
Depuis les premiers temps de l’Eglise, c’est au moment de la fête de Pâques que ceux et celles qui ont mûrement décidé de confier leur vie au Christ reçoivent le baptême. Ils s’y sont préparés durant les semaines qui précèdent grâce à des « catéchèses de résurrection ». Le récit du retour de Lazare à la vie en fait partie.
L’évangéliste Jean veut nous faire comprendre que ce qui arrive à Lazare (dont le vrai nom originel Eleazar signifie Dieu aide) préfigure la Passion de Jésus appelé à la gloire de la résurrection. Mais ce que Lazare a expérimenté, ce n’est pas la résurrection que connaîtront tous les amis du Christ lorsqu’arrivera la fin des temps. Le récit nous dit que Lazare est appelé par Jésus à renaître, à la demande de ses proches, car il était en situation de non-vie. Lazare mourra ensuite comme nous tous, il ne peut donc mourir deux fois au sens de la mort physique. Lorsque, à la fin, Jésus interpelle Lazare et lui dit : « Lazare, sors de là ! » ce sont toutes les situations d’enfermement mortel qui sont ici dénoncées et vaincues. Nous voyons Lazare qui apparaît finalement au seuil de la tombe, pieds et poings liés, paralysé par une situation mortifère, comme il en existe beaucoup de variantes en ce monde. C’est après l’avoir appelé à quitter cette non-vie que Jésus va le libérer par la force puissante de l’amour.
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Le retour à la vie de Lazare ne fait donc pas partie de la résurrection finale des corps, il illustre avant tout la vie nouvelle que Jésus peut nous donner en ce monde, lorsque nous sommes comme enfermés dans une impasse sans avenir. D’ailleurs, en allemand, on ne dit pas « résurrection de Lazare », on utilise l’expression erweckung = réveil de Lazare). Ce qui est logique, car une fois revenu à la vraie vie, Lazare va nécessairement connaître un jour une rupture biologique appelée mort, exactement comme nous tous, ce qui le mettra dans l’attente de la résurrection finale !
C’est pourquoi avec une immense discrétion, le récit de Jean fait disparaître Lazare à l’arrière-plan, pour que les lumières se focalisent sur Jésus, celui qui transmet la vie de Dieu, celui qui fait reculer l’influence de la mort dans nos existences. C’est tout le propos théologique du 4ème évangile. : Jésus est la résurrection et la vie.
Ce qui est mortifère dans la condition humaine nous maintient prisonniers du tombeau de la non-vie. Lorsque Jésus libère Lazare pour le ramener à la lumière c’est le rayonnement de l’amour du Père, qui est un Dieu créateur et un Dieu sauveur.
Cette scène d’évangile n’est pas éloignée de nos problèmes, elle est pleine d’humanité : c’est un drame humain comme nous en avons peut-être nous-mêmes vécu dans notre entourage, à travers des situations déprimantes. Jésus est l’ami de Lazare, il est aussi l’ami de ses deux sœurs, effondrées de voir leur frère inanimé et sans perspectives. On remarque dans ce récit l’absence de Jésus au début des événements… puis le troisième jour, Jésus est présent. Le signal de l’espérance biblique est très clair: le troisième jour est le signe de la vie plus forte que la mort. La clé de compréhension de ce récit, c’est bien la résurrection de Jésus au matin de Pâques. L’expression le 3° jour est bien connue : on la trouve déjà chez le prophète Osée, (ch. 6, v. 2). Cela signifie que le Dieu d’Israël est le Dieu des vivants.
Cette réanimation ne ressemble donc pas à celle d’un cadavre – les êtres humains connaissent toutes sortes d’états de non-vie, qui peuvent être dus à la maladie, à la perte de la conscience, aux troubles psychologiques, à la déviance morale, ou même à l’incapacité d’assumer son statut d’être humain.
C’est vrai, une situation humaine peut devenir une véritable tombe, avec tout ce qui obstrue définitivement la lumière et l’horizon. Mal-être et perte d’espoir. Alors, face à cette impasse, Jésus opère une action de vérité : grâce à sa parole, la vie réapparaît chez Lazare. D’abord Marthe exprime à la fois de la douleur, des reproches et finalement de la confiance envers Jésus. Mais on a l’impression qu’au fond, elle doutait que son frère puisse être délivré de son état d’inertie Nous doutons, nous aussi, à certains moments; nous sommes parfois si pessimistes avec nous-mêmes ou avec nos proches que nous ne sommes pas disposés à redonner toutes ses chances à la vie…Mais Jésus est là: sa parole remet en mouvement ce qui bloque la progression de la vie. Et il lève les yeux vers le ciel, vers la source invisible de celui qui nous fait avancer dans l’existence. Lazare, sors! Déliez-le et laissez-le aller! Ce dynamisme vital était devenu inerte chez Lazare : Jésus le libère de ces liens étouffants qui l’empêchaient de vivre pleinement. On retrouve ici la phrase célèbre de Dieu qui s’adressait à Abraham pour l’inviter à quitter une situation sans issue pour une autre, bien meilleure, qui s’annonce : « va ! et c’est pour ton bien ».
Ne sommes-nous pas nous-mêmes comme Lazare ligotés par des situations qui stérilisent tout progrès de notre part ? Combien d’êtres humains pétrifiés et immobiles, devenus sans cœur et sans âme, pourraient aujourd’hui être remis debout par la Parole proclamée par Jésus ? Mais s’il y a des Lazare individuels, il y a aussi des Lazare collectifs…Des situations de personnes et de populations qui dépérissent sont nombreuses de par le monde … malgré les efforts de solidarité, malgré l’entraide et les appels à revivre, il subsiste tant de peuples enfermés dans des impasses inhumaines.
Il est clair que cette action recréatrice de Jésus, faite de compassion et de transmission de la vie de Dieu, c’est à nous de la poursuivre sous toutes ses formes. D’abord en nous-mêmes, en laissant la Parole de Dieu revivifier ce qui s’est anémié en nous. Afin de nous rendre capables de nous prendre en charge, mais aussi dans le but d’aider les autres à se mettre en mouvement, à s’assumer et ainsi à être des hommes et des femmes debout.
Quand nous le pouvons, n’hésitons pas à accompagner – au nom de Jésus – des personnes dans leur sortie des ténèbres, pour retrouver le soleil de Dieu :
cette lumière d‘en haut, chaleureuse et bénéfique qui touche les êtres du monde entier lorsqu’il y a compassion et partage.
Avec le Christ sauveur, en restant attentifs à tous les blocages de vie, nous contribuerons à transmettre les bénédictions d’un Dieu qui est Amour à ceux et celles qui les attendent, et ce sera dans leur vie une véritable résurrection !.
Amen
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Pour moi, l’aventure de Lazare est une parabole qui incite à la lutte pour la vie. En effet, Lazare est mort de maladie et ses proches disent à Jésus ce qu’ils auraient dit à un médecin: « si tu avais été là, il ne serait pas mort ». Jésus montre qu’il ne faut pas baisser les bras face à la maladie, que ce soit pour soulager, guérir ou sauver de la mort.
Jésus a rendu la vue aux aveugles et on met actuellement des techniques au point (thérapie génique, rétines artificielles,…) qui, à termes permettront de passer d’une guérison partielle à la fin de la cécité.
Jésus a ressuscité Lazare comme on fait revenir à la vie chaque jour des patients qu’on croyait perdu ou qui, il y a quelques décennies, n’auraient pu être sauvés.
Jésus nous amène à croire en nous et à respecter la vie en la préservant.
Il est l’ami de la raison et de la science.
« Jésus a ressuscité Lazare comme on fait revenir à la vie chaque jour des patients »
En effet c’est tous les jours que des médecins se rendent au cimetière pour dirent à des morts ficelés de sortir seul d’un tombeau…!?
La science d’aujourd’hui a ses raisons que Jésus n’avait pas à l’époque…
Idem pour les amis de Daniel sortis indemnes de la fournaise…
Sans parler de la multiplication de la 🥖 française…
Marcher sur les eaux ! Même pas en rêve…
Vous prenez les Ecritures à la lettre ? J’espère que vous ne faites pas de même avec les fables de La Fontaine !
Les Ecritures parlent pour le contexte où elles commencent à être diffusées et pour les temps qui suivront. Il nous faut comprendre (et les discussions permettent non pas de convaincre mais de constamment reformuler les questions) le sens des paraboles pour notre propre contexte.
Dans le contexte de Jésus, un antibiotique, une opération de l’appendicite ou même un massage cardiaque eussent passé pour des miracles. On ne demande pas à un mort de sortir du tombeau mais, aux urgences, on supplie chaque jour au patient mourant « restez avec nous ! », « battez-vous ! » et cela, avec les soins appropriés, marche bien souvent et lui évite le tombeau.
Quant à marcher sur l’eau, il y a longtemps que ce n’est plus un miracle, on fait bien mieux: on navigue sous l’eau, on vole jusqu’au delà de la stratosphère,…
C’est pourquoi je nie l’existence de miracles. Ceux des Ecritures sont des paraboles et ceux qu’on nomme ainsi aujourd’hui ne résistent pas à un examen rationnel.
Dieu n’a pas créé les lois naturelles pour s’en affranchir selon Ses caprices.
En effet c’est un miracle que je paie pour commenter sur ce site dit chrétien…!
Selon moi l’interpellation de Marie n’est pas une fable mais un miracle.
Idem avec l’interpellation de Paul sur le chemin de Damas.
Pour quelle raison Jésus a t’il pleuré sur Lazare ?
Par quelle logique scientifique expliquez-vous la téléportation de Philippe ?
J’ai dit plus haut que les miracles des Ecritures sont, pour moi, des paraboles. Il ne me vient donc même pas à l’esprit de tenter d’expliquer scientifiquement des paraboles mais d’essayer d’en comprendre le message pour enrichir ma foi.
Pour ce qui est de la « téléportation » de Philippe, vous énoncez là votre propre interprétation. Il s’agit pour moi d’une ellipse poétique qui montre Philippe annonçant la Bonne Nouvelle après avoir été « enveloppé par l’Esprit du Seigneur » c’est à dire, à mon sens, missionné pour propager le message du Christ.
Il faut arrêter de prendre les apôtres pour des Avengers !
Par contre, oui, les « miracles » hors Ecritures n’échappent pas à une analyse rationnelle. D’ailleurs, au fur et mesure qu’avance la science, les miracles reconnus par l’Eglise diminuent. Ces « miracles » sont bien souvent politiques, comme ceux qui ont conduit à la canonisation de Jean-Paul II répondant à l’injonction populaire « Santo Subito ! ».
Encore une fois, Dieu n’a pas créé les lois de la nature à la légère. S’il peut en disposer arbitrairement, la science devient inutile: il suffit de s’en remettre à Dieu en tout et pour tout. Ce serait dès lors nier le libre arbitre.
Vu le côté éphémère de notre vie sur terre croyez-vous à l’éternité ?
Comme je le précise dans cette réflexion, l’appel de Jésus à Lazare pour recouvrer la vie subitement stoppée ne consiste pas en une performance médicale transposée en « miracle ». C’est au sens de la guérison de l’âme et du corps (considérés dans le judaïsme comme unis) qu’il faut comprendre ce récit symbolique.
Dieu fait revivre ce qui était mort en nous et nous rendait inerte de coeur et d’esprit.
Ce n’est pas la guérison physiologique dont il est question ici. Guérisons et exorcismes sont toujours associés à l’époque.
Je rejoins votre interprétation. L’âme et le corps sont « comme un couple de chevaux attelés au même timon ». Il convient donc de soigner les deux par respect pour la vie, qu’elle soit de ce monde ou éternelle (sous une forme que nous ne pouvons concevoir).