
Le voyage qu’Emmanuel Macron vient d’effectuer en Chine communiste a été décrit comme un fiasco par de nombreux commentateurs.
Emmanuel Macron n’a effectivement rien obtenu de la part de Xi Jinping concernant la Russie, et il était évident qu’il n’obtiendrait rien. Il était d’ailleurs difficile de savoir ce que Macron voulait obtenir, son discours n’ayant cessé de fluctuer et d’osciller entre le soutien plein et entier à l’Ukraine et l’idée qu’il faudrait des négociations pour mettre fin à la guerre.
La position chinoise a le mérite de la clarté : Xi Jinping ne veut pas que Poutine perde, et, sachant que Poutine est en grande difficulté, il entend limiter les dégâts. Il voudrait une fin de la guerre permettant à Poutine de garder des territoires ukrainiens (il dit être attaché à l’intégrité territoriale de tous les pays, mais la Russie a annexé quatre oblasts ukrainiens et les considère comme faisant partie du territoire russe) et reposant sur un traité qui assurerait un statu quo provisoire. Il ne veut pas que la guerre s’éternise, mais est néanmoins satisfait de voir qu’elle dure, car elle affaiblit les économies occidentales et diminue la quantité de matériel militaire dont leurs armées occidentales disposent. Il ne veut surtout pas d’une victoire décisive de l’Ukraine, car il sait que cela déstabiliserait la Russie et serait une victoire du monde occidental. Et il ne veut surtout pas non plus d’une victoire du monde occidental lui-même. Il a fixé des limites à Poutine en exigeant de lui qu’il n’utilise pas d’armes atomiques. Il ne livrera pas d’armes à Poutine, car il ne veut pas risquer de sanctions occidentales, mais il aidera Poutine logistiquement. Il n’entend aucunement “raisonner” Poutine. Il est, comme Poutine, un ennemi du monde occidental, dont il veut la défaite à moyen terme. Il ne veut simplement pas la défaite du monde occidental par la guerre, mais par l’affaiblissement et la soumission.
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Macron ne semble pas comprendre les paramètres de la position chinoise, ce qui est consternant. Et il est consternant qu’il ne comprenne pas que l’intérêt du monde occidental est une défaite totale de la Russie, et que toute alternative à une défaite totale de la Russie serait une victoire de la Russie. Il semble ne pas comprendre que la moindre concession à la Russie équivaudrait à accepter une victoire de la Russie et équivaudrait à exonérer la Russie de ses crimes.
Mais il y a infiniment plus grave dans les résultats de ce voyage.

Emmanuel Macron se rendait aussi en Chine en position de représentant de commerce, et il était accompagné d’entrepreneurs. Des contrats ont été signés qui vont représenter de l’argent pour des entreprises françaises, mais qui vont aussi renforcer ses liens de dépendance entre l’économie française et l’économie chinoise en un moment où la Chine cache de moins en moins ses intentions anti-occidentales et où il serait au contraire impératif pour les pays du monde occidental de diminuer, voire de casser la dépendance qui peut les lier à une puissance qui veut les soumettre.
Macron fait le contraire de ce qui devrait être fait, et par opportunisme aveugle, va plus loin dans la direction de la soumission à la Chine que l’Union Européenne et que l’administration Biden, pourtant liée à la Chine par des liens de corruption. Que des entrepreneurs soient prêts à vendre à la Chine la corde qui servira à les pendre (expression de Lénine) est une chose lamentable, qu’un président entérine en est une autre, bien plus lamentable encore.
Xi Jinping n’était pas dupe. Il savait que Macron voulait des contrats. Il savait qu’il était en position de faiblesse, et s’était fait accompagner par Ursula von der Leyen pour paraitre plus fort, sans que cela le rende effectivement plus fort.
En dictateur léniniste qui se respecte, Xi Jinping a imposé ses conditions. Il n’a strictement rien concédé, bien au contraire. Il a attendu que Macron fasse des concessions.
Et Macron a fait des concessions.
En disant que l’Europe doit chercher une “autonomie stratégique”, et en ajoutant que les Européens ne devaient pas être des ”suiveurs” des Etats-Unis, Macron a tenu des propos destinés à plaire à Xi Jinping, et correspondant exactement à ce que Xi Jinping pouvait souhaiter et souhaitait.
L’Europe n’a aucun moyen militaire et financier d’être stratégiquement autonome, et Macron, en prônant cette autonomie, renforce la faiblesse européenne.
En dissociant verbalement l’Europe des Etats-Unis, Macron divise le monde occidental.
Xi Jinping veut cette division. Macron dit ce que Xi Jinping voulait qu’il dise.
Et Macron est allé plus loin !
Il a dit que l’Europe ne doit pas être “entraînée dans des crises qui ne sont pas les siennes”, ce qui a été reçu par la Chine comme une forme d’abandon de tout soutien français à Taïwan et comme un feu vert français à l’annexion de Taiwan par la Chine. Et Macron a, de fait, explicitement lâché Taiwan en disant : “Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taiwan ? Non”.
Ursula von der Leyen a eu une position plus honorable et a dit : “la stabilité dans le détroit de Taïwan est d’une importance capitale. La menace d’un recours à la force pour modifier le statu quo est inacceptable.” Elle aurait pu demander à Macron ce qui lui permettait de prétendre parler au nom de l’Europe entière. Elle ne l‘a pas fait.
Macron s’est montré lamentable, une fois de plus, et, outre son mépris flagrant pour la République de Chine à Taïwan, une démocratie menacée, semble ne pas discerner l’importance stratégique du détroit de Taïwan pour le commerce international.
Sitôt Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen partis, Xi Jinping a intensifié ses menaces sur Taïwan, et n’a même pas attendu un jour ou deux pour le faire. Macron ayant tenu un langage de paillasson, il était normal que Xi Jinping s’essuie les pieds sur le paillasson Macron.
Macron a aussi critiqué l’extraterritorialité du droit américain, qui découle du rôle du dollar en tant que monnaie de réserve internationale.
Cette extraterritorialité permet aux Etats-Unis de limiter la volonté de gouvernements sans scrupules, dont le gouvernement français, de commercer et de passer des contrats avec des régimes sous sanctions internationales, et les régimes ennemis du monde occidental (Chine, Russie, Iran, Venezuela) combattent cette extraterritorialité et lui sont hostiles.
Macron prend la même position que ces régimes ennemis, et montre ainsi qu’il est prêt à accepter des pratiques commerciales douteuses. Ce n’est pas surprenant, hélas. Des entreprises et des banques françaises ont été sanctionnées dans le passé pour avoir violé le droit américain en commerçant avec l’Iran des mollahs.
Il reste à Macron à remettre en cause plus nettement encore le rôle du dollar comme monnaie de réserve internationale, et à souhaiter son remplacement par le yuan chinois, et s’il le fait, il sera ainsi allé au bout de sa soumission au communisme chinois. Le fera-t-il ? On peut en douter, mais avec Macron le pire est toujours possible.
Des macronistes ont tenté de dire que Macron n’avait pas voulu dire ce qu’il avait dit. Malheureusement pour eux, Macron a bel et bien dit ce qu’il a dit.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Zeus rend fous ceux qu’il veut perdre (je crois que la citation est d’Euripide). On dirait que Zeus a un compte à régler avec les électeurs français pour qu’ils aient élu ce gugusse. Mais pourquoi diantre ? La France n’est pas importante.
Macron a l’emphase ridicule , la posture martiale bricolée de toutes pièces , la boursouflure mal a propos , le côté fantoche d’un chef d’état ( des tas) grandiloquent à la tête d’un pays failli dont il ne se préoccupe pas . Il a pris la fausse familiarité de bateleur ( très peu naturelle dans le cas Macron ) L’envie de monter des « coups » ,l’indifférence total au sort des entreprises qu’il désosse sans regret ( Alstom pour ne citer quelle ) car la liste n’est pas exhaustive . Je ne vois pas très bien ce que Von Der Layen est allé faire en Chine ? C ‘est une nommée , et NON une élue . Il continue a se ridiculiser partout ou il va ,mais le pire c’est qu’il ridiculise également la FRANCE ce cuistre .
Ce qui est effectivement troublant c’est de constater que la pression chinoise sur Taïwan vient brutalement de monter d’un cran après cette visite. Et pour une fois, la presse française est assez unanime pour parler de fiasco et de malaise en Europe alors que les USA assurent la sécurité européenne.
Si on connaît bien Macron, et on commence à bien connaître ses obsessions dignes de Machiavel, on pourrait dire qu’il sacrifie la stabilité du monde et la vérité géopolitique à son narcissique besoin de détourner l’attention de ses déboires franco français.