
Le 1er mai est un jour traditionnel de manifestations syndicales en France.
Depuis plusieurs années maintenant, les manifestations syndicales sont accompagnées de scènes de violence et de saccage. C’est le cas de toutes les manifestations, et c’est même le cas lorsque des moments de joie semblent prendre forme, après une victoire dans une compétition sportive, par exemple.
Depuis la contestation de la réforme des retraites, la violence et les saccages qui ont accompagné les manifestations sont devenus plus intenses.
Ce qui s’est passé le 1er mai dernier a montré qu’une étape supérieure a été franchie. Un immeuble a été incendié à Paris, des policiers ont été attaqués à coups de cocktails Molotov et l’un d’eux a été gravement brûlé. Il y a eu plusieurs centaines de blessés parmi les membres des forces de police. Il y a eu très peu de casseurs arrêtés. Il y a eu aussi un phénomène qui peut alarmer : un nombre certain de manifestants qui ne sont pas eux-mêmes violents ont semblé approuver les violences.
Un délitement très net de l’ordre s’est enclenché avec le soulèvement des gilets jaunes, s’est continué avec la grève des transports au début de 2020, s’est éteint grâce aux mesures très strictes de confinement pendant lesquelles la France est devenue un pays à régime autoritaire, avec un coût économique immense puisque l’économie s’est presque totalement arrêtée.
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Le confinement a pris fin avec l’élection présidentielle, et il était à attendre que le délitement de l’ordre reprenne. La contestation de la réforme des retraites en a donné l’opportunité, mais est à l’œuvre, je pense, un phénomène bien plus vaste et bien plus inquiétant.
Les sondages montrent qu’un désespoir a gagné les couches les plus pauvres de la société, et ce désespoir atteint désormais les classes moyennes inférieures en voie de déclassement. Ce désespoir s’accompagne d’une défiance vis-à-vis de la politique et des autorités gouvernementales, et si cette défiance est particulièrement marquée vis-à-vis d’Emmanuel Macron, qui a été réélu par défaut, faute d’adversaire digne de ce nom (Marine Le Pen est une politicienne médiocre), elle s’étend à quasiment quiconque peut accéder au pouvoir, ce que montre le niveau de plus en plus élevé de l’abstention.
Les Français en nombre croissant voient que la situation du pays se dégrade, que le niveau de vie baisse, que tout se détériore et s’asphyxie, mais ils ne voient pas d’issue.
Le grand centre mou socialisant incarné par Macron (décrit à tort comme un libéral) gère la situation au jour le jour et assume un déclin en pente douce, qui s’accélère, et Macron ceux qui l’entourent semblent incapables de dire ce qui devrait l’être sur l’état du pays.
L’extrême gauche (la France Insoumise) appelle à l’insurrection et semble rêver de grand soir et de reconstruction d’une société socialiste sur les décombres de la société présente.
La droite nationaliste qu’incarne le Rassemblement national propose des solutions elles-mêmes socialistes auxquelles ses dirigeants, bien qu’analphabètes économiquement parlant, ne peuvent pas croire eux-mêmes.
Il n’y a quasiment personne pour dire la vérité, et ceux qui tentent de le faire ne sont de toute façon pas entendus, ou bien trop peu.
J’ai écrit il y a plusieurs années, dans un livre appelé Voici revenu le temps des imposteurs, que la France était dans l’hégémonie des idées de gauche, et que cette hégémonie était destructrice, et annonçait un effondrement généralisé.
Cette hégémonie est là, plus que jamais. On le constate tous les jours en lisant, écoutant ou regardant les médias français.
J’ajoutais que cette hégémonie conduisait à l’anomie, autrement dit à la dissolution des valeurs et des repères qui permettent à une société de fonctionner.
Je dis aujourd’hui que l’anomie est là, et qu’elle avance.
L’anomie ne signifie pas que la France va s’effondrer d’un seul coup, brutalement, bien sûr. Elle signifie que la France est dans un moment où la confiance en la démocratie est défaillante, où la certitude que l’effondrement où les réponses à l’effondrement sont absentes ou inaudibles.
Les zones de non droit s’accroissent et vont encore s’accroitre.
La violence et les saccages vont, je le crains, faire partie de la vie courante.
La paupérisation va se poursuivre.
Il restera des zones où une vie paisible restera vivable pendant l’effondrement.
A bien y regarder, l’effondrement est déjà en cours.
J’aimerais ne pas penser que l’avenir est sombre, mais, de fait, je le pense. Je ne peux pas mentir.
Les images montrant Macron parcourant les Champs Elysées vides de toute présence humaine, le 8 mai, étaient effroyablement significatives. Il y a un président à l’Elysée. Il y a une population en désarroi. Entre l’un et les autres, il n’y a rien.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Vous avez raison .. et vous pouvez étendre cette réalité à la Belgique où la société devient de plus en plus communautaire à la fois dans la légendaire rivalité entre Wallons et flamands mais surtout et c’est relativement nouveau entre belges et autres communautés qui voudraient prendre le pouvoir, déboulonner les statues et créer des zones de non-droit
La Belgique se porte effectivement aussi mal que la France. Et des zones islamiques existent. Molenbeek par exemple.
et ajouter à tout ce délitement de la Société Française, une justice laxiste et inexistante.
Cependant les francais votent et revotent pour les memes (E. Macron, Anne Hidalgo)….
Des Français, pas Les Français.
Vous avez raison de le préciser. C’est la divergence que j’ai avec G.Millière. Il ne faut pas mélanger le pays légal et le pays réel ni le pays de militants (éternels frustrés habités par la colère) et le pays des plus de 4 millions d’entreprises et de salariés qui souhaitent par leur travail élever socialement leur famille.
L’autre erreur est d’isoler le cas français. Malheureusement il y a un glissement vers la violence que l’on observe, avec des caractéristiques particulières liées au contexte, un peu partout dans le monde (dans le contexte américain, n’oublions pas les émeutes consécutives au décès de Georges Floyd avec 32 morts et 15 000 arrestations.)
Le pays réel dont vous parlez existe, mais il n’en est pas moins confronte a la gestion du pays par le gouvernement, aux grèves, aux émeutes, à la criminalité, aux zones de non droit, aux réglementations protéiformes, aux impôts élevés, etc. Toute l’Europe occidentale est touchée, à des degrés divers, mais aucun n’a eu l’équivalent du mouvement des gilets jaunes, aucun n’a des grèves et des émeutes aussi fréquentes, aucun n’a autant de zones de non droit. La gauche américaine est sur divers plans pire que la gauche française, et vous avez raison, les émeutes qu’elle a provoqué après la mort par overdose d’un petit truand à Minneapolis ont été effroyables. Cela dit, les émeutes sont moins fréquentes ici, les grèves n’existent quasiment pas. Il ya eu des zones de non droit, il n’y en a quasiment plus. Il y a des crimes. Il y a moins de réglementations et moins d’impôts. Créer une entreprise et la faire prospérer est infiniment plus facile qu’en France. La vie reste bien plus vivable ici qu’en France et en Europe. Je n’éprouve aucune joie à voir le pays où je suis né sombrer peu à peu.
M Millière, tout ce que vous dénoncez est exact mais chaque pays possède ses propres tares qui s’expliquent par l’histoire. Pour ce qui concerne les zones de non droit, par exemple, la France n’est absolument pas une exception dans le monde occidental. il s’explique notamment pas le trafic de drogue et l’immigration clandestine. Or, ces deux éléments sont communs aux pays occidentaux. Quels que soient les pays, de nombreux quartiers sont à éviter et les Etats-Unis ne font pas exception: la mortalité par balles est bien plus élevée dans certains quartiers d’Indianapolis ou de Detroit que dans les quartiers nord de Marseille (pour 2,5 fois plus d’habitants il y a eu 10 fois plus d’homicides à Detroit en 2020 qu’à Marseille). Et les européens demeurent perplexes devant les centaines de tueries de masse qui se perpétuent chaque année aux Etats-Unis (130 déjà en 2023).
Créer une entreprise en France est sans doute moins facile qu’aux USA mais tout de même largement possible et bien plus aisément qu’il y a 40 ans (+ d’un million de sociétés crées en 2022). Bien heureusement, tous les Français ne passent pas leur temps à pleurer sur leur sort et nombre de jeunes sont motivés et créatifs.
Les manifestations sont sans doute plus nombreuses en France où ce droit est très protégé mais aucun pays n’échappe aux émeutes. Quant aux grèves, elles touchent uniquement certains secteurs. Les effets restent marginaux. 1968 est ses 10 millions de grévistes sont bien loin.
Je n’établis pas ici un comparatif mais je pense que considérer qu’un pays est plus vivable qu’un autre demeure subjectif (et je respecte tout à fait votre choix). J’ai visité de nombreux pays et certains sont magnifiques mais aucun ne m’a séduit au point de m’expatrier. D’ailleurs les Français, comparés aux autres européens, sont plutôt casaniers et la France accueille bien plus d’européens qu’elle n’expatrie de ressortissants.
Il y a effectivement, pour les motifs que vous indiquez, des zones de non droit ailleurs qu’en France, mais il y a bien plus de zones de non droit en France que dans les autres pays d’Europe pour une raison simple: la France offre aux immigrants illégaux des avantages que d’autres pays ne leur offrent pas, les soins gratuits entre autres. Il y a effectivement plus de violence par armes à feu aux Etats-Unis, et nombre de conflits entre gangs se règlent à l’arme à feu. La police américaine a davantage de droits d’utiliser une arme à feu que la police française, une personne victime d’un cambrioleur aux Etats-Unis peut tirer pour se défendre. Le chiffre de 130 tueries de masse est très excessif et a été créé par les ennemis du deuxième amendement. Il doit au minimum être divisé par dix. Il y a des drames, mais pas du tout à ce point. Souvent, je vois que des Francais parlent des Etats-Unis sans connaitre et j’ai le sentiment qu’ils parlent d’un pays où je ne suis jamais allé. Je sais que des entreprises se créent en France: je dis seulement que c’est plus facile aux Etats-Unis. Je comprends que des Francais fassent des choix différents du mien, et je les respecte. Je n’aurais sans doute pas la meme qualité de vie aux Etats-Unis si je vivais dans un quartier délabré de Detroit plutôt que dans une gated community à Las Vegas, j’en ai conscience, mais je n’aurais nulle part en France la qualité de vie que j’ai ici en fonction de mes propres paramètres.
Je suis d’accord avec vous. Les Etats-Unis souffrent de nombreux clichés. On ne peut évidemment les réduire aux anecdotes sordides dont se délectent les médias.
Mais on peut dire la même chose de la France. J’ai souvenir du grotesque reportage de Fox News sur les prétendus « no go zones » de Paris. Y figuraient des quartiers sans problèmes où j’ai mes habitudes (je crois que la chaîne s’est d’ailleurs excusée).
Ce que vous dîtes sur les aides qui attireraient les étrangers est, pardonnez-moi, également très exagéré. La France, parmi les pays européens que les migrants recherchent, arrivent en 3ème positions, bien après l’Angleterre et l’Allemagne. Plus que telle ou telle aide sociale, la possibilité de travailler au noir (Angleterre) ou la qualité de l’accueil (Allemagne) attirent les migrants. Ce qui motivent les migrants à s’installer en France, c’est la présence d’une communauté importante et la connaissance de la langue. D’où la présence de migrants issus des anciennes colonies.
Le même critère historique fait que les migrants Indiens, Pakistanais ou Afghans préféreront l’Angleterre ou les Turcs l’Allemagne.
L’AME est un critère marginal car aucun pays européen ne laissera quiconque, clandestin ou non, avec un bras cassé ou mourir dans la rue d’une quelconque maladie. Ceux qui veulent supprimer l’AME le savent très bien et cette mesure ne ferait pas baisser d’un iota l’immigration en France.
Je partage tout à fait votre avis que l’on s’établit là où le mode de vie nous convient le mieux. J’ai des amis installés au Portugal. D’autres en Nouvelle-Zélande.
Parallèlement, de nombreux étrangers se sont installés en France (je ne parle pas des migrants): 100 000 Américains, 200 000 Suisses, 300 000 britanniques, 280 000 Espagnols, 60 000 Canadiens, ….
Chacun, comme vous le dîtes, agit selon ses propres paramètres et il est heureux qu’en Occident nous bénéficions de cette appréciable liberté.
A propos des aides qui attirent les étrangers, argument qui vous laisse dubitatif, êtes-vous allé à la CAF récemment ?
La dernière fois que j’y suis allée (il y a bien longtemps, OK), je devais être la seule Française de souche dans la salle d’attente.
Il n’y a que dans les pays totalitaires qu’une unanimité factice existe. Des Francais souffrent de ce qui se passe et voudraient un redressement, je le sais. Je dois constater qu’ils sont minoritaires. Je décris des tendances lourdes.
Le plus grand parti de France est l’abstention. Les élus le sont par défaut.
« Il n’y a personne quasiment pour dire la vérité, et ceux qui tentent de le faire ne sont de toutes façons pas entendus ». Bien vu Monsieur Millière.
Sauf qu’un mouvement est né, ‘Reconquête!’ (à l’instigation d’Eric Zemmour) qui précisément s’est assigné l’objectif de pallier cette ‘anomie’ que vous décrivez avec justesse.
Vous avez raison, il est ‘peu entendu’ à l’échelle de la nation entière, mais sa pertinence et le volontarisme de sa direction et de ses adhérents représentent une lucarne d’où il est possible d’entrevoir les changements nécessaires pour amorcer notre survie.
Je crains que Reconquête reste un parti minoritaire. J’espère me tromper, bien sûr….