Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 mars 2023

Début mars, Emmanuel Macron a annoncé son intention de réduire l’activité militaire française en Afrique et de se recentrer sur le développement des relations économiques.

Après le Mali l’été dernier, l’armée française a définitivement quitté le Burkina Faso à la demande des autorités locales. En revanche, les 2 000 soldats français présents au Tchad et au Niger ne sont pas concernés à ce stade, pas de réduction en vue non plus pour le camp de Djibouti. La France reste donc très présente dans la région. Quelque 6 000 soldats français demeurent à ce jour sur le territoire de six pays africains.

Djibouti

Djibouti abrite la plus grande base militaire française en Afrique.

Sa situation stratégique sur la Corne de l’Afrique donne accès à la mer Rouge et à l’océan Indien et permet à la Cinquième République de mener des opérations en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient.

La France maintient une présence militaire significative à Djibouti, principalement par le biais de sa base militaire, le Camp Lemonnier, qui est la plus grande base militaire française en dehors de la France. La présence militaire française à Djibouti vise à soutenir la sécurité et la stabilité régionales dans la Corne de l’Afrique et, plus largement, dans la région de la mer Rouge.

La base militaire française sert de plate-forme logistique pour les opérations militaires françaises et de protection pour les navires marchands français dans le corridor économique. L’armée française à Djibouti soutient également les missions militaires et humanitaires des États-Unis et de l’ONU en Afrique.

Le Camp Lemonnier est situé près de la ville de Djibouti et sert de plaque tournante aux opérations militaires françaises dans la région. La base abrite environ 1 500 soldats français, ainsi que des avions militaires et d’autres équipements. La base accueille également d’autres forces militaires internationales, dont le personnel militaire américain et d’autres partenaires de la coalition.

La présence militaire française à Djibouti est principalement axée sur le soutien aux efforts régionaux de lutte contre le terrorisme, y compris la lutte contre Al-Shabaab en Somalie et d’autres groupes extrémistes dans la région. L’armée française fournit des formations, des équipements et un soutien en matière de renseignement aux partenaires régionaux, y compris les forces armées djiboutiennes et d’autres missions de maintien de la paix de l’Union africaine.

Outre sa présence militaire, la France a conclu un accord de coopération militaire de longue date avec Djibouti, qui prévoit un soutien en matière de formation et d’équipement pour les forces armées djiboutiennes.

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Pays du Sahel

Il existe quatre bases militaires françaises au Sahel : au Sénégal, au Niger, au Tchad et en Côte d’Ivoire.

Ces bases sont des centres d’opérations militaires françaises contre les groupes islamistes. Les soldats français servent également de formateurs pour les forces armées des pays hôtes.

  • Le Niger et le Tchad sont les principales zones de transit pour les forces françaises engagées dans des opérations militaires au Sahel.
  • Le Sénégal sert de centre de soutien logistique, de collecte de renseignements et de surveillance pour l’Afrique de l’Ouest.
  • La Côte d’Ivoire est une plaque tournante pour la sécurité et les intérêts français dans le golfe de Guinée. De là, elle coordonne notamment les activités de lutte contre la piraterie et l’interception des produits de contrebande.

Sénégal

La France maintient une présence militaire au Sénégal, principalement par le biais de son quartier général militaire régional, la Force Barkhane, basée à Dakar. L’objectif principal de la présence militaire française au Sénégal est de soutenir les opérations de sécurité plus larges de la France dans la région du Sahel, en particulier au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

La présence militaire française au Sénégal comprend environ 500 militaires français auxquels s’ajoutent 180 personnels civils sénégalais qui sont employés au sein des Éléments Français au Sénégal (EFS), ainsi que des avions militaires et d’autres équipements. Ces troupes sont principalement chargées du soutien logistique, de la collecte de renseignements et de la coordination avec les partenaires régionaux.

Le Sénégal est considéré comme un partenaire important pour la France dans la région du Sahel, en raison de sa position stratégique et de sa stabilité par rapport à certains de ses voisins. Le Sénégal est également un contributeur clé aux efforts régionaux de maintien de la paix, notamment à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

Outre sa présence militaire, la France a conclu un accord de coopération militaire de longue date avec le Sénégal, qui prévoit un soutien en matière de formation et d’équipement pour les forces armées sénégalaises. La formation représente près de 30 % des entraînements conjoints auxquels participent les EFS (Eléments français au Sénégal). Cette coopération est considérée comme importante pour promouvoir la sécurité et la stabilité régionales, ainsi que pour soutenir les efforts du Sénégal dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

Niger

Le Niger est devenu un partenaire-clé de Paris au Sahel sur les plans économique et militaire.

La France a une présence militaire significative au Niger, qui fait partie de ses efforts plus larges pour lutter contre le terrorisme et promouvoir la stabilité dans la région du Sahel. L’armée française opère au Niger depuis 2013, et sa présence s’est accrue ces dernières années en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.

La présence militaire française au Niger est principalement axée sur le soutien aux forces armées nigériennes dans leurs efforts pour lutter contre les groupes djihadistes dans la région, tels que Boko Haram et l’État islamique dans le Grand Sahara (ISGS). L’armée française fournit aux forces armées nigériennes des formations, des équipements et un soutien en matière de renseignement, et organise des exercices militaires conjoints.

En plus de son soutien aux forces armées nigériennes, l’armée française exploite également une base de drones dans la ville d’Agadez, au nord du pays. Cette base de drones est utilisée pour la collecte de renseignements et les opérations de surveillance dans la région du Sahel.

La présence militaire française au Niger est un sujet controversé, certains critiques estimant qu’elle représente une approche néocoloniale de la sécurité en Afrique et qu’elle porte atteinte à la souveraineté des nations africaines. Toutefois, les partisans de la présence militaire française soutiennent qu’elle est nécessaire pour lutter contre le terrorisme et promouvoir la stabilité dans la région. Le gouvernement nigérien a également salué la présence militaire française, la considérant comme un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme.

Tchad

La France a une présence militaire de longue date au Tchad, qui remonte aux années 1980. La présence militaire française au Tchad vise principalement à soutenir le gouvernement tchadien dans le maintien de la stabilité et la lutte contre les groupes militants islamistes dans la région du Sahel.

Le Tchad est un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, et l’armée française apporte son soutien aux forces armées tchadiennes depuis de nombreuses années. L’armée française mène des exercices militaires conjoints avec l’armée tchadienne, fournit des formations et des équipements et mène des opérations de collecte de renseignements.

L’armée française maintient également une base permanente à N’Djamena, la capitale du Tchad, qui sert de plaque tournante pour les opérations militaires dans toute la région du Sahel. La base accueille environ 1 500 soldats français, ainsi que des avions militaires et d’autres équipements.

Ces dernières années, la situation sécuritaire dans la région du Sahel s’est détériorée, avec la montée en puissance de groupes djihadistes tels que Boko Haram et l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). La présence militaire française au Tchad et dans d’autres pays de la région est considérée comme essentielle pour maintenir la stabilité et empêcher ces groupes de prendre pied dans la région.

Il convient également de noter que la France a des liens historiques avec le Tchad, qui était une ancienne colonie française. Cette relation historique a contribué au maintien de la présence militaire française dans le pays.

Côte d’Ivoire

Les forces françaises en Côte d’Ivoire comptent actuellement un millier d’hommes, prépositionnés sur la base militaire de Port-Bouët, à Abidjan. La France souhaite désormais promouvoir la formation, notamment avec la mise en place d’un centre de “mise en condition opérationnelle du combattant”.

La France maintient une présence militaire en Côte d’Ivoire, principalement par l’intermédiaire de son quartier général militaire régional, la Force Licorne, basée à Abidjan. La présence militaire française en Côte d’Ivoire vise à soutenir la stabilité et la sécurité régionales en Afrique de l’Ouest.

L’armée française est présente en Côte d’Ivoire depuis 2002, date à laquelle elle a déployé des troupes dans le cadre d’une mission de maintien de la paix approuvée par les Nations unies pour aider à mettre fin à la guerre civile dans le pays. Depuis lors, la présence militaire française a évolué pour se concentrer sur le soutien aux forces armées ivoiriennes dans leurs efforts pour maintenir la sécurité et la stabilité dans la région.

La présence militaire française en Côte d’Ivoire comprend un peu plus de 900 soldats, ainsi que des avions militaires et d’autres équipements. Ces troupes sont principalement chargées du soutien logistique, de la collecte de renseignements et de la coordination avec les partenaires régionaux.

En plus de sa présence militaire, la France a conclu un accord de coopération militaire de longue date avec la Côte d’Ivoire, qui comprend la formation et le soutien en équipement des forces armées ivoiriennes. Cette coopération est considérée comme importante pour promouvoir la sécurité et la stabilité régionales, ainsi que pour soutenir les efforts de la Côte d’Ivoire dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

La présence militaire française en Côte d’Ivoire a été controversée par le passé, certains critiques estimant qu’elle représente une approche néocoloniale.

Gabon

La France maintient une présence militaire au Gabon, principalement par le biais de sa base militaire, le Camp de Gaulle, située dans la capitale, Libreville. La présence militaire française au Gabon vise à soutenir la sécurité et la stabilité régionales en Afrique centrale.

Le Camp de Gaulle abrite environ 450 soldats français, ainsi que des avions militaires et d’autres équipements. La base accueille également d’autres forces militaires internationales, dont le personnel militaire américain et d’autres partenaires de la coalition.

La présence militaire française au Gabon est principalement axée sur le soutien aux efforts régionaux de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme, y compris la lutte contre Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad. L’armée française fournit des formations, des équipements et un soutien en matière de renseignement aux partenaires régionaux, y compris les forces armées gabonaises et d’autres missions de maintien de la paix de l’Union africaine.

En plus de sa présence militaire, la France a un accord de coopération militaire de longue date avec le Gabon, qui comprend la formation et le soutien en équipement des forces armées gabonaises.

La base militaire gabonaise sert également de plate-forme logistique aux forces françaises engagées dans des opérations en Afrique centrale.

Le Gabon est également la base du reste du contingent militaire français qui a quitté la RCA en décembre dernier.

Cameroun

Yaoundé et Paris entretiennent une coopération militaire depuis plus d’un demi-siècle. Elle se manifeste par le biais d’un échange de renseignements, des formations en faveur des forces spéciales et l’octroi de matériel militaire divers.

La France maintient une présence militaire au Cameroun, principalement par le biais de son quartier général militaire régional dans la capitale, Yaoundé. La présence militaire française vise à soutenir les efforts régionaux de lutte contre le terrorisme, en particulier dans la région du bassin du lac Tchad, à former l’armée camerounaise au déminage, notamment à Ngaoundéré dans l’Adamaoua.

Dans le cadre de la coopération et du partenariat, la gendarmerie nationale française aide son homologue camerounais à « renforcer la capacité logistique et opérationnelle des unités engagées lors des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre”.

Guinée

La France maintient une présence militaire en Guinée, principalement par le biais de son quartier général militaire régional dans la capitale, Conakry.

Selon le dernier rapport de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, le maintien des bases françaises prépositionnées dans le golfe de Guinée permettrait de “mener des opérations lourdes dans l’urgence”.

Perspectives

Les mercenaires russes poussent la France vers la sortie, et la propagande du groupe Wagner a une cible claire : Paris.

Les 47 derniers militaires français de la mission logistique (MISLOG-B) ont décollé de l’aéroport de Bangui fin décembre, à bord d’un avion-cargo C130. L’essentiel des 130 militaires qui composaient le contingent avait quitté la Centrafrique les précédentes semaines, a précisé l’armée française.

Selon les plans du gouvernement français, le nombre de soldats au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon devrait être réduit de manière drastique, avec un maximum de 300 soldats par base à l’avenir.

Les bases d’Afrique de l’Ouest continueront à remplir leurs fonctions, mais leur rôle sera réduit au soutien des académies militaires nouvellement créées pour former les forces armées locales.

Le Tchad, le Niger et Djibouti ne seront pas affectés par la réduction des effectifs à ce stade.

Les projets de Macron de réduire le financement des opérations extérieures, ainsi que les réaffectations budgétaires au détriment des forces terrestres, ont irrité les généraux français et provoqué un risque de tension politique intérieure. Cependant, malgré la décision de l’administration française de se concentrer sur les instruments économiques, l’influence continue de l’armée française sur la politique africaine ne peut être ignorée. Dans un avenir proche, le gouvernement français s’efforcera de reformater sa présence militaire en travaillant soigneusement avec les troupes locales afin d’entretenir un corps d’officiers loyaux.

Le gouvernement français va laisser le “sale boulot” contre les islamistes aux armées nationales et aux acteurs étrangers qui souhaitent accroître leur influence en Afrique, et financer le coût de la guerre en Ukraine.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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