Publié par Magali Marc le 5 juillet 2023

Comme nous le disons souvent sur Dreuz, il est trop tôt, à un an de la Convention du GOP, pour savoir qui sera désigné candidat ou pour prédire qui a le plus de chance de remporter la présidentielle de novembre 2024. Mais l’argument de la non-éligibilité de Donald Trump, utilisé par ses adversaires les plus féroces, ne tient pas compte de ce que souhaite la base du Parti Républicain et du fait que les électeurs américains dans leur ensemble en ont ras-le-bol de Joe Biden.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de J. Allen Cartwright, paru sur le site d’American Thinker, le 4 juillet.

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Les perdants républicains et Donald Trump

Perdant. Perdant. Perdant“, c’est ainsi que Chris Christie (Républicain, ex-gouverneur du New Jersey), candidat du GOP pour 2024, attaque l’ex-Président et actuel favori du GOP, Donald Trump, en décrivant les échecs électoraux subis par le Parti Républicain sous Trump lors des élections de 2018, 2020 et 2022.

Bien que M. Christie soit l’outsider le plus lointain d’après les sondages actuels, il n’est pas le seul à mettre en doute l’éligibilité de M. Trump.

Ben Shapiro, l’un des commentateurs les plus populaires du mouvement conservateur, a noté que :

de nombreux républicains considèrent toujours M. Trump comme un gagnant, même après ses défaites aux élections de mi-mandat de 2018, à l’élection présidentielle de 2020, aux élections sénatoriales de 2021 en Géorgie et aux élections de mi-mandat de 2022. Quand ce n’est pas le cas, il chute dans les sondages, comme en décembre 2022. Il appartiendra [au candidat du GOP Ron] DeSantis de rappeler aux électeurs républicains que Trump n’a remporté qu’une seule élection au cours des sept dernières années ; il appartiendra aux électeurs républicains d’admettre cette réalité.

Bien que peut-être offensant pour les électeurs conservateurs purs et durs, l’avertissement de M. Shapiro n’est pas sans fondement : les données des sondages indiquent que Donald Trump est particulièrement impopulaire parmi les électeurs indépendants, qui affirment qu’il est trop caustique et qu’il sème la discorde.

L’argument des anti-Trump est toutefois entâché par le fait qu’en dépit des attaques incessantes des médias, tant de gauche que de droite, et des multiples poursuites judiciaires et mises en examen dont il fait l’objet, Donald Trump jouit d’une avance considérable dans les sondages actuels pour 2024.

Des statistiques qui donnent à réfléchir

Bien sûr, la classe des commentateurs peut avoir raison : Donald Trump peut très bien perdre en 2024, comme il a perdu en 2020.

Ce qu’ils oublient cependant, c’est que si cela se produit, il ne sera pas différent de la plupart des autres candidats républicains à la présidence depuis 1988.

En effet, seuls deux Républicains ont remporté la présidence depuis 1992.

En outre, le GOP n’a remporté le vote populaire qu’une seule fois au cours de cette période.

Bien que les commentateurs du GOP adorent diaboliser l’ex-président Barack Obama, ils oublient souvent de mentionner qu’il a battu à plate couture les candidats modérés du GOP, John McCain et Mitt Romney, en 2008 et 2012 respectivement.

Rappelez-vous quand M. McCain (avec son commentaire “bombarder l’Iran” qui était bien plus offensant que tout ce que Donald Trump a pu dire pendant sa campagne), s’est fait démolir en 2008 par un sénateur à mandat unique (Barack Obama) par une marge de 365-173 au Collège électoral, ce qui indiquait un rejet écrasant de la politique étrangère interventionniste des néoconservateurs.

Ensuite, Mitt Romney, qui n’a pas voulu riposter ni même se défendre contre les attaques ridicules de sexisme et d’homophobie, a une fois de plus mis le GOP dans l’embarras en se faisant battre par 332 pour Barack Obama contre 206 pour lui en 2012. (Ne pas oublier que Chris Christie lui-même a contribué à cette défaite, en faisant campagne pour M. Obama dans les derniers jours de l’élection).

Au lieu de tirer les leçons de ces batailles, l’Establishment du GOP a décidé d’insulter encore plus sa base en proposant l’ex-gouverneur de la Floride Jeb Bush comme candidat, avant que Donald Trump ne bouleverse l’ensemble du mouvement conservateur en 2016.

En l’espace de quelques années, les Bush, McCain et Romney sont passés du statut de faiseurs de roi du Parti Républicain à celui de quarts arrières qui n’étaient même pas présents à la convention nationale du GOP en 2016.

Et pour tous les commentateurs conservateurs qui se plaignent des nombreux échecs de l’Administration Biden, n’oublions pas que sa présidence a été rendue possible en partie par des figures éminentes du parti républicain d’avant 2016.

Le mythe du “Perdant. Perdant. Perdant”

Il ne faut pas se voiler la face : le GOP n’a pas eu le succès escompté lors des élections de 2018 à 2022.

Mais regardons-y de plus près :

  • en 2018, le GOP a perdu sa majorité à la Chambre des représentants. Cependant, ce que M. Christie et d’autres omettent de mentionner, c’est que M. Trump n’a été que le troisième président en exercice en plus de 100 ans à gagner des sièges au Sénat, ce qui est une réussite significative.
  • Lors des élections de 2020, bien que le GOP n’ait pas réussi à reprendre la Chambre et ait perdu la présidence, il a largement dépassé les attentes des sondages dans les courses au Congrès.
  • En 2022, le GOP a repris la majorité à la Chambre des représentants. Toutefois, des candidats républicains soutenus par M. Trump, tels que Hershel Walker (Géorgie) et Mehmet Oz (Pennsylvanie), ont été battus à plate couture dans ce qui semblait être des courses sénatoriales tout à fait gagnables, ce qui a projeté une très mauvaise image de Donald Trump au niveau national.

Toutefois, d’autres facteurs suggèrent que les difficultés du GOP ne se limitent pas à Donald Trump.

Les candidats sortants semblent avoir joué un rôle majeur dans les courses de 2022 : au Sénat, tous les sénateurs sortants des États en transition ont été réélus, et le seul changement a eu lieu en Pennsylvanie, où le sénateur GOP Pat Toomey n’a pas souhaité renouveler son mandat.

En outre, les candidats du GOP ont également obtenu de moins bons résultats dans les courses où Donald Trump n’était pas impliqué.

Par exemple, la Républicaine Tiffany Smiley (État de Washington) devait être compétitive face à la Sénatrice démocrate sortante Patti Murray, d’après les données des sondages, mais la Démocrate l’a emporté haut la main.

La même tendance a été observée dans le Colorado, mais le sénateur sortant démocrate l’a encore emporté haut la main.

Plus important encore, Adam Laxalt, le candidat du GOP qui a mené la course au Sénat du Nevada tout l’été selon les sondages, a perdu face à son adversaire démocrate.

Ces défaites électorales peuvent difficilement être imputées à Donald Trump.

Le GOP a également subi d’autres déceptions :

  • une course à trois dans l’élection du gouverneur de l’Oregon était censée basculer du côté du GOP, mais cela n’a pas été le cas ;
  • le candidat semi-conservateur à la mairie de Los Angeles, Rick Caruso, était censé être compétitif face à la libérale Karen Bass, mais il a été battu ;
  • le candidat à la Chambre des représentants du GOP, Allan Fung, était censé battre le candidat Seth Magaziner dans le Rhode Island, mais cela n’a pas été le cas.

En d’autres termes, les candidats du GOP ont généralement sous-performé dans l’ensemble du pays, et pas seulement dans les courses soutenues par Donald Trump.

Mais qu’en est-il de l’élection spéciale de 2020 en Géorgie ?

La suggestion de M. Trump selon laquelle cette élection était truquée n’a-t-elle pas coûté au GOP le contrôle du Sénat lors des seconds tours ?

Peut-être.

Mais il faut aussi noter que les candidats sortants du GOP en Géorgie, David Perdue et Kelly Loeffler, étaient tous deux des candidats extraordinairement faibles qui ont été mêlés à des scandales de délits d’initiés.

L’impopularité de M. Perdue dans l’État a été mise en évidence lors de la primaire du gouverneur de 2022 ; M. Trump, qui était censé avoir suffisamment d’influence en Géorgie pour contrôler la course au Sénat de 2020, n’a pas réussi à faire passer M. Perdue au-delà de la barre des 22 % dans la primaire du GOP.

En d’autres termes, si les élections spéciales de 2020 ont été perdues en Géorgie, c’est peut-être moins parce que les électeurs du GOP ont cru aux allégations de fraude électorale de Donald Trump que parce qu’ils se sentaient découragés par l’élection générale de 2020.

Conserver le Sénat semblait extraordinairement important pour la classe des commentateurs politiques, mais pouvait être un prix de consolation moins important pour les électeurs de Géorgie qui étaient amers de voir Donald Trump perdre face à un gauchiste radical sans cervelle.

Les candidats anti-Trump doivent présenter des arguments qui vont au-delà de l'”éligibilité”

C’est là que réside le principal fossé entre les commentateurs conservateurs et la base du GOP.

Gagner est important, mais gagner n’est pas tout.

Si la stratégie électorale du GOP consistait à attirer le plus grand nombre possible d’électeurs indépendants modérés, la Sénatrice républicaine, Susan Collins (du Maine) serait la favorite actuelle, et non Donald Trump ou Ron DeSantis ; en d’autres termes, vous désigneriez un candidat situé juste à la droite de Joe Biden.

En pratique, bien sûr, Mme Collins ne sera jamais une candidate républicain viable. Sans faire appel à sa base, le GOP n’a aucun espoir.

Pendant des années, on a dit au GOP d’accepter des modérés tels que John McCain, Goerge Bush et Mitt Romney au nom de l’éligibilité.

Pendant des années, le GOP a échoué au niveau national.

La question de savoir si Donald Trump est ou non le candidat du GOP le plus éligible pour 2024 mérite un grand débat qui se poursuivra d’ici 2024 ; ce qui n’est pas à débattre, en revanche, c’est que tout Républicain qui espère reprendre la Maison Blanche doit être en mesure de séduire les électeurs de Donald Trump.

La présentation d’un candidat sur la base de son “éligibilité” sonne donc creux : après tout, à un moment donné, les principes doivent l’emporter sur les politiques.

Asa Hutchinson, Chris Christie ou Francis Suarez, qui critiquent modérément Trump, plairaient sans doute davantage aux modérés et aux indépendants que MM. Trump ou DeSantis et, si l’on se base uniquement sur la politique, ils représenteraient tous très probablement une amélioration par rapport à Joe Biden.

Pourtant, aucun de ces candidats n’a suscité d’enthousiasme parce qu’ils ne parviennent pas à motiver la base conservatrice.

C’est là que réside le principal défi pour les candidats du GOP qui espèrent vaincre Donald Trump : gagner ses électeurs qui ont une méfiance légitime à l’égard de l’Establishment du parti qui, au cours des 20 dernières années, leur a imposé des candidats inefficaces et médiocres comme les Bush, McCain et Romney, au nom de l’éligibilité.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : American Thinker

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