
S’il est permis de critiquer le recours à l’article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites sans vote, les violences qui ont émaillé les manifestations et les opérations de blocage orchestrées par les syndicats ne sont pas acceptables.
L’auteur de cet article n’a jamais voté Emmanuel Macron. Il n’a pour le gouvernement dirigé par Élisabeth Borne qu’une sympathie très bornée. Il n’est que plus à l’aise pour dire combien les exactions et malédictions prétendument révolutionnaires de ces derniers jours l’ont révolté.
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Je viens dire ici que 49.3 semble être un signe maléfique, prétexte d’un psychodrame et d’une diversion idéologiques.
Commençons par le psychodrame. Certes ce gouvernement aura démontré une gaucherie inouïe : commencer avant toute négociation par des concessions unilatérales pour ne plus rien avoir à concéder et paraître ainsi intransigeant. Clamer urbi et orbi que tout, absolument tout, sera entrepris pour éviter de recourir au 49.3 – présenté ainsi comme une terrible maladie ou une infamie — puis surprendre son monde… avec un 49.3 .
Ceci fermement posé, la maladresse n’est pas l’infamie et le 49.3 n’est pas une maladie honteuse.
L’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution française permet au premier ministre «d’engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale» sur le vote de certains textes.
Il a été utilisé cent fois sous la Ve République dont 28 fois par le socialiste Michel Rocard, qui n’a pas laissé l’image d’un terrible dictateur.
Il est difficile d’accepter de recevoir des leçons de légitimité démocratique venues des pires ennemis de la démocratie.
Voilà pourquoi ce recours au chiffre honni qui a mis – littéralement – le feu aux poudres, n’est qu’un prétexte psychodramatique assez grossier dont s’est saisie l’extrême gauche pour tenter une énième expérience insurrectionnelle. Le plus triste est le relais médiatique compréhensif dont elle a pu bénéficier. Ainsi les manifestations interdites puisque non autorisées et combien violentes ont été présentées plus aimablement comme «spontanées». Ainsi encore, et notamment sur les chaînes de l’audiovisuel de service public, des appels à la violence ont été relayés sans état d’âme particulier. C’est ainsi, à titre de simple exemple, qu’à 10h, ce dimanche 19 mars, le compte Twitter de France Inter a relayé cet appel explicite à la violence d’une manifestante: «Allez on casse tout !».
En tant qu’avocat, je tiens religieusement au respect de la légalité. Pas par légalisme formaliste fétichiste mais plus profondément, par ce que je sais, tout au fond de mon âme, que la loi est le dernier rempart contre la barbarie.
Un rempart objectif et dur. Contre le recours subjectif à la notion molle de légitimité démocratique.
La réalité, plus ingrate, oblige en effet à observer que les adversaires les plus déterminés du pouvoir actuel constatent avec ivresse la faiblesse du rempart issue de la maladresse de ceux censés le défendre.
Mais il est difficile d’accepter de recevoir des leçons de légitimité démocratique venues des pires ennemis de la démocratie.
Qu’ils soient politiciens ou syndicalistes.
Difficile d’en recevoir de la France insoumise, admiratrice de Castro, de Chavez ou de Maduro et qui se commet chaque séance à l’Assemblée dans des vociférations qui ont eu l’insigne mérite de la discréditer.
Difficile également d’en recevoir de certains syndicats qu’une bienveillance médiatique de source idéologique protège injustement autant qu’excessivement.
L’idéologie dominante a réussi une nouvelle fois une fantastique diversion: subordonner le sociétal à l’économique.
Les blocages et piquets de grève illégaux notamment dans les raffineries, les grèves punitives des transports publics monopolistiques inconnues à l’étranger, le fait que la grève des éboueurs soit le fait d’une minorité, les coupures de courant ciblées sur des adversaires politiques ne sont pas des démonstrations très convaincantes d’une légitimité démocratique.
On remarquera, incidemment, que la plupart des responsables de blocage précités partent à la retraite à 57 ans. Et que, par un étrange paradoxe, ce sont les bénéficiaires de régimes spéciaux auxquels les promoteurs de la réforme n’ont pas osé toucher qui sont à la pointe du combat. À se demander si, une nouvelle fois, faiblesse ne valait pas encouragement inconscient …
Pour en revenir à l’esprit démocratique de certains responsables syndicaux, l’indulgence de l’esprit critique des observateurs médiatiques pourrait laisser pantois celui qui ne s’y est point résigné.
Ainsi , il serait bon de mieux connaître le candidat à la succession de Philippe Martinez, Olivier Mateu, responsable de la CGT des Bouches-du-Rhône. Celui-ci affirme «ne pas cracher sur la période où la Russie et l’URSS se revendiquaient du socialisme». Il crache en revanche sur «les pratiques fascistes du gouvernement ukrainien qui est une marionnette des États-Unis et de l’Otan».
Sébastien Menesplier, secrétaire de la fédération de la CGT Mines-Energies est à un poste stratégique. Il ne boude pas son pouvoir de nuisance. Notamment à l’égard des responsables politiques: «On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux , et puis si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera dans les coupures qu’on saura organiser».
Ces menaces, qu’un esprit chagrin jurerait sorties d’un film de Scorsese ou de Coppola, furent exécutées. Notamment contre Bruno Retailleau.
Au-delà de ce psychodrame surjoué par l’extrême gauche avec la collaboration active de certains médias, je voudrais montrer, qu’à un niveau encore plus profond de l’inconscient politique, l’idéologie dominante a réussi une nouvelle fois une fantastique diversion: subordonner le sociétal à l’économique.
Une fois de plus , la force de frappe syndicale et médiatique de la gauche extrême a réussi par le psychodrame à faire d’un sujet économique relativement subalterne en fait, un événement primordial.
Les tenants de la «légitimité démocratique» qui s’imposerait à la légalité parlementaire mettent en avant la majorité des Français consultés qui s’opposeraient à la réforme contestée violemment jusque dans la rue .
Mais à l’aune de ce gouvernement des sondages, le regroupement familial des étrangers serait depuis longtemps obsolète…
J’en arrive ainsi à une autre observation: une fois de plus , la force de frappe syndicale et médiatique de la gauche extrême a réussi par le psychodrame à faire d’un sujet économique relativement subalterne en fait, un événement primordial.
Un problème sociétal, en réalité existentiel sur le plan sécuritaire et identitaire, incarnant une préoccupation essentielle des Français risque donc de passer à nouveau au second plan.
C’est en effet dans ce cadre de la subordination idéologique du sociétal à l’économique que ce dimanche 19 mars, Le Monde a publié une chronique relative au projet de loi sur l’immigration qui devrait être examiné au Sénat à la fin du mois. Celle-ci est titrée: «Après le choc du 49-3 , est -il raisonnable d’ajouter le chiffon rouge de l’immigration?».
Après le psychodrame, la diversion.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.
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Monsieur Goldnadel je comprend et partage votre « position » . Mais « tout effet à une cause » ou vice -versa . Si « nous » en sommes arrivés là c’est bien de la faute de Macron et uniquement de Macron . Son mépris pour les français n’à d’égal que son égo hypertrophié . Si la FRANCE s’embrase rien ne l’arrêtera ;et ce n’est que le résultat et la réponse à son mépris et à son dédain pour la FRANCE . J’ai toujours pensé que la communication était la clef , mais en fait c’est la compréhension , vous pouvez parler de tout avec une personne mais si elle ne comprend pas ,ou ne veut pas vous écouter ; ça ne sert a rien ! C’est le cas Macron . Il serait bon de lui dire a ce cuistre que l’intelligence ce n’est pas tout savoir sans se poser de questions ;Mais la capacité de remettre en question tout ce que vous pensez savoir . « Quand on sème le vent on récolte la tempête » .