
« Ne craignez pas ! N’ayez pas peur ! » C’est la recommandation que Jésus donne à ses disciples sur le point de partir annoncer le Royaume de Dieu.
Jésus admire les prophètes qui l’ont précédé et préparé sa voie – comme Jérémie – et il sait qu’inévitablement ses coéquipiers vont vivre comme eux des épreuves, des persécutions, des mises en cause, des déchirements…L’annonce de l’évangile n’est jamais un long fleuve tranquille : les martyrs et les témoins d’hier et d’aujourd’hui en sont la preuve vivante.
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Si les chrétiens occidentaux ont été quelque peu triomphalistes et prétentieux à certaines époques, on constate qu’ils sont devenus bien effacés et silencieux de nos jours. Dans nos contrées européennes, ce qui touche à la foi est devenu sujet tabou, au nom de la laïcité. Et même lors de grandes fêtes chrétiennes qui rythment le calendrier, les programmes télé nous diffusent des films bas de gamme, dénués de toute spiritualité. Les journaux ont totalement laissé de côté les vraies questions religieuses, et s’ils les abordent c’est en mettant dans le même sac toutes les religions considérées en soi comme néfastes pour l’homme. Alors que chaque être humain porte en lui des questions fondamentales sur le sens de la vie et la destinée de l’humanité.
Dans l’Eglise elle-même, des prêtres et des pasteurs se limitent à parler de la foi uniquement en termes de social ou d’humanitaire, la dimension de la transcendance n’a plus cours…alors que Jésus a demandé à ses disciples de crier sur les toits le grand mystère de l’amour de Dieu qui répond aux questions humaines existentielles. Il ajoutait même qu’il n’y a rien qui ne serait pas un jour dévoilé à tous. Dévoilement, révélation, c’est le même mot qu’ « apocalypse ». Mais on n’aborde plus beaucoup les réalités finales.
Par rapport aux martyrs de la foi et aux persécutés pour le Christ, nous sommes quant à nous des privilégiés. Mais il y a plusieurs manières de prendre des risques pour le témoignage de la foi : donner de son temps et de sa personne, renoncer à une certaine tranquillité pour laisser une plus grande place aux autres dans sa vie, défendre les valeurs essentielles…Et face aux dilemmes de notre temps, l’appel de Jésus à ne pas craindre les hommes et à ne pas se laisser gagner par la peur reste tout à fait d’actualité. Même si, pour nous, le danger est moindre en comparaison des habitants d’autres pays où règne hostilité et persécution envers les chrétiens.
Ce qui est le plus important, nous dit Jésus, c’est de répondre à la volonté de Dieu, même quand cela nous semble lourd d’incertitudes et d’interrogations. Pour cela, il faut être conscients de quel amour Dieu nous entoure. L’évangile le fait remarquer : les plus petits moineaux et leur joyeuse légèreté dans la nature sont un reflet de la beauté de la création, ce qui est un signe sensible de l’attention du Créateur : à plus forte raison, chacun, chacune de nous, sommes des êtres irremplaçables aux yeux de Dieu ; car chacun de nous est très important dans le cœur de Celui qui est notre Père, puisqu’il compte sur nous personnellement pour poursuivre sa création et humaniser le monde. Le Dieu créateur s’est révélé être le Dieu sauveur. C’est bien pourquoi la question est posée, dans l’évangile, de savoir si nos attitudes de tous les jours ne renient pas le Christ et n’obscurcissent pas l’impact de son message :
Le risque serait d’oublier les exigences de son baptême pour être comme les autres, et finalement, par affaiblissements successifs, aboutir à une Eglise opportuniste qui cherche à plaire au monde. Plutôt que de nous laisser influencer par le qu’en-dira-t-on, il s’agit en réalité de rechercher le qu’en-dira-Dieu !
Tellement de gens autour de nous ayant connu un petit passage par l’Eglise dans leur enfance s’imaginent être chrétiens sans faire aucune démarche personnelle. Ils se disent, sans complexes, « croyants mais pas pratiquants »… mais croyants en quoi, en qui ? Ils basent leur vie non pas sur l’évangile, mais sur ce qui est communément admis, sur ce que tout le monde pense ou fait. Ils glissent ainsi vers la masse des indifférents, et l’appartenance chrétienne qu’ils imaginaient posséder de façon automatique ne se réduit plus qu’à une mention formelle et éphémère sur un registre de baptême inerte.
Si nous nous mettons à l’école du Christ, en écoutant chaque jour la Parole de Dieu, en partageant son pain de vie, c’est précisément pour garder vivante en nous cette dimension d’appartenance vivante et ainsi ne pas céder aux sirènes anesthésiantes de la société. Par manque de réflexion sereine, par passivité, les peurs accélèrent le désengagement, et on le perçoit par les répercussions de ces mentalités qui envahissent le monde des jeunes : quand les parents ne se montrent plus du tout motivés dans leur propre foi, les adolescents glissent rapidement vers un athéisme pratique. La transmission de la foi est rompue, le repli individualiste triomphe peu à peu et fragilise toutes les relations humaines.
Malgré ces constats et ces préoccupations, il nous est rappelé dans l’évangile que la vérité de Dieu est aussi vérité de l’homme : l’enjeu est donc très important. Car avoir un futur ne signifie pas avoir un avenir !
Si nous sommes parfois inquiets, rappelons-nous que Dieu ne viendra pas court-circuiter les cheminements de la liberté humaine, il ne triche pas avec nos nécessaires prises de conscience qui peuvent prendre du temps et passer par des voies inattendues.
Même si parfois comme le prophète Jérémie nous sommes incompris, montrés du doigt, dénigrés, nous devons continuer d’avancer dans la confiance, sûrs de notre objectif de vie. Jésus lui-même a connu les années obscures de son ministère. Il a accepté de rester dans l’ombre, en retrait, car il lui fallait attendre le temps de la croix et de la résurrection pour que la mise en lumière puisse enfin se produire aux yeux des disciples et se transmettre jusqu’aux extrémités du monde.
Nous pouvons donc renouveler devant Dieu notre engagement de baptisé sans arrière-pensée, car nous croyons que le Christ est à nos côtés dans les choix de vérité que nous essayons de faire jour après jour, malgré nos limites. Comme l’écrit le prophète Isaïe (43,4), le Père nous dit : « Tu as du prix à mes yeux et mon amour est pour toi » et il ajoute : « Ne crains pas car je suis avec toi ! ». C’est ainsi que l’Esprit nous guide au fil du temps et nous rappelle que la vérité est communiquée pour rayonner au grand jour. Elle nous est en partie confiée, en sachant aujourd’hui qu’elle sera un jour accessible à tous. Alors, sans être paralysés par la peur, sans laisser le champ libre aux forces du mal, préparons par nos paroles et nos actes ce moment lumineux qui se manifestera à tous lors du retour du Christ.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Cher Père Arbez,
Vous venez de nous rappeler une expression forte contenue dans la liturgie juive quotidienne : ” Adonäi li, velo îro ” (le Seigneur est avec moi, je n’ai pas peur)
Bonne soirée.
Merci pour cette importante exhortation…
En esprit et en vérité la foi en Jésus-Christ nous pousse à témoigner.
En ce qui concerne la portée d’un témoignage, il est important de se souvenir de l’affirmation de Dieu transmise à Esaïe :
…en ce que sa parole ne retourne pas à Lui sans avoir produit son effet. (Esaïe 55.11)
De plus pour nous éviter une prise de tête, c’est Dieu qui donne une portée et fait croître notre témoignage. C’est d’autant plus vrai sur dreuz…
Souvent sous son inspiration, merci au Saint-Esprit.