On voit fleurir dans la pittoresque sphère complotiste de multiples théories selon lesquelles le massacre de bébés et enfants à Annecy par un Syrien débouté du droit d’asile, serait un coup monté par le gouvernement, “pour avancer ses pions”, i.e. alternativement la réforme des retraites, une “loi sécuritaire”, mais encore “détourner l’attention du nombre de morts qu’ils vont faire avec leurs injections géniques”. (Chacune de ces citations est littérale, je n’invente rien.)
Selon ces estimés analystes, Henri d’Anselme — qui s’est interposé — est un type qui travaille en sous-main pour la police. Bêtement, ce sous-marin de la maréchaussée se serait trahi en donnant une interview télévisée emmailloté dans un teeshirt de la police. Trop ballot !
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“L’odeur nauséabonde du false flag m’empêche de célébrer ce faussaire », lit-on. “Ce matin mon instinct me piquait le nez, ce soir j’ai la nausée. Désolée pour tous ceux que je vais choquer mais je ne crois pas une virgule de toute cette histoire.” Ces honorables ratiocinateurs parlent de ‘PsyOp’ et se proposent de ‘Debunker’ ce qui est évidemment “un coup monté », un “complot », “c’est cousu de fil blanc », “sa cool de source” (sic). Vient l’apothéose en forme de question : “Vrais bébés ou poupons de celluloïd ?” Tout qui interroge ces épatants développements est aussitôt accusé de vouloir “faire taire” ceux qui interrogent “le narratif de Macronescu” et le “mainstream officiel ».
En réalité, cette frange de l’humanité, qui scrute le réel dans le secret de son âme comme d’autres l’avenir dans le marc de café, a toujours existé. Nos complotistes sont de l’étoffe de ces foules médiévales qui lynchaient les “sorcières”, de ces meutes qui à toutes les époques lynchent “les Juifs” parce qu’ils sont la cause de tous leurs malheurs. Herméneuticiens du néant ! C’est l’homme-masse d’Ortega y Gasset, pleinement accompli dans son exigence du droit d’avoir tort et sa nature de Moi-Soleil, qui est de ne tenir compte d’aucune norme sociale, morale, culturelle, de raisonnement, et d’aucun fait ni réalité, sinon son caprice du moment.
Par la grâce des réseaux sociaux, ce lumpenprolétariat de la raison infirme est plus visible. On peut l’approcher, l’analyser, tenter de le comprendre.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Drieu Godefridi pour Dreuz.info.
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J’ai lu qu’Henri était sali par la gauche pour être d’extrême-droite. A quoi reconnaît-on cela ? Il a un drapeau français sur son polo, il prie la vierge Marie, il a été interviewé par Radio courtoisie avant son périple.
Un jour, pas si loin que cela, un journal nous parlera d’une victime de l’oppression occidentale, soucieuse de s’attaquer au privilège blanc nourri dans les berceaux, outrageusement contrariée dans son juste combat par un pèlerin d’extrême droite.
Bonjour Fleur de Lys! Oui, ce pauvre Henri est désormais pris dans les feux croisés de la Gauche qui le hait pour tout ce qu’il est, et des brillants sujets de la comploplosphère qui le haissent pour tout ce qu’il n’est pas (mais que eux sachent qu’il est). Courage à ce garçon admirable, qui fait ce qu’il a pu, avec les moyens du bord!
Bonjour…. et oui, bien d’accord avec cela. Henri représente ce que j’admire chez un homme, sa foi, son courage, sa bonté simple et compassionnelle, son patriotisme. Il nous est vraiment tombé du Ciel celui-là.
Le geste de cet homme est admirable et ceux qui le dénigrent sont nauséeux mais je crois qu’il a juste agi en être humain et prêter une idéologie à son geste est, à mon sens, déplacé. Tous les jours des gens se dévouent pour les autres, agissent avec courage et désintéressement. Dieu merci, ils n’ont pas tous besoin d’être pour cela catholiques et de droite.
Idéologie ? Être catholique, c’est une idéologie ?
Qu’est-ce qu’une idéologie sinon l’énonciation d’un certains nombre de principes ?
Quand les catholiques défendent le respect de la vie humaine, la charité, l’égalité humaine,…ils énoncent des principes qui constituent une idéologie (ensemble des idées, croyances, doctrines,…).
Le problème est que le mot est utilisé dans un sens péjoratif. L’idéologie serait forcément nébuleuse, obtuse voire totalitaire.
Les chrétiens ne doivent pas avoir honte de leurs principes et ne pas craindre d’être qualifiés d’idéologues, moyen rhétorique de les faire taire.
J’appelle ça une religion, plus simplement. Idéologie n’est pas seulement péjoratif, c’est surtout un concept qui n’a rien à voir avec la transcendance.
La transcendance n’est qu’un élément de la religion. “Tu ne voleras pas” ou “Tu ne commettras pas d’adultère” n’ont rien de transcendant.
Je suis toujours impressionné par l’attention que vous portez aux propos des internautes les plus décérébrés et azimutés du web.
J’avoue que je n’ai pas votre courage ou, plutôt, que je suis enclin à penser que certains sont totalement irrécupérables et que, quoi que vous leur démontriez par a+b, ils resteront persuadés que ces enfants sont en celluloïd, que l’homme n’est jamais allé sur la Lune, que les extraterrestres sont parmi nous et qu’Elvis est toujours vivant.
Bonjour >Marlowe. Je comprends ton point de vue. La littérature complotiste bas de plafond s’infiltre, hélas! jusqu’aux meilleurs médias de qualité, à droite. Je suis d’accord avec toi, et même je radicaliserais ton point de vue: le complotiste est strictement imperméable à tout argument factuel ou rationnel; je n’en connais pas un seul qui ait jamais reconnu son erreur, sur aucun sujet. C’est merveilleux, quand on y pense; ontologique, unique ! (Pour la fine bouche, un très beau cas, ici: https://twitter.com/Krieger66362259/status/1667405108110401536?)
En réalité, le rappeur qui chantait “tuez les bébés blancs” voit son appel exaucé. Ca c’est du réel.
Bientôt des poussettes blindées pour la promenade?
Et là, bien sûr, aucun media ne parlera du continium idéologique entre des propos dangereux et banalisés et un passage à l’acte. Je me souviens de photos d’Américains exhibant leurs enfants d’un autocollant “white priviledge”…