Publié par Drieu Godefridi le 19 mars 2023

Il existe un consensus académique assez général sur le fait qu’en moyenne les gens de droite tendent à être plus heureux que les gens de gauche ou, pour le dire à la façon de nos amis américains, ‘Conservatives Are Happier Than Liberals’. Une nouvelle étude vient d’être publiée, aux États-Unis, qui atteste que les jeunes de gauche (‘liberals’) sont nettement moins épanouis que les jeunes sympathisants Républicains.

Écartons d’emblée la difficulté sémantique : par ‘libéral‘, en anglais américain, on désigne aujourd’hui la gauche, et même la gauche radicale (le centre-gauche étant simplement désigné par le vocable politique partisan Democrat.) Ces ‘liberals’ moins heureux sont donc l’équivalent de notre gauche écologiste GROEN, et communiste PVDA.

Plusieurs facteurs sont invoqués pour expliquer ce différentiel de bonheur, parmi lesquels le fait que les gens de droite vivent moins l’existence d’inégalités sur le mode de la souffrance. Tandis qu’aux gens de gauche, l’existence même d’inégalités réelles est synonyme de souffrance, une souffrance disons métaphysique, principielle et sans rémission. Il est également stipulé que les ‘conservateurs’ sont plus capables d’adaptation positive et que leur santé mentale est globalement meilleure.

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Cette explication par le rapport aux inégalités paraît globalement exacte, mais elle est insuffisante. Après tout, les inégalités réelles sont inhérentes à toute société humaine. Dès lors, comment expliquer que les jeunes de gauche soient plus malheureux que leurs aînés ? Il semble que le facteur déterminant est ce que je nommerais l’inadéquation idéologique au réel.

Tous, nous sommes animés par une vision du monde, une Weltanschauung. Des idées, idéaux. Des valeurs. Les gens de droite privilégient les liens familiaux, se réalisent par le travail, trouvent une forme de satisfaction dans la foi, tout du moins se font une conception non relativiste de la morale. Ils aimeraient payer moins d’impôt, ou secouer le joug de régulations asphyxiantes. Mais ils sont capables de creuser leur chemin vers une forme d’existence qui reste en rapport, fût-ce lointain, avec leurs aspirations.

À gauche, c’est différent. La dérive extrémiste de la gauche occidentale contemporaine est si forte que leur idéal se trouve désormais hors de portée. Quand les contradictions dont cet idéal est hérissé ne le rendent pas tout simplement et littéralement inconcevable.

Le grand soir des écologistes, par exemple, est une humanité réduite à quelques millions d’individus (Hans Jonas, Paul R. Ehrlich), pour préserver ‘Gaïa’. Que fait-on des 7 milliards d’humains excédentaires ? La décroissance, soit, mais qui fera-t-on mourir en premier ? Quand l’homme se fixe un objectif, par définition il souhaite s’en approcher. L’objectif, l’horizon ultime de la gauche contemporaine, est si déréalisé, qu’il est impossible de ne serait-ce que s’engager rationnellement dans sa direction.

Au fond, je ne pense pas que le fait d’être de gauche ou de droite condamne, en soi, à être plus ou moins heureux. Que l’on soit de droite ou de gauche, selon les époques, il me semble que le facteur décisif est la dissociation idéologique. Lorsque l’on se fixe un idéal qui est inaccessible, dans ce monde ni aucun autre, ou qu’on ne peut s’approcher de cet idéal que par un grand carnage que par ailleurs on ne souhaite pas, il ne faut pas être grand clerc pour se figurer que cet être dolent au monde ne promet aucune félicité ni contentement . Sinon dans la punition, fût-elle symbolique, des plus heureux que soi.

La culture de la victimisation paraît un symptôme, parmi d’autres, de la radicalisation idéologique de la gauche contemporaine, et sa dissociation du réel. Selon la gauche contemporaine, on est victime du seul fait de son existence, quels que soient les actes que l’on pose ou qui sont posés à notre égard. Par exemple, l’Américain noir apparaît selon la Critical Race Theory comme victime d’un système de droit qui reste, en 2023, ‘white supremacist’ dans chacune de ses catégories et représentations. Cela, quel que soit son statut social, et peu importe ses réalisations. Même s’il est médecin, artiste, politique ou athlète au plus haut niveau. Ce retour en force de l’essentialisme, dans sa version la plus naïve et haineuse, enferme les individus dans leur épiderme.

Selon le wokisme, toute injustice — définie comme inégalité réelle, quelle qu’en soit le motif, seul importe le résultat — est insupportable en soi. Mais alors, c’est évidemment le concept même de société humaine qui devient insupportable, car l’inégalité lui est inhérente. Aussi vrai que Paul mesure 1,90cm, Jeroen 1,70cm, que le QI du premier est de 100, celui du second de 120, que la famille de Paul est riche, celle de Jeroen plus modeste, que Paul est faible de volonté, alors que Jeroen est volontariste, que Paul est marié à une formidable beauté, tandis que Jeroen est encore célibataire, etc. Même si l’on peut, à certains égards, s’en approcher, la vérité est que l’égalité réelle est inconcevable.

Y a-t-il un remède quelconque au mal-être de plus en plus envahissant et pesant, quand il n’est pas menaçant, des gens de gauche ? 

Je ne le crois pas. Vous ne demandez pas à des gens aussi profondément engagés dans la radicalisation idéologique extrémiste que Frans Timmermans de la Commission européenne ou les écologistes belges délirants, par exemple, de se modérer. Rien que l’idée leur est une injure. ‘La Planète brûle’, et vous recommandez la modération, how dare you ? Au-delà d’un certain degré de radicalité, une idéologie ne se réforme jamais d’elle-même. Elle se fracasse sur les récifs du réel. Il en ira de l’écologisme contemporain, et du wokisme, deux songes totalitaires, comme il en a été du communisme et du national-socialisme. Mais que de dégâts, et combien de souffrances, dans l’intervalle.

Que tout ceci ne vous empêche pas d’exploiter heureusement votre journée !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Drieu Godefridi pour Dreuz.info.

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