
Avant la chute du mur de Berlin, la Stasi, la police politique omniprésente de la République démocratique allemande (RDA), créée en 1950 sur le modèle de la Tchéka de Lénine, comptait 91 000 agents secrets salariés et 174 200 dénonciateurs non rémunérés.
Cette troupe était dédiée à l’espionnage et à l’infiltration des familles, des universités et de toutes sortes de centres culturels, de travail, religieux et sportifs. Les tonnes de rapports de cette machine ont servi à intimider, calomnier, poursuivre, emprisonner et torturer ceux qui s’écartaient de la ligne communiste.
La guerre psychologique de la Stasi a provoqué l’échec professionnel de milliers de citoyens. Le film La vie des autres (2006) ne reflète qu’une petite partie de l’activité de la Stasi et de la vie misérable du peuple sous le « socialisme réel » de la RDA.
Le nombre de crimes et de délits commis par cette dictature est très élevé. Les chercheurs affirment que plus de 4 millions d’Allemands et 2 millions d’étrangers ont été victimes des méthodes abjectes de la RDA, dont la population était de 16 millions d’habitants en 1990. Ils estiment en outre que ce régime a assassiné quelque 70 000 personnes et qu’environ 250 000 autres sont passées par les prisons politiques de la RDA. « La Stasi avait un système de détention et de torture très sophistiqué, dans lequel les détenus passaient jusqu’à un an sans identification judiciaire ni notification à leurs proches. Ils avaient tout simplement disparu », écrivait le journal espagnol La Razón, en novembre 2019 (1)
Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !
En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.
Cependant, le 9 novembre 1989, cinq jours après le début des massives manifestations anticommunistes, plus de 500 000 Allemands de l’Est ont franchi le mur et se sont précipités, à divers endroits, dans Berlin-Ouest. À Moscou, Gorbatchev avait renoncé à la doctrine Brejnev d’utiliser la force pour maintenir les États communistes sous la domination soviétique. La brève ouverture de la frontière hongroise, en mai 1989, avait entraîné la fuite de milliers d’Allemands de la RDA.
Apprenant par la presse occidentale que la police n’exigerait pas de permis cette fois pour se rendre dans le Berlin capitaliste, la foule envahit les points de passage et commença même à détruire physiquement le mur détesté que la RDA avait érigé en août 1961.
Malgré une répression policière brutale lors du 40e anniversaire de la RDA, le régime Honecker se meurt. Grâce à des protestations massives, le 9 novembre 1989 marqua le début de la fin de la RDA et des régimes détestés d’Europe de l’Est et d’URSS. Ce jour a été l’un des moments les plus féconds et significatifs pour la liberté des êtres humains dans le monde.
Cependant, certains esprits méchants détestent les Allemands qui ont renversé cette dictature criminelle. Gustavo Petro est l’un d’entre eux. Le 15 juin dernier, lors de son voyage officieux en Allemagne, Petro a profité de la tribune fournie par la Fondation progressiste Friedrich Ebert à Berlin pour insulter ceux qui ont fait tomber le mur. Petro récita ce jour-là les propos de son admiré Vladimir Poutine : la chute du mur de Berlin a été une catastrophe pour le monde entier.
Cette déclaration de Petro n’était pas une « conférence magistrale », mais plutôt une réunion d’agit-prop d’un nostalgique de la dictature communiste. « Il ne reste plus grand-chose du monde soviétique à Berlin », a-t-il déploré avant d’affirmer avoir été attaqué par le « fascisme » en Espagne pour sa « peau de café au lait », alors qu’en réalité, lors de son arrivée à Madrid, des manifestants lui ont reproché son action politique et son passé terroriste. Quant aux députés du parti Vox, ils se sont retirés de l’hémicycle, sous les applaudissements des autres députés de droite.
Devant le Parlement espagnol, une petite trentaine de manifestants, venus de Colombie, du Venezuela et du Pérou, ont répudié la présence à Madrid du laquais du tyran Maduro. Telle fut « l’attaque fasciste » subie par l’actuel occupant de la Casa de Nariño.
Imitant le verbiage grotesque de Fidel Castro, capable de faire la leçon pendant cinq heures sur la culture du riz à Cuba, Petro est allé expliquer à l’actuel gouvernement allemand que le charbon qu’il achète à la Colombie est du « poison » et qu’il faut l’échanger contre l’«hydrogène vert », malgré le fait que la Colombie n’en produit pas en masse. Et cela cachait les inconvénients notables de cette technique : sa faible efficacité, ses risques de sécurité élevés et ses coûts exorbitants. Sa production nécessite d’augmenter la consommation d’énergie électrique renouvelable, plus chère que les énergies fossiles.
La note surréaliste et clownesque n’a échappé à personne lorsque Petro a demandé l’effondrement du système bancaire international, par la voie de la « réduction de la dette de tous les pays ». Cela serait, selon lui, un « grand bond en avant » pour que « l’humanité défende son existence en essayant de contenir le jet des émissions de gaz dans l’atmosphère ».
Petro a montré l’étendue de son cynisme lorsqu’il a tenté d’avertir les Allemands des effets désastreux, selon lui, de la chute du mur de Berlin : « La démolition du mur de Berlin a entraîné une vague néoconservatrice, une destruction du mouvement ouvrier sur une échelle mondiale, un formidable affaiblissement et une perte, donc, des valeurs de gauche ». En fait, les seuls qui ont détruit le mouvement ouvrier et les syndicats ont été Staline, Hitler, Mussolini, Mao, Pol Pot, Castro, les régimes communistes et fascistes. Au contraire, la chute du mur a ouvert les portes à la reconstruction du mouvement syndical en Allemagne et dans les pays d’Europe de l’Est. Dans la mémoire de Petro, il n’y a aucune trace de cela, aucun fait, aucune idée, juste les vieilles charades du Kremlin.
Avant l’effondrement du mur, les chefs de la Stasi ont envoyé à Moscou les dossiers les plus compromettants et se sont lancés dans la tâche effrénée de brûler et de détruire, par des machines et à la main, environ 45 millions d’archives secrètes. Ils n’ont pas réussi à tout détruire. Le journaliste Frédéric Pons, dit que ces dossiers, placés les uns après les autres, couvrent une ligne de 260 kilomètres (2), soit une distance supérieure à celle entre les villes de Cali et Manizales. De nombreux dossiers ont été étudiés par des victimes et par des chercheurs. C’est pourquoi nous savons comment fonctionnait la RDA. 16 250 sacs de documents détruits restent à reconstituer, mais le travail continue : le Parlement allemand a financé l’achat d’un logiciel spécial pour récupérer les informations contenues dans les dossiers détruits.
Pourquoi Petro déplore-t-il la chute du mur de Berlin ? Parce que cet événement a mis fin à l’utopie communiste, car c’était une victoire du capitalisme et du libéralisme occidentaux, et parce que ce fait a accéléré la crise des partis communistes. Est-ce que Petro admet ces données ou non ? Personne ne le sait. Il donne l’impression de vivre dans une réalité parallèle, où l’autre n’a aucune importance.
La Stasi était l’un des services secrets d’Europe de l’Est qui, avec l’aide du KGB, a guidé et abrité des terroristes européens, latino-américains et palestiniens tels que le FPLP, tristement célèbre pour ses atrocités contre Israël. Carlos « le Chacal » était l’un d’entre eux. La Stasi a formé certains chefs de la guérilla FARC. Le plus connu était Raul Reyes. Les contacts de Jaime Bateman avec la Stasi l’ont aidé dans l’achat en 1981 d’un bateau à Hambourg avec lequel ils ont transporté en Colombie un lot de 40 tonnes de fusils d’occasion et de munitions pour le M-19 (3).
L’infiltration d’agents dans les salles de rédaction de la presse allemande pour répandre des mensonges pro-RDA était une autre spécialité de la Stasi. Elle a également perpétré des attentats « nazis », comme la profanation d’un cimetière juif en RFA, commis par des opérateurs communistes, pour discréditer des politiciens et manipuler l’opinion publique allemande.
Les phrases scandaleuses prononcées à Berlin ne sont pas une opinion : elles reflètent le programme de Petro pour la Colombie : construire des murs, réduire les libertés, espionner massivement les citoyens (voir le terrible dossier Petro/Dávila/Sarabia/Benedetti), mettre fin à la liberté de la presse et d’opinion, détruire l’économie et appauvrir la population pour faire de la Colombie une nouvelle RDA.
Que peut-on penser d’un président qui se rend en Europe pour saboter les exportations colombiennes ? Que peut penser le gouvernement allemand lui-même ? Le fanatisme stalinien de Petro a dû frapper la conscience de beaucoup en Allemagne, même si rien ne lui a été dit en face. La visite de Petro fut donc un échec. Petro a dû mendier une photo avec l’économiste Joseph Stiglitz, en plein marasme depuis l’affaire des achats américains d’aluminium et d’uranium enrichi à la Russie.
© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
Notes :
(2) Voir Jean-Paul Picaper, Berlin-Stasi (Editions des Syrtes, Paris, 2009) et Fréderic Pons, Les derniers secrets de la Stasi, Hors-série de Valeurs Actuelles, n°. 23.
(3) Voir Germán Castro Caicedo, El Karina (Plaza & Janes, Bogotá 1985).
Abonnez-vous sans tarder à notre chaîne Telegram, pour le cas où Dreuz soit censuré, ou son accès coupé. Cliquez ici : Dreuz.Info.Telegram.
Témoignage interessant, dont l’impact est sans doute assez limité dans la mesure où les Français en général et les lecteurs français de Dreuz Info en particulier ne disposent pas d’une compétence géostratégique universelle suffisamment affinée pour déceler les réalités derrière le paravent des déclarations ..(?)