucun pilote n’ayant accepté de prendre les commandes de l’avion »
2) l’épouse de Bibi s’est trouvée il y a deux jours, assiégée pendant 3 heures chez son coiffeur d’où elle n’a pu être délivrée que par l’intervention des services de sécurité qui l’ont exfiltrée.
LFI en France a des leçons à prendre en matière d’efficacité au premier degré !!!!
Merci , votre analyse est fondamentale pour comprendre ce qui se passe