Les Juifs peuvent offrir au monde une voie pour sortir de l’antisémitisme.

L’existence de l’État d’Israël est si délicate ! Rien n’est insignifiant, rien n’est assuré, rien ne peut être considéré comme acquis. Nous devons apprécier le fait d’avoir un pays et être reconnaissants pour les choses simples.

Ce sont les mots d’Arva, une jeune Israélienne pleine de sagesse qui a assisté à mon cours sur la guérison des traumatismes. Les quatre grands-parents d’Arva ont survécu à l’Holocauste. Elle les aimait profondément et les interrogeait souvent sur leurs expériences et leurs histoires. Un jour, elle a demandé à son grand-père “Pourquoi gardes-tu ton numéro de téléphone sur ton bras ?”

L’Holocauste a occupé une place importante dans la vie de la famille d’Arva, qui était profondément sioniste. À 15 ans, elle a demandé à son grand-père de l’emmener à Auschwitz. Ils ont suivi l’itinéraire qu’il a emprunté de 1939 à 1945. Au cours de notre session, nous avons abordé un moment qui l’a profondément ébranlée, lorsque son grand-père a décrit en détail le meurtre d’un bébé par un officier SS. Tout son corps a tremblé à ce souvenir et elle a pu évacuer le choc après 16 ans.

À partir de ces souvenirs, Arva nous a demandé de ne pas considérer Israël comme acquis, d’être reconnaissants envers ce pays et de veiller à ne pas le déchirer.

C’est un message urgent à une époque où les régimes autocratiques se développent, où l’antisémitisme monte en flèche grâce aux médias sociaux et à l’alliance entre les Palestiniens et la gauche progressiste, et où l’Iran se rapproche de l’arme nucléaire.

Au milieu de cette agitation, cependant, il y a des signes de changement positif et de guérison. Les Juifs d’aujourd’hui ne sont pas impuissants comme ils l’ont été pendant 2 000 ans. Israël dispose d’une armée redoutable, les groupes juifs sont bien organisés et nous avons de nombreux alliés qui luttent contre l’antisémitisme à leurs côtés.

Le plus encourageant est que le monde commence à reconnaître que l’antisémitisme n’est pas uniquement un problème juif. Il touche à la fois les Juifs et les non-Juifs. Une grande partie du monde comprend désormais que l’antisémitisme conduit à l’effondrement des civilisations et à l’autodestruction.

Cela pourrait permettre au monde de sortir du piège de la culpabilité et de la honte créé par l’Holocauste. Le judaïsme accorde de l’importance au pardon, mais aussi à la justice. Nous devons pardonner aux auteurs de l’Holocauste, mais aussi exiger la justice en offrant un chemin vers la rédemption totale.

Nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas tenir la population de la plupart des nations pour responsable de 2 000 ans d’antisémitisme. Ils sont les héritiers de la haine, mais n’ont pas à en être prisonniers. Cependant, nous pouvons exiger qu’ils fassent l’effort de changer.

Dans le même temps, les Juifs doivent offrir au monde une voie pour sortir de l’antisémitisme en promettant le pardon et la rédemption de la honte aux auteurs et à ceux qui sont restés là sans rien faire, à condition qu’ils suivent un protocole de guérison.

L’Occident doit reconnaître que le traumatisme collectif et la honte engendrés par les deux guerres mondiales et l’Holocauste se manifestent encore, même si c’est de manière insidieuse, comme les efforts visant à interdire la cacherout et la circoncision en Europe. Le pire, peut-être, est l’inversion de l’Holocauste, qui fait des Palestiniens les nouveaux Juifs et des Juifs les nouveaux nazis, ainsi que la minimisation de l’Holocauste.

Les pays qui ont reconnu, présenté des excuses et accordé des réparations sont sur la voie de la rédemption, mais ils doivent faire davantage. Par exemple, nous devons exiger que l’Allemagne ne fasse des affaires avec le régime antisémite iranien que si celui-ci rejette son antisémitisme génocidaire et se repent de ses crimes. Nous devons faire comprendre que l’Occident ne doit soutenir les Palestiniens que s’ils cessent d’apprendre à leurs enfants à haïr les Juifs. Le monde doit vérifier sa politique de deux poids, deux mesures. S’il croit aux droits de l’homme, il doit reconnaître que l’antisémitisme est une violation de ces droits.

Le monde doit également reconnaître les droits d’Israël comme il reconnaît les droits de toutes les autres nations. Les Israéliens doivent se sentir chéris et acceptés, et non haïs, par le monde. Israël doit également se voir reconnaître le droit d’être exceptionnel, d’être à la fois une démocratie et un État juif.

Certes, il s’agit là d’un exercice d’équilibre délicat, mais Israël devrait être autorisé à rechercher cet équilibre sans subir des pressions constantes, des calomnies et des dénonciations. Si Israël dispose de cet espace pour se développer, il pourra peut-être aider de nombreuses nations qui sont actuellement coincées entre la religion et l’État, le nationalisme et l’universalisme, l’autocratie et la démocratie.

La lutte contre l’antisémitisme est la lutte de tous. Ainsi, le monde doit reconnaître la nature monstrueuse de l’antisémitisme, dénoncer le déni et l’inversion de l’Holocauste, défendre les droits de l’homme des Juifs et des Israéliens, soutenir une identité juive saine en protégeant les étudiants juifs sur les campus, et assurer la sécurité des institutions juives, des écoles, des centres communautaires et des synagogues.

Si le monde peut vaincre l’antisémitisme, il disposera d’un modèle pour vaincre les préjugés, la discrimination et le racisme profondément enracinés. Il est temps de se rassembler et de créer un avenir meilleur pour tous.

Gina Ross, MFCT, est la fondatrice et la présidente de l’International Trauma-Healing Institute USA et de l’ITI-Israël.

Source : JNS

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