Publié par Eduardo Mackenzie le 4 juillet 2023

Avant de définir si ce qui se passe aujourd’hui en France est une série de manifestations illégales, ou une insurrection d’un type nouveau, ou les prémisses d’une guerre civile, ou une combinaison de tout cela, examinons d’abord un incident grave qui illustre la dynamique désastreuse de la violence que certains déploient, magistralement, pour semer le chaos et la destruction, depuis la mort accidentelle, le 27 juin, d’un jeune délinquant de 17 ans originaire de Nanterre, Nahel xx, qui a perdu la vie en refusant un contrôle policier de la circulation.

Une fois de plus, des groupes de jeunes hystériques manipulés et dirigés par des voyous, certains utilisant des grenades de guerre et des barres métalliques et d’autres avec des pistolets et des Kalasnikovs, et la plupart armés de mortiers à poudre et de bidons d’essence, de pierres et de couteaux, ont semé la terreur et la dévastation dans plus de 30 villes de l’Hexagone.

Sous prétexte qu’ils demandent « justice pour Nahel », ils ont attaqué 147 mairies et incendié et pillé écoles, bibliothèques, commissariats, bâtiments publics, crèches, pharmacies, casernes de pompiers et armureries. Des milliers de voitures, bus et tramways ont été incendiés. Deux cents supermarchés et 2 800 grands et petits établissements commerciaux ont été pillés. En cinq jours d’insurrection, près de 700 policiers et gendarmes qui se battent pour contenir cette barbarie ont été blessés et 3 200 vandales ont été arrêtés.

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Cependant, aux premières heures du dimanche 2 juillet, la foule criminelle est allée plus loin. Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, commune à 5 km de Paris, a été attaqué. Les rebelles ont tenté de s’introduire dans la maison de Vincent Jeanbrun, qui était resté dans sa mairie en attendant que les émeutiers attaquent. Ils ont évité le bâtiment municipal et ont lancé, à deux heures du matin, un véhicule rempli d’essence qui a cassé le portail de la résidence et ils ont mis le feu à la fois au véhicule volé et à celui de la famille. En entendant l’explosion et en voyant les flammes et la fumée, l’épouse du maire et leurs deux enfants, âgés de 5 et 7 ans, ont tenté de s’échapper par l’arrière-cour de la maison. Lorsqu’ils sont sortis, les assaillants leur ont lancé des cocktails incendiaires. Finalement, les trois ont réussi à se réfugier dans une maison, après avoir escaladé un mur voisin. Mais dans ce moment critique, la mère a glissé et s’est cassé la jambe et l’un des enfants a été blessé au visage. Elle a été hospitalisée et opérée quelques heures plus tard.

Membre du parti de centre-droit Les Républicains, Vincent Jeanbrun a dénoncé cette embuscade comme une « tentative d’assassinat d’une lâcheté inimaginable » et comme un « acte digne d’une guerre civile ». Stéphane Hardouin, le procureur de Créteil, a ouvert une enquête pour tentative de meurtre. Les preuves recueillies montrent que la voiture en feu avait été lancée dans le but d’assassiner le maire et sa famille. La police scientifique a trouvé « un accélérateur de feu dans une bouteille de Coca-Cola ». Le procureur a déclaré : « Tout a été magistralement orchestré et sans égard pour les vies à l’intérieur de la maison. »

La veille de cet événement, une menace contre le maire est apparue sur un mur de la mairie : « Nous savons où vous habitez. Nous allons vous brûler vif. » C’est pourquoi Vincent Jeanbrun avait renforcé la sécurité de sa mairie par des barrières métalliques et couronné les murs par une clôture en fil de fer barbelé. Cette nuit-là, lui et les conseillers avaient résisté avec succès, avec l’aide de la police municipale, à une violente attaque contre le bureau du maire. Frustrés, les criminels ont alors monté l’opération pour tuer le maire et sa famille.

Cette attaque a déclenché une onde de choc dans le pays. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, diverses personnalités du parti LR, et la Première ministre Elisabeth Borne, se sont rendus au domicile du maire. Borne a lancé : « Les coupables de ces actes haineux seront punis avec une grande fermeté. » De hauts responsables ont exprimé leur solidarité avec Jeanbrun et annoncé des « mesures supplémentaires » pour contenir les violents. En fait, il n’y pas eu d’ordres précis. Ils n’ont fait qu’augmenter à 45 000 le déploiement national de policiers et de gendarmes dans les rues.

Quant à Jean-Luc Mélenchon, le chef visible de l’extrême gauche la plus virulente, il a déclaré : « Je partage l’effroi de la famille Jeanbrun ». Il y a quatre jours, Mélenchon a insulté le président Emmanuel Macron et « les chiens de garde » qui appelaient au calme. Le chef extrémiste a même invité à l’émeute : « Les chiens de garde nous ordonnent d’appeler au calme. Nous demandons justice. Retirez l’action en justice contre le pauvre Nahel. Suspendez le flic assassin et son complice qui lui a ordonné de tirer ». Admirateur de Poutine et de Maduro, Mélenchon entend détruire le capitalisme et la démocratie en utilisant comme bélier l’agitation islamiste et la criminalité dans les quartiers les plus touchés par le séparatisme et le trafic de drogue. Son autre slogan de bataille est « Dissoudre la police ».

Solène, une internaute indignée, a répondu au patron de la France Insoumise : « Comme c’est bizarre, on ne t’a rien entendu dire sur le meurtre de la pauvre Lola de 12 ans qui était un ange et qui n’a pas essayé de tuer les policiers en les écrasant !  On ne vous entend pas parler de ce migrant qui a tenté d’égorger des bébés dans leurs landaus à Annecy ; au lieu de cela, vous pleurez pour un récidiviste multiple. Tu vas bien? Pourriture va. »

Compatissant avec les criminels et auteur du slogan infâme « La police tue », Mélenchon est vu par la droite et le centre comme l’instigateur des dérives actuelles. Certains demandent la levée de l’immunité de Louis Boyard, un député mélenchoniste qui se vante d’avoir été un dealer. Après l’attentat contre la famille de Vincent Jeanbrun, Mélenchon a de nouveau mis en cause la police et « les riches et puissants », et a simplement déploré, dans un geste tactique, l’attentat contre le maire de L’Haÿ-les-Roses. Deux journalistes bien connues, Géraldine Woessner et Charlotte d’Ornellas, ont rejeté ces larmes de crocodile, qualifiant le discours de Mélenchon d’« appel irrationnel à la sédition ». De plus, au sein de sa propre coalition, la Nupes, Mélenchon est fustigé pour ne pas avoir appelé au calme. Même un député communiste a crié : « Les mélanchonistes sont complètement cintrés, [Mélenchon] est totalement irresponsable ».

Malgré la pression de la gauche, qui inonde la télévision d’images et de commentaires laxistes, l’opinion publique n’est pas disposée à accepter les mobiles des vandales. Elle n’accepte pas la propagande qui accuse la police française d’être raciste, et par contre beaucoup accusent la mère de Nahel de ne pas avoir éduqué son fils. Ils n’acceptent pas non plus de blâmer systématiquement la société et les institutions pour ce qui se passe. Trois sondages ont révélé cette saine attitude : l’un dit que 70 % de l’opinion est favorable à ce que l’on appelle l’armée à intervenir dans les rues et que le gouvernement déclare l’état de trouble intérieur. Un autre sondage à pourcentage élevé demande que la loi martiale soit appliquée dans les quartiers attaqués. Des politiciens conservateurs comme Nicolas Lacroix réclament une loi qui permettrait aux départements de suspendre les allocations et autres avantages sociaux aux familles de mineurs en cas de condamnation pénale pour des délits liés à l’émeute, tels que le RSA, les allocations de logement et les aides pour la cantine scolaire. Comme Macron considère ces mesures comme « excessives », un sentiment d’insécurité et de colère face à la lâcheté du gouvernement gagne de plus en plus de partisans dans presque tous les milieux.

Les majorités ne condamnent pas non plus la police pour le sort de Nahel. La police de la circulation l’avait arrêté 15 fois pour ne pas avoir obéi aux ordres et avoir conduit des motos et des véhicules comme un fou sans avoir le permis de conduire. Le 27 juin, Nahel a de nouveau refusé un contrôle routier lors d’une course-poursuite de 25 minutes qui a failli heurter plusieurs piétons. L’enquête sur ce qui s’est passé dans la Mercedes que conduisait l’adolescent n’est pas terminée, mais une vidéo montrant le policier qui a tiré a créé une vague de fureur.

Bien que le policier ait été détenu par les autorités, la mère de Nahel a mené une «marche blanche » depuis le toit d’un camion et a encouragé la révolte. A partir de ce moment, les émeutes éclatent.

La réponse anti-insurrectionnelle du gouvernement a été lamentable. Il s’est limité à faire des phrases et à envoyer des policiers et des gendarmes dans les rues avec la consigne de ne pas entrer en contact avec des émeutiers. L’idée est que la tempête va se calmer d’elle-même. Alors qu’ils pensaient que la révolte s’apaisait, la tentative de brûler vifs le maire Jeanbrun et sa famille se produisit. Certains estiment qu’après une pause, le chaos reviendra, comme lors de l’insurrection de 2005, qui a duré 15 jours.

Exaspérée, la population touchée appelle à une répression énergique et cohérente. Certains croient voir naître chez les vandales un fascisme populaire nauséabond. D’autres y voient une guérilla vêtue de noir dont les acteurs très mobiles disposent de stocks permanents de mortiers incendiaires, qu’ils utilisent habilement jour et nuit. Ils voient que la police capture des centaines d’incendiaires, mais ils sont relâchés quelques heures plus tard car ils sont mineurs. Les réseaux sociaux regorgent de requêtes en défense non seulement de la République mais de l’essence même de la France : « Il est temps de combattre ces groupes violents qui haïssent la France et cherchent à la détruire. »

Mais certains tabous réapparaissent. Malgré le fait que les violences récurrentes ruinent la politique étrangère de la France (Macron a dû reporter il y a quelques semaines la visite officielle du roi Charles III, lors des émeutes contre la réforme de la loi sur les retraites, et hier il a dû s’abstenir de se rendre dans une visite officielle en Allemagne), personne n’exige une enquête approfondie sur qui dirige l’insurrection, quels sont ses objectifs, qui finance et coordonne les assauts. Ils n’exigent pas non plus de sanctions pour les politiciens qui encouragent la violence. Ils ne voient pas quel rôle joue le trafic de drogue dans les troubles. Peu de gens se demandent pourquoi à Marseille, Lyon et Grenoble, les trois villes les plus touchées par le trafic de drogue, les émeutes ont été les pires. Ni pourquoi il y a le paradoxe que les émeutes sont presque inexistantes dans les quartiers de ces villes où les trafiquants de drogue contrôlent le territoire.

Dernier détail, mais non des moindres : la nouvelle vague de violence a fait reconnaître presque unanimement aux citoyens le courage et le dévouement des policiers face aux hordes anti-françaises. Ils voient que la force publique a préservé, une fois de plus, le pays de l’effondrement. Les maires sortent aussi renforcés de cette bataille. Ils ont tous affronté les attentats sans fuir leurs bureaux, même les nuits les plus dures. Le meilleur exemple de courage a été donné par Vincent Jeanbrun. Il a proposé qu’aujourd’hui, dans toutes les villes, il y ait des marches et des réunions publiques afin que les maires reçoivent le soutien du peuple, des élus, des autorités et des parlementaires, et pour lancer un cri contre les émeutiers.

Cet appel a été un succès. Des rassemblements ont eu lieu dans des dizaines de villes. Devant la mairie de L’Haÿ-les-Roses, Jeanbrun a appelé à un « sursaut républicain ». Il a rappelé l’attentat et souligné : « Hier on a vu le vrai visage des mutins, c’est le visage des assassins » ; « Ils voulaient brûler vifs ma femme et mes enfants. » Et il a ajouté : «Plus que jamais, notre République et ses serviteurs sont menacés. C’est la démocratie elle-même qui est attaquée. Chacun de ses symboles est désormais dans la ligne de mire : nos mairies, nos élus, nos enseignants, nos forces de l’ordre et les services publics sont en danger. Même nos médecins et nos postiers n’entrent plus dans certains quartiers. Cela ne peut pas durer et ne durera pas ». « Nous sommes des milliers, nous sommes des millions, et nous n’abandonnerons pas notre engagement. » Et il a conclu : « Assez, c’est assez ! », avant que la foule ne réponde : «Assez, c’est assez ! ».

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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