
Les manifestations contre la réforme des retraites se poursuivent en France.
Après le recours du gouvernement à l’article 49, Alinéa 3 de la Constitution de la Cinquième République, qui engage la responsabilité du gouvernement et a permis que la loi de réforme soit adoptée de manière automatique, les manifestations ont tourné à l’émeute et au vandalisme, comme c’est souvent le cas désormais dans ce pauvre pays. Une motion de censure sera soumise au vote lundi et si, le cas échéant, elle est adoptée, elle signifiera la chute du gouvernement. Quelle que soit l’évolution de la situation, la France est dans l’impasse.
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Le système de retraite français est en état de faillite. Les sommes consacrées à la redistribution représentent plus de trente pour cent du budget, et celui-ci est en très net déficit depuis des années, ce qui signifie que l’endettement du pays explose. Le déficit du commerce extérieur explose aussi. L’inflation galope et le niveau de vie de la population baisse nettement, ce qui touche de manière grave les plus pauvres. Les vols dans les supermarchés montent en puissance et ceux qui volent le font souvent pour se nourrir et nourrir leur famille. Les recours aux Restaurants du cœur et au Secours Populaire sont de plus en plus nombreux.
La France a les prélèvements obligatoires les plus élevés du monde développé (44,3%), et elle a aussi les dépenses publiques les plus élevées (57, 6%) du monde développé. Accroitre encore les prélèvements obligatoires serait détruire le pays plus vite encore, et accroitre les dépenses publiques aboutirait au même résultat. Baisser les prélèvements obligatoires sans baisser les dépenses publiques serait impensable, et baisser les dépenses publiques impliquerait de couper dans la redistribution, ce qui qui accroitrait l’ampleur des émeutes.
Aucun parti politique n’ose dire la vérité sur l’état réel du pays et aucun n’ose dire que la réforme des retraites voulue par Macron est un simple rafistolage très provisoire qui pourrait ressembler à une rustine supplémentaire sur une chambre à air usée qui fuit de toutes parts. Ce qui reste de la droite française, si elle accédait au pouvoir, ne pourrait que proposer des rafistolages et des rustines. La gauche, elle, dit, de manière scandaleusement démagogique qu’il n’y a pas de problème majeur, et dissémine l’aveuglement et l’analphabétisme économique. Le Rassemblement National fait peu ou prou la même chose que la gauche, et a même dans son programme un retour à la retraite à soixante ans.
J’ai écrit il y a deux décennies un livre appelé Un goût de cendres, titre dont le sous-titre était : France, fin de parcours ? Si je le republiais aujourd’hui, je pourrais enlever le point d’interrogation.
J’ai publié il y a sept ans un autre livre qui expliquait que la situation s’aggravait et que les économistes qui parlaient d’économie en France étaient le plus souvent nuls. Je l’avais appelé Voici revenu le temps des imposteurs. La situation s’est encore aggravée depuis.
J’avais écrit avant le mouvement des gilets jaunes et avant la pandémie un troisième livre que j’avais appelé Y a-t-il quelqu’un pour sauver la France ? Le mouvement des gilets jaunes et la pandémie ont tant changé les choses que j’ai renoncé à le publier et que je devrai le réécrire. Ma réponse à la question que je posais était, et reste : non, il n’y a personne pour sauver la France.
Des tendances lourdes sont en place. Les débats en France sont consternants. Tant les débats intellectuels que les débats politiques.
Parfois des journalistes et des commentateurs français pointent du doigt la réalité des problèmes, mais ne le font le plus souvent pas de manière globale et ne vont pas jusqu’à montrer ce qu’on appelle aux Etats Unis the big picture, la grande image.
Des livres et des articles paraissent quelquefois pour dénoncer le discours sur le “changement climatique”, et les mesures coûteuses, ineptes et liberticides prises en France qui en découlent, et qui conduisent plus vite encore le pays vers le déclin. Ces livres et ces articles ne changent strictement rien aux mesures qui sont prises.
Des livres et des articles paraissent et critiquent la gestion désastreuse en France de la pandémie disséminée sur la planète par la Chine communiste, et le font de manière pertinente. Ces livres et ces articles voient leurs auteurs traités de charlatans et de complotistes par des gens qui sont les vrais charlatans.
Il y a une vingtaine d’années quand je travaillais avec Alain Madelin, un homme pour qui j’ai toujours estime et amitié, nous parlions de la nécessité urgente de passer à un système de retraite par capitalisation. Vingt années sont passées. Le pays est au-delà de l’urgence, et la situation est désespérée. Et elle ne l’est pas que dans le dossier des retraites.
Plongée dans la cécité, une majorité de la population française est hostile à la réforme, disent les sondages. Il vaudrait mieux dire qu’une majorité de la population française est hostile à la réalité.
Des gens ont tenté de m’expliquer qu’un système des retraites mis en place à une époque où il y avait cinq salariés pour un retraité reste viable lorsqu’il reste 1,7 salarié pour un retraité et sera encore viable quand il y aura 1,5 ou 1,4 actif pour un retraité, et ont donc tenté de m’expliquer qu’il pouvait y avoir des cercles carrés et que deux fois deux ne font pas quatre, et en les écoutant, je me suis dit que la rationalité était sans doute chez eux en voie de disparition. Des pseudo-économistes français disent la même chose, je sais. Les pseudo-économistes en France se ramassent à la pelle.
Un fait crucial et trop ignoré se trouve parfois rappelé, en vain sans doute.
Un dossier récent du magazine Valeurs Actuelles portait sur ce fait. Le titre figurant en couverture du magazine était “ le baby krach”. Des articles dans le dossier parlaient de l’effondrement de la natalité, d’une “génération zéro enfant”, et de “l’hiver démographique français”. Un article évoquait aussi la hausse de l’immigration.
Il y a effectivement un effondrement de la natalité en France. Le chiffre fatidique est : 1,83 enfant par femme, et il est très inférieur au seuil de renouvellement des générations, 2,1 enfants par femme.
Ce chiffre, 2,1, n’a plus été atteint depuis 1975, il y a quarante-huit ans.
Il existe effectivement une génération zéro enfant, et aujourd’hui, de nombreux hommes et femmes français vivent leur vie sans le moindre projet d’enfant.
Ce qui fait que l’hiver démographique dans lequel la France se trouve n’est pas plus effroyable encore est la présence de populations immigrées dans le pays, et si les statistiques en France ne permettent pas d’établir des catégories ethniques ou religieuses, des chercheurs étrangers étudient la situation, et ont établi que les naissances dans les familles musulmanes, tout particulièrement dans les familles musulmanes arrivées récemment en France, sont plus nombreuses, ce qui signifie que le nombre d’enfants par femme musulmane est bien plus élevé que le nombre d’enfant par femme non musulmane.
Cette natalité musulmane plus forte ne peut aucunement sauver le système de retraites français, car elle ralentit le vieillissement de la population sans l’empêcher, et elle peut d’autant moins sauver le système que la population musulmane française a un capital humain moindre que la population non musulmane. Mais elle signifie autre chose, dont il est interdit de parler : le remplacement de population.
Ceux qui parlent du sujet caricaturalement, pour tourner en ridicule ceux qui en parlent de manière pertinente, soulignent qu’une population musulmane ne va pas remplacer intégralement la population française, et c’est exact, mais un remplacement partiel a des effets qu’on ne peut ignorer.
Quand une minorité représente deux ou trois pour cent d’une population, elle est peu visible. Quand elle représente quinze ou seize pour cent d’une population, c’est extrêmement différent.
Quand cette minorité a une religion très éloignée de celle de la population d’origine (qui est de toute façon de moins en moins chrétienne et n’a plus guère de repères), il y a des conséquences. Et il suffit de porter rapidement un regard sur le monde musulman pour discerner les conséquences (j’ai publié un livre sur l’islam appelé L’ombre du djihad dans lequel tout est expliqué).
La faillite du système de retraite français n’est, hélas, que la partie visible de l’iceberg qui est en train de mener la France vers le naufrage.
La situation ailleurs en Europe n’est pas meilleure.
En Italie, en Espagne, en Allemagne, elle est même pire. Et ceux qui imaginent que la Russie peut sauver la situation européenne ne connaissent visiblement rien à la Russie.
J’ai publié il y a quelques années un petit livre appelé Comment meurt une civilisation. Il reste d’actualité.
J’écris ces mots avec une infinie tristesse, mais je ne puis dire que les cercles sont carrés et que deux fois deux font cinq.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Certes la situation de la France n’est pas au mieux mais, et vous faites bien de le préciser à la fin de votre article, personne n’échappe à la crise actuelle. Vous auriez pu ajouter à votre inventaire la Grande-Bretagne qui va probablement entrer en récession.
Les Etats-Unis eux-mêmes ne sont pas épargnés. Comment en serait-il autrement avec un socialiste au pouvoir.
Nous avons une divergence sur les retraites. Je pense en effet que le système idéal doit reposer non sur une option unique (répartition ou capitalisation) mais sur 3 piliers: répartition, complémentaire, capitalisation). Le premier pilier permet que chacun, même s’il n’a pu placer son argent ou a subi un revers financier, bénéficie d’une pension. Le second encourage le travail car les points s’obtiennent en fonction des revenus. Le troisième permet d’injecter l’épargne dans l’économie.
Ce système crée ainsi un équilibre à long terme et ne laisse personne sombrer dans la grande pauvreté. La Suisse a pris ce pli et nous devrions nous en inspirer (tout en l’adaptant à chaque contexte).
Le système par répartition français n’est pas en déficit structurel: si la réforme actuelle était adoptée (c’est à dire si la France était au niveau des autres pays européens), il serait à l’équilibre dès 2030 et jusqu’en 2050 (au moins).
Enfin, il ne faut pas confondre les quelques milliers d’agités actuels et la population française. Nous avons tous nos antifas. Au plus fort de la mobilisation, il y a eu moins de 2 millions de personnes dans les rues en France alors qu’il y a 35 millions d’actifs.
Les gens approuvent le mouvement (c’est toujours le cas) mais s’y impliquent peu. On rechigne à travailler un peu plus mais, au fond, on sait que cela sera nécessaire.
La réforme de 2010 a pareillement été contestée et personne ne la remet plus en cause aujourd’hui.
Qu’il faille un filet de sécurité pour éviter la grande pauvreté est exact. Ce système peut constituer un minimum vieillesse. Cela dit, non, le système par répartition est en faillite et n’est pas même viable jusqu’en 2030. Il ne peut que coûter de plus en plus cher. Il aurait fallu le remplacer graduellement par un système par capitalisation depuis deux décennies au moins. La France va vers des déficits budgétaires majeurs et croissants, vers un endettement lui-même croissant et vers une paupérisation. Certs, les casseurs sont une minorité, mais le fait que la population désapprouve majoritairement toute réforme montre chez des millions de gens un aveuglement économique préoccupant et entretenu par quasiment tous les dirigeants politiques.
Si on institue un minimum vieillesse, il faudra bien le financer et donc, soit instituer une fiscalité spécifique, soit garder le système par répartition.
Je suis d’accord que garder uniquement la répartition n’est pas une bonne option. Non pour les raisons que vous invoquez: le COR prévoit bien que le système sera viable avec la réforme en cours le temps que la génération « baby boom » passe (on attend une augmentation des décès jusqu’à 40% d’ici 2050), mais parce que les cotisations retiennent 350 milliards dont une bonne partie pourrait être injectée dans l’économie.
Le taux de cotisation actuel est de 6,90%. Sur un salaire moyen actualisé de 1500€ sur 42 ans de cotisations, un salarié aura donc cotisé 53 000€. Avec une telle somme, il ne tient pas 4 ans. Certes, on peut objecter que l’employeur paye 8,55% mais dans un système autre que la répartition, cette cotisation obligatoire serait-elle maintenue ? Avec un tel salaire, le travailleur épargnera-t-il pour sa retraite ? On voit que pour maintenir les personnes âgées hors de la pauvreté, rien ne vaut la répartition pour les salaires bas et moyens. Ensuite, on peut moduler et encourager fiscalement les salariés, à partir de deux fois le smic, à se tourner vers la capitalisation et maintenir les régimes complémentaires (tous excédentaires) qui encouragent le travail.
C’est un équilibre à trouver.
Encore une fois, la population naturellement est contre travailler deux années de plus. Mais, finalement, elle s’y résoudrait comme lors des réformes précédentes (Balladur, Rocard, Sarkozy, Touraine,…). Un indicateur révélateur: le samedi 11 mars, il y avait moins de 1 millions de personnes dans la rue contre 7 millions devant le match de rugby Angleterre-France. Les Français rechignent, râlent, mais, au fond, en dehors des militants contestataires, ils ne sont pas si inconscients.
Cette réforme des retraites à d’autant plus de mal à passer qu’il existe dans le pays une détestation profonde de Macron dûe à son attitude lamentable depuis six ans.
Et cette détestation vient également du fait que de plus en plus de gens s’aperçoivent qu’il y a toute une catégorie de personnes, plus ou moins proche des cercles du pouvoir qui ne pâtissent absolument pas de la crise, au contraire. Et ces personnes les méprisent.
Il aurait fallu encourager la natalité, oui, mais aussi l’emploi, au lieu de dépenser sans compter pour « l’amortisseur social ».
Beaucoup de gens s’aperçoivent aussi que les fonds sociaux sont gaspillés tous azimuts et en grande quantité pour des étrangers. Cela leur devient absolument intolérable.
Macron s’est effectivement conduit de manière détestable à de nombreuses reprises. Les gens qui ont des capitaux et vivent à l’échelle planétaire ne sont effectivement pas confrontes aux problèmes des gens plus modestes. Il en a toujours été ainsi. Encourager l’emploi implique de rendre les entreprises compétitives et de faciliter la creation d’emplois, ce qui implique donc déréglementation et baisse des impôts et des charges. La France réglemente et impose, et fait donc l’inverse. La redistribution coûte de sommes vertigineuses qui sont loin d’aller en direction des Français et d’eux seuls. Triste situation.
Je diffère sur un point : il existe des hommes et des femmes compétents, capables et courageux pour sortir la France du déclin mais les Français n’en veulent pas. J’écoutais encore dernièrement l’excellent FX Bellamy rappeler les ravages de la perte de sens, de la confusion du « en même temps » macronien, du délitement des valeurs travail, effort, mérite. Et il y a aussi Zemmour et Marion Maréchal. Les Français ne perçoivent pas les enjeux, les menaces et l’origine de leurs maux. Ils donnent le pouvoir à des personnes abjectes et laissent leur jeunesse inculte et deresponsabilisée. Ils n’ont donné aucun suffrage à ceux qui abordent les vrais problèmes : école, dette, dépenses publiques, réglementation, laxisme, immigration.