Publié par Mauricette le 30 mars 2023

Source : Boulevard Voltaire

L’octave pascale, c’est à dire les huit jours suivant Pâques, ne date pas d’hier.

C’est l’empereur Constantin, au IVe siècle, qui l’a introduite dans la liturgie catholique : il s’agit, dans la messe quotidienne, d’y « raviver l’événement du dimanche de Pâques ». Par des chants et des textes repris de Pâques, on entend « rappeler que la Résurrection se prolonge par-delà la fête pascale », peut-on lire sur le site de l’Église catholique en France. Durant cette période, « les nouveaux baptisés de la nuit pascale portent leur vêtement blanc »

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Cette année, le jeudi de l’octave de Pâques sera un peu particulier en l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Lille, le curé y accueillant pour la deuxième année consécutive… « l’iftar sous les étoiles ». Cette rupture du jeûne du ramadan (selon la définition que donne le Larousse de l’iftar) fait partie de la « scène nomade le temps d’une lune » imaginée par l’association (dûment soutenue et subventionnée par les deniers publics) Attacafa (culture, en arabe) qui, depuis 1984, se fait fort de « créoliser les lieux culturels de la région et de la métropole [lilloise] pour lutter contre toutes les formes d’ethnocentrisme ». Chapeau, l’artiste. Célébrer la rupture du jeûne du ramadan dans une église, il fallait oser. La présentation lénifiante, aussi enrobée de sucre que les pâtisseries associées dans l’imaginaire collectif à l’événement, vise, de toute évidence, à éteindre les préventions des plus réfractaires : « Ce festival vous propose, à travers une programmation désacralisée, de prendre part à ce temps de partage, de fête et de tolérance, car c’est aussi le sens de ce mois particulier. » 

Pour la modique somme de 10 € (tarif plein), et sur réservation, on pourra démarrer la soirée du 13 avril en écoutant le concert de chanteurs et musiciens turcs Gülay Hacer Toruk et Fawaz Baker. Puis, à compter de 20 h 41, si l’on en croit le site Allevents et Lille Actu« les membres de l’association “Les femmes turques du Nord” prépareront le repas ! »

Du côté du diocèse, on tend à minimiser l’événement et à tenir ses distances : selon la responsable communication contactée par Boulevard Voltaire, il ne faut voir dans cet accueil qu’une « initiative de la paroisse et non du diocèse » pour « vivre en amitié avec nos frères musulmans ». Et point de repas, en tout cas sur place. Le curé n’aurait prêté son église « “que” pour le concert, comme il le fait pour des concerts laïcs dans la mesure du respect de ce lieu consacré, pas pour le banquet. A priori le banquet se fera hors de l’église », affirme-t-on à Boulevard Voltaire. Les sites annonçant l’iftar laissent pourtant imaginer le contraire, ne donnant aucun autre lieu de rendez-vous à l’issue du concert. 

Peut-être le curé de Saint-Pierre-Saint-Paul et l’association Attacafa ont-ils trouvé leur inspiration non loin de là, de l’autre côté de la frontière, à Molenbeek ? En juin 2016, selon le site Saphir News, un repas géant de rupture de jeûne (iftar) avait été organisé à l’église Saint-Jean-Baptiste. 600 personnes avaient répondu présent « pour partager un repas préparé principalement par des bénévoles des mosquées et des associations musulmanes de la commune » : « Un geste fraternel, qui [n’était] rien de plus que le signe des bonnes relations […] nouées avec le temps entre chrétiens et musulmans. » Relations quelque peu refroidies, on en conviendra, par les attentats du 22 mars à Bruxelles et les multiples reportages édifiants sur cette ville qui avaient suivi. 

Peut-être, qui sait, l’initiative lilloise vise-t-elle, aussi, à redorer le blason de Wazemmes – quartier populaire de Lille où est sise l’église Saint-Pierre-Saint-Paul. La réputation de ce quartier avait été passablement écornée en 2016 par une lettre ouverte au vitriol d’un chercheur du CNRS, Philippe Froguel – pourtant ancien sympathisant de gauche -, à Martine Aubry : selon ce spécialiste du diabète, les classes moyennes et les étudiants avaient fui le quartier car les conditions de vie y étaient devenues très pénibles, notamment en raison « d’une régression communautaire ». Il avait donné pour illustration « le calvaire » vécu par les femmes de son laboratoire, objets des « manifestations méprisantes des islamistes de tous poils »

Ce geste d’amitié (réitéré) va-t-il désarmer « les islamistes de tous poils », dont on ne peut douter, sept ans plus tard, de la présence, soit résiduelle (si on est optimiste), soit exponentielle (si on ne l’est pas)… ou bien être pris par eux comme une immense victoire symbolique ?

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