Publié par Dreuz Info le 7 mai 2023
Bon anniversaire, Heritage !

La Heritage Foundation, ou Heritage, est née le 16 février 1973 au début de la décennie qui a vu naître les think-tanks conservateurs, parallèlement (mais sans rapport) à l’émergence de conservateurs d’un type nouveau, les Néoconservateurs.

Les conservateurs de Heritage étaient simplement, et sont toujours, des conservateurs tout court, forcément libéraux sur les questions économiques, plutôt faucons en politique extérieure et avant tout très soucieux de l’héritage inévaluable des Pères Fondateurs et de la civilisation judéo-chrétienne, qui semblaient également menacés depuis le séisme des années 60. Ils étaient aussi déçus par le républicanisme mou de Nixon et le mondialisme évident de son secrétaire d’état Kissinger.

Des trois fondateurs de Heritage, rapidement devenu le premier think-tank conservateur du pays (et du monde), et qui se maintient à cette place, seul Ed Feulner est encore en vie et a honoré les festivités de sa présence. Egalement présent, le nonagénaire et néanmoins alerte Richard Viguerie, grande figure du conservatisme, parmi les invités de marque.

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Cinquante ans d’une telle réussite, cela se fête et ce fut une fête de famille, la famille du conservatisme le plus respectable, honorable et passionnant qui soit. Avec quelque 1500 invités le premier jour, le jeudi 20 avril, et jusqu’à 2300 pour la soirée de gala du vendredi 21. My think-tank is rich!

Conservatisme le plus exigeant aussi. Les deux journées alternaient les (rares) moments de détente, déjeuners dans les jardins et terrasses sur le Potomac du fabuleux Gaylor Convention Center Hotel (joyau d’architecture et d’ingénierie, avec sa verrière immense et ses ascenseurs scéniques à vue plongeante), avec une enfilade de conférences données par des orateurs célèbres et de débats, le tout minuté et enchaîné à la perfection, chaque participant ayant soit dûment pratiqué l’exercice soit acquis depuis longtemps la maîtrise des débits naturels et détendus, avec toujours la dose d’humour très nécessaire avant tout discours sérieux.

Kevin Roberts, un Texan et 7è président de la fondation, le meilleur que votre servante ait connu depuis deux décennies d’amitié avec l’organisation, parla sans ambages: Heritage prend la tête de l’offensive anti-woke, avec un plan « pour enfin renverser la situation et gagner la guerre culturelle que la gauche marxiste nous a déclarée», guerre que nous livrent aussi « Paris, Berlin et Bruxelles »…Les conservateurs ne peuvent pas compter sur l’establishment républicain, apathique ou complaisant, et doivent agir. C’est pourquoi le thème de la réunion d’anniversaire s’intitulait le Leadership Summit ou réunion au sommet pour trouver les meilleures stratégies de gouvernement. Roberts termina avec des accents churchilliens: « Nous ne cèderons jamais, n’abandonnerons jamais, ne concèderons en rien, ne connaîtrons aucun répit tant que nous n’aurons pas récupéré notre pays ».

Puis les « stars » politiques défilèrent, entremêlées de quelques personnalités de Fox News. Le sénateur Mike Lee se gaussa gentiment du Prince Harry, descendant de George III, qui se permet sur les plateaux-télé de donner des leçons aux représentants élus de la république américaine (rires), avant de rappeler que Heritage est un think-tank généraliste, c’est à dire employant des experts en tous domaines de politique intérieure et étrangère, et avait sorti son Mandate for Leadership (plan de bonne gouvernance) en 1980 pour aider Ronald Reagan à gouverner), plan n’étant pas tract politique et donc juridiquement conforme au statut fiscal exigeant des think-tanks.

Le Procureur du Texas Ken Paxton expliqua pourquoi sa plainte de novembre 2020, rassemblant les doléances de plusieurs états victimes des infractions électorales, « était parfaitement recevable » mais que la Cour Suprême avait cédé aux menaces physiques.

Le sénateur TIm Scott, délaissant le podium, fit son discours dans les allées, au plus près des congressistes, pour déplorer comment la gauche marxiste était acharnée à détruire l’Amérique avec ses politiques identitaires et victimaires.

Le sénateur JD Vance, représentant les conservateurs isolationnistes, se positionna contre toutes les guerres, y compris celle d’Ukraine, sans dire si les USA devraient riposter à une OPA de la Chine sur Taïwan…

Le sénateur Josh Hawley exhorta l’assistance à le rejoindre dans son combat contre le marxisme culturel et contre le mondialisme issu du Nouvel Ordre Mondial de 1991, naïf alors et désastreux à long terme comme on voit aujourd’hui: « Trente années de politique au détriment de notre pays ! Il ne suffit pas de se battre contre DEI et ESG, il faut se battre pour les classes moyennes et laborieuses qui ont été sacrifiées » et il insista sur la nécessité de « revitaliser nos institutions » (toutes infiltrées par les néo-marxistes). Puis le sénateur Rick Scott, autant ou plus businessman que politique, parla de la nécessité existentielle de supprimer le « marécage », cet état profond non élu mais indéboulonable qui s’est arrogé des droits non-constitutionnels au fil des décennies « et a sciemment oeuvré à la ruine de Trump », annonçant ainsi le thème du lendemain.

Le panel de l’après-midi comptait 4 personnalités dont l’Ambassadeur Lighthiser, responsable du commerce international sous Trump, et l’écrivain Peter Schweizer. La Chine, omniprésente dans les débats et au premier rang des préoccupations américaines ! Lighthiser prêche le découplage à tout prix et le plus rapidement possible. A l’évidence, la Chine devient une obsession américaine, au même titre que l’invasion par la frontière sud et la criminalité grimpante.

La journée du 21 était réservée à des stars nationales que les Français ne peuvent connaître. Notons le président d’une des rares universités conservatrices, financièrement indépendantes et académiquement exigeantes, Larry Arnn, du Hillsdale College (fondé en 1848) qui publie l’excellent Imprimis. Arnn rappela que tout enseignement digne de ce nom remonte aux sources de la civilisation et de la philosophie, qu’on ne peut pas non plus faire l’économie du spirituel et «que « l’âme de chacun est autrement importante que la couleur de sa peau », et aussi que la politique est une activité prématurée à l’université parce qu’il faut d’abord « savoir avant de s’engager ».

La présentation du Project 2025 : Mandate for Leadership occupa la fin du séminaire. Il s’agit d’un « projet de gouvernement destiné à aider le prochain président conservateur lors de sa prestation de serment en janvier 2025 », ce qui est résolument optimiste puisque seulement une moitié des états ont consolidé leurs lois électorales contre la fraude…Le Projet s’accompagne d’un livre collectif d’1,5 kg et de 450 signatures en 900 pages. Avec 4 piliers, le 4è étant le plan pour « démanteler l’état profond qui a miné la présidence Trump ».

Le Projet est si ambitieux et la situation si désespérée que Heritage a invité une cinquantaine d’autre fondations à participer à ce brain-trust géant.

Nous ne saurions omettre les soirées de l’événement: diners suivis de feux d’artifices sur le Potomac, rive sud-est de chez George Washington (Virginie) le 20 puis de la rive nord-ouest lors de la soirée de gala à National Harbor (Maryland) le 21. Assister à un feu d’artifice depuis la pelouse de Mount Vernon, mieux encore depuis la terrasse à colonnades de George Washington, à quelques pas du Gouverneur de Virginie, Glenn Youngkin, venu faire un discours, ce n’est pas un mince privilège ! Youngkin rappela les victoires récentes et encourageantes obtenues par le camp conservateur et recommanda à tous de ne surtout pas désespérer et de trouver l’énergie pour se battre.

La soirée de clôture fut digne du reste avec des divines surprises avant le diner donné dans l’immense salle de bal aux tables fleuries: en l’occurrence, sur fond de musique country (Dierks Bentley), un orateur spécialement pour le gala, Tucker Carlson en personne ! Le présentateur-vedette de Fox News que suivent 3 millions de téléspectateurs tous les soirs à 20 h ET (au poste de Bill O’Reilly) et à 7h du matin pour nous en France. Tucker parla de ses origines suédoises, de ses débuts professionnels, de la générosité de Heritage qui le prit comme stagiaire bien qu’il fût sans diplôme, et aussi de sa foi épiscopalienne qui lui donne le courage pour combattre dans la guerre civilisationnelle et spirituelle qui nous est livrée partout, tous les jours, dans notre vie quotidienne. Plus encore que l’Amérique (ou que nos pays d’Europe), la gauche cible notre conception théologique et anthropomorphique de l’homme. Derrière les idéologies païennes du genre et du trans-genre, quelles sont les intentions de la gauche pour notre existence biologique ? Pensées profondes entre deux coupes de champagne…

L’affaire Tucker Carlson domine les actualités durant une semaine.

Et patatras, réveil brutal après les festivités, on appelait le lundi suivant 24 avril que Tucker était cavalièrement remercié par Fox News ! Comme l’avaient été avant lui Glenn Beck, O’Reilly, Eric Bolling…Choc terrible pour l’Amérique profonde, pour plusieurs raisons. On pouvait ne pas être d’accord avec tout ce que Carlson disait (votre servante ne goûtait pas notamment sa détestation de Zelinsky, encore moins son parti-pris pour Poutine, et ne mordait pas non plus à la participation de la CIA dans l’assassinat de JFK sans d’avantage de preuves) mais il était drôle, audacieux, courageux jusqu’à la témérité, irrévérencieux à souhait, complètement antiwoke et déterminé à dire exactement son opinion. Et drôle, en plus ! Certes, il était devenu un « influenceur » mais il ne forçait personne à le suivre. Et il parlait pour des gens méprisés et oubliés.

Aussi, ce n’est pas lui qui est le plus à plaindre (il a le talent et la fortune pour rebondir et même créer sa propre chaine de télévision) mais ses téléspectateurs qui ne veulent pas regarder leurs informations sur ordinateur.

Les raisons de son renvoi sont tues pour le moment. On peut les imaginer: Carlson est celui à qui le Speaker Kevin Mc Carthy a remis les vidéos que Pelosi et Schumer avaient confisquées, illégalement, au lendemain du 6 janvier 2021. Vidéos qui font exploser le narratif de l’insurrection et aussi les accusations de complotisme. Carlson est aussi celui qui a le premier dénoncé la fausse science du Dr Fauci pendant le Covid, celui qui a maintes fois déclaré que le combat avec la gauche était un combat entre le bien et le mal et que plusieurs « avancées » de la gauche étaient carrément « sataniques », lui qui a dénoncé le harcèlement subi par Trump depuis le 15 juin 2015 et qui persiste, lui enfin qui a le plus assidument alerté sur le scandale de la frontière sud et sur l’autre scandale des trans-genres au Pentagone et à la Maison Blanche. Dans un monde où les débats sont interdits sur les questions déterminantes pour notre avenir commun, Tucker, électron libre, avait fait de son émission quotidienne un forum et un exemple de critique lucide et de remise en cause du prêt à penser pour troupeau..

En vérité, comment a-t-il pu tenir si longtemps ?

Ce qui est certain, c’est que Carlson a attiré les haines féroces de la gauche et des républicains de l’establishment, désormais coalisés en un uniparti. Les raisons les plus plausibles de son renvoi sont l’agacement de Rupert Murdoch (« Tucker se croyait plus grand que Fox ! ») mais surtout le coup de l’état profond dont le monde corporatiste (les grosses compagnies) fait partie. Pour information, Fox News est une corporation spécialisée dans l’information mais de moins en moins libre d’être la chaine conservatrice de sa naissance en 1996 et est à présent devenue mainstream media ! Blackock, un des principaux décideurs de notre future « grande réinitialisation », détient 59 millions d’actions de Fox News et détiendrait 45.7 millions d’actions de Dominion Voting System, cette compagnie à qui Fox vient de céder près de 800 millions de dollars en un « règlement à l’amiable » parce que ses vedettes (pas Carlson spécialement) avaient osé parler de machines truquées lors du vote de 2020. Procès qui avait déjà lancé la fuite des gros annonceurs, tous soumis aux directives ESG, donc perte de revenus à long terme insoutenable d’où la soumission de Fox à Blackrock de A jusqu’à Z, soumission quasiment forcée par le monde globalisé que les élites nous imposent.

C’est pourquoi, que l’on apprécie ou non Carlson, l’affaire est infiniment plus importante que le talentueux présentateur.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Evelyne Tschirhart pour Dreuz.info.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Evelyne Joslain pour Dreuz.info.

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