
Plus exactement Yaacov et Iohanan Ben Zabdaï…en v.o.
L’évangéliste Matthieu relate cet épisode où la mère de Jacques et Jean (Yaacov et Iohanan) s’approche de Jésus pour le supplier d’offrir la meilleure place à ses fils dans son royaume. Mais Jésus répondra que cette question temporelle n’est pas de son ressort. Cela concerne la fin des temps et les jugements du Roi céleste. Jésus leur propose donc sur le champ de prendre conscience de ce que représente un compagnonnage qui implique de partager la coupe qui sera la sienne. La meilleure manière de s’y préparer, c’est le don de soi et le service des autres…
Jacques et Jean, deux frères, fils de Zébédée, (Zabdaï = Dieu a donné), sont des professionnels de la pêche sur le lac Kinnereth. Ils sont jeunes, courageux, motivés par les paroles prophétiques de Jean le Baptiste et donc prêts à s’engager pour Dieu. C’est ainsi qu’ils répondent présents lorsque Jésus leur propose de devenir pêcheurs d’hommes. Ayant laissé leurs attaches familiales, ils deviennent membres de l’équipe missionnaire de Jésus et parcourent avec lui les villages de Galilée et de Judée pour guérir les âmes et les corps.
Avec Pierre, les deux frères Jacques et Jean feront l’étonnante expérience de la transfiguration de Jésus sur la montagne, où le Maître apparaîtra associé à la lumière de Moïse et d’Elie, au cœur de l’alliance scellée avec Israël. Parmi les gestes de guérison, les trois disciples seront également témoins de la réanimation par Jésus de la fille de Yaïr, chef de la synagogue, et ils se retrouveront aux côtés du rabbi durant la prière au Mont des Oliviers lors de la passion.
Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !
En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.
Détail riche de sens, l’évangile précise que Jacques et Jean ont reçu un surnom de la part de Jésus : enfants du tonnerre ! On a souvent commenté « boanerges » dans sa forme araméenne comme simple signe de la tempétuosité des deux frères. Le nom originel hébreu est beni ha raam, car cette appellation renvoie directement à l’épisode de l’Exode, chapître 20, 18 :
Tout le peuple VOIT les voix du tonnerre, les torches, la trompette, la montagne fumante…
La transmission au peuple des dix paroles par Moïse est l’événement fondateur du peuple de Dieu libéré des anciennes servitudes. C’est une révélation divine qui le fait accéder à une conscience nouvelle du réel, une perception différente. Mais on constate avec étonnement que le peuple n’écoute pas mais voit la bat kol, la voix de Dieu sous forme de tonnerre… L’expression inhabituelle indique qu’il prend la mesure de la transcendance, le spirituel devient tangible. C’est la rencontre énigmatique du visible et de l’invisible. Ainsi, les témoins de cette révélation peuvent voir ce qui s’entend et entendre ce qui se voit, car les sens de la vue et de l’ouïe ont fusionné, comme le commente Rachi. C’est peut-être aussi le questionnement qui consiste à se demander si ce que l’on considère comme réel l’est vraiment, ou si nous avons l’illusion d’un réel qui nous échappe…
Si Jacques et Jean sont gratifiés du nom d’ « enfants du tonnerre », c’est en lien avec l’événement du don de la Torah, dans l’Exode. Car la tradition biblique associe tonnerre et éclairs à la présence parlante de Dieu. Le tonnerre est sa voix et les éclairs sont les flèches de son arc. On retrouve cette expression (qui n’est pas d’ordre météorologique) dans les combats d’Israël pour sa survie : « L’Eternel fit retentir en ce jour son tonnerre sur les Philistins et les mit en déroute » (1 Samuel 7, 10). « Moïse tendit son bâton vers le ciel et l’Eternel envoya le tonnerre » (Exode 9,23). « Ton tonnerre éclata, les éclairs illuminèrent le monde ! » (Psaume 77,18)
Si les éclairs accompagnant le tonnerre sont considérés dans la bible comme les flèches de l’arc divin, il faut rappeler à ce propos que le terme hébraïque « torah » a justement pour racine l’idée de tirer des flèches pour atteindre un objectif. L’objectif de Dieu envers son peuple, c’est de le guider vers le bien grâce à l’alliance et à l’éthique des mitsvot qui en découle.
Jacques et Jean, prêts à suivre Jésus dans l’annonce du royaume sont reliés à cette révélation du Sinaï, en tant que fils du tonnerre, non pas à la manière du tonnerre mythologique de Jupiter, mais selon le langage biblique du Dieu d’Israël, lent à la colère et plein d’amour.
L’engagement de Jésus à la rencontre d’hommes et de femmes en quête de vérité et de salut a clairement pour objectif la révélation d’un amour transcendant qui vient s’incarner dans la réalité humaine du temps présent. En dénonçant l’omniprésence du mal, Jésus montre ce que la bible appelle péché (khatat) et qui correspond à l’idée de rater la cible. L’objectif rédempteur en question, c’est, pour les disciples, préparer les chemins du Royaume à venir par des attitudes de bienveillance et de compassion, au nom d’un combat pour la paix et la justice en ce monde.
Le témoignage de Jacques et Jean, « fils du tonnerre de Dieu », pêcheurs d’hommes à la suite de Jésus, et disciples de la première heure, nous y encourage avec force.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Abonnez-vous sans tarder à notre chaîne Telegram, pour le cas où Dreuz soit censuré, ou son accès coupé. Cliquez ici : Dreuz.Info.Telegram.
Merci pour ce récit qui met en avant les fils de M. Zébédée mais aussi sans vraiment la nommer Madame Zébédée (une Marie)
Nommons-là: Myriam Schlomit (alias Marie Salomé…)