
Il y a longtemps que l’irrespect envers la vie humaine monte en puissance dans les sociétés occidentales.
Cet irrespect était présent dans l’abolition de la peine de mort partout où elle a été décidée. La vie des assassins s’est trouvée préservée, et la vie de leurs victimes a été nettement dévaluée. La gravité que constitue un assassinat (prendre à un autre être humain ce qu’il a de plus précieux, sa propre vie), a cessé de signifier pour un assassin le risque de perdre ce qu’il a lui-même de plus précieux. Prendre délibérément une vie en est venu, dans les pays d’Europe, à ne coûter que quinze ou vingt ans d’emprisonnement, après quoi l’assassin peut retrouver la liberté, et parfois récidiver.
Aux Etats-Unis, vingt-sept Etats appliquent toujours la peine de mort, et des exécutions ont lieu
« Les abolitionnistes européens s’indignent et prennent en pitié les condamnés à mort. Leur pitié ne s’étend pas aux victimes »
Les abolitionnistes européens s’indignent et prennent en pitié les condamnés à mort. Leur pitié ne s’étend pas aux victimes. Je n’ai cessé de percevoir leur pitié comme une insulte envers celles-ci. L’abolition de la peine de mort partout où elle a été décidée est allée de pair avec la montée d’un laxisme judiciaire généralisé qui ne cesse de faire des victimes.
Devenez « lecteur premium », pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !
En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.
Une autre étape dans l’irrespect pour la vie humaine a été la banalisation de l’avortement. Avorter est toujours prendre une vie, et c’est un acte grave. Dès lors qu’existent de nombreux moyens de contraception, l’avortement devrait être perçu comme un acte inacceptable, sauf en cas de viol. Avoir banalisé l’avortement a effacé l’inacceptabilité de celui-ci, et estompé la gravité qui lui est inhérente. La légalisation de l’avortement au-delà de certaines limites de temps exacerbe cette gravité et devient monstruosité absolue. La plupart des pays d’Europe fixent la possibilité de recourir à l’avortement à douze semaines d’aménorrhée, la France a fixé la limite à quinze semaines, ce qui est beaucoup. Les Pays-Bas la fixent à vingt-quatre semaines, ce qui me semble criminel. Un seul pays d’Europe restreint fortement l’accès à l’avortement et le réserve à des cas très particuliers, la Pologne, qui est, sur ce point, le pays européen le plus digne. Aux Etats-Unis encore, plusieurs des Etats qui ont aboli la peine de mort pour les assassins autorisent l’avortement jusqu’au neuvième mois de grossesse, ce qui constitue non pas un avortement, mais un infanticide légalisé. En France, où la peine de mort a été abolie pour les assassins, l’avortement jusqu’au neuvième mois est autorisé aussi, pour peu qu’une femme soit en «détresse psychosociale» et découvre cette détresse non pas au début de sa grossesse, mais lorsqu’elle est sur le point d’accoucher.
Une troisième étape dans l’irrespect pour la vie humaine est la banalisation de l’euthanasie, et celle-ci fait, hélas, aujourd’hui partie des projets de Macron. Le recours à l’euthanasie comme alternative aux soins palliatifs, au nom du refus de l’acharnement thérapeutique, est déjà en soi très discutable puisqu’existent effectivement des soins palliatifs, mais l’euthanasie se trouve désormais pratiquée, dans les pays où elle l’est, pour des motifs bien moins justifiables encore. Une femme d’une quarantaine d’années qui avait subi un viol, et disait être restée traumatisée et déprimée a pu demander à être euthanasiée en Belgique voici quelques semaines. En Belgique encore, une autre femme, âgée de vingt-trois ans seulement, a dit être restée traumatisée psychologiquement par le fait qu’elle était dans l’aéroport de Bruxelles lors de l’attentat terroriste qui y a été perpétré en 2016, a demandé à être euthanasiée elle aussi, et a obtenu satisfaction. Des cas semblables se rencontrent en Suisse et au Canada où le nombre d’euthanasies monte en flèche. Des Canadiens demandent à être euthanasiés parce qu’ils se sentent seuls, et le sentiment de solitude est devenu le principal motif d’euthanasie dans le pays. L’expression «suicide assisté» se répand. Voici trois décennies à peine, des lignes téléphoniques étaient ouvertes dans tous les pays occidentaux pour permettre à des personnes suicidaires de recevoir une aide destinée à les pousser à ne pas passer à l’acte. Maintenant, des associations existent destinées à leur permettre de passer à l’acte sous assistance médicale.
Dois-je dire que l’irrespect pour la vie humaine qui monte en puissance en Occident me semble très malsain ? Dois-je ajouter que notre civilisation me semble très malade ? Dois-je ajouter que la source de tous les maux qui rongent notre civilisation se situe au sein de la gauche et que ce qui m’éloigne d’elle, totalement et absolument, est ce qui en elle viole toutes les valeurs éthiques qui me sont essentielles et sans lesquelles, à mes yeux, une société cesse d’être civilisée, et glisse vers la barbarie.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Abonnez-vous sans tarder à notre chaîne Telegram, pour le cas où Dreuz soit censuré, ou son accès coupé. Cliquez ici : Dreuz.Info.Telegram.
M Millière, nous partageons, j’en suis sûr, le même respect pour la vie mais cela nous amène chacun à des positions quelque peu divergentes.
Sur la peine de mort, par exemple, j’y suis totalement opposé. Là où elle est pratiquée, rien n’indique que les homicides y soient moins nombreux. Au Texas, où la peine de mort existe, le taux d’homicides est 3 fois plus élevé qu’en Europe et les tueries comme celle de cette semaine à Cleveland ou celle de d’Uvalde, l’an passé (21 morts dont 19 enfants) y sont récurrentes. Le fait que bien souvent ces forcenés se font abattre ou se donnent la mort à l’issue montre le peu de cas qu’ils font de leur propre vie, qui n’est donc pas leur bien le plus précieux.
Si la peine de mort n’est pas dissuasive, elle devient une vengeance, ce qui relève de l’affect et non de la justice.
Sur l’avortement, plus qu’un problème de légalité, je pense qu’il s’agit d’un problème de conscience. La Pologne, avec sa loi restrictive, pensait gagner en 2022 plus de 30 000 naissances. En fait, elle en a perdu autant que les années passées: les Polonais qui veulent avorter franchissent la frontière et font la fortune de cliniques autrichiennes. Si une personne pense (comme l’affirme une bonne partie de la communauté scientifique) que l’embryon n’est qu’un paquet de cellules, rien ne l’empêchera d’avorter (là où c’est autorisé ou clandestinement). C’est donc sur les consciences qu’il importe d’agir pour qu’une réticence à l’avortement prenne le pas moral sur son recours. C’est plus long, j’en conviens, mais les lois restrictives sont factuellement inopérantes.
Enfin, il faut distinguer le suicide assisté de l’euthanasie. Les exemples consternants que vous citez relèvent de la première catégorie et sont effectivement choquants. L’euthanasie est la demande d’un patient d’abréger ses souffrances quand la maladie est définitivement incurable. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un état psychologique ponctuel mais d’une fin de vie annoncée qui ne laisse présager que des jours de dépérissement et de douleurs. Les soins palliatifs permettent, certes, de soulager en partie les souffrances mais en laissant le patient dans un état comateux qui n’a de la vie que ce qu’en montre le monitoring (j’ai assisté à la fin d’un proche dans ces conditions). Pour moi, qu’un patient demande d’anticiper le constat de décès n’est pas un suicide car c’est la maladie qui tue sans demander le consentement du patient.
Il n’y a pas donc là, à mon sens, de faillite morale.
Tout ce que j’écris relève des réflexions d’un humble chrétien pour qui le rapport de l’homme à la vie, la souffrance et la mort est un sujet de réflexion complexe pour la raison et la foi.
Le problème du patient qui demande à abréger ses souffrances en est un, certes, Marlowe, et c’est dur que vous ayez dû assister à une fin difficile. Il me semble toutefois que la question d’abréger les souffrances se heurte à un problème difficile : qui décide ? En effet, vous parlez du patient qui décide pour lui-même, mais est-il toujours en état de le faire ? Alors va-t-on donner ce droit aux médecins, aux proches ? Dès qu’on donne officiellement à quelqu’un le droit de tuer une autre personne, on entre en terrain bien vaseux…
Les volontés du malade sont maintenant largement connues grâce aux directives anticipées et/ou le témoignage des proches.
On parle là d’abréger des souffrances avant l’inéluctable: c’est la maladie qui tue, pas les soignants.
J’ai bien compris Marlowe, mais même dans ce cas, vous ne pouvez pas garantir que la personne malade aura les mêmes souhaits que ceux qu’elle a exprimés en pleine santé. On n’élimine pas le problème de la décision par autrui et de la prise de pouvoir d’autrui sur votre vie. Et de nombreuses personnes qui expriment devant leurs proches le désir de ne pas être prolongées si elles sont diminuées (il est fréquent qu’on ait horreur de s’imaginer mal en point), changent d’avis quand elles le sont. Ceci dit, même si j’estime qu’on court à la dérive en donnant à autrui le droit (je dis bien le droit officiel) de vous tuer, dans la pratique on aide les gens à partir tous les jours.
Quand vous dîtes « on aide les gens à partir », vous avez exprimé l’essentiel. Encore une fois, ce n’est ni l’entourage, ni les soignants qui tuent mais la maladie. Ceux qui veillent à ce que leur patient ou proche ait une « sortie honorable » prêtent donc assistance à une personne en souffrance qui n’a plus d’issue. Je pense que respecter le souhait exprimé par la personne est un devoir. Celui-ci peut à tout moment revenir sur sa décision et je doute que ce soit au bout de la maladie, assommé par des antalgiques de moins en moins efficaces qu’il revienne sur sa décision pour quelques jours ou quelques semaines de souffrance de plus. D’ailleurs, ceux qui en ont les moyens s’exilent en Suisse ou en Belgique pour valider leur souhait.
Encore une fois, ce que j’énonce relève de ma réflexion et ma sensibilité et n’est en rien une approche universelle, chaque sujet étant responsable de lui-même devant la maladie et la mort.
Quand je dis qu’on aide les gens à partir, je ne dis pas que c’est une chose souhaitable sur laquelle légiférer, parce que je pense que ça ouvrirait la porte à beaucoup d’abus. J’essayais seulement de vous rassurer, puisque vous semblez craindre qu’on vous abandonne grabataire. Même si on ne fait pas de publicité sur la question, certains traitements allègent les souffrances et simultanément raccourcissent les derniers jours. Vous n’avez pas besoin que la loi vous le garantisse.
Ce qui est souhaitable, c’est le choix et pour cela il faut légiférer sinon ce sont les autres qui choisiront pour vous.
Encore une fois, c’est la maladie qui tue, nous n’avons donc affaire ni à un homicide, ni à un suicide: le choix n’est pas entre la vie et la mort mais entre une sortie honorable et quelques jours ou semaines de souffrance supplémentaires.
Car si les soins palliatifs peuvent effectivement soulager la douleur, les opiacés utilisés entrainent également des effets très pénibles pour le mourant (convulsions, dépression respiratoire,…). Chacun réagit différemment aux traitements et il importe de comprendre qu’en toute fin de vie, le malade est réduit à un état comateux. On ne sait rien de ce que ressent alors le malade.
Légiférer entraîne des dérives vers de nouvelles législations toujours plus permissives (cf. Mariage pour tous, etc). Toujours emballé par votre logique d’homme qui a réussi à la force de son travail, vous êtes un peu trop optimiste, Marlowe, sur ce sujet comme sur pas mal d’autres. C’est sûrement un des facteurs de votre réussite néanmoins.
A mon sens, il y a moins de dérives possibles dans un cadre que dans le vide juridique.
Concernant le MPT, il est venu bien après que les homos vivent en couples et élèvent des enfants. Bien des enfants élevés par des homos sont devenus pères ou mères de familles avant même que le MPT soit voté. Si l’on refusait ce fait, il fallait demander que la loi l’interdise. Le vide juridique n’a que permis un fait de société que la loi n’a finalement qu’entériné. Aujourd’hui, plus personne ne parle de revenir sur le MPT.
L’absence de cadre favorise les dérives bien plus qu’elle ne les évite.
Je ne vois pas trop le rapport entre le mariage pour tous et le fait que des homos aient des enfants. Ou alors voulez vous parler des GPA / PMA ? Parce que dans ce cas là, désolé, mais vous avez tord, c’est bien le mariage pour tous qui a ouvert la voie et pas les faits qui pré-existaient (les familles homoparentales existant avant le MPT étaient soit des lesbiennes qui savaient très bien tomber enceintes – souvent avec « l’aide » d’un ami homo -, ou des pères ayant eu des enfants avant leur coming out, même de nos jours, l’adoption par un couple homo frise l’impossible, non pas par discrimination mais juste parce que les critères « stabilité du couple » ne sont quasiment jamais remplis par les couples homos)
Bonjour Gally,
Les célibataires peuvent adopter depuis 1966. En 2018 (donc avant l’adoption du MPT), l’Insee estimait à 31 000 le nombre d’enfants « vivant avec un couple de même sexe ». Il faut y ajouter les parents isolés homosexuels. Bref, on voit que l’homoparentalité existait avant le MPT. Sans compter que d’autres pays, bien avant la France, avaient adopté cette procédure.
Ce que je veux dire, c’est que l’idée du MPT et de l’éducation d’enfants par des couples homos a eu le temps de faire son chemin et de s’imposer empiriquement avant d’être entérinée juridiquement.
Le vide légal n’a pas, bien au contraire, permis de contrer cette dérive.
En théorie, pas en pratique. En pratique, il y a très peu d’enfants adoptables en France, en particulier peu de bébés. Les conseils de famille, qui sont ceux qui décident qui sont les parents les plus aptes à adopter tel ou tel enfant selon des tas de critères, privilégierions le bien être de l’enfant et pas celui de l’adulte, et choisiront préférentiellement des familles stables, et surtout des familles avec 2 adultes, pour le cas où l’un des deux viendrait à décéder.
Jusqu’au MPT, 2 homos vivant ensemble étaient légalement 2 personnes célibataires => adoption célibataire => CF ci dessus.
Mon meilleur ami est passé par cette expérience de vie, je connais donc assez bien le sujet.
Bravo Gally, toujours là pour remettre les pendules à l’heure ! J’en profite pour citer une phrase des Préceptes de vie issus de la sagesse juive (récoltés par Pierre Lurçat) : « L’intelligent parle de ce qu’il a vu, et le site de ce qu’il a entendu dire. » (Sagesse populaire yiddish)
et le sot, pas le site (mon correcteur automatique boude, j’ai dû oublier son anniversaire !)
Gally, je suis d’accord que les enfants adoptés par des célibataires homos sont très minoritaires (l’Insee ne les prend même pas en compte). Ce que je veux dire (même si Freddie considère que c’est une sottise), c’est que l’idée d’enfants élevés par des homos avait été intégré par l’opinion bien avant le MPT . D’autant que cela existait également dans bien d’autres pays. Cela montre que le vide juridique ouvre bien plus aisément la voie aux dérives qu’un cadre légal (lequel n’est pas non plus, je l’admets, une digue infranchissable).
Mr Marlowe, il me semble que plusieurs de vos affirmations ne sont pas justes :
– « La Pologne, avec sa loi restrictive, pensait gagner en 2022 plus de 30 000 naissances ». La Pologne est restrictive sur l’avortement pour une question de morale, pas pour « gagner des naissances ».
– « Si une personne pense […] que l’embryon n’est qu’un paquet de cellules, rien ne l’empêchera d’avorter » : cela ne justifie pas une légalisation. Avec un tel raisonnement tout est possible : si quelqu’un pense que le viol n’est pas un mal, il violera quand même et on ne devrait pas l’empêcher. Si un autre pays autorise la drogue, il faut aussi la légaliser, sinon les gens iront l’acheter ailleurs (et seul les plus riches pourront le faire)….
– « (comme l’affirme une bonne partie de la communauté scientifique) que l’embryon n’est qu’un paquet de cellules ». Je n’ai jamais entendu cela, vous devez citer des sources fiables. D’ailleurs si un embryon est un paquet de cellules, pourquoi faut-il une loi pour l’enlever ? Il n’y a pas de loi pour supprimer un kyste, une tumeur, des seins pour les transgenres…. Si il y a une loi, c’est justement parce que ce n’est PAS un amas de cellules
La morale chrétienne dit clairement que l’avortement est toujours illicite et le pape François (pourtant fort progressiste) l’a déjà souvent répété. On ne peut être chrétien dans l’Eglise et soutenir l’avortement.
Merci Demokratia pour vos remarques.
1) Je ne dis pas que le but du gouvernement Polonais était de gagner des naissances mais qu’il pensait, par ses lois restrictives, que mécaniquement, le nombre de naissances augmenterait. Même moralement, on peut dire qu’il s’agit d’un échec puisque le nombre d’avortements n’a pas changé. Ceux-ci ont simplement lieu à l’étranger (sauf pour les catégories les plus pauvres).
2) Pour la communauté scientifique, l’embryon n’est qu’un paquet de cellules jusqu’à la 15ème semaine puisque ces cellules sont communément utilisées pour la recherche et la culture in vitro. Si on met en parallèle vos autres comparaisons, nul scientifique ne justifiera le viol ou cautionnera l’usage de drogues (ils peuvent par contre soutenir leur dépénalisation comme les autres drogues que sont le tabac ou l’alcool).
Je n’approuve en rien l’avortement, je dis simplement que son interdiction sur un territoire n’est pas opérante. Elle peut même aboutir au pire, comme au Salvador où si une femme ne peut prouver qu’elle a subi une fausse couche, elle peut être lourdement condamnée.
L’efficacité, comme toujours, est longue: il faut éduquer les consciences et notamment les hommes qui, là où l’avortement est interdit (voir encore le Salvador) sont totalement déresponsabilisés, seules les femmes étant condamnées. Il ne faut pas que la législation de l’avortement soit utilisé comme moyen d’oppression.
Ce n’est pas parce que l’on fait de la recherche sur des embryons que c’est un paquet de cellules. Il y a des époques où des expérimentations sur des humains ont eu lieu, ce n’est pas pour cela que l’homme est un paquet de cellules. Les lois immorales existent.
Un scientifique n’a pas à justifier de l’usage de drogue : c’est une question de choix, de valeurs, et la science ne peut rien dire sur un tel sujet.
Dire que l’interdiction de l’avortement n’a pas d’effets ne suffit pas, il faudrait le démontrer. Ensuite ce n’est pas une question d’efficacité, c’est une question de morale : cautionne-t-on ou pas la pratique ? On pourrait dire la même chose à propos des lois contre la pédophilie, il suffit d’aller à l’étranger pour pouvoir pratiquer, donc cette loi n’est pas efficace (et reporte sur les étrangers le problème). Même chose pour la drogue, pourquoi l’interdit-on si on peut aller en acheter à l’étranger ?
Pourquoi l’avortemet déresponsabiliserait l’homme ? C’est le contraire, la contraception et la liberté de l’avortement déresponsabilise l’homme, puisque la femme peut tout gérer elle-même et ne pas subir de conséquences.
Justement, on fait des recherches sur les embryons parce qu’on les considère scientifiquement comme des paquets de cellules. Ceux qui faisaient autrefois des expérimentations sur des êtres humains savaient pertinemment qu’ils avaient affaire à des êtres humains mais n’en avaient cure. Il n’y a pas d’arguments scientifiques permettant de donner à l’embryon un réel statut juridique. L’argument est éthique et/ou religieux. D’où ma réflexion que l’on luttera véritablement contre l’avortement que par la conscience morale.
Je pense que les exemples que j’ai donnés montrent bien que l’interdiction de l’avortement n’est pas efficace. Les Polonaises n’avortent pas moins qu’avant. Pire, les jeunes s’exilent plutôt que renoncer à cette liberté et la population polonaise décroît.
Au Salvador, dont j’ai souligné la législation intraitable sur l’avortement on en évalue, malgré la clandestinité, encore plus de 20 000/an. Une femme sur dix qui subit un avortement en décède. Plus de la moitié des jeunes filles enceintes décédées se sont suicidées. En cas d’avortement, le futur père n’est pas incriminé.
Sont-ce les objectifs d’une législation contre l’avortement ?
La question n’est pas la même pour l’avortement ou, selon vos exemples, pour la pédophilie ou la drogue.
Dans le premier cas, le pédophile pense échapper à la loi en se rendant dans un pays où la situation sociale lui permettra de passer inaperçu mais aucun Etat ne légalise la pédophilie (en dehors de pratiques islamistes particulières).
Quant à la drogue, elle n’est nulle part prise en charge par la société (contrairement à l’avortement). Certains produits peuvent être autorisés et encadrés comme c’est le cas pour l’alcool ou le tabac. Ce qui est sûr, c’est que les pays qui ont la législation la plus dure n’ont pas moins de problèmes avec la drogue que les plus permissifs.
Les Etats-Unis n’ont pas longtemps maintenu la prohibition.
Je ne parle pas de la dimension dissuasive de la peine de mort, je parle de justice. Prendre délibérément à quelqu’un ce qu’il a de plus précieux doit impliquer de risquer de perdre sa propre vie, sans quoi le caractère infiniment précieux de la vie se trouve dévalué. Concernant l’avortement, je me situe sur le même plan, et il ne s’agit pas pour moi de savoir si l’interdiction de l’avortement accroitra le nombre de naissances. Concernant l’euthanasie, je me situe sur le même plan là encore. Et les soins palliatifs permettent de nos jours d’empêcher la souffrance. Sur ces trois points, il s’agit du respect ou de l’irrespect pour la vie humaine. Il s’agit de valeurs éthiques.
Je vous admire M Millière d’avoir sur ces sujets un avis aussi tranché et définitif.
Une bonne partie de la communauté scientifique affirme que l’embryon n’est qu’un paquet de cellules, dites-vous ? Sources ?
Décidément, vous êtes un adepte des techniques de propagande soviétiques : une déclaration péremptoire, formulée comme une évidence ou un fait établi, noyée dans un flot de paroles plus ou moins pertinentes.
La communauté scientifique se garde bien d’affirmer quoi que ce soit, ne serait-ce que parce qu’ils savent qu’une équipe pourrait très bien faire une découverte la semaine prochaine, qui remettrait en cause tout ce qu’ils tenaient pour acquis jusqu’à maintenant. Ladite équipe en est consciente aussi, et se gardera bien d’affirmer quoi que ce soit.
Encore une fois, la ficelle est un peu grosse, tovarich.
Je pensais que ma réponse aux commentaires précédents était assez claire. Je la précise donc ici. La recherche sur l’embryon existe dans tous les pays occidentaux. Dans le contexte français, on estime que « l’embryon n’est une personne potentielle que quand elle s’inscrit dans un projet parental » (Comité Consultatif National d’Ethique).
Or de ce cadre, il est donc admis que l’embryon peut être utilisé pour la recherche. Rappelons également que des dizaines de milliers d’embryons sont chaque année détruits dans le cadre des FIV.
Pouvez-vous donc admettre que quand je dis que pour la communauté scientifique l’embryon n’est qu’un paquet de cellules je traduis la vérité ? Sauf à penser que les scientifiques utiliseraient et détruiraient sciemment des personnes potentielles.
Enfin, pour la bonne tenue du débat, il me paraît important d’éviter de discréditer un commentaire en le qualifiant expéditivement de « soviétique ». On peut échanger sereinement et exprimer nos désaccords avec plus de considération réciproque.
Votre commentaire est très clair. Mon désaccord n’est pas le signe d’un QI déficient.
J’aimerais connaître vos sources quant aux conclusions du Comité National d’Ethique. A ma connaissance, les entités chargées de protéger les droits des patients dans les essais cliniques ont changé de nom depuis des années.
Plusieurs états républicains essaient de trouver des mesures objectives pour le droit à l’IVG, et ils ont essayé de déterminer le moment où le foetus est une personne distincte du corps de la mère, donc une vie à part entière. Pour l’instant (le débat est loin d’être clos), certains ont choisi un certain nombre de semaines, d’autres le moment où un battement de coeur est détecté.
La question n’a toujours pas été tranchée.
Je ne crois pas qu’on pourra jamais la trancher, vous ne croyez pas Californienne ? Parce qu’en fait il y a deux questions : cette nouvelle vie, qui est bien présente dès la conception, et la grossesse/maternité de la mère. Ce qui est à la mode est de ne prendre en considération que la deuxième question et de vouloir libérer les femmes de leur grossesse et de leur maternité. Les pro-vie ne pensent qu’à la première question. On ne les réconciliera jamais, les premiers s’indignant qu’on prenne les femmes pour des incubateurs et les seconds criant au meurtre.
Justement, je m’inscris en faux contre cette notion de libération de la (future) mère. Quid de sa responsabilité ? Si elle pense qu’elle ne sera pas capable d’élever cet enfant correctement, elle peut le faire adopter au lieu de le tuer. Et puis, penser qu’on ne sera pas capable d’élever un enfant, c’est un peu facile aussi, c’est faire passer son petit confort avant ses responsabilités.
Quoi qu’il en soit, il n’y a aucune excuse pour tuer, surtout un être sans défense.
J’ai l’impression que les valeurs morales se perdent dans nos sociétés.
Effectivement, c’est mission impossible pour le législateur.
Je crois que la solution existe aux Etats-Unis, puisque les législateurs sont élus : comme il est impossible de ménager la chèvre et le chou, je crois que les électeurs doivent voter en fonction de leur opinion sur le sujet, si c’est un sujet qui leur tient à coeur bien sûr.
Californienne, voici la référence en question:
« Dans le cas où le projet du couple est entre temps abandonné, ou irréalisable (en raison par exemple de la séparation du couple), la seule solution retenue par le Comité, au titre du moindre mal, consiste en la destruction des embryons (sous réserve des possibilités éventuelles de dons en vue de la recherche) » (Avis N°8 du 15 décembre 1986 relatif aux recherches et utilisation des embryons humains in vitro à des fins médicales et scientifiques).
Je ne mets aucunement en cause la légitimité de votre désaccord. Il importe de comprendre que si on autorise la destruction d’embryons et la recherche sur ceux-ci, c’est bien qu’on ne les considère plus comme des personnes potentielles mais comme des paquets de cellules.
Comme le stipule le CCNE, les avis sur l’embryon seront toujours inconciliables et trouver un accord « objectif » entre celui qui pense que dès la conception l’embryon est une personne en devenir et ceux qui introduisent des éléments physiologiques (battements, de coeur, possibilité de gémellité,…) me parait utopique.
Mr Millière, vous défendez la peine de mort.
Pensez-vous qu’il faille l’appliquer à un violeur ? Le viol est un crime, et le violeur un criminel. Pourtant l’immense majorité des gens pense que le violeur ne mérite pas la peine de mort. Et de fait je ne connais pas de pays occidental qui appliquerait une telle peine.
Dans le cas malheureux où un viol abouti à une grossesse, l’enfant qui en résulte n’est-il pas tout à fait innocent de son origine malheureuse ? Pourquoi alors le condamner à mort par l’avortement ? Pour lui faire expier le crime du violeur ?
Un viol est un crime grave, mais il ne retire pas la vie a la personne violée, donc un violeur ne mérite pas la peine de mort. Concernant l’avortement après qu’une femme soit enceinte suite à un viol, la décision est délicate, mais un avortement a un stade précoce de la grossesse est très différent d’un avortement à un stade où le foetus est formé. La loi que Ron DeSantis vient de faire voter en Floride limitant la possibilité d’avortement à six semaines de grossesse me semble une bonne loi.
Autant je suis de votre avis contre la perte de dissuasion du crime auquel nous habituent les tribunaux , autant je ne suis pas d’accord avec votre critique de l’avortement
Je ne peux concevoir qu’une femme qui a fait confiance à la science (la pilule) ou à son compagnon (le préservatif ou le rapide retrait), et qui se retrouve enceinte alors qu’elle ne le souhaitais pas, doivent subir toute sa vie la conséquence de ces accidents et qu’elle n’aurait aucun droit de la refuser
Toute personne sensée sait que les moyens contraceptifs ne sont pas sûr à 100%. Il n’y a donc pas lieur de prétexter « faire confiance à la science ». Chacun doit être responsable de ses actes. La premier but du rapport sexuel et de procréer (la nature est ainsi faite). Si on ne veut pas d’enfant, il ne faut pas avoir de relation.
Si on consent à une relation, il faut en accepter la responsabilité avec toujours un risque de tomber enceinte.
Si vous roulez en voiture et que celle-ci à un problème, vous pouvez aussi vous retrouver avec un handicap à vie. De même pour une opération chirurgicale qui parfois se termine mal. Il n’y a rien d’anormal à subir les conséquences de ses propres choix.
Vouloir se défausser de sa responsabilité en supprimant la vie d’un tiers me paraît totalement immoral.
L’époque à laquelle nous vivons actuellement , pour moi ,seul la loi du talion prime . Le reste n’est que littérature . La loi du talion , une des lois les plus anciennes , consiste en la réciprocité du crime et de la peine . Cette loi est souvent symbolisée par l’expression ; « Oeil pour oeil ; Dent pour dent » . Je suis convaincu que si cette loi était décrétée et appliquée ,il y aurait beaucoup moins de « crime » .
En ce qui concerne les avortements aux Etats Unis ou ailleurs à différents stades de la grossesse, je me souviens sur un site internet avoir lu et visionné un reportage aux états unis où une infirmière dans hôpital doté d’un service adapté, raconter en pleurant les avortements pratiqués, il y avait les embryons ou bébés avortés par aspirations, complètement déchiquetés, (il y avait des photos) horrible avoir, j’ai zappé très rapidement et des bébés de plusieurs semaines, encore vivants qui étaient déposés sur une table en marbre et qui finissait de mourir en se tortillant, c’est cela parfois l’horreur des avortements de confort. Je pense que si l’on montrait en photos les résultats de ces avortements aux femme qui l’ont décidé, peut être qu’elles changeraient d’avis.
La peine de mort a été abolie pour les adultes mais par pour les enfants à naitre et non désirés
Superbe article, qui se place sur le terrain philosophique de l’éthique et de la morale, et non de l’efficience brute. Il y a parfois des questions dans la vie où cela vaut la peine de savoir répondre par oui ou par non.