
Les Juifs inquiets n’ont pas le monopole de la réflexion sur Israël
Un groupe d’intellectuels s’affirment inquiets pour Israël dans les colonnes du Monde et affirment que la démocratie y est en danger, dénonçant une dérive autocratique et « illibérale » du nouveau gouvernement israélien. Le débat virulent qui se déroule aujourd’hui en Israël suscite la réflexion. Néanmoins, il mérite mieux que des prises de position à l’emporte-pièce. Si les signataires étaient mieux informés de ce qui se passe en Israël, ils ne reprendraient pas sans vérifier les slogans des manifestants et de ceux qui ont fait de la réforme judiciaire leur nouveau cheval de bataille.
En effet, contrairement aux mots d’ordre entendus en Israël, l’enjeu de cette réforme, qui est certes perfectible, n’est pas de porter atteinte au caractère démocratique de l’Etat hébreu, mais bien de le renforcer, en rétablissant un équilibre et une séparation des pouvoirs qui ont été bafoués depuis 1992 par la « Révolution constitutionnelle », proclamée à l’époque par le juge Aharon Barak. Lors d’une séance nocturne et en catimini, celui-ci avait alors réussi à faire voter par la Knesset – le Parlement israélien – deux lois fondamentales sur la dignité humaine et sur la liberté professionnelle. Ces deux lois fondamentales avaient été adoptées par une Knesset à moitié vide et leur signification véritable avait été cachée au public – y compris aux députés qui les avaient votées.
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La Révolution constitutionnelle est effectivement passée quasiment inaperçue du public et des médias. Cette « Révolution constitutionnelle » qui fut quasiment le fait d’un seul homme est, pour le lecteur français, d’autant plus incroyable qu’elle ne repose sur aucune décision d’une assemblée législative ou constituante ; le juge Barak s’étant arrogé ex nihilo la compétence de proclamer qu’Israël était devenu du jour au lendemain une démocratie constitutionnelle. « C’est l’unique Constitution au monde qui est née de la décision d’un tribunal », s’était à l’époque exclamé le juge Moshé Landau.
La Cour suprême d’Israël est aujourd’hui la plus interventionniste du monde, agissant quotidiennement pour valider ou invalider les décisions du gouvernement, de l’administration ou de l’armée et empiétant sur les compétences des pouvoirs exécutif et législatif et ce, en l’absence de Constitution véritable. Réunissant les pouvoirs de la Cour de cassation, du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel, elle est devenue de facto le premier pouvoir en Israël. C’est cette situation inédite et sans équivalent dans le monde démocratique que l’actuelle réforme entend rectifier, en redonnant au Parlement et au gouvernement israéliens les pouvoirs qui leur ont été enlevés.
La virulence du débat public en Israël tient aussi au fait que ce débat politique et juridique en recouvre un autre, plus profond et jamais résolu depuis 1948, celui sur le caractère juif de l’État d’Israël. C’est en réalité ce dernier qui constitue l’enjeu véritable du vif débat actuel et non le caractère démocratique de l’État, qui n’est nullement remis en cause. L’actuelle coalition au pouvoir entend ainsi rétablir le fragile statu quo datant de l’époque de Ben Gourion et l’équilibre entre Juifs non-croyants et religieux, mis à mal par trois décennies d’activisme laïciste judiciaire d’une Cour suprême, autrefois très respectée. En entrant de plain-pied dans le débat politique et en prétendant abolir – au nom d’une idéologie progressiste – le caractère national juif de l’Etat d’Israël pour en faire un « Etat comme les autres », la Cour suprême a non seulement trahi l’esprit des fondateurs de l’Etat et de la Déclaration d’Indépendance, mais elle a aussi scié la branche sur laquelle elle est assise : la confiance du public israélien.
Contrairement à ce que laissent entendre ces pétitionnaires, le fait d’être un État juif n’est pas contradictoire avec l’idée de démocratie. Les écrits de Jean-Jacques Rousseau, ou plus récemment l’ouvrage d’Éric Nelson La république des Hébreux, démontrent comment la tradition hébraïque a au contraire inspiré la pensée démocratique moderne en Occident. Il faut relire les textes des pères fondateurs du sionisme, de Herzl à Ben Gourion et Jabotinsky, ainsi que la Déclaration de l’Indépendance, pour constater que l’État Juif prévoit des droits égaux pour tous ses citoyens, Juifs ou Arabes, égalité qui est aussi une réalité sur le terrain. Comme le prouvent les très nombreuses manifestations qui se déroulent librement dans le pays, la démocratie en Israël est bien florissante.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
PREMIERS SIGNATAIRES
Georges-Elia Sarfati (Philosophe), Yana Grinshpun (Analyste du discours), Roland Assaraf (Physicien), Pierre Lurçat (Avocat, écrivain), Jean-Pierre Lledo (Réalisateur), Ziva Postec (Cinéaste), Yves Mamou (Journaliste), Liliane Messika (Ecrivain, traductrice), Renée Fregosi (Philosophe), Philippe Karsenty (Homme d’affaires), Richard Rossin (Ecrivain, ancien secrétaire des Médecins sans Frontière), Paulette Touzard Dawidowicz (Présidente de l’association pour la Mémoire des enfants Juifs déportés du Nord Pas de Calais), Jean-Serge Lorach (Avocat Honoraire, ancien Vice-Président de la Licra), Alain Attlan (Membre d’honneur du CRIF Occitanie), Jean-Marie Gélinas (Président des »Amitiés Québec – Israël »), Josiane Sberro (Educatrice), Paul Fenton (Professeur émérite), Rachel Israël (Psychanalyste), Jean-Loup Mordekhaï Msika (Plasticien), Abigail Yaari (Professeur de droit), Brigitte Ullmo Bliah (Avocate), Guy Sebag (Avocat), Johann Habib (Avocat), Philippe Bliah, (Avocat), Stephane Haddad (Avocat), Frédéric Zerbib (Avocat), Guy Sebag (Avocat), Elyeth Bettan, (Avocate-notaire), Bat Ye’or, (Ecrivain), Thérèse Zrihen-Dvir (Ecrivain), Gilles Falavigna (Editeur), Evelyne Tschirhart (Ecrivain), Albert Soued, (Journaliste, Ecrivain), David Benoliel (Philosophe), Olivier Veron (Editeur), Gérard Weisz (Essayiste), Gérard Rosenzweig, (Ecrivain, enseignant), Evelyne Gougenheim (Militante associative), Marc Bruzstowki (Journaliste), Shraga Blum (Journaliste), Meir Ben-Hayoun (Journaliste), Ilan Saada (Journaliste), Claire Dana-Picard (Journaliste), Patricia Hassoun (Directrice de publication), Cyril Benichou (Consultant), Marc ROZENBAUM (Traducteur), Jean-Jacques Bretou (Traducteur), Yarcov Ben Denoun (Ecrivain), Ophrah Zelmati (Editeur), Rudi Roth (Dr physique théorique), Jean-Louis Attyasse (Biologiste),, Gilles Ferréol (professeur des Universités), David Banon (Professeur), Maguy Serfaty-Fenton (Professeur Oxford), Gérard Darmon (Prof de Biophysique, fac de médecine), Roger Guedj (Universitaire), Colette Guedj (Universitaire), Véronique Lankar (Professeur), Maxime Maiman, Professeur d’Université CNAM Paris), Esther Baruch (Professeur), Prof Bernard Belhassen (Cardiologue), Bernard Chiche (Chirurgien-dentiste), Pierre Boccara (Chirurgien), Guy SAMAMA (Chirurgien), Bruno Rosen (Gynécologue obstétricien), Paul Atlan (Gynécologue Bioéthicien), Dr Michel Assor (Chirurgien orthopédiste), Dr Amos Zot, Henry-Claude Dbjay (Chirurgien), Monique Azra (médecin), Pierre Nahum (médecin), Hervé Megaides (Médecin généraliste), Alexandre Krivitzky (Psychanalyste), Edmond Richter (Psychothérapeute), Yana Wanda (Psychologue), Oriella Bliah (Pharmacienne), Nicole Zerah-Danan (pharmacienne), Avraham Zerah (dentiste), Corinne Krivitzky (Cadre supérieur de santé), Claude Berger (Auteur), Yehuda Moraly (Professeur de théâtre), Shirel Benoliel (Artiste-peintre), Leila Shahak (cinéaste), Stephane Rougier (Musicien), Nicole Kelin (Fashion Designer), Hector Flak (Show Business), Katia Joffo (Coaching littéraire), Francoise Serrero (Anthropologue), Nejman Yves (Art consultant), Asher Zelmati (Coach professionnel), Hanna Benoualid (Professeur), Georges Grunberg (Enseignant), Reine Darmon (Prof en collège), Florence Gay-Bellile (Directrice en formation), Sylvia Assouline (Enseignante), Anne Marie Dran (Éducatrice), Daniel Bruch (Ingénieur), Michel Benoualid (Ingénieur), Adrien Azoulay (Directeur engineering pétrolier), Erick Azerhad (Ingénieur), Fabien Ghez (Ingénieur), William Doukhan (Technicien expert aéronautique), Michèle Mettoudi (Ingénieure), Charles SELLAM (Pilote Aviation Civile), Michael Breisacher (Informaticien), Serge Amar (Ingénieur informatique), Elie Balouka (Informaticien), Marie Auteserre (Chargée d’informatique), Éléonore Breton (Développeuse web), Meyer Saghroun (Informaticien), Denise Chabah Alloul (Informaticienne), Jean-Luc Scemama (Expert-comptable), Monique Adato (Expert-comptable), Jean-David Guitard (Conseiller bancaire), Josiane Flak (cadre bancaire), Serge Skrobacki, (cadre dirigeant), Albert Levy (Entrepreneur), Ofer Tassa (Ingénieur directeur d’entreprise), Siksik Serge (DRH), Abraham Bentolila (Consultant en gestion), Victor Perez (Commerce), Benjamin Zenou (Responsable commercial), Thierry Amouyal (Cadre commercial), Alain Turkieltaub (Directeur d’usine), Robert Allouche (Attaché de Direction Distribution Professionnelle), Bernard Hagège (Chef d’entreprises), Pierre Vasen (directeur commercial), BILE Hortense (Assistante agence de publicité ), André Bélilty (Expert-comptable), Odélia Rafowicz (Gestionnaire de patrimoine), Linda MESSINE (Fonctionnaire), Daniel Nathan, Karol Berkowicz, P. Haloua, Amram Ifergan, Rolland Aboucaya.
Il fallait le dire, M. Lurçat. En effet, tous ceux qui s’intéressent à Israël perçoivent la vivacité du débat en cours en Israël sur la nature même de cet État. On entend parler de l’afflux, notamment russe, de nouveaux Israéliens bénéficiant de la loi du retour sans être personnellement juifs, de rabbins qui s’émeuvent de cette disparité et souhaitent un peu plus d’ouverture aux demandes de conversion tandis que d’autres s’y opposent, de certains qui veulent qu’on restreigne cette loi pour préserver le caractère juif de l’État pendant que d’autres déposent des rapports pour faciliter des séjours plus longs aux visiteurs ayant une lointaine ascendance juive… Donc, oui, c’est certain, ce débat est en permanence sous-jacent. Mais malgré ça, sur place, je trouve qu’on ressent une unité autour de la fierté nationale (mais ce n’est que mon ressenti).
Comment remercier Monsieur Lurçat : la coalition des bonnes volontés d’esprits éclairés réunis sous une même déclaration répond par anticipation à la demande par moi même exprimée plus haut, dans mon commentaire à l’article de Mr Millière !!
Voilà un manifeste appelé à dépasser le cadre national français pour coaguler une énergie mondiale en faveur de la survie démocratique d’Israel. (Encore MERCI et Bravo.) Que D’ soutienne votre position et lui permette de triompher de l’imbécillité hargneuse des médias gauchistes.