
La littérature antisémite abonde de textes diffamatoires envers les juifs. Tout le monde connaît, entre autres, le succès du Protocole des sages de Sion, best-seller avec Mein Kampf et leur réédition continuelle dans les pays arabo-musulmans. Apprécié également des négationnistes.
Il s’agit en fait de citations calomnieuses qu’on retrouve souvent sur internet et qui se réfèrent soi-disant au Talmud. La plupart de ces allégations haineuses trouvent leur origine dans le pamphlet antisémite imaginé par un prêtre catholique lithuanien, Justin Bonaventure Pranaïtis, qui a rédigé fin 19ème s. « Christinus in Talmude judaeorum, sive rabbinicae doctrinae de christinanis secreta », les doctrines secrètes des rabbins au sujet des chrétiens.
Pranaïtis, encouragé par l’archevêque Kozlovsky, rédige en latin son livre proposé au public en 1892 comme le dévoilement d’enseignements secrets du Talmud, citations foncièrement antichrétiennes. Cet ouvrage a la prétention d’expliquer ce qu’est le vrai Talmud, écrit en araméen, une langue que pourtant Pranaïtis ne connaît pas.
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En réalité, le prêtre antisémite emprunte ses citations fantaisistes à Jakob Ecker, à Johann Andreas Eisenmenger (17ème s. auteur du « Talmud démasqué »), et à August Rohling, auteur du « juif talmudique ». A l’époque de la montée en puissance de l’antisémitisme en Europe, ces écrits vont dans le sens de Drumont et Gougenot auteurs français très hostiles aux juifs.
Officiellement, Pranaïtis est maître en théologie et professeur d’hébreu à l’Académie impériale de St Petersbourg. Ce qui ne l’empêche nullement de transcrire de fausses citations dans le seul but de montrer que les juifs considèrent les goyim, (non-juifs) comme des êtres inférieurs, ce qui lui permet de prétendre que les juifs auraient reçu l’obligation d’exterminer tous les chrétiens.
Ces citations haineuses circulent sur les réseaux sociaux, surtout à l’extrême droite, mais aussi chez les altermondialistes, pour disqualifier le judaïsme et les juifs. Les arguments impliqués dans les textes ne résistent pas à une investigation historique, d’autant plus que nommé expert au procès de Beilis en 1912, Pranaïtis n’hésite pas à reprendre l’accusation médiévale de crime rituel. Mais au cours des débats, la défense fait apparaître son ignorance des concepts élémentaires du véritable Talmud, ce qui fait rire le public à chaque question restant sans réponse de sa part.
Quelques exemples de citations de son supposé Talmud :
- Hilkkoth x,1 : « Il ne faut pas sauver les non-juifs en danger de mort »
- Sepher Ou Israel 177b : « Si un juif tue un non-juif, ce n’est pas un péché »
- Sanhedrin 55b : « un juif peut épouser une petite fille de trois ans et un jour »
- Babba bathra 54b : « la propriété d’un non-juif appartient au premier juif qui la réclame »
- Ereget Rashi Erod 22,30 : « un non-juif est comme un chien. Les Ecritures nous disent qu’un chien mérite plus de respect qu’un non-juif »
- Sanhedrin 57a : « Un juif n’est pas obligé de payer un salaire à un non-juif »
- Yebamoth 49b : « Jésus était un bâtard né dans l’adultère »
- Sanhedrin 106a : « Marie était une prostituée, Jésus était un homme de mauvaise condition »
- Abodah Zarah 17a : « aller chez les prostituées est la même chose que devenir chrétien »
- Sanhedrin 99a : « quand le Messie viendra, il détruira les chrétiens »
- Yebamoth 63a : « Adam avait des rapports sexuels avec tous les animaux dans le jardin d’Eden »
- Gittin 91a : « il est permis de divorcer d’avec votre femme si elle a fait brûler le dîner »
Ces élucubrations sans aucun lien avec le Talmud réel inciteraient plutôt à rire qu’à pleurer, sauf que des naïfs leur accordent du crédit et y trouvent de quoi nourrir davantage de haine envers les juifs.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Lutter contre les préjugés, c’est le 13ème des travaux d’Hercule, mais ce ne sera pas suffisant.
C’est même plus que des préjugés, d’autant plus compliqué…
Ces élucubrations nous paraissent grotesques et n’ont évidemment plus monnaie courante.
Il importe cependant de souligner qu’à l’origine de la discrimination et de la détestation des Juifs on trouve la condamnation faite par l’Eglise du « peuple déicide »qu’il faut tenir à l’écart des usages de la société civile : métiers, fonctions officielles et distinctions, les condamnant de ce fait au seul métier interdit aux chrétiens à savoir ‘l’usure’ (le prêt à interêt). L’historien Jules ISAAC eut l’immense mérite de faire admettre par l’Eglise sa responsabilité dans ‘l’enseignement du mépris’ origine du malheur des Juifs à l’intérieur des sociétés de civilisation chrétienne.
Cet intermède historique est heureusement révolu depuis que la doctrine actuelle de l’Eglise considère les JUIFS comme « les ainés dans la foi des chrétiens » , et que de nombreuses initiatives de « rapprochement judéo-chrétien » ont permis de remettre de l’ordre dans les esprits, à ce sujet.
mais il y a toujours eu au cours des siècles un fil invisible mais réel de chrétiens amis des juifs, et qui ont joué un rôle final lors des rapprochements institutionnels.
c’est le contenu de la conférence que j’ai donnée il y a quinze jours à la synagogue de Lausanne…
« n’ont évidemment plus monnaie courante. »
Juste des dizaines de milliers d’occurrences tous les jours sur Internet.