
Les manifestations françaises contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron ont commencé à s’essouffler. Le nombre de personnes descendant dans la rue et les responsables des révoltes s’interrogent sur l’avenir du mouvement.
Des centaines de milliers de personnes, et pas des millions, ont manifesté à travers la France lors de la 14e journée de manifestation depuis janvier pour s’opposer à la réforme. Certaines villes ont été le théâtre d’affrontements violents. Mais dans toute la France, les chiffres de participation donnés par les syndicats et la police ont chuté à leur plus bas niveau.
Macron a signé la loi en avril, faisant passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, après que le gouvernement a utilisé un mécanisme controversé mais légal pour éviter un vote au Parlement sur le projet de loi. Le report de l’âge de la retraite, qui vise à renforcer les finances à long terme de la France tout en sachant que ce sera un échec, était l’une des promesses phares du deuxième et dernier mandat de M. Macron : il lui est donc reproché de respecter ses engagements de campagne.
Certaines parties de la réforme des retraites, notamment le relèvement de l’âge de la retraite, ont été publiées dimanche au Journal officiel français, ce qui signifie qu’elles ont désormais force de loi.
- La nouvelle présidente du syndicat CGT, Sophie Binet, a déclaré au début de la manifestation à Paris :
“Après six mois, les syndicats sont toujours unis et le niveau de colère, de frustration et de motivation est élevé. J’entends parfois les gens dire que tout est fini, mais ce n’est pas vrai.”
- Laurent Berger, responsable du syndicat CFDT, plus modéré, a toutefois reconnu que “le match se termine” et que la manifestation de mardi serait “clairement la dernière sur les retraites dans ce format”.
“J’aimerais vous dire que nous sommes capables de mobiliser deux millions de personnes supplémentaires la semaine prochaine. Ce n’est pas vrai, parce qu’on ne peut pas mentir aux travailleurs. Malheureusement, cette réforme a été adoptée”, a-t-il déclaré.
- Le politicien d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a insisté sur le fait que “la lutte continuera”, tout en admettant qu’il n’était pas clair “sous quelle forme”.
- Afin de démontrer que le pouvoir de l’action syndicale n’avait pas disparu, une soixantaine de membres de la CGT ont brièvement occupé les bureaux du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 dans le nord de Paris, en scandant qu’il n’y aurait “pas de Jeux” si la loi n’était pas retirée.
À Paris, 300 000 personnes sont descendues dans la rue, selon la CGT, tandis que 900 000 personnes ont manifesté dans l’ensemble du pays, soit l’estimation la plus basse depuis le début des manifestations.
Les chiffres officiels sont toujours bien inférieurs à ceux des syndicats. Le pic national a été atteint le 7 mars : 1,28 million de personnes ont été recensées par la police.
Et avec les vacances d’été qui se profilent à l’horizon, il leur sera difficile de ne pas faire une pause.
Contrairement aux mois de mars et d’avril où les ordures s’étaient accumulées dans les rues de Paris et où la plupart des trains longue distance avaient été annulés, on ne s’attend qu’à des perturbations limitées dans les transports et les services publics. Environ un tiers des vols ont été annulés à l’aéroport de Paris-Orly.
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Passer à autre chose
Après avoir survécu aux très grandes manifestations et fait adopté ses changements, Macron semble vouloir passer à autre chose, ayant conclu que les électeurs considéraient désormais ces changements comme inévitables et que le soutien aux manifestations s’amenuisait.
Mardi, le président a refusé de s’exprimer sur la question alors qu’il assistait aux commémorations du 79e anniversaire du jour J, déclarant que “c’est un moment… pour célébrer l’unité de la nation”.
La cote de popularité du président remonte également, après avoir chuté à des niveaux presque record en mars et en avril.
“Je n’irai pas jusqu’à dire que la page est tournée, il n’y a pas de table rase”, a déclaré un ministre à l’AFP, sous couvert d’anonymat. “Ce n’est pas oublié mais nous allons recommencer à regarder vers l’avant”.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Le mouvement contre la réforme des retraite est un mouvement de militants.
Le taux de grévistes est dérisoire. Le “blocage du pays” s’est limité à quelques minutes d’attente dans certaines stations services durant une ou deux semaines.
On a vu entre 1 et 2 millions de personnes dans la rue alors qu’on chiffre à 2,5 millions le nombre de syndiqués.
Certes, la majorité des Français est contre la réforme. Qui, de gaité de coeur est favorable à travailler deux ans de plus ? Mais de là à défiler ou, pire, à faire grève….
En 68 il y a eu 10 millions de grévistes et un mois après on signait les accords de Grenelle.
Les Français grognent mais, au fond, la majorité d’entre eux n’est pas si inconsciente.
Aucun gouvernement n’est revenu sur les différentes réformes des retraites depuis le premier infléchissement de la retraite à 60 ans en 1986.
“La majorité des Français n’est pas inconsciente” c’est tout à fait exact.
Mais , dans la circonstance présente, ce qui est contesté (et contestable) c’est que le Gouvernement a tout simplement, (par une succession d’artifices et d’arguties de droit public) empêché le débat et la mise aux voix de son projet selon la procédure réservée aux parlementaires…La démocratie représentative est toujours en vigueur n’en déplaise aux partisans d’un autoritarisme d’Etat incoercible.
Les citoyens apprécieraient que cet autoritarisme s’applique avec un zèle équivalent dans les domaines sensibles où une action efficace de sa part pourrait ramener l’ordre et la sécurité dans le pays . Mais là, il est aux abonnés absents.
Soyons honnêtes, chaque côté de l’assemblée a utilisé ses propres artifices à disposition pour, selon le cas, empêcher un vote (milliers d’amendements, article 40) ou en provoquer un (motion de censure).
Relevons tout de même que cette loi était dans le programme de Macron, contrairement à la réforme de 2008 (Sarkozy avait juré qu’il ne toucherait pas aux retraites) ou à la loi El Khomri dont Hollande n’avait jamais parlé durant sa campagne.
Il est probable que si Macron avait promis de conserver la retraite à 62 ans, il aurait obtenu une majorité plus confortable. Je ne sais pas dès lors s’il faut le blâmer ou l’encourager à continuer des réformes nécessaires.