Publié par Guy Millière le 6 juin 2023

Le parlement européen a voté voici quelques jours un budget destiné à créer une force de déploiement rapide européenne destinée à faire de l’Europe un “acteur crédible de sécurité et de défense”. Cette force sera inutile et coûteuse.

Elle ne représentera militairement quasiment rien (il est prévu qu’elle compte 5000 hommes). Elle sera hétérogène, puisque composée de soldats venus des 27 pays de l’Union Européenne. Elle ne pourra pas être déployée rapidement où que ce soit : les décisions d’intervention militaire européennes doivent être prise à l’unanimité des Etats membres et obtenir l’unanimité de pays qui ont souvent des divergences en matière de géopolitique et de stratégie ne peut en aucune façon s’obtenir vite, et peut même ne pas s’obtenir du tout (une force européenne de 1500 hommes existe déjà et n’a jamais été déployée, faute d’accord entre les pays membres de l’Union Européenne). L’argent consacré à cette force serait mieux utilisé pour contribuer davantage au renforcement des armées des divers pays d’Europe, qui auraient bien besoin d’être renforcées (aucun pays européen aujourd’hui n’a une armée à même d’assurer une action de défense crédible de son pays).

L’idée qui sous-tend la création de cette force est, en supplément, délétère : elle est l’idée qu’une force de défense européenne doit se trouver créée et que cette force devrait permettre une “autonomie stratégique européenne”. Créer une force de défense européenne supranationale serait créer une force plus vaste encore que la force qui vient d’être créée, et cette force serait aussi impossible à déployer que la force européenne de 1500 hommes qui existe déjà, et affaiblirait plus encore les armées des divers pays d’Europe. 

Aller vers l’”autonomie stratégique européenne” dans les conditions actuelles serait, en outre, avancer vers une division du monde occidental et vers un découplage entre l’Europe et les Etats-Unis.

Diviser le monde occidental dans un contexte où les ennemis du monde occidental s’efforcent de s’unir serait affaiblir celui-ci.

Découpler l’Europe d’avec les Etats-Unis serait découpler une Europe faible, et qui restera faible (les armées européennes dans leur ensemble, avec tous leurs moyens, ne représentent même pas vingt pour cent de l’armée américaine, avec tous ses moyens, et hisser les armées européennes à une hauteur à laquelle elles deviendraient crédibles impliquerait des dépenses que les pays d’Europe n’ont pas les moyens de faire et qui, même si elles devaient se faire demanderaient deux décennies d’efforts avant que la hauteur souhaitable soit atteinte).

Une Europe faible découplée d’avec les Etats-Unis serait une Europe vulnérable, et dès lors prête à céder aux pressions de ses ennemis. Ceux-ci le savent, et c’est pour cela qu’ils souhaitent ce découplage.

La défense européenne existe aujourd’hui : elle repose sur l’OTAN. L’Europe est sous le parapluie de la défense américaine. Ceux à qui cela déplait sont néanmoins sous ce parapluie, car il est une réalité, et vouloir quitter le parapluie implique de se retrouver sans parapluie.

Ce n’est pas du tout un hasard si les pays d’Europe centrale libérés du joug communiste soviétique ont tout fait pour se trouver intégrés à l’OTAN aussi vite que possible.

Les propos de Macron concernant “l’autonomie stratégique de l’Europe” et concernant Taïwan tenus à son retour de Pékin ont été perçus, à juste titre, comme des propos tenus sous l’influence de Xi Jinping. Ses propos sur la mort cérébrale de l’OTAN il y a quelques années étaient tout aussi lamentables. Il n’oserait pas les tenir en 2023.

Le monde, par-delà les péripéties qui ont suivi la chute du mur de Berlin et celle de l’empire soviétique, n’est, en fait, jamais vraiment sorti de la situation qui était la sienne au temps de la guerre froide. Il y a un monde démocratique et un monde anti-démocratique. Diviser le monde démocratique est servir les intérêts du monde anti-démocratique. Faire de l’Europe le maillon faible du monde démocratique serait condamner l’Europe à l’asservissement au monde anti-démocratique.

Il est flagrant que certains rêvent de cet asservissement, et, pour cacher le côté sombre de leur rêve, parlent de “monde multipolaire” en oubliant résolument au passage ce qui sépare la démocratie de la dictature et du totalitarisme : soit ils sont aveugles, soit ils sont, sans le dire, du côté de la dictature et du totalitarisme.  

Je pense qu’ils sont, sans le dire, du côté de la dictature et du totalitarisme. Ce n’est pas du tout un hasard s’ils ont un net penchant pour le dictateur criminel russe. Il est ce qui se rapproche le plus aujourd’hui d’un dictateur fasciste, et il n’y a pas d’autre dictateur de type fasciste agissant sur le sol européen aujourd’hui.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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