Publié par Ftouh Souhail le 18 mars 2023
Les cinq raisons du rapprochement irano-saoudien, l’influence Obama, et les conséquences régionales

Dans les sables mouvants du Moyen-Orient, le jeu de pouvoir dans le Golfe se poursuit, reconfigurant les équilibres stratégiques. L’annonce de la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite vient après sept années de rupture diplomatique.

Les deux puissances rivales ont annoncé qu’elles se donnaient deux mois pour rouvrir leurs ambassades et autres représentations diplomatiques (1). L’accord, conclu sous l’égide de la Chine et avec l’aide de l’Irak et du Sultanat d’Oman, prévoit de relancer le traité de sécurité qu’elles ont conclu en 2001, relatif aux contrôles des frontières et à la lutte contre les milices (2).

Les Saoudiens voient maintenant dans la Chine un garant du nouvel accord de désescalade avec les Iraniens.

L’Iran exerce une forte influence régionale :

  • En Irak,
  • Par un appui militaire et politique au régime syrien,
  • Avec les rebelles Houthis au Yémen,
  • et le Hezbollah au Liban.

L’accord est très mauvais pour Israël et pour l’ensemble du monde libre, car il constitue un effondrement des murs défensifs régionaux.

Cet accord intervient alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait part de son espoir de parvenir à un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite (3). Mais le pays avec lequel Ryad a signé un pacte n’est pas Israël.

Cinq facteurs ont favorisé le rapprochement de Ryad et Téhéran. Ils ont un lien direct avec des politiques mal calculées, qui devraient entraîner une sérieuse remise en question à Washington.

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1— L’hésitation des Etats-Unis à réagir manu militari contre l’Iran

  • Ryad a vu Washington irrésolu dans la question iranienne. Depuis 2008, les Etats-Unis n’ont cessé de brandir la menace contre le régime des Ayatollahs, qui progresse dans son programme nucléaire. Les Saoudiens, comme les pays sunnites de la région, sont désespérés de voir une intervention américaine qui mettra à genou cet Etat idéologique et voyou.
  • Les responsables Saoudiens sont arrivés à la conclusion que Washington n’a pas sérieusement l’intention d’une confrontation avec la République islamique, qui gagne du temps.

« Ryad n’a plus confiance dans la détermination de l’administration de Joe Biden à stopper le programme nucléaire iranien » affirme le journaliste saoudien Mubarek al Atti.

« Les Etats-Unis se contentent de gérer le dossier iranien, plus que de le résoudre » a ajouté al Atti le 13 février 2023 sur Alhurra, une chaîne de télévision en arabe financée par les États-Unis.

« Il faut que le Royaume compte sur lui-même. Les Américaines ne nous ont pas aidés face à l’Iran, ils sont plutôt occupés par l’Ukraine » dit-il.

  • Dans ce contexte, un parrain américain qui refuse d’utiliser la force militaire n’est pas de grande utilité pour l’Arabie saoudite. Puisque Washington refuse de garantir la sécurité de l’Arabie Saoudite, Riyad s’est tourné vers la Chine. Et le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite est une victoire pour ce nouveau parrain du Moyen-Orient.
  • Les Etats-Unis ont décidé de réduire leur engagement militaire dans la région. Ce virage stratégique rend les riches pays arabes du Golfe plus vulnérables. Cela implique que l’Iran reçoit une quasi-carte blanche pour étaler son influence en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen. L’Arabie saoudite se retrouve encerclée par les milices iraniennes.
  • La nouvelle direction de l’Arabie Saoudite, en la personne du prince hériter Mohammed ben Salmane (MBS), ne veut plus lier le sort du Royaume à celui des Etats-Unis. De plus, Ryad s’est engagé depuis l’an dernier dans une nouvelle politique de réconciliation avec la Turquie et le Qatar.
  • Le refus des États-Unis de recourir à une action militaire contre l’Iran s’explique en partie par la concentration actuelle de l’Administration Biden sur la rivalité économique et stratégique intense avec la Chine.
  • Aux yeux des Américains, le nouveau partenariat militaire en Indo-Pacifique avec l’Australie et le Royaume-Uni – l’alliance AUKUS – est plus important que la question de l’Iran.
  • Selon le point de vue saoudien, les États-Unis ont perdu leur leadership au Moyen-Orient, ce qui a conduit au rapprochement entre Ryad et Téhéran. La confiance des alliés et des amis traditionnels des États-Unis dans les pays du Golfe sunnite est au plus bas, car ils ont abandonné tout espoir de voir les États-Unis lancer une attaque contre le programme nucléaire iranien.
  • Le paradoxe découle du fait que les États-Unis restent une grande puissance militaire et économique, mais ont perdu leur autorité morale. Ironiquement, cette perte n’a pas été causée par une féroce compétition. Est-ce que les États-Unis ont décidé de confier les clés du Moyen-Orient à la Chine ?
  • Cet accord entre l’Iran et l’Arabie Saoudite est considéré comme la réalisation d’un souhait de Barack Obama. Dans une interview publiée dans le numéro d’avril 2016 de la revue The Atlantic, qui a suscité beaucoup de réactions, Obama défend son bilan en politique étrangère et proclame que « les Saoudiens doivent partager le Moyen-Orient avec leurs adversaires iraniens ».

2- Absence de soutien militaire américain à l’Arabie Saoudite

Ryad a vu Washington s’éloigner ces dernières de ses préoccupations sécuritaires. Les Démocrates n’ont pas pris au sérieux la sécurité de la région. Le Congrès américain s’est opposé au renforcement de la relation de défense avec Ryad.

Téhéran et Ryad soutiennent des parties rivales dans plusieurs conflits de la région, notamment au Yémen. C’est surtout ici que les Saoudiens se sont sentis trahis par leur allié principal. La réduction des réapprovisionnements en armes et munitions américaines au Royaume a dégradé la confiance de Ryad envers Washington.

Les distances prises par Washington avec les Saoudiens au sujet du conflit au Yémen ont montré, du point de vue saoudien, que les Etats-Unis ne sont pas un allié digne de confiance en temps des crises (4).

Depuis 2015, l’Arabie saoudite et l’Iran se font la guerre au Yémen par tribus interposées, les Houthis étant armés et financés par l’Iran, le gouvernement d’origine étant porté et soutenu à bout de bras par l’Arabie Saoudite.

Au Congrès américain, des élus Démocrates ont d’ailleurs réussi à imposer un gel des ventes d’armement à l’Arabie saoudite.

Biden a également réduit le soutien des États-Unis à la campagne aérienne menée par l’Arabie saoudite au Yémen, en raison de l’indignation suscitée par les pertes civiles, et il a retiré les Houthis, soutenus par l’Iran, de la liste des organisations terroristes des États-Unis.

Le centre du pouvoir Américain, qui a viré à gauche avec Biden, considère que les raids aériens saoudiens au Yémen sont une violation des droits de L’Homme. Pourtant Ryad ne faisait que se défendre contre les attaques de missiles balistiques des mercenaires de l’Iran, qui ont mis le Yémen à feu et à sang.

L’intervention de la coalition menée par les Saoudiens depuis 2015 au Yémen ne visait qu’à rétablir le gouvernement légitime, chassé du pouvoir par les rebelles Houthis soutenus par l’Iran.

Alors que les forces Houthis, soutenues par Téhéran, menaçaient la frontière sud du royaume, attaquaient avec des missiles balistiques certaines grandes villes saoudiennes et les installations pétrolières d’ARAMCO (Saudi ARAMCO), les États-Unis n’ont pas réagi.

Ainsi, l’Arabie saoudite n’accorde plus sa confiance aux États-Unis comme par le passé. « Après Allah, nous avons confiance en l’Amérique », confiait le Prince saoudien Fayçal en 1963 (5).

La déception de Riyad était légitime. La relation entre les deux pays a toujours fondée sur l’échange « pétrole contre sécurité » (6). Les États-Unis, activement impliqués au Moyen-Orient depuis plusieurs décennies, avaient pour objectif principal de stabiliser la région et de promouvoir leurs propres intérêts.

Les USA ont des engagements en matière de sécurité

  • D’une part, le « pacte du Quincy » entre les deux pays couvre un ensemble de garanties sécuritaires et d’aides militaires depuis les années 1950 (7).
  • D’autre part, dans une note du 18 février 1943, qui accorde à l’Arabie saoudite la protection américaine, le Président Roosevelt mentionnait : « Par la présente, je constate que la défense de l’Arabie saoudite est vitale pour la défense des Etats-Unis » (8).
  • Le Président Jimmy Carter a énoncé en 1980 une doctrine qui porte son nom. La « doctrine Carter » dit que Washington utilisera la force militaire si nécessaire pour défendre ses intérêts vitaux dans le golfe Persique.
  • Donald Trump, pourtant bien accueilli dans le Golfe, avait érodé la confiance saoudienne. Il avait choisi de ne pas frapper l’Iran en réponse à l’attaque de drones et de missiles de septembre 2019 contre une installation pétrolière saoudienne clé. Une fois que Ryad a compris qu’il n’y aurait pas de représailles américaines, il a tendu la main à l’Iran, comprenant qu’il devait éviter un conflit qu’il ne pourrait pas combattre seul.

Mais aujourd’hui, certains systèmes d’armes que l’Arabie saoudite et les États du Conseil de Coopération du Golfe souhaitent acquérir, sont bloqués par les Américains. Les Saoudiens pourraient alors se tourner vers la Chine pour l’acquisition d’armes sophistiquées — et Pékin est susceptible de les lui vendre.

Le partenariat entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite — pétrole contre sécurité — scellé après la fin de la Seconde Guerre mondiale, n’a jamais été une alliance de cœur, mais plutôt de convenance (9).

En se tournant vers la Chine pour des pourparlers, les Saoudiens tentent peut-être de rappeler aux Américains leur alliance historique avec le royaume en matière de sécurité, tout en signalant leur mécontentement face à l’évolution de la situation au Yémen.

3— Refus de soutenir le projet nucléaire civil Saoudien

L’Arabie saoudite a demandé à plusieurs reprises, dans des discussions secrètes aux Etats-Unis, le feu vert au développement d’un programme nucléaire civil en échange de la normalisation de ses relations avec Israël. Le Congrès s’est opposé à cette demande.

Le programme nucléaire civil est l’une des nombreuses demandes présentées par Ryad lors des pourparlers avec l’administration Biden, l’année passée, selon le Wall Street Journal.

Compte tenu des craintes de l’administration Biden qu’un programme nucléaire saoudien favorise la course régionale à l’armement nucléaire, Ryad a suggéré de le développer en pleine coopération avec les États-Unis, avec une surveillance et des inspections américaines. Washington n’a pas été convaincu par cette idée.

L’Arabie saoudite subordonne la normalisation avec Israël à un développement plus important de sa relation de défense avec les États-Unis, dont un système de garanties pour empêcher les futurs gouvernements américains de se retirer unilatéralement des contrats d’armement déjà conclus.

Mais un accord de normalisation serait plus probable avec une administration américaine Républicaine, Ryad s’estimant en mesure d’obtenir davantage qu’avec un président Démocrate (10).

4— Position hostile du Parti Démocrate envers le régime saoudien et la question des droits de l’Homme

Le Parti démocrate américain et ses lobbyistes sont à blâmer pour l’accord irano-saoudien. Cet échec est directement imputable à la stratégie erronée de l’administration Biden dans la région.

Washington a passé la majeure partie des deux dernières années à mettre en œuvre des politiques qui, dans l’ensemble, ont eu pour effet de briser la confiance des Saoudiens dans la fiabilité de l’Amérique en tant que principal partenaire stratégique.

Le véritable ordre mondial se joue donc ici. La Chine profite de la préoccupation des Etats-Unis en Ukraine contre la Russie pour matérialiser son influence dans le Golfe.

Et elle n’hésitera pas une seconde à fournir une assistance militaire, drones et missiles, à l’Arabie Saoudite. Qui plus est, Pékin est prêt à fournir à Ryad un programme nucléaire civil, sans se prononcer sur les droits de l’homme.

Alors que Donald Trump a développé une relation personnelle étroite avec les dirigeants du Golfe, notamment le prince héritier Mohammed ben Salman, le dirigeant de facto du royaume, avec Biden, c’est une tout autre histoire.

Les Démocrates américains ont affiché une méfiance et un manque de patience envers l’Arabie saoudite sur l’épineuse question des droits de l’Homme.

Au Capitole, l’opposition au réchauffement des liens avec Ryad a été expliquée par le prétexte des conditions des libertés au Royaume, sans prise en considération des spécificités culturelles et des progrès enregistrés.

Le président Joe Biden a juré, pendant sa campagne, de faire du royaume un Etat « paria » à la suite du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Cette déclaration avait provoqué d’intenses frictions entre les deux pays (11).

Et peu après son entrée en fonction en janvier 2021, le 46e président des États-Unis a pris quelques mesures pour tenir cette promesse. Il a rendu public un rapport des services de renseignement qui accusait le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman d’avoir directement autorisé l’assassinat du journaliste saoudien et chroniqueur du Washington Post.

Et les protestations contre le Prince héritier MBS sont sorties des couloirs discrets de la diplomatie quand le Congrès s’est emparé du dossier de droits de l’Homme.

L’Institut de Recherche du Congrès (Congressional Research Service), chargé d’informer et de fournir des analyses aux élus a placé la question des droits de l’Homme au milieu des relations avec les dirigeants saoudiens. Cette situation a empoisonné le climat entre les deux pays (12).

Le dénigrement de l’Arabie saoudite a été stratégiquement contreproductif. (13). Et les Démocrates n’ont pas réalisé que la question des droits de l’Homme n’est plus à l’ordre du jour depuis l’effondrement du Printemps arabe.

Ils ne saisissent pas que le nouveau leadership ne tolère pas de recevoir des leçons sur leurs questions internes, contrairement à ce qui était le cas dans le passé, avec les fondateurs du royaume.

On se rappelle, par exemple, que grâce aux conseils des présidents Eisenhower et Kennedy le roi saoudien de l’époque a été amené à abolir formellement l’esclavage dans le royaume.

Le très influent prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, est en première ligne pour succéder à son père.

5— La nouvelle politique énergétique US et la question du prix du pétrole mondial

Ces dernières années, le désengagement américain du Moyen-Orient est matérialisé par la réduction de la consommation du pétrole saoudien aux Etats-Unis. (14).

Les États-Unis ont choisi l’autosuffisance énergétique. En 2017, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur de pétrole du monde, dépassant l’Arabie Saoudite (15).

Ce tournant historique de l’équation pétrolière américaine a redessiné la carte mondiale de l’énergie. Il résulte principalement de l’exploitation nouvelle des pétroles de schiste dans le Dakota du Nord, la Californie et la Pennsylvanie.

Cette indépendance nouvelle à l’égard de l’Arabie Saoudite a eu d’importantes conséquences géopolitiques.

La situation a fait chuter le volume des échanges commerciaux entre les Saoudiens et les Etats-Unis, et en contrepartie, on a assisté à une augmentation du volume des échanges entre Ryad et Pékin. Le volume des échanges avec la Chine et les pays du Golfe a atteint 120 milliards de dollars en 2022. Près de 36 % du pétrole importé en Chine aujourd’hui provient d’Arabie Saoudite.

La question du Prix du pétrole sur la scène mondiale est un autre élément du différend entre Ryad et Washington (16).

  • Les Etats-Unis ont reproché aux Saoudiens de fournir de l’aide à la Russie, en ayant décidé, avec l’OPEP+ en octobre 2022, de réduire la production, et de ce fait, de soutenir les prix du brut.
  • Riyad s’est défend de toute connivence politique avec Moscou et a parlé de décision « purement économique ».
  • Les responsables américains ont accusé Ryad, dans des termes rarement aussi peu diplomatiques, d’avoir pesé de tout son poids au sein de l’OPEP+ en faveur d’une réduction des quotas de production de pétrole en pleine crise de l’énergie.
  • Les Etats-Unis ont ensuite averti qu’il y aurait des « conséquences » à la décision de l’OPEP+.

Conclusion

Les politiques des Démocrates ne rendent pas les liens avec les Etats-Unis particulièrement attrayant pour les États du Golfe. Lorsque l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis regardent cette administration américaine Démocrate, ils se disent que rien de bon n’en sortira. L’ombre néfaste d’Obama est partout.

Il était clair, dès le début de l’Administration Biden, qu’il y aurait une déconnexion diplomatique avec les Saoudiens. Les Démocrates ont poussé les Saoudiens. Quelles options leur restaient-ils ? Ils n’avaient pas d’autre choix que de se rapprocher de Téhéran, et de la Chine.

Pour l’heure, cette normalisation consacre la victoire de la Chine, qui fait une entrée remarquée sur la scène diplomatique régionale. C’est aussi un succès pour l’Iran, puisque l’accord pourrait empêcher son isolement par le gel du processus de normalisation arabo-israélien.

Et le rapprochement des relations ne met pas un terme aux ambitions nucléaires de l’Iran.

Il est peu probable que l’Iran renonce à ses actions déstabilisatrices. Personne ne s’attend à ce que l’Iran devienne un acteur inoffensif. Personne ne s’attend à ce que Téhéran arrête les opérations extérieures des Gardiens de la révolution.

Personne ne s’attend non plus à ce que le rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran perdure, car les Saoudiens et les Iraniens vont devoir surmonter leurs profondes divergences idéologiques. Pour l’heure, aucun expert ne sait dire jusqu’où ira réellement ce rapprochement.

Après des dizaines d’années de concurrence parfois violente, illustrée au Yémen par des dizaines de milliers de morts, l’apaisement des tensions au Yémen reste une condition préalable des Saoudiens au dégel diplomatique avec Téhéran. Mais l’Iran n’abandonnera pas le Hezbollah au Liban, ni les rebelles Houthis au Yémen face au gouvernement local, appuyé par une coalition sunnite dirigée par l’Arabie Saoudite.

Le rapprochement saoudo-iranien made in China ne tiendra pas longtemps.

Les intérêts de la politique étrangère américaine requièrent de garder des relations avec cette monarchie, où se trouve le port d’attache de la cinquième flotte des États-Unis, chargée des forces navales au Moyen-Orient.

Avec des dizaines de bases et des milliers d’hommes, la présence militaire américaine reste bien supérieure à celle des Chinois.

Riyad détient toujours des centaines de milliards de dollars d’actifs américains. Boeing prévoit de vendre environ 80 des 787 Dreamliners à l’Arabie saoudite dans le cadre d’un accord d’une valeur d’environ 35 milliards de dollars.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

(1) L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite avaient rompu leurs liens en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique, à la suite de l’exécution par Ryad d’un célèbre religieux chiite, Nimr al-Nimr.

(2) Depuis avril 2021, l’Irak a accueilli une série de réunions entre responsables de la sécurité des deux puissances rivales pour tenter de rapprocher les deux pays. Le Sultanat d’Oman a accueilli des pourparlers entre les deux parties en 2022.

(3) En juillet 2022, quelques jours avant que le président américain Joe Biden n’atterrisse en Israël avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite, Netanyahu, alors chef de l’opposition, a déclaré qu’il était le seul à pouvoir donner suite aux Accords d’Abraham de 2020 et à étendre l’empreinte diplomatique d’Israël dans la région.

« J’ai l’intention de conclure des accords de paix complets avec l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes », avait-il déclaré.

(4) Les États-Unis ont reconnu l’Arabie saoudite en 1931 et signé un accord provisoire de représentation diplomatique et consulaire en 1933. La première mission diplomatique permanente entre les pays a été établie en 1940.

(5) Parker T. Hart, Saudi Arabia and the United States : Birth of a Security Partnership (Indiana University Press, 1998), p.xvii. L’ambassadeur américain Parker T. Hart raconte que, lors d’une conversation avec le Prince Fayçal en 1963, l’héritier du trône d’Arabie saoudite lui avait confié : « Depuis 1943, je considère que les intérêts de mon pays et de ma communauté sont les mêmes que ceux des États-Unis. Nous ne différons en rien de fondamental… Après Allah, nous avons confiance en l’Amérique. »

(6) Au fil des années, Washington a défendu l’Arabie saoudite, non seulement face aux visées de l’Union soviétique, mais aussi celles de l’Egypte, du Yémen et de l’Irak. Après la chute du Shah d’Iran en 1979, cet engagement a évolué davantage vers un soutien accru au régime, y compris contre les défis internes, comme celui d’Al-Qaïda. Le moment fort de cette alliance s’est réalisé en 1990-91 quand une coalition chapeautée par Washington a repoussé les menaces de Saddam Hussein après son occupation du Koweït. Les Saoudiens ont largement réglé la facture avec leurs pétrodollars.

(7) En 1945, Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, fondateur de l’État moderne de l’Arabie saoudite, et le Président Franklin Roosevelt, se sont rencontrés à bord du croiseur USS Quincy, lors du retour du président de la conférence de Yalta. La conversation à bord du navire de guerre américain aurait eu pour objectif de garantir à la monarchie saoudienne une protection militaire en échange d’un accès au pétrole.

(8) Ce n’est pas un mince avantage stratégique d’être garant de la sécurité du régime gardien des lieux saints de la Mecque et Médine. En tant que leader des États arabes, Riyad est considéré comme un acteur central dans la tentative de rallier tous les Arabes récalcitrants aux termes diplomatiques d’où pourrait résulter une paix israélo-arabe.

(9) Les Américains ont accompagné les Saoudiens dans leur développement depuis les années 1930 jusqu’au pays moderne actuel. Le tissu économique a été construit par des entreprises américaines. Des dizaines de milliers de jeunes saoudiens ont poursuivi leurs études dans des universités américaines.

(10) La normalisation avec Israël ne se fera pas du vivant du Roi saoudien Salman. Son fils, le Prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, témoigne d’une volonté plus grande de parvenir à un accord avec Jérusalem.

(11) « Nous allons leur faire payer le prix, et faire d’eux les parias qu’ils sont », avait déclaré Biden lors de sa campagne présidentielle.

(12) Si les diplomates sont prudents dans leur maniement des mots, les élus ne sont pas obligés de se borner à de telles retenues, particulièrement lors des séances publiques des commissions chargées des Affaires étrangères, de la Défense, ou des Renseignements.

(13) La plus grave crise dans les relations américano-saoudiennes correspond à l’embargo sur le pétrole en 1973-74 suite de la « guerre de Kippour », et au soutien de Washington à la défense d’Israël.

(14) Il est estimé qu’entre 12 et 15 pour cent du budget du Pentagone était consacré à la protection du transit des hydrocarbures en provenance du Golfe.

(15) L’accès facile au pétrole brut du sous-sol saoudien garantit à Riyad le rôle de « swing producer » (possédant une grande capacité de production et la capacité d’augmenter ou de diminuer rapidement l’offre, à un coût supplémentaire minime) — lui conférant encore aujourd’hui le pouvoir appréciable de contrôler rapidement l’offre mondiale, presque d’un jour à l’autre, et par conséquent le prix du baril.

(16) Il n’est pas exclu que les États-Unis soient à terme en mesure de devenir le nouveau swing producteur, et soient donc en mesure d’établir le prix international du baril. Cette pression saoudienne à la baisse sur le prix rend le coût du forage du gaz de schiste américain moins concurrentiel — pour l’instant. Une percée technologique en matière d’extraction du gaz de schiste pourrait changer la donne.

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