Publié par Gilles William Goldnadel le 22 mai 2023
Non, la droite n’a pas “récupéré” l’affaire Lola

Gilles-William Goldnadel critique le documentaire, diffusé ce 21 mai sur France 5, intitulé « Affaire Lola, chronique d’une récupération ». Selon lui, en accusant la « fachosphère » d’avoir instrumentalisé ce fait divers, une partie de la gauche médiatique cherche à occulter le réel.

On commémorait samedi 20 mai, le triste premier anniversaire de l’assassinat largement passé sous silence, du docteur Alban Gervaise, égorgé aux cris d’« Allah Akhbar » alors qu’il attendait ses enfants devant leur école catholique de Marseille. Il y a deux jours, le groupe « Lille Antifa » tweetait en toute impunité, au milieu de flammes imagées : « La seule église qui illumine, c’est celle qui brûle ». La semaine dernière un couple de Niçois était attaqué par une bande nombreuse. Ils étaient violemment frappés et traités de « sales français » et de « sales blancs de merde ». Mon imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique et politique si, par hypothèse, le scénario inverse s’était réalisé.

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L’extrême gauche se caractérise par une négation idéologique permanente, qui n’évolue péniblement que sous les coups de boutoir du réel : l’insécurité est un fantasme sécuritaire, l’immigration n’est qu’un ressenti malsain, le traité de Marrakech un « fake complotiste », l’antisémitisme islamique un mythe islamophobe, l’islamo-gauchisme n’a aucune réalité, le « wokisme » n’existe pas mais l’« anti wokisme » en revanche est très dangereux… D’ailleurs, s’il y a une extrême droite en pleine expansion, on peine à distinguer l’existence politique d’une extrême gauche. On connaît la « fachosphère », mais il n’existe ni de « bolcho-sphère » ni d’« islamo-sphère » dans le champ lexical des médias. Il en est évidemment de même en ce qui concerne le racisme anti-blanc ou anti-Français. Non seulement, ils n’existent pas, mais ceux qui l’évoquent ne devraient pas non plus exister médiatiquement.

La période contemporaine est d’ailleurs unique dans l’histoire humaine. Il s’agit de la première fois que l’intrus est campé en victime et son hôte obligé en « salaud ».

Depuis vingt ans, notamment avec Le nouveau bréviaire de la haine (Ramsay 2001) puis les Réflexions sur la question blanche (JC Gawsewitch 2011), je me suis efforcé de montrer que ce racisme particulier avait prospéré à l’ombre de la honte, inconsciente, de l’homme occidental d’avoir la même couleur de peau que « l’Antéchrist des temps postchrétiens », Adolf Hitler. La détestation de l’État-nation occidental et de ses institutions régaliennes est née dans ce terreau obsessionnel, presque religieux, d’un antifascisme devenu fou.

Il y a dix ans, je n’aurais pas cru que le racisme anti-blanc prendrait une dimension aussi haineuse. Ici encore, il faut questionner les traumatismes psychologiques collectifs. La Shoah a été vécue comme une nouvelle Crucifixion à l’ère post-chrétienne. En France, l’affaire Adama Traoré a donné lieu à une tentative de culpabilisation de la société française taxée de « racisme systémique » et accusée de cultiver le « privilège blanc ». Qui aurait pu imaginer il y a dix ans seulement que l’on accepterait des réunions interdites aux blancs ? Ou que l’on voudrait mettre à bas des statues ?

Sous ce racisme prétendument systémique, il faut bien comprendre que l’on retrouve le « beauf français » des années 80, le raciste « Dupont Lajoie », un peu relooké, sans son béret ni sa baguette, ni son litron de vin, mais toujours avec son racisme congénital envers l’Autre. La période contemporaine est d’ailleurs unique dans l’histoire humaine. Il s’agit de la première fois que l’intrus est campé en victime et son hôte obligé en « salaud ». Inutile de préciser qu’il s’agit d’un hôte blanc occidental, décrété désormais indigne de revendiquer une identité propre et des frontières nationales.

Le « non-blanc », sa victime héréditaire et donc insoupçonnable, n’est pas déchu de tels droits. Le blanc brésilien n’a pas bonne presse quand il pénètre chez les Indiens d’Amazonie. Le peuple Arabe de Palestine a droit légitimement à son État-nation. La notion d’identité ethnique créatrice de droits territoriaux n’est refusée qu’aux blancs. Le cercle vicieux du racisme est décidément infernal.

Le destin de la victime blanche, et d’elle seule, est ainsi placé par la doxa médiatique dans cette alternative idéologique assez diabolique : l’occultation ou l’accusation d’exploitation.

C’est dans ce cadre circulaire que ce dimanche, à grands renforts publicitaires, la cinquième chaîne du service public diffusait, le 21 mai, une émission sobrement intitulée « La Fabrique du mensonge » et dont la thématique était de dénoncer la « fachosphère » qui aurait instrumentalisé outrageusement un fait divers : la mort de la petite Lola. Mais une question vient à l’esprit. Si l’on admet qu’il est répréhensible d’avoir mis l’accent sur la nationalité de l’assassine de la petite Lola, comment qualifier l’exploitation politique, sans commune mesure, d’un autre fait divers comme celle de George Floyd ?

Sous quel prisme, d’autre part, regarder l’instrumentalisation sans fin de l’affaire Traoré qui aura vu deux ministres de la Justice et de l’Intérieur excuser une manifestation interdite, en plein Covid, sur le parvis du tribunal de Paris ? Je ne pense pas qu’une émission de télévision soit en préparation pour enquêter sur une éventuelle exploitation par l’extrême gauche ou du mouvement « Les indigènes de la République » d’une accusation non établie de violence policière, taxée sans aucune preuve de racisme ? Le destin de la victime blanche, et d’elle seule, est ainsi placé par la doxa médiatique dans cette alternative idéologique assez diabolique : l’occultation ou l’accusation d’exploitation. Nul néanmoins ne m’empêchera de commémorer l’assassinat occulté d’Alban. Ni de plaindre la petite Lola.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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