Publié par Abbé Alain René Arbez le 25 mars 2023

Depuis les premiers temps de l’Eglise, c’est au moment de la fête de Pâques que ceux et celles qui ont mûrement décidé de confier leur vie au Christ reçoivent le baptême. Ils s’y sont préparés durant les semaines qui précèdent grâce à des « catéchèses de résurrection ». Le récit du retour de Lazare à la vie en fait partie.

L’évangéliste Jean veut nous faire comprendre que ce qui arrive à Lazare (dont le vrai nom originel Eleazar signifie Dieu aide) préfigure la Passion de Jésus appelé à la gloire de la résurrection. Mais ce que Lazare a expérimenté, ce n’est pas la résurrection que connaîtront tous les amis du Christ lorsqu’arrivera la fin des temps. Le récit nous dit que Lazare est appelé par Jésus à renaître, à la demande de ses proches, car il était en situation de non-vie. Lazare mourra ensuite comme nous tous, il ne peut donc mourir deux fois au sens de la mort physique. Lorsque, à la fin, Jésus interpelle Lazare et lui dit : « Lazare, sors de là ! » ce sont toutes les situations d’enfermement mortel qui sont ici dénoncées et vaincues. Nous  voyons Lazare qui apparaît finalement au seuil de la tombe, pieds et poings liés, paralysé par une situation mortifère, comme il en existe beaucoup de variantes en ce monde. C’est après l’avoir appelé à quitter cette non-vie que Jésus va le libérer par la force puissante de l’amour.

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Le retour à la vie de Lazare ne fait donc pas partie de la résurrection finale des corps, il illustre avant tout la vie nouvelle que Jésus peut nous donner en ce monde, lorsque nous sommes comme enfermés dans une impasse sans avenir. D’ailleurs, en allemand, on ne dit pas « résurrection de Lazare », on utilise l’expression  erweckung = réveil de Lazare). Ce qui est logique, car une fois revenu à la vraie vie, Lazare va nécessairement connaître un jour une rupture biologique appelée mort, exactement comme nous tous, ce qui le mettra dans l’attente de la résurrection finale !

C’est pourquoi avec une immense discrétion, le récit de Jean fait disparaître Lazare à l’arrière-plan, pour que les lumières se focalisent sur Jésus, celui qui transmet la vie de Dieu, celui qui fait reculer l’influence de la mort dans nos existences. C’est tout le propos théologique du 4ème évangile. : Jésus est la résurrection et la vie.  

Ce qui est mortifère dans la condition humaine nous maintient prisonniers du tombeau de la non-vie. Lorsque Jésus libère Lazare pour le ramener à la lumière c’est le rayonnement de l’amour du Père, qui est un Dieu créateur et un Dieu sauveur.

Cette scène d’évangile n’est pas éloignée de nos problèmes, elle est pleine d’humanité : c’est un drame humain comme nous en avons peut-être nous-mêmes vécu dans notre entourage, à travers des situations déprimantes. Jésus est l’ami de Lazare, il est aussi l’ami de ses deux sœurs, effondrées de voir leur frère inanimé et sans perspectives. On remarque dans ce récit l’absence de Jésus au début des événements… puis le troisième jour, Jésus est présent. Le signal de l’espérance biblique est très clair: le troisième jour est le signe de la vie plus forte que la mort. La clé de compréhension de ce récit, c’est bien la résurrection de Jésus au matin de Pâques. L’expression le 3° jour est bien connue : on la trouve déjà chez le prophète Osée, (ch. 6, v. 2). Cela signifie que le Dieu d’Israël est le Dieu des vivants. 

Cette réanimation ne ressemble donc pas à celle d’un cadavre – les êtres humains connaissent toutes sortes d’états de non-vie, qui peuvent être dus à la maladie, à la perte de la conscience, aux troubles psychologiques, à la déviance morale, ou même à l’incapacité d’assumer son statut d’être humain.

C’est vrai, une situation humaine peut devenir une véritable tombe, avec tout ce qui obstrue définitivement la lumière et l’horizon. Mal-être et perte d’espoir. Alors, face à cette impasse, Jésus opère une action de vérité : grâce à sa parole, la vie réapparaît chez Lazare. D’abord Marthe exprime à la fois de la douleur, des reproches et finalement de la confiance envers Jésus. Mais on a l’impression qu’au fond, elle doutait que son frère puisse être délivré de son état d’inertie Nous doutons, nous aussi, à certains moments; nous sommes parfois si pessimistes avec nous-mêmes ou avec nos proches que nous ne sommes pas disposés à redonner toutes ses chances à la vie…Mais Jésus est là: sa parole remet en mouvement ce qui bloque la progression de la vie. Et il lève les yeux vers le ciel, vers la source invisible de celui qui nous fait avancer dans l’existence. Lazare, sors! Déliez-le et laissez-le aller! Ce dynamisme vital était devenu inerte chez Lazare : Jésus le libère de ces liens étouffants qui l’empêchaient de vivre pleinement. On retrouve ici la phrase célèbre de Dieu qui s’adressait à Abraham pour l’inviter à quitter une situation sans issue pour une autre, bien meilleure, qui s’annonce : « va ! et c’est pour ton bien ».

Ne sommes-nous pas nous-mêmes comme Lazare ligotés par des situations qui stérilisent tout progrès de notre part ? Combien d’êtres humains pétrifiés et immobiles, devenus sans cœur et sans âme, pourraient aujourd’hui être remis debout par la Parole proclamée par Jésus ? Mais s’il y a des Lazare individuels, il y a aussi des Lazare collectifs…Des situations de personnes et de populations qui dépérissent sont nombreuses de par le monde … malgré les efforts de solidarité, malgré l’entraide et les appels à revivre, il subsiste tant de peuples enfermés dans des impasses inhumaines.

Il est clair que cette action recréatrice de Jésus, faite de compassion et de transmission de la vie de Dieu, c’est à nous de la poursuivre sous toutes ses formes. D’abord en nous-mêmes, en laissant la Parole de Dieu revivifier ce qui s’est anémié en nous. Afin de nous rendre capables de nous prendre en charge, mais aussi dans le but d’aider les autres à se mettre en mouvement, à s’assumer et ainsi à être des hommes et des femmes debout.

Quand nous le pouvons, n’hésitons pas à accompagner – au nom de Jésus – des personnes dans leur sortie des ténèbres, pour retrouver le soleil de Dieu :

cette lumière d‘en haut, chaleureuse et bénéfique qui touche les êtres du monde entier lorsqu’il y a compassion et  partage.

Avec le Christ sauveur, en restant attentifs à tous les blocages de vie, nous contribuerons à transmettre les bénédictions d’un Dieu qui est Amour  à ceux et celles qui les attendent, et ce sera dans leur vie une véritable résurrection !.

Amen

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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